Après Elex II, on poursuit notre découverte du terme “Eurojank” grâce à un article de Venturebeat au sujet de Biomutant. Autant on peut comprendre l’idée derrière ce terme, autant l’associer à un continent c’est lui donner une définition péjorative qui engloberait toute production de ce continent. N’a t’on pas déjà croisé des “Amérijank” (on pense à Donjons et dragons: Dark Alliance) ou des “Japojank” ? Alors pourquoi être si condescendant quelque part et ne pas généraliser ce terme à toutes les productions du monde entier… D’ailleurs, quand on connait la définition d’Eujrojank, on comprend tout de suite le comique du titre.
D’où notre intérêt pour cet article : Jason Wilson aborde Biomutant sous l’angle de la critique d’un Eurojank, ou en d’autres termes, un projet trop ambitieux pour un studio qui a eu les yeux plus gros que le ventre. Mais ne vous méprenez pas, pour l’auteur ce n’est pas péjoratif et si le jeu est mal foutu, il l’aime bien…
Une croisade s’impose, j’en ai bien peur pour lutter contre cet “américanomépris”. Allez traduction :
L’un de mes styles de RPG préférés est l'”Eurojank”. Comme son nom l’indique, il s’agit de jeux créés par des studios européens qui ne sont pas aussi bien finis que ceux des maisons de développement triple A. Ils sont ambitieux, souvent à l’excès. Et en ce qui concerne la qualité de ces jeux, une partie de cette ambition est souvent ratée.
Pensez à des jeux comme The Witcher 2, la série Gothic ou les RPG de Spiders : Tous ces jeux ont beaucoup d’ambition, ont des mondes intéressants… mais souffrent aussi un peu de trop de fonctionnalités qui ne sont pas entièrement abouties et manquent de finition. J’aime depuis longtemps les Eurojank : ils font partie de mes RPG préférés. C’est un terme d’affection à The D20 Beat, pas un péjoratif.
Biomutant est un excellent Eurojank. Et je l’adore. Il a été créé par Experiment 101, un petit studio en Suède. Son équipe comprend des gens qui ont travaillé sur Just Cause et Mad Max, deux projets reconnus dans l’industrie. Le studio a commencé à travailler sur Biomutant en 2015, et il a fallu quelques années pour arriver à sa sortie en mai (Experiment 101 compte tout de même 20 employés).
Note de RPG jeux vidéo : retrouvez notre article traduction sur son développement.
Je joue à Biomutant par intermittence depuis près d’un mois maintenant, sous le regard de mes enfants. Et je m’éclate avec ce jeu. Oui, il y a quelques problèmes. Mais cela ne m’empêche pas de l’apprécier.
Là où Biomutant brille, c’est dans la construction de son monde et dans sa conception. Ce monde semblable à la Terre (peut-être est-ce notre planète ?) est plein de couleurs vives et d’habitants. Ces derniers sont des animaux anthropomorphes, et ils vivent dans un monde où une civilisation précédente a été anéantie par une catastrophe écologique, des siècles avant.
J’ai apprécié certains des personnages. Best Before/Out of Date est très amusant, surtout quand il est sous sa forme d’Elvis. Je sais que certaines personnes se sont plaintes du langage charabia des personnages, mais je trouve ça mignon. Ça ne me dérange pas du tout.
La “construction du monde” apparaît également dans votre équipement et vos quêtes. Vous trouvez des pièces détachées dans des boîtes, des caisses et autres cachettes au fil de vos explorations. Vous pouvez en combiner certaines. Une poignée d’armes bricolées ressemblent à des pistolets inspirés par des super-aspirateurs. Les armures ressemblent plus à des vêtements gonflables qu’à des équipements de protection. Certaines de vos armes de mêlée ressemblent à des objets que l’on pourrait trouver dans un environnement post-apocalyptique, comme des battes de baseball modifiées ou des couteaux sur bâton.
Ensuite, il y a vos véhicules. Vous vous déplacez à bord d’un mécha ou vous surfez sur les vagues dans un engin ressemblant à un jet-ski. Une partie de vos quêtes consiste à trouver des pièces pour les remettre en état de marche. Et on retrouve cette sensation de bricolage, sauf que cette fois, on attend de vous que vous affrontiez des monstres géants qui menacent le monde à l’intérieur de ces claptraps.
Beaucoup de narration, d’artisanat, de mutations et de points de compétence pour la construction des personnages, et des différentes classes. Comme vous pouvez le voir, il y a beaucoup de systèmes pour un petit studio indépendant. Et certains de ces systèmes fonctionnent bien, mais d’autres (comme le combat) ne fonctionnent pas.
Le combat de Biomutant ne me dérange pas, mais il peut être un peu bancal. Le ciblage est le plus gros problème. Il n’est pas fluide et ne passe pas facilement d’un ennemi à l’autre. Les armes infligent différents types de dégâts, et vous disposez également d’un système de combo. Il y a beaucoup de choses à assimiler, et je me suis retrouvé à ne pas me soucier des différents mouvements de combat que je pouvais faire. j’ai juste essayé d’utiliser de l’acide ou d’autres types de dégâts.
Alors que je me promenais, que je rencontrais des insectes et des paysages magnifiques, j’ai commencé à penser à deux autres RPG européens en monde ouvert : Gothic et Two Worlds. Ces deux jeux ressemblent à The Elder Scrolls en ce sens qu’il s’agit de mondes assez ouverts dans lesquels votre personnage s’améliore en faisant certaines choses. Gothic 3 est peut-être le premier jeu Eurojank auquel j’ai joué : une aventure ambitieuse en monde ouvert, tellement boguée que les fans ont fini par la corriger. Et Two Worlds n’a jamais fonctionné correctement, même si j’ai passé plus de 200 heures avec les deux jeux de la série, mélangeant les compétences que vous apprenez à la volée (il n’y a pas de classes) pour devenir un mage à l’arme blanche.
Pourtant, Biomutant est bien plus abouti que ces jeux. Il est également charmant, et j’ai hâte d’y passer plus de temps. J’espère qu’Experiment 101 aura l’occasion de créer un autre jeu dans cet univers.
