Quand on pense à FPS satiné de RPG dans un monde futuriste, le premier jeu qui nous vient en tête est Deus Ex. Pourtant Neuro Hunter fait partie de cette catégorie aussi. Sortie totalement inaperçue en cette fin d’année 2005, Neuro Hunter est un jeu de rôle développé par Media Art, à l’époque, nouvelle société qui sortait son premier jeu et qui depuis s’est diversifié vers d’autres produits. Alors Neuro Hunter a t’il été une réussite ? Voyons cela maintenant.

Neurohunter

LE MONDE SELON MEDIA ART

Au XXIème siècle, la terre est devenue un immense monde futuriste technologique dominé par de grandes multinationales où les bénéfices et le progrès rongent les piliers des principes moraux. Vous, spécialiste informaticien, êtes engagé pour contrôler sur place les ouvertures d’une mine déserte. Malheureusement, une explosion fait que vous vous retrouvez dans la dite mine. C’est ainsi que vous vous apercevez que celle-ci est habitée par multiple personnages et créatures et qu’un certain hacker la contrôle. Votre employé vous demande alors d’éliminer ce personnage pour vous sortir de ce trou. C’est dans cet environnement glauque et inhumain que commence votre aventure.

Vous voici donc dans un niveau labyrinthique constitué de couloirs, de salles et de grottes avec un décors très “kistch”. En effet, le design fait peur à voir et les raccords entre textures, pas folichons, manquent de naturel. Rien n’est beau, et il y a une faute de goût évidente dans cette univers : couleur trop criante alors que nous sommes sous terre et que l’obscurité devrait être de mise. On est bien loin de l’atmosphère oppressante d’Arx Fatalis avec ses ombre et pénombres. Les plantes dans les grottes sont vertes fluo, les fleurs oranges flashy. Les textures sont redondantes et des motifs reviennent tous les 2 mètres dans les couloirs. Cela manque cruellement de cohésion.

Ensuite, il y a une très grande pauvreté des décors et des objets dans les pièces. Les décors sont rachitiques. Pour vous donner une idée, une cantine est constituée de table et de trois plateaux disséminés ça et là. Une cellule a quatre lits, un conteneur. Le bar comprend des tables avec des bols dessus. Et je pourrais continuer comme cela jusqu’au bout.

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UNE LIBERTE, SANS LIBERTE

Si au début, vous pouvez penser que vous êtes libre d’aller où bon vous semble dans ce labyrinthe, vous vous apercevrez rapidement que des portes fermées, des ascenseurs scellés vous empêchent de sortir de la colonnie, le premier niveau. Il vous faudra donc trouver les clés, et c’est ainsi que l’on se tourne vers les PNJ pour comprendre comment sortir d’ici. Malheureusement les dialogues se résument à une ou deux phrases sans forcément beaucoup d’incidence selon l’une ou l’autre. A cela se rajoute la limitation de leur parole en fonction de votre situation : en clair, tant que vous n’avez pas trouvé tel ou tel objet, parler à tel ou tel personne, les dialogues des pnj ne bougeront pas d’un iota.

Il vous faudra donc faire des aller-retours dans la colonnie pour trouver tel ou tel PNJ qui va débloquer la suite du scénario. Cela a le don d’éxaspérer, car si vous passez à côté de l’information, vous n’avancerez jamais dans le jeu et j’imagine que vous abandonnerez rapidement. J’ai moi-même failli flancher plus d’une fois, après avoir perdu ma motivation de la première heure. Surtout que le premier niveau des colons n’est pas des plus réussi : on y trouvera quelques PNJ et il faudra de nombreux aller-retours entre eux pour ouvrir des portes et accéder à des niveaux un peu différents, mais pas forcément plus intéressants.

Donc vous trouverez des PNJ, qui vous proposeront des quêtes, qui vous rapporteront des points d’expérience tout comme les créatures que vous tuerez. A partir de là, il sera possible d’upgrader au choix vos 7 caractéristiques : votre constitution pour avoir plus de points de vie et porter plus de chose, votre compétence vol, votre compétence programmation qui augmente votre chance de réussites des tentatives de cybervol et les points de santé de l’unité de combat virtuelle Instiller -j’y reviendrai plus bas-, votre compétence intuition qui permet de détecter les objets, votre compétence arme pour utiliser des armes plus évoluées, votre compétence conception d’objets pour fabriquer certains objets grâce à des plans et enfin votre compétence crochetage pour être capable d’accéder à certains contenants plus complexes. 

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PERSONNE NE VOUS ENTENDRA CRIER

Pour les combats, le jeu se déroule comme un FPS. Vous êtes en vue à la première personne et vous vous battez en temps réel avec une configuration de FPS. Seulement voilà, il y a peu d’armes à se mettre sous la dent et les combats se résument à tourner autour d’un ennemi en lui assénant un nombre important de coups, un seul ne suffisant pas. Les créatures sont variées et leur attaque vous obligera à vous adapter. Par contre l’I.A. ne vole pas haut. Tant que vous ne passez pas à côté et que vous ne les attaquer pas, elle tourne en rond. Et même si elles sont deux, la première touchée ne fait pas réagir celle à côté.

Pour vous aider dans votre combat, vous trouverez quelques armes. Un petit tir de loin avec votre arbalète, sachant que les munitions sont comptées, et des coups de couteaux au contact. Un dynamisme des combats qui reste aussi très mou car lorsque votre arme touche, on n’a pas l’impression d’impact. Pire encore avec le bruitage qui fait croire que vous taper sur une casserole. Pour poursuivre sur ce sujet, les sons sont miséreux. Ils restent minimalistes. Vous mourrez sans un bruit, pire vous n’avez aucune impression vu que lorsque vous prenez des coups, rien ne se passe à part votre barre de vie qui descend et l’écran qui passe un instant rouge. Et totalement rouge, si vous êtes mort.

Ainsi il m’est arrivé de me faire agresser par des tourelles de surveillance ou des créatures sans que je ne m’en aperçoive. Le silence est donc mortel dans ce jeu. Mais peut-être pas tant que cela, si on se réfère au bruitage qui est pire : le bruit d’un saut que vous effectué est ridicule, on dirait du papier froissé. Quant à la musique, elle est tout à fait anecdotique et pourrait très bien convenir à un film de John Carpenter lorsqu’il faisait lui-même ses compositions avec trois notes au synthétiseur.

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NEURO TRANSMETTEUR AU DEMARRAGE… AVANT LA PANNE

Tout n’est pas noir dans ce jeu, mais tout ce qui précède casse complêtement les idées qui suivent. QUi dit Neuro Hunter, dit découverte d’implants permettant d’upgrader vos 7 compétences. Ils vous apporteront un bonus dans une caractéristique, mais pourront aussi vous donnez un malus dans une autre. Pas de problème, elles s’enlèvent en un clic et se remplace selon l’action que je veux mener.

Les contenants que vous trouvez sont ouvrables en devinant un code de 4 signes que l’on tapote dans un ordre précis. Si au début du jeu,c’est assez sympa, par la suite, on aurait aimer que certains soient accessibles sans avoir besoin de taper du code. Certains contenants ne s’ouvriront que grâce au combat tactique dans le cyberespace. Vous y aurez accès aussi lorsque vous piraterez des ordinateurs car je vous rappelle que vous cous battez contre un hacker.

Cela vous amène alors sur un plateau de jeu au graphisme bleuté filaire évolué de type TRON. Vous aurez donc soit un jeu de type mineur – amener votre machine,dit instiller, d’une base A vers une base B sans exploser – soit du combat en temps réel avec diverses unités,pour prendre possession d’une base adverse qui vous permet de débloquer le système de sécurité des tourelles ou des robots de surveillance. Un système intéressant qui n’est pas assez développé malheureusement. De plus, cette phase de jeu n’est pas accessible immédiatement au début du jeu, ce qui aurait été un plus dans le manque de richesse du jeu.

A partir de l’inventaire, qui n’est pas vraiment ergonomique – pour vendre ou acheter il faut faire glisser les achats du vendeur à l’acheteur et vice-versa-, on pourra fabriquer divers objets si on en possède les ingrédients et le plan. Fabriquer une armure sera donc intéressant, mais on regrettera de la voir s’user avec le temps. Car les ingrédients ne sont pas infinis et les boîtes à outils ou chimiques se consumment dans la fabrication. En fouillant un peu partout, on trouvera des plans, des notes qui nous permettront de mieux comprendre ou de se diriger dans l’aventure. Donc il faudra se servir un petit peu de ses neurones. Enfin, le jeu ne présente pas de bugs majeurs qui risqueraient de mettre le jeu en vrac.

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Le menu carte permet de mettre des annotations et cela sera essentiel pour ne pas se perdre dans des environnements moches et redondants. Ainsi en plaçant le nom des personnages sur la carte, on avancera bien plus vite dans l’histoire. Malheureusement, en changeant de niveaux, vous perdez tout ce que vous avez noté. Et comme il y a pas mal d’aller-retours, dîtes vous bien que serez vite perdu. Le système de poids ne vous limite en rien. Même surchargé vous pourrez avancer, mais sans plus courir. On peut aussi voler une choses à un PNJ qui nous tourne le dos, mais leurs réactions sont idiotes quand on est pris et je ne vous parle même pas de donner un coup de couteau à un PNJ. C’est soit la mort assurée par le droïde volant qui passait par là, comme par hasard, Soit il vous dit de ne pas continuer sous peine de se fâcher.

Enfin l’aventure est uniquement solo et vous prendra une quinzaine d’heure pour rencontrer les 69 PNJ et les 129 objets à utiliser ; ce n’est pas moi qui le dit parce que je n’ai pas fait les comptes, c’est la boîte CDrom. Et on se rend compte qu’avec ce contenu, on ne pouvait pas s’attendre au nirvana. Du coup, la rejouabilité est minime, vu que l’histoire est super cadrée et n’offre aucune liberté.

Neuro Hunter pourrait être considéré comme le Deus Ex du pauvre. Mais même pas. Il est bien en deçà du maître en tout point de vue. Il n’offre aucun challenge, se montre très fade et manque de punch. Il n’a pas grand chose pour lui, à part des idées intéressantes qui ne sont pas assez abouties. Plus proche d’un jeu d’aventure que d’un RPG, trop scripté pour pouvoir jouer librement, il vous découragera, voir vous dégoûtera rapidement. Il est évident qu’il vaut mieux retourner vers Deus Ex qui, même plus vieux, offre une jouabilité plus intense. Et puis le 3 vient de sortir alors … Oui Neuro Hunter est passé inaperçu à sa sortie et on comprend pourquoi.

+ Moteur graphique

Note testeur 03 sur 10

– Kitsch à souhait
– Pauvre, pauvre et pauvre
– Scripts et ennuis sont le lot de chacun

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