samedi, avril 20, 2024

Ascension to the Throne

C’est en me promenant sur le site du développeur russe 1C pour obtenir des nouvelles de King’s Bounty, que je suis tombé sur Ascension to the throne, un jeu dont j’avais totalement oublié l’existence, mais qui en 2005 avait titillé ma curiosité.
Et à ma plus grande surprise, le jeu est sorti il y a belle lurette, mais pas en France. Il n’existe malheureusement pas de démo et c’est avec une certaine appréhension que j’ai acheté sur le net, à un prix heureusement assez modeste, une version anglaise*. Je vais donc me permettre de faire un test plus détaillé, car il n’existe pas non plus de démo et il est difficile de se faire une opinion sur un jeu dont on a qu’une ou deux vidéos comme référence.

IL ETAIT UNE FOIS UN GROS BILL…

Vous, Alexander, roi d’Airath, vous avez été assailli dans votre demeure par des ennemis inconnus. Il aurait été possible de les repousser sans la trahison de votre archimage Wolfguard, votre bras droit, qui vous téléporte alors dans un autre royaume. Arrivé dans un château inconnu, le seigneur vous prenant pour un espion vous fait fouetter et vous jette à la porte du château. Vous voici seul, démuni, dans un univers inconnu. Les bases du scénario sont posées et vos objectifs seront donc de récupérer votre titre et de découvrir qui se cache derrière ce complot. Pour cela, votre principal objectif sera de prendre le contrôle de ce royaume qui est divisé entre plusieurs domaines, d’où le titre.

Vous voici dans un univers en 3D avec vue de son personnage de dos et comme vous vous en rendez compte, il n’y a pas de création de personnage. Tout de suite on pense au moteur de Gothic 2, un jeu sorti à la même époque. L’univers est beaucoup plus ouvert mais moins détaillé dans la végétation qui reste sommaire, mais les bâtiments et les arbres sont jolis quoique pauvres en polygones. Le graphisme ne mettra pas à genoux votre configuration et le jeu tourne très bien avec la résolution maximale en 1600×1200. La mer reste assez moche avec son reflet métal pas du tout naturel et son aspect transparent en vue rapprochée. De plus les cascades dans le jeu ne sont pas belles et certaines textures sont pauvres et moches. La végétation au sol est inexistante mis à part les grands arbres et quelques fleurs. Pourtant la profondeur de champ est très bonne et l’environnement assez gigantesque. Il vous suffira de vous rendre à côté d’un château pour vous rendre compte de la petitesse de votre personnage face à l’imposante masse des murailles.

On appréciera aussi la gestion de la nuit et du jour qui peuvent avoir leur importance pour quelques missions. Mais aussitôt, on reprochera l’absence d’une horloge qui aurait permis de s’y retrouver, car lorsque l’aubergiste vous propose de dormir un certain nombre d’heures, on est obligé de se baser sur l’environnement lumineux. Le frame rate est très bon et le jeu n’a aucune saccade (c’est quand même le moins que l’on puisse espérer avec un jeu sorti il y a 3 ans !!).

SANS POUVOIR MAIS AVEC DES ICONES

Devant vous, se tient un vieil homme qui vous parle : on se croirait réellement dans un RPG pur souche, sauf que les choses ne sont pas si évidentes. Sur l’écran, outre la vue 3D de votre personnage et de l’environnement, il y a cinq boutons : le premier correspond à la carte du monde. On s’aperçoit que ce royaume est assez grand et qu’il vous faudra un certain temps avant de le traverser. Mais de plus, il y en aura deux autres des royaumes à parcourir. Le second icone correspond au journal de vos quêtes. On retrouvera sur la carte, les points correspondants à ces dernières à effectuer ainsi qu’une croix pour se localiser.

Il y a aussi un icone pour votre personnage qui présente son inventaire et ses caractéristiques. Très succinct, ce premier permet de porter des anneaux, une amulette et un équipement complet d’armure incluant une arme, mais cela reste léger. Dommage que les développeurs n’aient pas poussé plus loin les possibilités de configuration de son personnage, car il n’y aura qu’une vingtaine d’anneau et d’amulette et une demi-dizaine d’équipements à acquérir. Le quatrième icône vous permet d’aller voir vos sorts magiques que vous pourrez acquérir chez les différents magiciens.

Le dernier icone permet d’accéder à votre armée. En effet, ce jeu de stratégie vous permet de gérer votre personnage, mais aussi jusqu’à 15 autres groupes de 10 créatures maximum que constitueront votre armée. On trouve deux rangs qui correspondent aux troupes avant et arrière que vous pourrez configurer à loisir selon votre tactique guerrière. Ainsi, durant votre aventure ça et là, vous allez trouver des PNJ (personnages non joueurs) qui voudront bien rejoindre votre équipe/armée après ou pour résoudre des quêtes. Mais vous pourrez aussi payer des créatures dans les centres d’entraînement qui parsèment les différents lieux du jeu.

Pour que les créatures acceptent de vous rejoindre, il vous faut des points d’autorité. C’est donc en montant de niveau que ces points augmentent automatiquement. Vous en trouverez aussi dans des coffres ou sur des autels disséminés dans les royaumes. Vous en obtiendrez aussi en assujettissant les différents seigneurs du royaume. Cela vous permettra d’obtenir des troupes de plus en plus nombreuses voir de plus en plus puissantes. Car si, au début, il est possible d’obtenir des loups qui vous couteront 3 points d’autorité, par la suite vous pourrez trouver des créatures bien plus costaudes demandant plus de 500 points d’autorité. C’est donc un travail de leveling que vous allez effectuer pour augmenter cette valeur qui vous permettra de vous constituer une
armée selon votre goût. Puis, il vous faudra faire un choix entre avoir 5 loups dans votre troupe ou un seul loup-garou bien plus fort. Vous placerez vos créatures dans vos rangs de manière simple : les combattants au corps à corps à l’avant et les attaquants à distance à l’arrière.

PUISSANCE ET BATAILLES

Mais reprenons la partie. Vous contrôlez votre personnage et le déplacez avec les touches du clavier (et non la souris) où vous le souhaitez, comme dans un jeu de rôle en 3D. Il ne sera pas possible de sauter ou de ramper, juste se déplacer. Autour de vous, vous pouvez voir des créatures déambulées par groupe et entourées d’un cercle de feu. Si vous approchez de ce cercle, l’interface vous demande si vous souhaitez attaquer le groupe. C’est alors qu’intervient la partie stratégique au tour par tour.

En effet, après un download rapide, on passe alors sur une zone de combat sur laquelle sont représentées vos unités et celles ennemies au grand complet selon le positionnement effectué précédemment avec votre icône armée. La zone est découpée en nombreux hexagones qui permettent de visualiser la totalité des deux armées. Sachant qu’une unité occupe une case et est entièrement en 3D, cela représente prêt de 300 créatures au maximum.

Le combat s’engage au tour par tour. Et c’est là, toute la richesse du jeu : On se retrouve face à un pseudo Heroes au might of magic, sauf que le héros est présent avec ses troupes (comme dans le 4). On déplacera ainsi un groupe d’unités en fonction de leur capacité (déplacement, vitesse) ou le faire attendre s’il veut agir plus tard. Selon les adversaires, il sera tantôt intéressant de les éliminer de loin, tantôt d’aller au contact pour empêcher les archers adverses de tirer.

L’interface est on ne peut plus simple d’utilisation et tout comme le côté gestion du personnage, on aurait aimer un peu plus de possibilités. Par exemple, les zones de combat manque de relief qui aurait pu gêner le déplacement ou encore le manque de son, alors qu’en arrière plan on entend les chants des oiseaux alors que vous chargez avec vos 10 paladins. Il aurait été sympa de pouvoir fuir, mais l’option ne semble pas implémentée. Enfin, cette zone de bataille paraît trop petite lorsque deux armées importantes sont présentes : En un tour les combattants sont déjà au contact. Enfin on aurait aimé avoir des icônes dans un coin pour avoir un bilan d’état de ses créatures voir l’ordre d’action de chaque troupe, comme on peut le voir dans de très nombreux jeux de ce type.

A votre tour d’initiative, vous allez donc déplacer/faire tirer/frapper/lancer un sort selon les possibilités et tout le groupe de créatures suivra votre ordre. Il est d’ailleurs à noter qu’un drapeau surmonte vos troupe mais que lorsque deux groupes d’ennemis identiques sont au contact, il est difficile de les distinguer.

La souris vous permet de déplacer la caméra tout autour de cette zone de bataille tout en tournant ou en zoomant. Lors d’action la caméra, ce qui rend la bataille très immersive. Les combats sont rapides la plupart du temps : en faisant tirer vos 10 archers, vous descendrez les 10 loups adverses, mais face à des créatures plus costaudes, ils n’en tueront qu’un. Vous décidez de l’action d’attaquer, mais la résolution se fait automatiquement – impossible par exemple de faire un peu de répartir vos dégâts, l’ordinateur choisit. Les unités sont très variées selon leur taille et en ajoutant les différents types existant : archers, guerriers ou lanceurs de sort.

La fin de la bataille se résume par la mort d’une des deux armées. Souvent d’ailleurs, On a quelques pertes même si on se débrouille bien. Elles ne sont pas difficiles sur le premier royaume mais se corsent par la suite. De plus, il arrive qu’il y ait des batailles successives sans que vous ne puissiez récupérer des unités. Il est donc important de maîtriser la gestion de ses troupes pour arriver à aller au bout de ses batailles.

L’ASCENSION EST EN COURS

La victoire vous permet de récupérer or et points d’expérience. Cela fait donc évoluer votre personnage qui gagne automatiquement des points d’autorité, mais aussi 5 points de caractéristiques qu’il peut placer dans quatre cas possibles : ses points de santé, ses dommages au contact, ses points de magie ou encore sa résistance à la magie. On revient alors à la carte principale, sur laquelle vous allez pouvoir poursuivre votre exploration en dirigeant votre personnage. Votre aventure va vous menez dans tous les coins de ce royaume et il est important de préciser que vous ne pourrez jamais rentrer dans les bâtiments. En effet, lorsque vous rentrez dans un château tout en 3D, les PNJ vous attendent devant leur maison. Chaque village, de construction différente, offre par exemple toujours les mêmes possibilités, mais plus on avancera dans l’histoire, plus elles seront puissantes.

En clair, on trouve le maire du village qui propose une quête, le sorcier qui vous propose des sorts, le marchand de bijoux qui vous proposent un voir deux bijoux et qui ne rachètent absolument pas tout ce que vous avez, le forgeron qui vous proposera peut être une armure plus costaude que le forgeron précédent, l’aubergiste qui vous propose de passer le temps etc, etc…. Autrement dit, on entre dans un système répétitif qui n’est pas mauvais en soi, mais est redondant. De la même manière, on trouve aussi les baraquements des créatures qui pourront venir rejoindre les rangs de votre armée (qui je le rappelle ne dépassera jamais plus 15 groupes soit 150 unités) sachant que vous pouvez mixer tous les genres dans votre armée, mais pas dans un même groupe. Les dialogues se font par QCM et on a souvent un voir rarement deux choix de discussion tout juste pour vous donner une information et vous n’avez plus qu’à cliquer pour avoir la suite. D’ailleurs même si vous êtes anglophobes, le niveau n’est pas très élevé et il vous sera facile de suivre le fil de l’histoire.

Il vous faudra donc aller à pied dans le pays, avec des voyages parfois bien longs, surtout qu’il n’y a pas de monture et que l’on vous demande à quelques occasions de faire l’allée et le retour. Heureusement, on trouvera des téléporteurs qu’il vous faudra activer la première fois que vous les rencontrerez, pour revenir à des endroits déjà parcourus et faire vos emplettes de créatures. On notera d’ailleurs un très joli effet de téléportation durant cette action et il faut savoir qu’il n’y a aucun chargement tant que vous restez sur le même royaume. Alors si au début du jeu, le premier chargement est assez long (tout le niveau est chargé), par la suite il n’y en a plus, et les rares rechargements après mort de son avatar sont très courts.

L’aventure vous mènera dans d’autres royaumes sur lesquels il vous faudra guerroyer dans de nombreux combats qui à la longue pourront fatiguer les moins aguerris à ce type de jeu. Le jeu n’est pas réellement difficile au début, et la montée des niveaux se fait sans difficulté et assez rapidement. Il est important de ne pas perdre votre personnage sous peine de Game over immédiat comme certains personnages secondaires dans certaines missions. Il est d’ailleurs plus approprié de faire de votre avatar un sorcier et de vous placer en seconde ligne pour utiliser les différents sorts de magie pour compléter/fortifier votre armée, plutôt que d’aller au contact alors que vous trouverez des créatures beaucoup plus balèzes physiquement.

Le scénario se développe au fur et à mesure de votre avancée dans l’univers et on finit par comprendre pourquoi vous avez été victime de ce putsch. Il est important de préciser qu’il existe des passages obligés bloquant l’accès à la suite de l’aventure et il vous faudra effectuer telle ou telle mission pour pouvoir avancer. C’est ainsi que je me suis retrouvé à tourner en rond car je n’avais pas parlé au personnage qui allait permettre de débloquer un passage obligé. Mais rien de bien grave en soi. Pour les quêtes secondaires il n’y a pas de souci devant leur facilité. La fin viendra au bout d’une vingtaine d’heures, mais la rejouabilité est possible si vous souhaitez changer totalement d’optique de personnage. Au lieu de faire un magicien, évoluer en guerrier, sachant qu’il n’y a pas de restriction de classe : Un magicien portera une armure et un guerrier lancera des sorts. Par contre, le combat final est extrêmement dur.

L’ENVERS DU DECORS

Après tout ce que j’ai pu en dire, ce jeu ne semble pas avoir de principal défaut et on pourrait se demander pourquoi ce n’est pas un hit. La première chose choquante est le manque de configuration des touches. Il faut dire qu’il n’y en a pas des tonnes : le déplacement qui se fait par les touches ZQDS et la souris qui permet de déplacer la caméra. La roulette pour zoomer ou reculer derrière votre perso de dos et le pointeur pour cliquer sur les interactions du jeu. Il faudra donc faire avec ce minimum et heureusement que la gestion des batailles se fait entièrement à la souris.

Mais il y a aussi le manque de profondeur dans tous les domaines (RPG, batailles comme vu précédemment, mais aussi la non reconfiguration des touches, les achats ridicules, pas de son cohérent durant les batailles, des PNJ qui attendent dans les villes, les quêtes simples). En fait, le jeu manque de finition et de profondeur mais pas au point de le rendre mauvais, donc dommage qu’il ne soit pas sorti par chez nous.

Il n’y a malheureusement pas de multijoueur ce qui aurait pu rajouter des possibilités au jeu : je pense par exemple à un duel de bataille entre deux personnes en mode hot seat ou une campagne en coopératif qui aurait été un plus pour le soft. Mais non, rien de rien, juste une aventure solo prenante c’est vrai, avec multiples rebondissements. Il ne semble pas y avoir de bug, après application du patch anglais. Il m’est parfois arrivé de me téléporter cinquante mètres plus loin, alors que j’étais près du bord d’un précipice ou d’une barrière, mais rien de bien grave. La musique est de bonne qualité et reste dans le ton comme tous les RPG médiévaux. Quant aux bruitages dont j’ai déjà parlé, je n’y reviendrais pas, mais il aurait gagné à être un peu plus riche surtout durant les batailles. 

Ascension to the throne est un jeu de stratégie au tour par tour tout en 3D avec une bonne pincée de RPG. Il est facile d’accès, trop simple pour les puristes, mais conviendra très bien pour les débutants et le mixe des deux genres donnent quelque chose d’originale et sympathique même si on aurait aimé un peu plus de profondeur, voir d’options. Au delà des défauts de conceptualisation et du manque de moyen, il mérite un bien meilleur sort que la non distribution en France, surtout lorsque l’on voit certaines catastrophes ludiques sur nos étals.
Espérons qu’avec le stand alone, Ascension to the throne : Valkyrie, cet oubli soit réparé et qu’il ait le succès qu’il mérite. En tout cas, il y a moyen de passer un bon moment pour pas très cher et sans se prendre la tête mais tout en anglais, voir en allemand, alors n’hésitez pas.

+ De bonnes idées : évolution de son personnage et de son armée, mixte RPG et stratégie au tour par tour
+ Un jeu facile à prendre en main
+ Une aventure simple et efficace
+ Un grobillisme enivrant

Note testeur 06 sur 10

– Trop simple pour les tacticiens
– Manque de profondeur
– Manque de finition
– Pas de multijoueur (type duel entre deux armées ou coopératif)
– Manque d’informations, trop épuré.

En fouillant sur le net, vous trouverez un patch de traduction française pour le jeu auquel  j’ai participé en tant que relecteur.

L'archiviste
L'archiviste
Administrateur de RPG jeux vidéo. Très vieux Joueur depuis le siècle dernier. Testeur et rédacteur depuis 1999 de RPG, même les pires. Relecteur bénévole de traductions de nombreux jeux vidéos RPG. Ancien membre de RPGFrance et de Dagon's Lair.

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