Un peu plus d’un an après la sortie de Demon’s Souls, est arrivé l’excellent Dark Souls sur console. Plébiscité par la presse, les joueurs PC se sont mis en quatre pour attirer l’attention du distributeur et demander à ce qu’une version PC sorte. Après une pétition qui réunit un peu moins de 100 000 signatures ou peut-être à cause de raisons économiques,  Namco Bandaï et From Software ont annoncé la sortie d’une version PC pour l’été 2012.

Mais les développeurs prévinrent que cette version, même si enrichie, serait avant tout un portage basique, n’étant pas spécialistes de ce support, et les différentes annonces qui suivirent – revoir nos news – inquiétèrent la communauté PCiste sur le devenir de cette adaptation. Maintenant que Dark Souls : Prepare to die Edition est sorti, il est temps d’en faire le bilan.

 Je ne reviendrai pas sur le contenu de base de Dark Souls, d’autres sites l’ont très bien fait dans leur test sur le support console, mais je vais surtout m’intéresser au portage et aux nouveautés de cette version PC.

“Plisse les yeux, tu verras mieux”, Batman perdu dans le noir

Tout d’abord, sachez que le jeu s’installe sous Steam couplé avec le programme Game for Windows Live. Cela peut paraître anodin, mais beaucoup verront cela d’un mauvais oeil. Après une installation de près de 4 go, on peut apprécier les graphismes qui restent en deçà des productions actuelles, même si le jeu ne manque pas d’atmosphère. La résolution est en 1280×720 et permet en étirant l’image de combler vos écrans hightech en 1920×1080 avec bien sur un framerate bloqué à 30, qui ne subit pas de ralentissement comme on pouvait en avoir sur la version console. On peut d’ores et déjà grogner contre le portage graphique. Sur mon vieil écran en 4:3, j’ai le droit à deux bandes noires de chaque côté et un rafraîchissement bloqué à 60 hertz, Cela pique pas mal les yeux. Visuellement, le jeu peine donc, et on est content d’apprendre qu’un joueur se soit mis en quatre pour pondre un mod améliorant la partie graphique, et que périodiquement, il le met à jour pour poursuivre l’amélioration graphique. Tout n’est pas parfait, mais il y a du mieux. Et on peut admirer un jeu bien plus propre. 

Attention toutefois, car si le bricoleur pourra gratter dans les entrailles du jeu, le joueur lambda ne pourra pas en profiter, car ce mod n’est pas un éxécutable qui s’intalle lui-même, mais des fichiers à placer à un endroit précis du jeu et à configurer à la main. On espère tout de même que la plateforme Steam proposera prochainement un patch qui s’installera automatiquement, parce que pour l’instant ce n’est pas gagné. Le jeu propose peu d’options graphiques, et le terme PORTAGE prend toute son importance. 

Pour conclure, lorsque vous décidez de sortir de la partie, le jeu relance les logos de présentation du jeu pour vous renvoyez au menu dix secondes plus tard pour vous proposer l’option “quitter le jeu”. On aurait pu avoir plus simple.

“Le pad c’est le bien”, Megamat pendu par le fil de sa souris

Ensuite, jouer au clavier est une vraie torture, et mutants ne vous cachez plus, il est l’heure de sortir vos vingt doigts de vos poches. En effet, tous les boutons du pad étant utilisés seuls ou en binôme, de très nombreuses touches du clavier sont à maîtriser et n’espérez pas configurer les boutons de votre souris. Ce n’est pas prévu. Ne possédant pas assez de doigts pour tout gérer, cela donne une gymnastique plutôt complexe qui pourra remplacer vos parties de Twister avec vos amis. En persévérant, on y arrivera, mais le jeu n’autorisant pas l’erreur, il est rageant de mourir à cause d’une inversion de touche due à une montée d’adrénaline face à un boss. De plus, l’azerty et le qwerty poseront soucis et vous demanderont une adaptation pour vous en sortir.

Là encore, on espère un patch pour régler ce souci. Dans tous les cas, il est obligatoire de jouer avec un pad pour goûter au plaisir de jeu proposé par les développeurs. A l’écran d’ailleurs, on vous indique les touches du gamepad et absolument pas celles du clavier – incitation volontaire ?

Enfin, les menus sont très lourds à manier avec peu de raccourcis et des validations à répétition pour chaque action que vous entreprenez. Par exemple, les armes trouvées ne s’empilent pas de manière à permettre de déposer tout son stock en une fois au feu de camp, mais une par une. Alors n’attendez pas d’être trop plein pour faire du ménage, sinon cela va vous prendre un bon moment.

“Prepare to Cry” ,  Andariel, les pieds dans la lave

Au delà de ces deux points, qui sont avant tout des déficiences dus au portage, on retrouve tout ce qui a fait le succès de cette série avec une jouabilité simulationiste et un système hardcore qui ne conviendra pas à tout le monde. Le jeu s’aborde avec un esprit de compétitivité et si vous espérez  vous détendre, à moins d’aimer se faire mal, passer à un autre jeu. Il offre un niveau de difficulté qu’aucun autre ne pourra vous apporter et le premier boss dans le prologue repoussera direct les moins tenaces. Comme l’a déjà dit Batman dans son test, de ses nombreuses morts vont naître votre expérience du jeu et votre facilité à passer tel ou tel boss.

Tout comme sur la console, il y a des points de sauvegarde assez éloignés, très souvent après les boss. La mort vous obligeant à refaire sans cesse les mêmes niveaux en entier pour aller chercher vos points d’expérience et votre humanité perdus et laissés sur place. Il est évident qu’avec une sauvegarde PC, c’est à dire à tout moment du jeu, l’expérience aurait été bien différente, voire pour ma part plus abordable, et la durée de vie, que l’on peut penser à des centaines d’heures n’auraient pas été écourtée pour autant, devant la richesse du contenu.

Retour dans le passé, Mercks à la hache 

Côté nouveauté, la version PC tient compte des dernières mises à jour des versions consoles et on se complaît avec une nouvelle région, la cité d‘Oolacylequi ne sera accessible qu’après une dizaine d’heures de jeu. Vous viendrez au secours d’une princesse en repartant une centaine d’années en arrière. Vous pourrez errer dans trois environnements différents – ville, forêt, souterrains – et cela vous prendra une demi-dizaine d’heures pour en voir le bout. De nouveaux objets et sorts vous seront proposés tout comme de nouveaux boss sauront vous tenir en haleine. Mais rien n’est impossible, comme le jeu de base.  

Même si les morts vous collent aux pattes et se désarticulent à vos pieds tel des poupées de chiffon, on sent que le jeu a été amélioré pour un jeu plus équilibré, voire plus dur, mais tout cela fait partie d’une impression personnelle. 

 Enfin, on regrettera le manuel succinct qui demande quand même une grande adaptabilité du joueur PC, alors que le contenu de la boîte a vraiment été soignée : artbook, cartes postales, bande originale, poster, et un making-of pour le prix d’un jeu de base. Perso je dis chapeau Namco. A noter que le numéro de série qui nous a été fourni sous Steam permettant de jouer, ne donnait aucun lien vers un manuel d’explications. Si vous l’achetez en version dématérialisée, cela vous posera sûrement de sacrés problèmes de compréhension, et il faudra se tourner  vers le net, qui heureusement, fournit pas mal d’informations pour bien appréhender le jeu.

 Côté Multi, on retrouve la possibilité de jouer en coopération et de se faire envahir par des joueurs qui en voudront à votre vie, mais la connexion avec d’autres est tout à fait aléatoire. De plus, l’arrivée de joueurs venant à votre aide rend le jeu trop facile, alors que vous en bavez lorsque vous êtes seul. Il existe aussi des arènes pour jouer les uns contre les autres ou en équipe, mais il y a des problèmes de triche qui n’ont pas été réglé sur PC. Du coup, le multi devra se jouer entre amis ou en coopératif  pour réellement être intéressant.

On aime ou pas la mécanique de jeu de Dark Souls, mais force est de constater que le jeu sur PC est une réussite si on fait fi des deux défauts principaux dûs à un portage foireux : une utilisation d’un gamepad obligatoire et un aspect graphique en retrait vis à vis du support PC. Heureusement la communauté travaille pour pallier cette déficience. En dehors d’un multi vérolé, il reste une aventure solo sublime, enrichie pour notre plus grand plaisir, qui rend Dark Souls : Prepare to die Edition tout à fait indispensable sur PC pour ceux qui aiment souffrir ou tout simplement le challenge.

+ Packaging superbe
+ Univers envoutant
+ Niveaux bien conçus

Note testeur 08 sur 10

– Portage calamiteux
– Un pad sinon rien
– Les morts très poupées de chiffon
– Multijoueur

La vision d’Andariel :
Avec Dark Souls, on est face à un questionnement existentiel fondamental: Qu’est ce qui est pire ? Une exclusivité console portée vers le PC avec les pieds ou une exclusivité console tout court ? Eh bien, je vous laisse cogiter tranquillement dessus mais quoi qu’il en soit, pas besoin d’être philosophe pour comprendre que Dark Souls est dans les nominés favoris pour la palme d’or du plus mauvais portage PC de l’année.
Entre bridage incongru de résolution et de framerate, curseur de la souris de Windows intrus à l’écran, conflits du coté des touches et bien d’autres joyeusetés… Le souci majeur c’est que Dark Souls fait office de foire au paradoxe, du paradoxe dans le genre incommode : Proposer un gameplay aussi exigeant de part sa précision, mais l’accompagner d’une maniabilité clavier/souris aussi hasardeuse et perfectible. Solliciter autant les réflexes du joueur dans son challenge, et le doter d’une interface aussi lourdingue et peu intuitive. Sombre âme du paradoxe, mais sors de cette carcasse à la fin !

Alors oui, dans un élan d’humilité, les développeurs nous ont prévenus s’armant du prétexte de leur manque d’expérience et se sont efforcés tant bien que mal à faire pencher la balance avec du contenu inédit. Mais en l’état, difficile de ne pas sanctionner, et être sanctionné par, les limitations techniques qui ajoutent une couche de calvaire superflue au calvaire déjà suffisant du titre. Malgré tout cela, le trip Dark Souls fait quand même dans le solide globalement : Ambiance de désolation aussi sombre qu’exquise, mécanismes bien hardcore qui nous changent des aventures abêties et assistées, level design bien pensé et patte artistique générale convaincante.
Reste maintenant le principe tournant autour du “Vous allez mourir” qui rend le jeu d’autant plus unique, mais qui n’est pas exempt de réserves pour autant. Oui, si le fait de recommencer inlassablement les longues séquences après les nombreux décès intempestifs est amusant aux premiers abords, sur la longueur cela risque d’être nettement moins drôle…
07/10

La vision d’Etienne Navarre :
Les 2-3 premières heures de Dark Souls ont été un véritable calvaire. Au point que je me suis demandé si j’allais poursuivre l’aventure. Et puis tout doucement, subtilement, le charme du jeu a opéré et j’ai réalisé un 180° mental en embrassant ce gameplay morbide et malsain qui pousse à se faire mal pour profiter de vrais instants de félicité. Dark Souls est tellement dur et frustrant que lorsqu’on réussit à passer une zone problématique, on a qu’une envie : voir la suite.

Ce qu’il y a après cette porte, derrière ce brouillard, ou au fond de ces ruines. Le jeu récompense vraiment le joueur qui réussit à monter en niveau et malgré un développement de personnage un peu léger, on sent une vraie montée en puissance de son personnage tout en restant constamment sur ses gardes. Le moindre faux pas signifiant la mort, il est primordial d’avancer prudemment et intelligemment. Décors sublimes, visions dantesques, ennemis variés et vicieux, environnements fantastiques, boss gigantesques… L’identité de Dark Souls est une de ses forces : cette aventure unique vous emmène sur des sentiers boueux, tortueux et sombres qui vous feront serrer fortement la poignée de votre épée de peur de mourir, encore…
Pour tout ce qu’il a à offrir, Dark Souls mérite d’être traversé à la sueur au front. Malgré un scénario absent qui donne une impression de bâclage (le background est pourtant énorme), ce RPG violent prouve que la dark fantasy est un sous-genre qui mérite plus d’attention. Voilà bien une expérience riche et viscérale.
08/10

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