Talisman Digital edition vient d’être publiée après une longue période en accès anticipé : la fidèle adaptation du jeu de plateau 4ème édition nous propose de vivre l’aventure à plusieurs après un Prologue sorti, il y a quelques mois, uniquement solo. Alors si les adaptations de jeu de plateau, multijoueur de surcroît, ne rentrent pas forcément dans notre ligne éditoriale, il est quand même bon de découvrir un jeu qui croise Héroic Fantasy avec jeu de l’oie. Est ce que le plaisir est le même ? L’immersion du jeu papier n’est-elle pas détériorée par cette prise en main numérique ? Tout est à suivre.

Je dirais qu’au contraire, il n’y a plus à tergiverser sur les règles parfois obscures (surtout dans la seconde édition) et même un débutant se retrouvera pris par la main et n’aura plus que le plaisir de mettre une dérouillée à son acolyte qu’il soit avisé et pro ou débutant, la chance ayant un rôle prépondérant, mais j’y reviendrai.  

15€, c’est le prix d’un exemplaire digital. Certains diront que c’est cher pour une adaptation de jeu de plateau, alors que dans ce domaine on trouve moult produits à 5€, voire moins. Personnellement, je ne suis pas choqué. Le prix d’un plateau est de 45 à 60€, alors le retrouver sur le support numérique trois fois moins cher, ce n’est pas négligeable. Il ne faut pas non plus oublier que l’adaptation contient aussi une bande son plutôt sympathique, une IA pour pouvoir jouer seul contre l’ordinateur et quelques animations. Oui, d’accord pas très poussées, mais quand même. 

Du coup, on peut jouer à quatre en mélangeant joueurs humains et IA – à tour de rôle sur la même machine ou via Internet – et manier non pas les dés et les cartes, mais les bières et les chips en se passant la souris si on joue en local ou des gâteaux virtuels si on joue via internet. D’ailleurs, il sera possible de prendre l’un des nombreux personnages, voire le même si on ne veut pas de différenciation des joueurs. Les règles de la quatrième édition sont respectées, avec la possibilité de tirer au hasard son personnage. 

Un joyau pour mon royaume ? 

Talisman est un jeu de l’oie élaboré, mais avant tout amélioré, avec un nombre de possibilités importantes et toujours se renouvelant. Je vous conseille donc de relire le test de Talisman :  Prologue pour comprendre les mécanismes de jeu avant tout. Outre le fait de jeter le dé pour se déplacer, les combats, les tirage de cartes, de sorts, et de quêtes se font de manière aléatoire comme dans un jeu de l’oie. Mais la composante Héroic fantasy est tellement importante, que ce hasard est riche de possibilités.

Pour sûr, la stratégie, reléguée au second rang, aura forcément une petite place à prendre. Les rares choix que vous devrez faire seront donc primordiaux, et il sera donc important de faire les bons : choisir de combattre un héros humain, ou tirer une carte événement dont on ne connaît pas les conséquences, aller au temple se soigner car il ne nous reste plus qu’une vie, ou rester sur le plateau à chercher des trésors avec le risque de subir la peste et donc de perdre son personnage, choisir une case pour son adversaire parce que la carte événement que vous venez de tirer vous l’autorise… C’est donc cette partie stratégique, si minime soit-elle, qui peut, en plus du hasard, décider de la réussite ou non de votre aventure. 

Hasard, panard et canard 

De toute manière, la mort de votre personnage n’est pas une fin en soi, car vous n’arrêtez pas de jouer pour regarder les autres, mais vous poursuivez avec le même personnage tout neuf, pour repartir à l’assaut. Une espèce de permadeath en quelque sorte.

Contrairement à Talisman : Prologue qui se constituait de multiples quêtes -tuer une ou plusieurs créatures, trouver tel ou tel objet -, le but du jeu se résume à parcourir les trois régions du plateau, d’y trouver un talisman et de conquérir la couronne de commandement dans la partie centrale, pour ensuite éliminer les autres joueurs. Talisman : DE se limite à la chasse à la couronne tout en vous autorisant à éliminer des joueurs trop virulents ou trop puissants.

En arrivant sur la case d’un héros, vous décidez ou non de l’affronter pour soit le tuer et donc lui enlever une vie, soit lui prendre un or ou un objet.  Le voler pour diminuer sa puissance est une stratégie parfois plus intéressante que la mort de son ennemi. Si vous le négligez, il vous faudra faire ce qui est indiqué sur la case avec tirage de carte événement ou jet de dé. 

L’oie farcie, vous l’aimez crue ou à point ? 

Si la musique tout a fait convenable et entraînante vous accompagnera tout du long, les bruitages discrets manquent de présence. On aurait pu avoir un fond d’ambiance selon le lieu où se situe votre personnage.

Surtout que je ne vous ai pas dit ? Une partie peut être très très très trop longue. Alors on cherche le bouton de sauvegarde pour reprendre sa partie plus tard, sauf qu’il n’existe pas. La sauvegarde est automatique lorsque vous quittez la partie. Sachant que si vous recommencez entre temps une nouvelle partie avec d’autres joueurs, votre première partie sera perdue. 

Autre fait d’arme pas à son avantage c’est sa prise en main au demeurant simple et qui ravira tous les nostalgiques fanatiques de cette licence tout en accueillant assez froidement les nouveaux venus.  Car si la jouabilité de base se résume à appuyer sur une touche et à regarder à l’écran ce qui se passe, dès que l’on tombe dans les cas particuliers, sans mode d’emploi, cela devient plus compliqué. Il est difficile de comprendre toutes les subtilités possibles, le joueur devant deviner parfois qu’il a accès à tel ou tel sort ou objet lorsqu’il fait son action.

Tout n’est pas assez intuitif et clairement annoncé. Ainsi, lors d’un combat, je ne me rends même pas compte que je peux aller dans mes sorts pour augmenter ma force. Ou encore on oublie un objet de son équipement, parce que le jeu ne nous le propose pas. C’est à nous d’y penser en allant dans notre inventaire, alors qu’avec le jeu papier, il suffisait d’un coup d’oeil sur la surface de jeu pour voir les possibilités. 

On pourra aussi rajouter le peu d’interactivité autour d’un écran et d’un clavier et à part si vous jouez en même temps à la chaise musicale, se passer la souris pendant une ou deux heures pour définir un gagnant n’est pas des plus plaisant face aux lancers de dé tout azimut sur la table, voire par terre pour aller voir sous la jupe de votre adversaire. Oups, c’est une naine ! Faudra se baisser encore plus….

Tal, il ment ou elle ment ? 

Tout compte fait, l’écran ne remplacera jamais une bonne grosse partie en réelle avec le matériel qui va bien. Il n’empêche qu’il permet une partie rapide seule si on s’ennuie et cela, ça n’a pas de prix. 

Une question s’impose naturellement d’ailleurs : Pourquoi Talisman : Prologue n’est-il pas inclus dans cette version. D’ailleurs, c’est bien simple, sur Steam lorsque l’on achète un exemplaire de Talisman : DE on obtient une version Prologue avec.

Enfin, de nombreuses extensions sont d’ors et déjà prévues et je viens de voir apparaître la première :La Faucheuse. Elle rajoute le PNJ La Mort sur le terrain que tout joueur faisant 1 sur son dé de déplacement peut faire bouger à son tour . Ayant le droit de vie ou de mort sur les PJ si elle les croise, tout cela se résume encore une fois par un jet de dé ce qui alourdit encore la présence de la chance dans le jeu.

Outre, cet individu lugubre, on aura aussi pour les joueurs quatre personnages supplémentaires, de nombreuses cartes (+90 cartes événements, quêtes de warlock, +26 sorts,…) qui permettent de palier au nombre réduit de  cartes événement du jeu de base, dont on fait rapidement le tour en fin de compte. Cela permet donc de multiplier les situations. Cette extension me paraît donc obligatoire sur le long terme pour une durée de vie optimale. Et forcément d’autres extensions viendront car le jeu papier en possèdent un nombre conséquent. Il est même possible aujourd’hui, sans savoir de quoi sera fait demain, de payer un grosse somme pour pouvoir s’offrir la totalité des extensions qui sortiront dans le futur ou pas …    

Outre le fait d’avoir des succès pour ces personnages ingame, on regrette une fois de plus qu’à ce portage ne soit pas intégré un ou des modes de jeu différents tel qu’un jeu coopératif entre les bons, neutres et les mauvais (vu que l’alignement compte), ou encore qu’un système de déplacement moins aléatoire soit inclus pour plus de stratégie. En effet, en se calquant uniquement sur le jeu papier, le jeu ne pourra plaire qu’aux fans du jeu prêt à investir dans le support numérique. Mais il est évident qu’avec des enfants en bas âge, il sera plus facile de les initier à ce jeu informatique qu’avec la version papier qui risque de souffrir dans les petites mains. 

Talisman Digital Edition est la fidèle adaptation du jeu de plateau quatrième édition au format de base. C’est un jeu de l’oie amélioré qui ravira les nostalgiques et les plus jeunes, permettant de s’affronter dans la joie et la bonne humeur en faisant abstraction de toute la lourdeur du matériel papier et des règles. Pour les possesseurs de la collection complète au format plateau avec toutes les extensions, je leur conseillerai d’attendre la sortie des extensions au format numérique car ils vont trouver vache maigre à se mettre sous la dent avec cette version. Déjà avec le DLC la Faucheuse, le morceau est plus charnu et la durée de vie plus dense.

A quatre, devant son écran, c’est l’éclate totale et les revirements de situations sont légions. Trop diront certains, car il est évident que si vous aimez la stratégie et détestez le hasard, ce jeu n’est pas pour vous … du tout. 

+ Un portage tout à fait identique à la version 4 du format papier.
+ Jeu à plusieurs, délire assuré
+ Talisman quoi !
+ Prix numérique par rapport au prix du jeu physique.

Note testeur 06 sur 10

– Manque un manuel d’instructions
– Maniabilité rigide.
– Un jeu de l’oie amélioré
– Extension, extension, extension… à venir
– Manque un mode spécial ordinateur.

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