jeudi, mars 28, 2024

Alpha Protocol

Ce test a été écrit et publié à l’origine le 11 juin 2010 sur le site RPGFrance
par son auteur Mercks. Avec son aimable autorisation.

Enfin ! Il est là ! Alpha Protocol, le RPG d’espionnage est entre nos mains. Nous l’avions attendu avec impatience, et cette attente est terminée. Les Californiens d’Obsidian Entertainment nous a promis un titre d’envergure, mais qu’en est-il vraiment ? Notre patience sera-t-elle récompensée ? Alpha Protocol est-il le hit auquel nous nous attendions ? Toutes les réponses ci-dessous.

The Thorton identity

Vous êtes Michael Thorton récemment recruté par une agence gouvernementale secrète américaine. Cette agence, c’est l’Alpha Protocol. En tant que jeune recrue vous devez faire vos preuves. Après un examen médical, vous devez immédiatement apprendre les rudiments de votre futur métier : agent secret. A peine votre entraînement achevé, votre première affectation se présente.

Vous devez partir en Arabie Saoudite afin de démanteler un groupuscule terroriste, Al-Samad, soupçonné d’un attentat contre un avion de ligne. Al-Samad aurait également volé une cargaison d’armes  à une puissante multinationale spécialisée dans l’armement.  


Une fois au pays où l’essence est moins chère, plusieurs missions s’enchaînent, allant de la pose de mouchards en furtif en passant par l’annihilation totale de vos ennemis. Bien sûr tout finit par mal tourner et vous vous retrouvez lâché par votre agence, et devenez l’ennemi public n°2 (bah ouais, le 1 c’est Raymond Domenech). Heureusement certains employés de l’agence continuent de vous fournir des infos et un soutien logistique. Vous vous lancez alors dans une enquête qui vous mènera de l’Italie à Taïwan, en passant par la Russie.

The Thorton Supremacy

Maintenant que vous savez à quoi vous attendre niveau scénario, voyons un peu ce que nous propose Obsidian avec son titre. Pour commencer, un bon point pour les dialogues. Ils sont nombreux, sont bien écrits, et font souvent mouche. Obsidian avait énormément communiqué sur le système du choix des réponses.  En effet vous ne cliquez pas sur une phrase afin de répondre, mais sur une humeur ou une action. Ainsi vous pouvez plaisanter avec un gars avant de le jeter d’un pont ou simplement rester froid et professionnel avant la même action. Qui plus est, vos choix influeront sur la relation que vous entretenez avec votre interlocuteur, et cela perdurera durant toute l’aventure.

Être en bonne relation avec certains vous octroiera certains bonus, ce qui n’est pas négligeable. En bref, on a là un excellent système qui permet de dynamiser les dialogues, même si on avait déjà vu le même genre avec Mass Effect ou The Witcher par exemple.  Attention toutefois : les dialogues sont en VO sous-titrés et ces derniers défilent assez vite, donc il faut rester concentré afin de suivre cette histoire d’espionnage riche et parfois (trop ?) complexe, mais vraiment prenante.


Votre personnage est imposé, vous jouerez avec Michael Thorton et pis c’est tout. La personnalisation du personnage n’est que pileuse ou vestimentaire. Toutefois, tous les poncifs du RPG sont présents. Vous pouvez choisir de jouer les Sam Fisher tout en discrétion et adepte du gadget, ou les Rambo en fonçant dans le tas à l’arme lourde. Pour cela, vous avez accès à plusieurs spécialités de base, et à de nombreux talents regroupant la discrétion, le corps à corps, le sabotage, ou encore le maniement des armes. Bien entendu, vous glanerez des points d’expériences qui vous permettront d’augmenter vos talents.

Côté inventaire, rien n’est laissé au hasard. Vous aurez accès au marché noir des armes et équipements. Vous pourrez acheter des fusils d’assaut, des gilets pare-balles, des grenades ou encore des tenues de camouflage sur le net à partir des planques que vous occuperez dans chaque pays. L’argent ne coulant pas à flot, il faudra adapter votre équipement à votre style de jeu et éviter les dépenses inutiles.  En bref, pour l’instant, Obsidian a tout bon. Un RPG avec un scénario intéressant et mature, des dialogues de qualité très bien joués et permettant de nombreux choix, et enfin un titre qui permet des phases d’actions aux styles et aux approches différents.  Magnifique me diriez-vous. Eh bien non.

The Thorton vengeance.

Alpha Protocol est effectivement un titre aux charmes indéniables, mais n’oublions pas qu’il reste orienté action, même vraiment orienté action, et là… C’est le drame. Les deux premières choses qui m’ont frappé et déçu, je dois bien l’avouer, ce sont la maniabilité et les animations.  La maniabilité tout d’abord. Il est clair que le développement conjoint PC / console a laissé des traces. Au clavier, le personnage ne sait que courir et tourner à 90° car planté sur un axe central, on se retrouve a diriger un robot et c’est vraiment pas agréable. Je teste alors avec une manette Xbox 360 for Windows, et là ça va tout de suite mieux.

Par-dessus ce souci il faut rajouter une animation ridicule. La démarche furtive de l’agent Thorton ressemble à s’y méprendre à la démarche de mon vieux tonton Claude quand il est bourré, et qu’il manque de se gaufrer. Je veux bien que ce ne soit pas un titre purement action, même si elle prédomine, mais il y a un minimum.

Puisque que l’on parle d’action, sachez que c’est le gros morceau du jeu, mais là non plus ce n’est pas ça. L’IA des ennemis est très mal équilibrée. Dès qu’ils vous voient, ils vous foncent dessus et cherchent rarement à se planquer. J’ai privilégié les approches furtives, mais on finit toujours par utiliser la grosse artillerie car parfois l’ennemi voit à travers les murs ou devine votre présence. Si, par exemple, l’ennemi trouve le cadavre d’un de ses collègues, il ouvre le feu dans votre direction même si vous êtes planqué 15 mètres plus loin. Trop forts ces gars là. Vous pouvez donc aborder les missions de multiples manières, mais il est rare de pouvoir les finir avec la même, dommage.

Les missions justement. Ces dernières font office de quêtes dans le jargon du rpgiste de base. Elles s’enchaînent les unes après les autres, rendant le titre extrêmement linéaire, même si certaines peuvent être faites dans le désordre. Vous visitez chaque pays et remplirez vos missions suivant une chronologie simple : planque, mission, planque, mission, planque, mi… Enfin vous avez compris quoi. Les missions sont toutefois variées, allant de l’interrogatoire, musclé ou non, en passant par l’assassinat, ou encore la destruction de base militaire. L’ensemble reste sympa mais le manque de peaufinage gâche une partie du plaisir.


Techniquement, le titre d’obsidian est passable. Graphiquement ça casse pas trois pattes à un canard mais cela reste correct. Les textures sont souvent grossières et la gestion des lumières et des ombres est faite “à la va comme j’te pousse”, y en a-t-il une d’ailleurs ? Alpha Protocol est loin des standards du genre. Le joueur de RPG n’est certes pas très regardant sur la qualité des graphismes en général, mais un p’tit effort supplémentaire aurait été de bon ton, même si dans l’ensemble on a vu pire. Côté son, le titre peut se targuer d’un bon doublage (en anglais) et de musiques collant bien au sujet et sachant se faire discrètes quand il le faut.

En conclusion Alpha Protocol n’est pas un mauvais titre, peut-être est-il sorti un peu trop tard. Son scénario est prenant même si on n’évite pas les écueils du genre que sont le terroriste barbu, le mafieux russe, ou le traître américain. Dans l’ensemble le titre d’Obsidian mérite que l’on s’y attarde et qu’on persévère, car passé le niveau didacticiel de l’Arabie Saoudite, l’histoire prend le pas sur la technique et donne envie d’en savoir plus. Je reste toutefois déçu par certains aspects d’Alpha Protocol, et ne le recommanderai qu’aux fans d’espionnage, pour qui les premiers James Bond ont conservé tous leurs charmes malgré le kitch des effets spéciaux. A essayer.  

+ Un excellent scénario.
+ Système de dialogues bien fichu.
+ Différentes approches possibles.
+ De nombreux environnements.

Note testeur 06 sur 10

– Assez linéaire finalement.
– Techniquement à la ramasse.
– IA trop faible.
– Découpage des mission cassant l’impression de liberté.

La vision de Megamat :
Le sous-titrage ne m’a pas gêné outre mesure, si ce n’est sa rapidité, on avait pas le temps de le lire. Sinon, question graphismes, rien à dire, c’est bien fait, même si on fait beaucoup mieux aujourd’hui, mais ici ce n’est pas le but. J’ai pu avoir 2 romances, mais c’est vraiment pour dire qu’il y en ait… La musique est en corrélation avec le style de jeu, façon James Bond.

Concernant la maniabilité, on s’habitue vite finalement, mais je l’ai trouvé tout de même très orienté consoles. Cela étant dit, jouer les espions c’est assez sympa, ça change du RPG classique. Mais faut aimer le côté Action du jeu. Concernant les Boss, il faut trouver la bonne technique pour arriver à les finir, et j’ai eu quelques suées (d’énervement) je dois dire. Dommage que ce soit si court… et je ne dis pas vivement la suite, car je doute qu’on en ait une un jour. Une note de 7/10 est méritée dans la mesure où bien que l’histoire soit bien ficelée, elle n’en reste pas moins super linéaire, bien plus qu’un Mass Effect 1 ou 2.

Mercks
Mercks
Ancien rédacteur en chef de RPG France

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