vendredi, avril 19, 2024

Bloodborne (PS4)

Ce test a été écrit et publié à l’origine le 17 avril 2015 sur le site RPGFrance par son auteur Eronman. Avec son aimable autorisation.

Fort du succès de la série désormais culte des “Souls” (Demon’s Souls, Dark Souls 1 & 2), From Software réitère l’expérience avec le mystérieux Bloodborne. Sortie le 27 mars dernier uniquement sur PS4, la dernière production du studio japonais, éditée par Sony Online Entertainment, fait des miracles en obtenant presque partout des notes exceptionnelles. D’après le classement du site Metacritics, il s’agit tout simplement là du meilleur jeu sur PS4 à la date de sa sortie, juste derrière les rééditions de The Last of Us et de GTA V.
Voilà une bien belle entrée en matière, avec une statistique toute subjective qu’il va convenir d’objectiver un peu dès lors qu’il est question de la catégorie reine des RPG.

And then the darkness comes…

Tout d’abord, il faut avouer que ce qui frappe en premier, c’est l’univers mystérieux et glauque de Bloodborne. La direction artistique développée par From Software est une fois de plus excellente, et encore plus originale que dans les précédents jeux du même studio. Coincé quelque part entre un univers façon Cthulhu et la descente aux enfers provoquée par un trip malsain à la sauce “Trainspotting”Bloodborne met presque mal à l’aise par moments, une vraie réussite pour ceux qui recherchent ce type de sensations.

L’univers purement médiéval des précédents opus n’est donc plus d’actualité, même si la ville de Yharnam fait la part belle aux architectures gothiques. Cet open-world en couloirs est un véritable dédale, et pourtant vous finirez par en connaître les plus sombres recoins. C’est dans la peau d’un chasseur de monstres que vous évoluerez tout au long d’une aventure difficile et pour le moins incertaine, puisque le doute entre réalité et cauchemar éveillé est constamment entretenu.

Il vous sera même possible d’accéder à certaines zones par des processus ésotériques liés à votre mort et dont les mécaniques vous échapperont probablement jusqu’à la fin du jeu. C’est bien là le point fort de ce jeu : maintenir l’intérêt du joueur par l’envie d’explorer la ville et peut-être découvrir ce qui vous vaut le sacrifice d’y avoir été envoyé. Il faut dire que la transfusion sanguine pour le moins douteuse qu’a pratiquée sur vous ce vieil homme en fauteuil roulant participe grandement aux questions intérieures qui vous rongent.


Dès la création du personnage, Bloodborne tente de se singulariser en proposant non pas des classes de personnages, mais des backgrounds différents tenant le même rôle. Ainsi, en fonction de votre choix, vos caractéristiques de départ seront différentes, allant de profils assez équilibrés jusqu’à des spécialistes des armes à feu ou de l’ésotérisme. Quel que soit votre choix vous pourrez toujours rééquilibrer un profil en dépensant vos points d’expérience, ici appelés “échos de sang”, comme bon vous semble.

Attention cependant, les échos de sang sont précieux et remonter une caractéristique vous prendra pas mal de temps. Du côté des menus, de l’inventaire et des objets disponibles en raccourcis, l’interface est correcte, mais pas toujours très ergonomique. Un effort appréciable a été fait sur l’inventaire rapide qui s’affiche sans prendre la totalité de l’écran. Cet élément n’est pas négligeable, puisqu’aucune pause n’est possible dans les jeux de From SoftwareBloodborne n’échappant pas à la règle, et que la visibilité offerte par un inventaire de ce type évite de trop se faire surprendre par un ennemi esseulé que vous auriez oublié d’occire. 

Un Mac Farmer s’il-vous-plaît !

Un peu moins sadique que ses aînés, Bloodborne n’en est pas moins un jeu exigeant en termes d’adresse et de concentration. La moindre erreur peut être fatale, et un surnombre d’ennemis est souvent synonyme de mort. Il faudra, comme d’habitude dans les Souls, aller jusqu’à l’endroit de votre mort et tuer le fautif pour récupérer les échos de sang que vous aviez accumulés jusque-là. Chaque réapparition se fera près de lanternes disponibles aux quatre coins de Yharnam dès lors que vous les aurez activées. Bien entendu, tous les monstres, à l’exception des boss, auront refait leur apparition, vous barrant à nouveau la route vers le salut. Le campement (ou safe place) du jeu n’est autre qu’un coin situé au fin fond de votre cerveau et sobrement appelé le Rêve du Chasseur.

Ce lieu, une fois rejoint, vous permettra de choisir une lanterne de réapparition dans la cité, mais aussi de commercer, d’améliorer vos armes et vos caractéristiques ou bien encore d’accéder sous certaines conditions à des donjons du calice, sortes de quêtes annexes. Toutes vos améliorations et nouveautés vous coûteront de précieux échos de sang, et vous pousseront, soyez-en certain, à entamer quelques séances de farming parfois fastidieuses. L’existence de runes de Caryll cachées un peu partout et permettant d’obtenir des améliorations notables vous poussera également à chasser dans les lieux les plus inaccessibles ou les plus dangereux de Bloodborne. Autre originalité à souligner, certains artefacts vous permettront d’augmenter vos points de lucidité, une caractéristique particulièrement utile pour invoquer d’autres joueurs en coopération, et plus tard dans l’aventure pour d’autres raisons que nous ne déflorerons pas ici.

Côté Online, il vous sera d’abord possible à chaque début de session de choisir de jouer en ligne ou non. Concrètement, si vous êtes en ligne vous pourrez lire les messages laissés par d’autres joueurs, voir leur mort, faire appel à eux pour passer un cap difficile en coopération ou encore envahir la partie d’un autre joueur pour le tuer. La réciproque étant toujours valable bien évidemment. Ces fonctionnalités sont plutôt bien dosées, et ne gâcheront nullement votre partie, vous laissant quasiment tout le temps évoluer en solo et sans présence “étrangère” inopinée. 

Il était une fois… voilà c’est tout.

Côté scénario, il faut bien avouer que si votre imagination est très fortement sollicitée, c’est parfois pour pallier au manque de narration et vous raconter alors votre propre interprétation de l’histoire. Si cette façon de faire est désormais coutumière de la part de From Software, il faut bien avouer qu’à la longue j’ai tendance à penser qu’il s’agit presque d’indigence.

Les développeurs dont il est ici question savent ce qu’attend leur public et savent qu’un RPG doit raconter une histoire, même si l’imaginaire doit y avoir encore une place. Cet équilibre n’est toujours pas atteint de mon point de vue dans Bloodborne, le reléguant à des composantes RPG bien présentes, mais sans ce morceau essentiel qui donne envie d’avancer contre vents et marées. Ce regret étant formulé, mon test ne sanctionne pas trop cet aspect en comparaison d’autres jeux pas nécessairement mieux lotis, et surtout en raison du classement Action-RPG de Bloodborne.

Quoi qu’il en soit, l’avarice de dialogues et de trame narrative de Bloodborne, héritée des précédents jeux de From Software, demeure un héritage bien lourd à porter. Non pas que le scénario soit mauvais, loin de là, mais il n’est là qu’en filigrane, par bribes. C’est d’ailleurs pour moi un marqueur rétrograde de ce que peut être un RPG dit next gen, et pour cet aspect il est sanctionnable.

Notons toutefois que plusieurs dizaines de millions de dollars après les succès mérités de ses prédécesseurs, et malgré des PNJ qui n’ouvrent même pas la bouche quand ils parlent (!), Bloodborne a eu la décence d’être entièrement localisé en français, ce qui rattrape un peu les vides, mais de façon finalement très partielle. J’ai même du mal à comprendre comment tant de testeurs ont pu passer à côté de tout ça sans sourciller, je ne dois pas être constitué comme les autres, ou alors nous n’avons pas joué au même jeu.

Et tu tapes, tapes, tapes : c’est ta façon d’aimer

Cela étant dit, le jeu reste très bon pour peu que l’on soit en recherche d’un pur Action-RPG avec du challenge dans les combats. Ceux-ci ont d’ailleurs un peu évolué par rapport à Dark Souls, en particulier avec un rythme plus soutenu, et une défense beaucoup moins passive à base d’esquives et de contre-attaques. Une contre-attaque bien placée tout de suite après avoir été touché vous permettra même de récupérer une partie des points de vie que vous venez de perdre. Cela encourage à opter pour un style de combat plus incisif que dans les précédents jeux de From Software.

Les armes, originales mais peu nombreuses, disposent presque toutes de deux aspects différents entre lesquels vous pourrez jongler d’une simple pression de gâchette. Cela vous offre la possibilité de passer d’une arme courte et rapide à une arme avec plus d’allonge mais beaucoup plus lente et consommant plus d’endurance. De la même façon, il faudra bien choisir entre une arme contondante ou une arme tranchante en fonction des créatures que vous affronterez.

Globalement les combats sont agréables, en dehors d’une caméra souvent aux fraises et d’un farming presque obligatoire, particulièrement durant les premières heures de jeu. Les deux éléments centraux du jeu, le sang et le feu, joueront également un rôle central durant les combats comme dans le reste de l’aventure. Prenant des formes différentes (fioles, reliques, cocktails Molotov, lance-flammes…), ces deux éléments sont omniprésents,  contribuant à rendre tous les aspects du jeu extrêmement glauques et particulièrement destructeurs.

Si Bloodborne impressionne par sa qualité artistique et son ambiance unique, il faut bien avouer que les points négatifs sont difficiles à oublier. Quelques regrets, comme l’absence de dialogues dignes de ce nom ou d’un scénario réellement présent à tous les instants du jeu, viennent sensiblement obérer la motivation du joueur. Malgré cela, il s’agit là d’un jeu profond et dérangeant qui marquera le joueur. Difficile à noter, Bloodborne ne mérite ni la sanction ni des éloges unanimes et navigue entre un bon sept et un mauvais huit.

Il faut cependant reconnaître le travail effectué dans le level design et la direction artistique, qui font de Bloodborne ce qu’il est réellement, c’est-à-dire un vrai “souls”. Reste à savoir combien de temps vous pourrez digérer la sobriété du gameplay qui peine à se renouveler tout au long de la quarantaine d’heures de jeu. Bloodborne est à conseiller, mais ne croyez pas qu’il soit très différent de ses prédécesseurs, c’est le même avec un emballage différent, c’est tout… mais c’est déjà pas si mal !

+ Ambiance et background
+ Direction artistique
+ Challenge
+ Level design diabolique
+ Les boss

Note testeur 08 sur 10

– Gameplay vieillissant
– Scénario en filigrane
– Technique pas parfaite
– Farming un peu lourdingue
– Temps de chargement (patch en cours…)

Eronman
Eronman
Ancien rédacteur de RPGFrance.

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