samedi, avril 20, 2024

Blood Knights

Ce test a été écrit et publié à l’origine le 31 décembre 2013  sur le site RPGFrance par son auteur Pouicoss.

NOTES FINALES

Note de l'auteur
4
Note RPG
4

Les clichés ont la vie dure. Depuis les films Twilight, quand on me dit vampire, je pense à Robert Pattinson et Kristen Stewart. Pourtant, les vampires ont eu leurs heures de gloire sur nos écrans, de Castlevania à Legacy of Kain en passant par Vampire Bloodlines pour parler de notre genre favoris – les RPG. C’est, du moins on pouvait l’espérer, dans cette mouvance qu’allait s’inscrire le nouveau jeu des Allemands de Deck 13. Blood Knights raconte en effet une histoire inscrite dans le sang, l’histoire du combat entre  humains et vampires. Reste à voir si cette histoire vaut le coup d’être jouée ou non …

Il était une fois …

Blood Knights et contrairement à bien des hack’n’slash, propose un pitch de départ sympathique. Jeremy, guerrier humain et spécialiste de la chasse aux vampires, se voit lié à Alysa, digne représentante du peuple aux dents longues, par un pacte de sang. Ces deux protagonistes que tout oppose vont devoir coopérer, s’entraider et faire fi de leurs différends pour rétablir l’équilibre du monde. Pas forcément originale j’en conviens, l’opposition entre les héros qui représentent d’ailleurs les deux personnages jouables promettait une aventure pimentée.

Pourtant, et autant le dire tout de suite pour vous rassurer, Blood Knights est au final un bon gros nanard, dans le genre série Z qui passe sur NRJ12. Derrière cette pique un peu méchante, je pense qu’il y a surtout un gros sentiment de gâchis qui transparaît. Oui, Blood Knights se révèle bavard, oui, il y a des cutscenes et oui, un vrai background a été construit. La lutte entre les humains et les vampires, la relation ambigüe entre les protagonistes, et l’église de Rome qui met son grain de sel pouvaient donner quelque chose de réellement intéressant, avec un aspect médiéval assez prononcé, mais en fait… non. Sans même évoquer la mise en scène faiblarde, ce sont surtout les dialogues du jeu qui rendent la narration aussi peu engageante de prime abord.

Pourtant, un changement peu s’opérer, comme par magie. En changeant son fusil d’épaule, en cessant d’imaginer ce qu’aurait pu être le scénario de ce Blood Knights et au contraire en se laissant prendre au jeu, tout devient beaucoup plus amusant. Hop, qu’importe, c’est un jeu après tout, alors on débranche le cerveau, et là, la poilade est assurée par une pléthore de lignes de dialogue débiles et parfois bien funs. Et au pire, il parait qu’on ne joue pas aux hack’n’slash pour leur histoire, donc c’est réglé.

Blood Knights est un action-RPG dans son plus simple appareil, à rapprocher peut-être plus d’un R.A.W que d’un véritable hack’n’slash. Pendant la demi-douzaine d’heures que compte la campagne solo, vous avancerez dans des niveaux très linéaires en martelant le clic gauche de votre pauvre souris, tabassant des monstres, humains et vampires à foison.

Pour ce faire, vous devrez choisir entre Jeremy, qui combat au corps à corps avec deux épées, et Alysa qui elle préfère rester à distance avec une arbalète dans chaque main. Ces deux personnages se révèlent effectivement complémentaires et permettent au jeu d’être plus sympathique en coop locale, certaines énigmes étant d’ailleurs prévues pour. En solo, une seule touche suffit pour passer de l’un à l’autre et ainsi disposer des particularités de chacun à tout moment.

Jeremy les clefs dans le tiroir

Malgré tout, on ne peut que regretter qu’une bonne partie des compétences débloquables au fil du jeu soient identiques quel que soit le personnage. Tous deux peuvent boire le sang de leurs ennemis, tous deux peuvent créer un “bouclier de sang”. Dans bien des cas d’ailleurs, améliorer une compétence ne modifiera que les dégâts qu’elle fait ou le temps de récupération nécessaire (cooldown). La seule véritable différence entre les deux personnages vient finalement de leurs armes et seules les compétences en rapport avec celles-ci apportent une réelle différence.

Las ! Elles se comptent sur les doigts d’une main, tout comme les statistiques des personnages d’ailleurs – santé, force et chance pour les coups critiques. Les possibilités d’évolution s’en retrouvent très limitées. Vous l’aurez compris, du début à la fin de l’aventure, vous guerroierez fondamentalement de la même manière, ce qui ne joue pas en la faveur de la rejouabilité du titre. Le plaisir de créer son personnage, d’expérimenter ou tout simplement de découvrir de nouveaux pouvoirs est totalement absent. En contrepartie, Blood Knights apparaît comme un jeu très simple d’accès, facile à prendre en main et jamais prise de tête. On pourrait presque penser qu’il est à destination des jeunes joueurs voulant découvrir les action-RPG mais son univers très sanguinolent et sexualisé à outrance – toutes les femmes sont représentées avec un décolleté à faire pâlir Maria Carey et portent moins de tissu que les anges de Victoria Secrets – ne vont pas dans ce sens.

Oui, vous l’aurez compris, je n’adhère pas trop au design et un aspect médiéval plus prononcé aurait peut-être été plus en accord avec l’idée de départ. Là au moins, ça colle avec l’aspect série Z, donc pourquoi pas finalement.

L’aventure est fractionnée en différents chapitres qui vous feront découvrir de nouveaux lieux. Une mini-carte du monde permet de retourner dans des endroits déjà visités, revoir certains personnages ou marchands, mais elle est assez illusoire. Globalement, Blood Knights reste un jeu étriqué. Tous ces lieux sont conçus comme de longs couloirs, étroits, dans lequel on ne fera qu’avancer ou presque. On est bien loin d’un Torchlight 2 ou d’un Diablo III.

Mais le véritable problème vient du manque de maîtrise du level design. En soit, un jeu linéaire bien maîtrisé peut-être très sympa. Blood Knights lui, ne parvient pas à concrétiser cet aspect. L’architecture des niveaux oblige le joueur à s’essayer à quelques phases de plateforme pas franchement intéressantes, la faute à une caméra fixe qui ne se place pas toujours comme il faut. Ces dénivelés sont aussi un piège pour les ennemis. Des loups garous aux morts vivants en passant par les démons, aucun n’a la capacité de les franchir ou de venir vous déloger : il est alors très simple de se placer en hauteur, hors de portée des ennemis, pour ensuite les arroser avec des flèches. Ces manques de réactivité et d’adaptation de l’IA nuisent à l’intérêt du jeu.

Du début à la fin, les stratégies à mettre en oeuvre seront les mêmes quels que soit les ennemis et, en mode normal tout du moins, on ne se sent jamais vraiment en difficulté – sauf dans les phases de plateformes mal fichues. Le constat est le même pour les combats de boss. Il y a parfois quelques trucs à trouver, comme achever un ennemi en buvant son sang avant qu’il ne se régénère, mais globalement, les boss peuvent être vaincus en suivant le même schéma : Alysa la chasseuse, arbalète au poing, court à perdre haleine autour de son ennemi, décochant ses traits, les uns après les autres. On a vu plus épique comme baston.

Sang pour sang pur buff

Bon pour le moment, j’ai surtout causé de l’aspect action de Blood Knights.Mais c’est aussi du RPG ! J’ai déjà évoqué le système de compétences des héros, très léger pour un jeu du genre. Le chemin emprunté par nos deux héros regorge de coffres et trésors en tout genre, une aubaine pour les grosbills. L’honneur est sauf, et tout n’est pas perdu. A moins que… Le système de loot de Blood Knights est assez particulier, dans le sens où il vous récompensera toujours. En voilà un jeu gratifiant.

Si vous êtes fâchés avec Diablo III et ses objets gris à la pelle, là, vous serez ravi. Le problème, c’est que les personnages n’étant que très basiquement définis – par trois statistiques uniquement, rappelons-le – vous n’aurez jamais aucun choix à faire. Un objet est meilleur sur un aspect ? Dans ce cas il est forcément plus intéressant que celui précédemment acquis. Aucun dilemme, aucune question à se poser. C’est à se demander s’il n’aurait pas fallu implanter un système d’équipement automatique tant l’intérêt de ramasser des objets est limité.

Pour être honnête, j’ai passé plusieurs heures à jouer sans même me soucier de l’équipement que je portais. Alors si, certaines armes ont bien des pouvoirs secondaires particuliers ajoutant parfois des dégâts élémentaires de feu ou autre, mais rien de très décisif. Dans ce même ordre d’idées, même si proposer des checkpoints pour retourner chez un marchant est louable, ce ne sera jamais réellement nécessaire puisque le loot proposé est bien suffisant.

Avec tout ça, je suis en train de me rendre compte que je dresse un tableau fort peu reluisant de ce Blood Knights. Pourtant, en toute honnêteté, je me suis quand même amusé, pas uniquement à cause des dialogues cheesy. Non, défourailler des monstres reste assez rigolo, et c’est d’autant plus vrai en coop. Les deux personnages répondent bien, au couple clavier/souris comme à la manette (sauf dans ces satanées phases de plateforme !), le design général est moyen mais pas hideux.

Certains choix sont très discutables, d’autres bien trouvés, comme les templiers très badass et le bestiaire qui arrive à se renouveler un minimum au fil du jeu. Il en va de même pour les environnements, tantôt en intérieur, tantôt en extérieur, supportés par un moteur graphique correct, sur PC du moins. On sent que le jeu n’avait pas un gros budget, mais ça tient la route. La musique, également, m’a agréablement surprise. Elle fait son job, et donne du peps aux affrontements. Les dialogues – où seul Jeremy peut répondre activement – qui ponctuent l’aventure laissent quelques choix au joueur.

Ils sont d’ailleurs doublés (en anglais) et sous-titrés pour un résultat plutôt correct, même si tous les personnages ne bénéficient pas du même traitement. Certains dialogues ont un impact sur le destin de personnages secondaires, ou sur la résolution de certaines quêtes et viennent même influencer un peu la fin du jeu et c’est finalement plus ainsi que le côté RPG du jeu s’exprime, le build du personnage étant trop limité.

Au final, c’est peut-être sur cet aspect, associé dans ce cas à une narration de meilleure qualité – car le background est bien là – que Blood Knights aurait pu jouer pour se distinguer de la concurrence. En l’état, le manque de profondeur du gameplay fait qu’on ne peut pas le conseiller à un joueur vétéran en mal de hack’n’slash, à moins qu’il ne cherche une expérience rapide, coopérative et pas chère… sauf que la concurrence est rude sur ce marché.

Blood Knights est clairement un “petit” jeu. Son statut de jeu téléchargeable ne joue pas en sa faveur, surtout qu’il y a des titres bien plus sympas pour la même tranche de prix. Son gameplay très light ne le destine pas aux baroudeurs, à ceux pour qui un hack’n’slash rime autant avec trancher qu’avec statistiques.
Non, Blood Knights est plutôt jeu rapide, fastoche à prendre en main à tous les niveaux. Bancal dans sa construction et dans sa réalisation, manquant de profondeur et presque plus proche d’un beat’em’all, il ne demande pourtant que très peu d’investissement pour être maîtrisé. Et c’est peut-être sa force finalement ? Un petit jeu sans prétention, un jeu pop-corn à essayer en coopératif le temps d’une soirée. Rien de plus, rien de moins.

+ C’est bourrin
+ Le coop
+ Facile à prendre en main
+ Les dialogues débiles !

Note RPG 2 sur 5
Note testeur 04 sur 10

– Les dialogues débiles …
– L’IA dans les choux
– Un gameplay manquant de profondeur
– Les phases de plateforme
– La tronche de Jeremy

RPGfrance
RPGfrance
Site ayant vécu de 2009 à 2022 et traitant de l'actualité des jeux vidéo RPG. Le site ayant disparu, l'équipe de RPGjeuxvidéo, sous l'action de Killpower, ancien président de RPGFrance, a essayé de rendre hommage aux nombreux rédacteurs qui ont participé au site, en reproposant leurs articles qui, sinon, auraient été perdus à jamais. Si vous êtes l'auteur de cet article, contactez-nous et inscrivez-vous, nous mettrons le texte à jour.

Avis des membres : (0)

Ce test n'a pas d'autre avis.

Articles récents

Vous voulez donner votre avis sur le jeu ?

S’abonner
Notifier de
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
Les clichés ont la vie dure. Depuis les films Twilight, quand on me dit vampire, je pense à Robert Pattinson et Kristen Stewart. Pourtant, les vampires ont eu leurs heures de gloire sur nos écrans, de Castlevania à Legacy of Kain en passant par Vampire Bloodlines...Blood Knights
0
Envie de laisser un commentaire ? x