jeudi, avril 25, 2024

Bastion

Ce test a été écrit et publié par Killpower le 24 août 2011.

NOTES FINALES

Note de l'auteur
7
Note RPG
4

Réalisé par SUPERGIANT GAMES, une toute petite équipe de développement, Bastion est sorti sur Xbox 360 en juillet 2011. Avec deux points forts mis en avant, graphismes peints à la main et narration en temps réel, il arrive sur nos PC cette semaine. Alors qu’en est-il de cet action-RPG proposé uniquement en version dématérialisée et à petit prix ? 

Bastion et configuration

Le pitch tient en deux phrases : Calamity une catastrophe a réduit le monde en morceaux, ces derniers ayant été disséminés dans les airs. Vous, le kid, vous réveillez et allez tentez de rétablir l’ordre en créant le bastion et en perçant les secrets de Calamity. Vous voici donc dans la peau d’un enfant homme en vue de 3/4, comme tout bon hack’n’slash qui se respecte avec caméra fixe.

Dès l’entrée dans le jeu, on est tout à fait ébahi pour trois raisons : la première concerne les graphismes tous peints à la main qui sont de toute beauté et sont un plaisir pour les yeux tellement les détails fourmillent. Avec une résolution maximale de 1900×1200 et un anticrénelage x4, on a du mal à croire que tout cela est de la 2D. Pour vous donner une idée, croisez Dofus pour les couleurs et la patte graphique avec les Minikeums – voir Google – pour les personnages pour vous donner une idée de l’orientation artistique. La seconde raison, c’est l’environnement sonore. La dernière raison c’est la voix off qui raconte vos faits et gestes en temps réel. Mais pour ces deux derniers cas, j’y reviendrai plus loin.

Après avoir retrouvé ses esprits, on s’intéresse à la maniabilité du jeu. Sur PC, on a trois configurations possibles. A l’instar de Dungeon Siege 3, on préfèrera le gamepad, plus adapté que les touches ou la souris pour une simple bonne raison : dans Bastion, lorsque l’on veut avancer, les niveaux qui sont tout le temps des couloirs en diagonale. Il vous faut donc appuyer sur deux touches à la fois pour bouger sous peine non pas de vous cogner au mur, mais de tomber dans le vide car je vous rappelle que les niveaux sont dans les airs. Rajoutez à cela, deux boutons pour chacune de vos deux armes, un autre pour le bouclier, un autre pour la roulade qui permettra d’esquiver ou pour sauter. Enfin un bouton pour le soin et un pour les bottes secrètes et vous comprendrez que cela n’est pas le plus simple au clavier.

Bastion et création

En début d’aventure, vous commencez la partie avec rien. Vous allez donc vous déplacer à travers des couloirs qui se construisent au fur et à mesure de votre avancée. C’est original et en même temps cela casse le rythme. En effet, plus loin dans la partie, je me suis surpris à aller trop vite sur un niveau en construction, et je suis tombé dans le vide. Il faut donc prendre le temps. Enfin, lorsque l’on arrive sur un espace plus large, il faut parfois longer les bords pour voir apparaître le passage.

Par contre, le niveau qui se matérialise devant vous est destructible. A peu près tout peut être cassé avec votre arme et vous permettra d’accumuler des fragments de l’ancien monde -qui sert de monnaie dans le jeu-, sauf bien sur, le sol, quoique dans certains passages …. Vous voilà donc à la découverte d’un univers constitué entièrement de niveaux sous la forme de couloir vous demandant d’aller d’un point A à un point B. Parfois vous vous écarterez de la voie principale pour visiter un couloir sans issu, mais jamais très long.

Donc après avoir récupéré un marteau, puis un répéti-croc – espèce de mitraillette avec des fléchettes – et avoir appris à vous en servir, vous arriverez au bastion. En quelque sorte une base qu’il va falloir reconstruire de A à Z en visitant des niveaux qui vous permettront de récupérer des noyaux vous autorisant à construire des bâtiments ou trouver des personnages. Toute l’histoire se résume à la création de votre Bastion, mais je n’en dis pas plus pour ne pas la divulguer. Les bâtiments, au nombre de 6, vous permettront de gérer votre équipement, voire de l’améliorer, d’augmenter la difficulté du jeu, de débloquer des succès qui vous donneront de l’argent.

 Bastion et baston

Pour reconstruire votre bastion, vous devez partir et vous envoler dans d’autres niveaux. Vous quittez donc votre base pour une carte générale où se débloquent au fur et à mesure de nouveaux niveaux. Si au début plusieurs sont accessibles et réalisables dans n’importe quel ordre, par la suite, vous aurez des niveaux imposés. Il y a aussi des niveaux défis permettant de débloquer du matériel pour vos armes ou des liqueurs pour acquérir de nouvelles bottes secrètes.

A noter que les maps de la quête principale deviennent inaccessibles dès qu’elles sont réussies. La linéarité est donc de mise surtout lorsque l’on sait que l’on visite des couloirs et que l’on va juste tuer pour trouver les noyaux. Par contre, on sera dépaysé par le bestiaire tout à fait original.

Chaque créature a sa propre attaque, son propre style. Il y a dans une même espèce plusieurs versions différentes visualisables par leur taille, leur couleur, leur attaque. Chaque créature éliminée laisse tomber non pas du loot, mais des fragments, qui je le rappelle, servent de monnaie. En effet, Les 11 armes du jeu, qui sont débloquées au fur et à mesure du développement de l’histoire, ont toutes une utilisable différente et sont upgradables selon 5 paliers.

Dans votre bastion, vous définissez les armes que vous souhaitez porter, vos liqueurs (dont le nombre est égale au grade de votre personnage) et une botte secrète. Dès votre entrée dans le niveau, impossible de changer quoi que se soit dans le niveau. Il s’agit donc de bien choisir son équipement selon son attirance mais parfois aussi selon le bestiaire dudit niveau. Dans les niveaux, si vous trouvez une nouvelle arme, elle remplace automatiquement l’une des deux vôtres avant votre retour au Bastion, sauf si vous trouvez un bâtiment Arsenal qui vous permet de changer. Mais il vaut mieux éviter car l’arme acquise est souvent adaptée à la situation, tout du moins la fin du niveau.

Quant aux combats, ils sont vifs, violents, intenses et très jouables. Pour venir à bout des créatures, vous avez deux armes qui ont une utilisation bien précise et une botte secrète qui peut être associée à votre arme ou à une technique de jeu (survivre à un coup critique, faire plus de critiques, faire apparaître un compagnon gicleur pour vous aider). Cette botte secrète est activable grâce à vos trois fioles de tonifiant noir – voire plus, si vous avez pris la liqueur bonus correspondant -. Elle est donc à activer à un moment cruciale du jeu et pas n’importe quand. En plus de ces armes, il est possible d’utiliser un bouclier pour se protéger des attaques et même avec un bon timing de la renvoyer sur son agresseur ou à défaut, autour de soi. Il est même possible de rester cacher derrière son bouclier et d’attaquer en même temps avec l’une de ses armes.

Le bouclier ne vous protégera pas de certains ennemis, encore moins des sorts de zone. Le bouclier s’oriente en fonction de l’attaquant le plus proche. Si dans votre dos, un missile arrive sur vous, pas la peine de vous retourner, votre bouclier reste centré sur l’assaillant au contact. Le placement est donc primordial pour éviter les attaques à distance tout comme les attaques au corps à corps. C’est l’intérêt de la roulade qui permet d’esquiver. On peut même, en se plaçant correctement, faire en sorte que les assaillants se tirent les uns sur les autres.

Bastion et bon son

Si visuellement c’est la claque, pour les oreilles c’est le bonheur. D’abord parce que la bande son, tout à fait originale dans ce genre de jeu, dépareille avec ce que l’on écoute d’habitude. Pas de musique classique, ni de hard rock – qui a parlé de Sacred 2 – mais une musique Zen et tranquille, envoutante et entêtante. On appréciera d’autant plus les titres chantés, qui sont de vrais bijoux et m’ont fait penser à Darkstone.

Alors à part un ou deux titres pas forcément au top, tout le reste est très bon. Chapeau bas au compositeur de l’équipe. Les bruitages sont aussi très réussis. La qualité audio est vraiment impressionnante surtout la voix du narrateur. Justement, parlons-en de cette narration en temps réel, point fort du jeu avancé par les développeurs. Cette narration tient compte de vos faits et gestes : vous avancez au nord, vous tombez dans le vide, vous tuez un boss, immédiatement la voix vous le raconte.

Cette voix d’homme vous porte, vous attire et est vraiment très bien maîtrisée avec de nombreux effets. Tout cela serait génial, s’il n’y avait pas deux défauts à cette gestion narrative : Le premier c’est tout simplement que le jeu est en anglais sous-titré français. Alors du coup, si on a du mal avec l’anglais, et bien il faudra se contenter de lire ce qui est écrit dessous.

Bon d’accord rares sont les fois où l’on a du mal à lire, mais ce n’est pas quand même pas très commode durant les combats. Surtout que si le texte est trop long, il défile et là on rate le début. C’est quand même dommage de ne pas avoir de traduction orale du jeu sachant que c’est un point fort ! Le second défaut c’est la linéarité du jeu qui casse cette narration active. En clair, le jeu est composé de niveaux qui sont des couloirs. Il n’y a donc pas de monde ouvert vous permettant de vivre une aventure unique et en plus avec rejouabilité.

Non, non, vous entrez dans un niveau linéaire au possible et la voix vous raconte ce qui se passe. Ha, vous avez découvert un nouveau perso, Ho, vous allez battre le boss. Si vous faites le niveau deux fois de suite, vous vous rendez-compte que le texte est le même et donc qu’il y a des scripts qui seront exécutés à tel ou tel moment et non en fonction de vos actions. Sachant qu’en plus, pour un niveau, à part les défis, si vous ne le réussissez pas, vous devez le refaire. On ne vous propose pas l’échec.

De plus, il est prévu un conditionnement du joueur qui va faire des choses logiques, mais pas si le joueur joue autrement. Jetez-vous une fois dans le vide et la voix vous le précise . Faites le 10 fois de suite après et elle ne dit plus rien. Autre exemple qui montre les limites de ce fonctionnement : au début du jeu vous arrivez sur un passage avec quatre directions possibles. Lorsque je décide partir dans une direction, la voix m’indique que je vais arriver sur tel lieu. Mais à ce moment précis je fais demi-tour et je vais à l’opposé. La voix m’indique que je vais arriver à tel lieu et en aucun cas mon demi-tour.

Cette narration en temps réel est donc une bonne chose, immerge bien le joueur mais reste pénalisée par le jeu lui-même et le déclenchement des textes comme des scripts. On notera aussi que le narrateur n’arrête pas de parler, donc on passe du temps à lire et comme au lieu d’avoir une présentation du niveau complète au début du niveau, on nous l’amène au compte-goutte, on se perd un peu dans l’histoire et le background. C’est dommage car on a du mal à suivre le fil conducteur en fin de compte. Surtout qu’il y a des passages totalement déroutants. En tout cas, un grand bravo à l’écriture des textes qui sont très poétiques, bien tournés, et donc joliment traduits. Tout comme les textes des différents éléments de l’équipement.

Bastion et Oblivion

OK, c’était pour la rime et c’est pas terrible, mais c’est le seul RPG qui finit en ON auquel j’ai pensé. Alors parlons-en justement de cette dimension RPG. Elle est quasi-inexistante. En effet on commence la partie avec un personnage imposé, il n’y a aucun dialogue avec choix possible, juste cette voix qui vous déroule l’histoire et vos actions, pas de quêtes pour sauver la veuve et l’orphelin. Ensuite les PNJ n’ont rien à dire à part une ou deux phrases qui débloquent la suite du jeu, on n’a pas d’inventaire à ranger sur soi, pas de caractéristiques, pas de looting à part soin, tonifiant et fragments.

Seul le bastion, votre base, vous permet de gérer vos 11 armes, vos liqueurs, de payer de nouvelles aptitudes ou de l’équipement trouvé dans les niveaux. C’est peut-être cette notion qui a permis au jeu de gagner cette distinction de RPG, mais cela est bien maigre au vue des titres traités par RPG France. Pas plus qu’on ne pourra lui donner le titre de hack’n slash. Alors, qu’est-ce que Bastion ? Personnellement, c’est un très bon jeu d’action, un jeu d’aventure avec combats incessants et quelques interrupteurs, avec même un court passage de plateformes, comme Zelda. Mais en aucun cas, un RPGiste n’y trouvera son bonheur s’il attend quelque chose de cet aspect dans le jeu.

Bastion, pas long

Il m’a fallu 6 heures pour finir le jeu avec un personnage de grade 5 – il y en a 10 en tout -, car la difficulté n’est pas élevée et est accessible à tout joueur qu’il soit débutant ou confirmé. Votre personnage possède trois fioles de soin – voire plus s’il a pris un filtre bonus – qui lui permettent de remonter sa barre de vie en cas de pépin. On trouve beaucoup de potions dans les niveaux. De plus, en cas de mort, la voix vous propose de vous redonner une seconde chance pour poursuivre.

Enfin, si vous ratez cette deuxième opportunité, le jeu vous propose de retourner soit à votre Bastion changer vote configuration d’arme par exemple ou vos filtres ou vos compétences, soit au début du niveau pour le refaire en entier. Il y a aussi pas mal de niveaux qui permettent d’augmenter la puissance de votre équipement, ou encore des niveaux défis durant lesquels on vous assaille de vague d’ennemis en même temps que l’on vous raconte la vie d’un personnage.

Du coup, le jeu vous prendra 2 heures de plus environ pour tout faire. A noter qu’il y a des fins alternatives et que vous débloquez un new game +, vous permettant de recommencer le jeu avec tout l’équipement trouvé dans la première partie et quelques bonus. Votre new game + durera donc encore moins longtemps, sauf si vous utilisez le temple qui permet de définir le comportement du bestiaire et donc de le booster. Cela vous permet ainsi d’augmenter le niveau de difficulté et de l’adapter à votre exigence. On regrettera l’unique sauvegarde automatique qui est écrasée si vous recommencez une nouvelle partie. Alors attention à la fausse manœuvre.

Avec ses graphismes et sa bande son impeccables qui vous portent tout au long de l’histoire, Bastion est un jeu qui émerveille, surtout si l’on aime l’action. Ce n’est pas un RPG à proprement parler, même si les différentes possibilités d’upgrade de l’équipement et les nombreuses bottes secrètes possibles pourraient laisser penser le contraire. Du coup, si vous aimez varier les styles de jeu, vous y trouverez sûrement votre compte, grâce à son univers touchant et enchanteur.

+ Graphismes et bande son parfaits
+ Histoire envoutante et poétique
+ New game + avec difficulté adaptable
+ Un arsenal upgradable
+ Gameplay nerveux et sans temps mort

Note RPG 2 sur 5
Note testeur 07 sur 10

– Histoire décousue pas toujours facile à suivre
– Trop court
– De l’action, mais peu de RPG
– Linéarité des niveaux
– Voix en anglais

La vision de Batman :
La première fois que j’ai entendu parlé de Bastion, j’ai été bluffé par ce style graphique totalement sublime ! Un soin important a été apporté à l’aspect artistique du jeu. La bande son est vraiment excellente.
Si la narration pseudo dynamique souffre de quelques défauts, elle n’en reste pas moins l’un des points fort du jeu. Le joueur a réellement l’impression de vivre un conte dont il est le héros, la voix du narrateur est vraiment charismatique et à aucun moment je n’ai éprouvé de lassitude à l’écouter. Certes l’histoire est simple, mais le plaisir est bien présent !

Le gameplay est très nerveux et efficace. On affronte tantôt quelques ennemis isolés, tantôt des hordes d’adversaires où il s’agira de ne pas perdre son sang froid pour rester efficace !
Le grand nombre d’arme permet de varier les stratégies. Préférerez-vous le marteau, à la force frappe sans égale, ou la machette de guerre, plus faible mais bien plus rapide ? Les différents niveaux de défi liés aux armes vous permettent de débloquer des items pour les améliorer, et si votre performance vous permet de remporter le premier prix, vous pourrez même débloquer de nouvelles bottes secrètes !
Cependant, Bastion n’est pas un vraiment RPG. Ici, pas de quêtes annexes, de dialogues à choix multiples ou de caractéristiques à améliorer à chaque niveau. On appréciera cependant la possibilité d’activer des compétences passives à l’aide des liqueurs, de personnaliser les bonus pour chacune de nos armes, ainsi que d’autre éléments de gameplay.

Excellent jeu d’action au effluve de RPG, Bastion vous rappellera sans doute d’autre grand jeu comme The Legend of Zelda ou Secret of Mana. Ajoutez à cela des graphismes 2D magnifique et une bande son incomparable, Bastion mérite largement l’investissement !
08/10

L'archiviste
L'archiviste
Administrateur de RPG jeux vidéo. Très vieux Joueur depuis le siècle dernier. Testeur et rédacteur depuis 1999 de RPG, même les pires. Relecteur bénévole de traductions de nombreux jeux vidéos RPG. Ancien membre de RPGFrance et de Dagon's Lair.

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Réalisé par SUPERGIANT GAMES, une toute petite équipe de développement, Bastion est sorti sur Xbox 360 en juillet 2011. Avec deux points forts mis en avant, graphismes peints à la main et narration en temps réel, il arrive sur nos PC cette semaine. Alors...Bastion
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