Après une si longue attente, et avoir été déçu par ce descendant trop éloigné qu’est Diablo 3, les fanatiques de la licence éponyme recherchent toujours un digne successeur à leur hack’n’slash préféré. Naturellement, ils se sont tournés vers Torchlight 2 dont les développeurs en partie ont créé Diablo 2. Jugé trop cartoonesque, ils l’ont délaissé et ont repris leur exploration. Ils se sont alors tournés vers Path of exile.

Path of Exile, un action RPG Online gratuit semble posséder quelque parenté avec le messie. Serait-il le bâtard caché qui saura enfin satisfaire cette légion ? Cela tombe bien, ce week-end, c’était bêta ouverte pour tout le monde et ainsi on pouvait satisfaire sa curiosité. Même si c’est terminé maintenant, il est possible pour une somme minimale de 10 $ de pouvoir continuer à jouer en bêta fermée. Alors une petite preview est de rigueur.

Mais peut être ne suis-je pas très clair, car il y a cinq minutes, je parlais d’un jeu gratuit et voilà que je parle d’argent. En fait, cela correspond à une aide financière du jeu à différents degrés de participation qui permettra à la petite équipe de développement d’aller jusqu’au bout du projet. Projet qui est en bonne voie quand on teste la bête. Cela les aide et en même temps, vous permet de continuer à jouer en bêta fermée. Différents niveaux de participation qui vont du simple 10$ pour jouer à 1000$ pour créer un objet unique avec l’équipe.

Mais revenons au jeu lui-même maintenant. À l’heure d’aujourd’hui, le background manque de profondeur, mais les développeurs de Grinding Gear Games ont promis de l’implanter tout à la fin. On s’intéressera donc dans cette preview à tout, hormis à l’histoire. Pour cette dernière, tout ce que l’on sait, c’est que notre personnage échoue sur une plage et doit combattre diverses créatures pour survivre. Après un choix s’effectuant parmi six personnages,  qui correspondent à six façons de jouer différentes, vous voici sur une plage, et après avoir ramassé un pauvre bout de planche, vous lutterez contre des crabes.

Le tout en 3D avec une caméra placée au trois quart comme pouvait l’être celle de Diablo 2 ou de Titan Quest. C’est beau, avec de jolis effets, et même si le niveau ne comporte pas forcément énormément de détails, il est assez riche pour ne pas penser qu’il y a redondance. Cette jouabilité fait immédiatement penser à un hack’n slash et le jeu en a bien les critères. Les loots nombreux sont donc composés d’objets normaux, magiques, rares ou élites. Ce qui surprend en premier dans Path of exile, c’est l’ambiance glauque qui nous envahit quand on entre dans le jeu.


Après une première escapade sur la plage, vous voici arrivé dans une map avec une grande maison comprenant trois PNJ dont deux commerçants, votre coffre de rangement. C’est ici que l’on croise les autres joueurs. Il sera alors possible de partir à l’aventure non pas tout seul, bien que le jeu l’y autorise sans problème, mais en groupe limité à 6. Un panneau d’affichage de quêtes permet ainsi de créer ou de rejoindre une partie en cours, selon votre niveau.

Le maître mot de ce hack’n slash est l’originalité. Oui, vous avez bien lu et cela sur quatre points très précis. Tout d’abord, on peut applaudir les développeurs qui expliquent sur leur site avec exemples à l’appui, pour se différencier des autres, que le jeu sera gratuit lors de sa sortie. Il y a aura bien un magasin de vente d’objets pour personnaliser son personnage, mais en aucun cas des objets venant déséquilibrer la jouabilité. On ne devra pas payer pour obtenir l’objet nec plus ultra qui permettra lors du PVP d’être le nec plus ultra boss. L’aventure tout entière sera accessible et elle sera possible en solo ; c’est aussi pour cela que nous avons décidé d’en parler sur RPG Jeux vidéo.

Deuxièmement, lorsque l’on arrive dans la partie commerce du jeu avec les PNJ, on s’aperçoit qu’il n’existe pas de monnaie, mais que tout passe par un système de troc. Exit les pièces d’or par millions pour un rare avec surenchère comme on a pu le voir dans un autre jeu. Au début, cela fait extrêmement drôle, mais par la suite on sent bien que l’idée est très travaillée et qu’elle met en avant une mécanique fiable. En fait, lorsque je revends un objet normal, je récupère un “bout de parchemin”. Si j’accumule vingt bouts, ils se transformeront en parchemin d’identification qui me permettront d’identifier un objet, ou d’acheter chez le commerçant. Ce refus d’argent virtuel (et réel, on le rappelle) oblige le joueur à réfléchir plus d’une fois sur la démarche à entreprendre pour utiliser les parchemins et les orbes trouvées.

Est ce que j’identifie cet objet avec mon unique parchemin, ou je le revends tel que pour en récupérer un second ? Les orbes qui permettent par exemple de transformer un objet normal en objet magique servent aussi de monnaie de troc. Donc il faut faire des choix et cela aura une incidence sur l’évolution de l’équipement. Ainsi vaut-il mieux que j’augmente mon arme grâce à une orbe de puissance ou que je m’en serve pour acheter un objet plus intéressant ? Pareil en ce début de partie ou les parchemins de téléportation, pour revenir à la maison, sont inexistants. On économisera alors ces parchemins pour s’en servir durant les passages les plus difficiles.

Là où le bât blesse, c’est que l’inventaire – forcément limité – se retrouve rapidement saturé d’items en tout genre qui empiètent sur les emplacements qu’on préfère réserver aux loots. Ainsi, même s’il est possible de placer tout ce bazar dans un large coffre, les allers-retours coffre/marchand deviennent lassants. On espère que les développeurs proposeront, par exemple, un inventaire dédié à ces items monétaires. Au final, on ne peut toutefois que les féliciter pour leur prise de risque ambitieuse concernant la monnaie du jeu : c’est à la fois original et implique le joueur dans ses achats et dépenses.


Troisièmement, les objets trouvés peuvent être pour la plupart sertis avec quatre pierres de couleur différentes. Ces pierres sont trouvées dans l’univers de Path Of Exile ou données durant vos quêtes. Elles vous permettent de lancer des sorts actifs ou d’avoir une action passive dans le jeu. De plus, après les avoir enchâssées, elles évoluent au fur et à mesure qu’elles vous servent et gagnent de l’expérience pour devenir de plus en plus puissantes. Ainsi le choix d’un enchâssement est donc primordial car cela va agir sur la jouabilité de votre personnage.

Chaque gemme correspondant à un sort de dégâts, une technique offensive ou défensive, il est possible de modeler un personnage de manière tout à fait unique. Sachez également que ces gemmes de sorts peuvent être couplées à des gemmes les modifiant. Par exemple, une gemme de boule de feu peut être altérée pour obtenir trois boules de feu et/ou une boule de feu explosant au contact. Par comparaison, cela reviendrait à pouvoir allouer plusieurs runes à un sort de Diablo 3.

Enfin, l’évolution de votre personnage sort aussi de l’ordinaire. En effet, à chaque passage de niveau, un point de compétence doit être utilisé dans un très grand arbre de compétences sur lequel on retrouve les six personnages. Ainsi mon maraudeur sera orienté vers des compétences de force et avec un point je pourrai augmenter de dix points ma force alors que le ranger aura plutôt l’occasion d’augmenter sa dextérité. Cela n’empêche pas votre guerrier de s’orienter vers des compétences hors de son domaine de prédilection, mais il vous faudra plus de temps. Cet arbre, vrai dédale de modifications actives et passives, est la partie qui vous permettra notamment d’augmenter vos caractéristiques de base (force, intelligence et dextérité), de modifier vos compétences de blocage, de critique, d’esquive, de régénération…

On ne vous parlera pas non plus des fioles de soin et de mana de différentes tailles que l’on trouve en route et qui se rechargent automatiquement (en tuant des monstres) limitant les retours à l’abri ou encore du bestiaire très exotique et parfois surprenant. Du coup, si ce jeu offre une originalité à n’en plus douter, il a aussi en ses mains de sacrés avantages : tout d’abord l’audio de grande qualité qui vous embarque avec délectation tant au point de vue musical qu’environnemental. Ensuite, sa parenté avec Diablo 2 n’est plus à faire et on se complaît à comparer certains passages de map avec son aîné et dans l’habillage, et dans cette ambiance glaciale qu’est l’univers de Path of Exile.

Le contraste assez noir et non réglable, d’après ce que j’ai pu en voir, donne un ton gothique sale qui tend à faire plaisir et qui renvoie Diablo 3 vers un univers très (trop) coloré. Les traînées de sang reflétant la moindre particule de lumière sont des détails de cet environnement sauvage et morbide qui font frissonner de plaisir, et on se laisse envahir par ce monde sans difficulté. Difficulté comprenant plusieurs niveaux et un mode hardcore donnent aussi au jeu une excellente durée de vie avec un personnage qui peut atteindre le niveau 100.


Après ce pamphlet de bonnes choses, j’émettrai quand même quelques retenues sur le jeu qu’il est nécessaire de souligner à ce stade du développement. Tout d’abord, personnellement, la caméra reste trop près du personnage. J’aurais préféré quelque chose de plus lointain, car j’imagine mal les archers tirer à cette distance sur les adversaires qui sont très rapidement sur eux. J’aurais aussi aimé avoir une caméra qui tourne autour de mon personnage au lieu d’être fixe et de ne permettre qu’un vague zoom sur l’avatar. On regrettera aussi que le jeu soit entièrement en anglais, mais les développeurs promettent une traduction en français dès la sortie du jeu.

Il faudra encore attendre pour avoir accès à l’histoire en elle-même, l’introduction qui permettra de fixer réellement son but dans cet univers sans foi, ni loi. Enfin, on pourra lui reprocher cette carte qu’il faudrait plutôt simplifier en fil de fer, car en surimpression sur le jeu qui reste très sombre, elle est difficilement lisible. Mais ces quelques défauts restent dérisoires au vu de la qualité du soft, je peux vous l’affirmer.

Path of Exile a pour beaucoup le goût d’un bâtard de la licence orpheline de Diablo. Mais il sait se distinguer par de nombreux points d’originalité comme vous avez pu le lire dans cette preview. S’il n’est accessible à l’heure actuelle qu’aux personnes qui débourseront au minimum 10$ pour participer à la bêta du jeu, cela n’est pas grand chose au vue de la qualité qu’il laisse transparaître à l’heure d’aujourd’hui dans sa version bêta 0.911d.

Alors soit vous préférez attendre sa sortie pour avoir un jeu gratuit, sortie qui risque quand même de n’être pas pour demain sachant que l’équipe qui travaille dessus est assez restreinte, soit vous payez pour financer les développeurs et pour jouer à la bêta . J’ai opté pour la seconde solution et je ne le regrette nullement. Espérons que l’orientation prise par Grinding Gear Games ne change pas, car Path of Exile risque d’en surprendre plus d’un.

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