Focus Home Interactive a fait confiance une nouvelle fois aux développeurs de chez Spiders, avec la création d’une nouvelle licence : Bound by Flame. Cette sortie multiplateforme (à l’exception de la XboxOne) porte un lourd fardeau puisqu’il s’agit, en dehors de l’O.V.N.I Child of Light et du MMORPG Final Fantasy XIV, du premier RPG à sortir sur la fameuse “next gen”.
Cependant si vous êtes un joueur PC, cette notion est bien futile, même si elle vous impacte indirectement. Ceci étant dit, nous nous attendons à un contenu ainsi qu’à une cosmétique plutôt léchés, et bien entendu d’une version PS4 ici testée digne d’un PC Gamer de ouf. Nous allons donc, si vous le voulez bien, nous poser tous ensemble à haute voix cette question totalement artificielle et sans fondement : Mais que vaut le premier “vrai RPG next gen” ?
Winter is coming…
Vous incarnez un humain, Volcan, dont le background bien mystérieux va rapidement vous amener à réaliser une simple mission de protection d’un cortège de mages bienfaisants. Le monde de Vertiel est en effet dévasté par la Mortarmée et ses créatures infâmes, dirigées par les seigneurs des glaces, menaçant le monde d’une ère glacière sans précédent. D’après les mages que vous devez protéger, pour rétablir un équilibre, la pratique d’un puissant rituel arcanique est nécessaire. Bref, un grand classique pour le mercenaire des Lames Franches que vous êtes, neutre et assoiffé d’or. Cela vous permet alors de découvrir très rapidement un petit tutoriel plutôt agréable et bien contextualisé, entrecoupé de phases de narration et de dialogues, destinées à vous mettre dans l’ambiance.
La première impression visuelle est plutôt bonne et la prise en main rapide, on déplorera tout de même une distance d’affichage très limitée et des environnements assez inégaux dans leur inspiration. Les animations sont quant à elles correctes, mais tout de même un peu rigides, notamment sur les visages. L’esthétique demeure assez générique, mais le jeu est techniquement plutôt propre, même s’il n’est évidemment pas au niveau des plus grosses productions, avec par exemple bon nombre de personnages immobiles et silencieux, comme des statues, ou encore des éléments de décors aux polygones très apparents. Les effets de lumière sont sympathiques, mais les allergiques aux contrastes élevés et aux effets HDR risquent d’avoir quelques boutons.
Ces critères techniques n’étant pas l’essentiel, nous allons pouvoir nous concentrer sur le reste, c’est-à-dire ce qui constitue l’ADN du jeu. Et l’ADN de Bound By Flame est complexe, car il est le fruit de multiples croisements génétiques qui, sur le papier, peuvent paraître fous, voire consanguins. Le principe est le suivant : vous avez aimé les combats de Dark Souls et son système de “target lock” ? Sa difficulté aussi ? Mais vous souhaitez des contrôles s’approchant du dynamisme de Dragon Age 2 ? Avec un soupçon de pause active comme dans Game of Thrones, le tout saupoudré d’ordres à donner à vos compagnons comme dans Dragon’s Dogma ? Ou encore un mode pseudo-furtif façon Kingdom of Amalur avec une customisation d’équipement digne de Battlefield 4 ?
“Ok, on va le faire !” : voilà probablement ce que se sont dit nos amis de chez Spiders Games en réalisant le concept de Bound By Flame. Et vous savez quoi ? Eh bien c’est loin d’être parfait, mais il faut avouer que cela fonctionne pas mal, même si l’identité propre du jeu en prend un coup au passage tant les références sont flagrantes.
Classique, d’accord… Mais efficace ?
Bound By Flame est clairement un RPG avec un scénario, des choix moraux et de nombreux dialogues, aucun doute n’est donc possible sur la volonté des développeurs d’en faire une expérience relative à la personnalité du joueur. Cependant, au départ, le doute est tout de même permis puisque la création du personnage n’offre ni choix de race, ni choix de classe. Vous pourrez simplement choisir votre apparence parmi quelques visages et coiffures pré-générés, ainsi que le sexe et le nom de votre avatar. Les amateurs de fiche de personnage “façon JDR papier” peuvent donc passer leur chemin, puisque l’affaire est pliée en une minute ou deux.
L’interface de navigation des menus est très simple, avec des menus et sous-menus plutôt accessibles et pourtant assez fournis. Vous retrouverez dans ces derniers les compétences et traits de votre personnage, une carte de l’environnement immédiat, un inventaire avec la gestion du poids des objets, un onglet pour l’artisanat, un journal de quêtes, et tous les autres classiques du genre. On regrettera tout de même l’absence de carte du monde de Vertiel.
Bound By Flame, c’est aussi un système de dialogues à choix multiples, avec parfois de réelles incidences sur le monde et les personnages. Celui-ci est sobre dans son interface qui propose tout simplement des lignes de dialogues à sélectionner. Bound by Flame se paie le luxe d’être entièrement doublé, mais uniquement en anglais ou allemand, avec un sous-titrage en français. Tous les personnages ne sont pas interactifs, et les dialogues sont donc réservés aux PNJ ayant quelque chose à voir avec l’histoire ou avec une quête secondaire. Cela est évidemment à double tranchant puisque l’immersion est moindre, mais ainsi, on évite le mauvais syndrome du PNJ “perroquet abruti”, particulièrement désagréable. La présence partielle d’un cycle jour/nuit viendra renforcer l’immersion, et conditionnera même la possibilité de réaliser certaines missions.
Mais qu’est-ce qu’il a de plus que moi ?
Les autres caractéristiques de Bound By Flame tiennent dans un système de combat hybride et dynamique que nous détaillerons plus loin, à la possibilité d’avoir un acolyte, à un scénario classique mais plutôt sympathique, ainsi qu’à la présence d’un démon de feu dans votre tête. Oui ! Un démon est dans votre tête ! Une petite voix qui vous fera douter et qui jettera sans scrupules, à tort ou à raison, l’opprobre sur tous les personnages que vous allez rencontrer. Et que vous le vouliez ou non, ce démon influencera vos choix. Certains de ces choix, afin de garantir la ligne directrice du scénario, vous seront tout de même imposés, mais les équipe de chez Spider ont eu la décence d’y mettre les formes afin de ne pas complètement frustrer le joueur.
Cette originalité, qui n’a de sens que parce que de réels choix moraux sont laissés au joueur, s’accompagne d’une autre caractéristique propre à Bound by Flame : l’amélioration des armes. Sur ce point, si vous avez déjà joué à un FPS offrant des possibilités de customisation, le principe est le même. Vous pourrez donc, à condition d’avoir les matériaux nécessaires, modifier la garde ou le pommeau de vos lames, mais également presque toutes les parties de votre armure, créant une apparence propre à vos choix de “crafting”. Ce volet très appréciable est d’autant plus jouissif qu’il reflète visuellement assez bien le niveau de “grobillitude” du héros. Vous l’aurez compris, dans Bound By Flame, votre personnage est une brute épaisse, que vous le vouliez ou non. En clair, si vous aviez dans l’optique de jouer un barde freluquet, autant dire que c’est mort !
La possibilité de fabriquer des pièges, des carreaux d’arbalète ou des potions est également présente, et dépend bien entendu elle aussi de vos capacités et des matériaux dont vous disposez. Tout ce matériel ainsi que les armes seront récoltés pendant vos voyages, ou achetés auprès des quelques marchands croisés au cours de l’aventure.
Vivre c’est très surfait, mourir c’est hype !
Coupons court à cette question : pour ceux qui aiment l’action, les combats constituent un point fort du jeu. Ils sont difficiles, voire très exigeants dans les deux modes de difficulté les plus élevés. Très dynamiques, ils ne sont en général pas trop longs et plutôt gratifiants. Toutefois, une dose de répétition se fait parfois ressentir, la faute à une IA ne méritant pas toujours son “i” et à un panel d’actions au départ limité. On notera qu’un système de localisation des dégâts est actif sur les ennemis les plus imposants, et que tous les ennemis peuvent s’avérer mortels dès lors qu’ils sont en groupe. A l’instar d’un Dark Souls, mais avec des combats plus nerveux, ne pas maîtriser l’art de la défense vous poussera vers une mort certaine, rapide et brutale.
Un système de roue vous permet de sélectionner les actions à effectuer et les raccourcis à attribuer. Un sous-menu permet également de déterminer les ordres de postures de combat à donner au PNJ qui combat à vos côtés. Ces instructions restent basiques, et permettent simplement d’ajuster le comportement offensif ou défensif de votre compagnon du moment. Au même titre que cela était possible dans Dragon’s Dogma, vous pourrez ajuster ce comportement en dehors des combats en dialoguant avec les personnages, et leur demander d’opter pour une stratégie plus ou moins offensive. La présence d’une posture de furtivité vous permet également d’entamer un combat en prenant l’adversaire par surprise, mais elle ne permet pas de réaliser plusieurs éliminations à la suite. Dommage, car cette fonctionnalité devient de ce fait un peu anecdotique.
Une barre de mana est là pour vous rappeler que l’art de la pyromancie coûte de l’énergie, et votre barre de vie pour vous rappeler que certains coups font vraiment très mal. En effet, en fonction du niveau de difficulté choisi, certains ennemis vous terrasseront en deux ou trois coups. Sachez également que votre barre de vie ne remonte que très lentement, et que les potions sont malheureusement parfois la seule option envisageable, à moins que vous ne soyez accompagné d’un mage maîtrisant les soins.
L’interaction avec les PNJ ne se limite évidemment pas aux combats, et si les dialogues et quêtes annexes liés à ces derniers sont plutôt bien sentis, assez peu de personnages s’avèrent être réellement intéressants dans le déroulement de l’histoire. Il est également dommage de ne pas pouvoir interagir sur l’inventaire et l’équipement de vos compagnons, dont les capacités réelles restent donc parfois mystérieuses. Autre ombre au tableau, de nombreuses quêtes annexes restent très basiques, et vous n’échapperez pas aux sempiternelles récoltes d’ingrédients et autres séances de récupération d’items disséminés ça et là.
La progression du personnage se fait par gain de points d’expérience acquis lors des combats ou en résolvant des quêtes, du grand classique là aussi. Chaque gain de niveau vous permettra de dépenser des points de compétence et des points de trait, à dépenser pour améliorer ou débloquer de nouveaux pouvoirs, de nouvelles techniques de combat ou bien encore des talents d’apothicaire. Toutes ces améliorations seront nécessaires pour affronter un bestiaire qui monte en puissance tout au long du jeu, et qui rivalise d’ingéniosité pour vous opposer toujours plus de morts-vivants et d’abominations en tous genres.
Côté durée de vie, il vous faudra compter entre vingt et trente heures pour terminer le jeu, mais cette durée est très variable en fonction du niveau de difficulté choisi, de votre propension à dialoguer avec les différents personnages, et bien sûr des quêtes annexes que vous prendrez à votre compte. Trois fins différentes sont à priori possibles, mais n’ayant pas eu le loisir de les tester toutes les trois, nous nous garderons bien de porter un jugement sur celles-ci.
Une mention spéciale pour la bande son, et notamment les musiques, tout simplement exceptionnelles pour ce type de production. Olivier Derivière, désormais grand nom des B.O de jeux vidéo, a fait un travail assez remarquable, et surtout très original, presque avant-gardiste par certains aspects.
Même si nous connaissions tout le talent des équipes de chez Spiders et Focus, nous pouvons affirmer que Bound by Flame vient de passer du statut d’outsider total au rang des challengers de poids. Et même si la réalisation, le cloisonnement des environnements et quelques bugs ça et là viennent parfois gâcher un peu le plaisir, ce dernier est bien là et c’est cela qui compte le plus. On ressort finalement de Bound by Flame avec un avis mitigé sur certains aspects, mais l’impression générale et le souvenir de cette aventure épique reste très positif. Les plus malins d’entre vous auront d’ailleurs noté que le jeu est disponible dès sa sortie pour moins de cinquante euros si l’on sait où chercher, pas sûr que les prochaines productions du genre sauront en faire autant. Nous vous livrerons très prochainement un avis complémentaire sur la version PC de Bound By Flame.
Quoiqu’il en soit, Bound By Flame est un jeu à vivement conseiller aux amateurs de combats nerveux et exigeants, et à déconseiller aux fans de mondes ouverts et d’exploration.
+ Pot-pourri, mais qui sent bon !
+ Musique et dialogues
+ Dualité du personnage mi-démon mi-homme
+ Combats
+ Personnalisation et amélioration des armes
– Techniquement parfois limite
– Animations un peu rigides
– Exploration très limitée
– Scénario tout de même convenu
Le test de la version PC.