Elu jeu de rôle 2010 sur Console, Fable 3 s’est fait attendre sur PC, alors que le 2 n’a même pas été proposé sur ce support. C’est quand même avec plaisir que nous nous retrouvons dans le royaume d’Albion, un univers pensé, imaginé et créé par le non moins extravagant Peter Molyneux qui prédit toujours des jeux fantastiques, mais dont le résultat final reste bien trop souvent loin de nos attentes. Alors qu’en est-il pour ce troisième opus ?

Il était une fois

Vous êtes prince d’Albion, un royaume géré par votre frère Logan d’une main de fer dans un univers de type fin XVIIIe-début XIXe mais incluant de la magie. Devant tant de cruauté, et après accrochage avec votre aîné, vous décidez de fomenter la révolte du peuple. Les deux tiers du jeu consistent donc à s’allier avec les différentes factions et peuples du royaume pour renverser le pouvoir. Après avoir renversé le roi Logan, dans un niveau de guérilla urbaine aussi intense que court – ce qui aurait mérité plus de développement – vous voici aux commandes du royaume. Durant ce dernier tiers du jeu, pendant un an, vous allez régenter et prendre des décisions qui vont changer la configuration des niveaux et apporter plus ou moins d’argent dans vos caisses.

Au bout d’un an, les forces du mal attaqueront le royaume et il vous faudra être bien préparé financièrement. Il faut donc amasser une somme d’argent correspondante au nombre de vos citoyens. A noter que pour ma part, il aurait été plus judicieux de mettre une notion différente, car on peut difficilement associer argent et vie de citoyens : par exemple, on nous propose de construire un fort. Outre l’aspect visuel qui va changer dans le niveau affecté par la construction de ce fort, logiquement cela devrait augmenter la puissance militaire, et donc me permettre de mieux résister aux envahisseurs. Malheureusement, l’argent dépensé va être un désavantage pour mon compte en banque et donc la survie de ma population. Il en est de même si on dépense de l’argent pour augmenter la défense policière de la ville…

En fait d’année, cela correspond à 3 ou 4 jours durant lesquels il va se passer quelque chose d’important pour le royaume. Ces jours sont divisés entre réunions incluant beaucoup de dialogues entre deux belligérants défendant leur point de vue. A chaque fois, avec un choix à prendre et en tenant compte des promesses faites à vos amis, sous peine d’être détesté. Dans la journée, vous aurez aussi une promenade avec combat. Après gestion rapide et superficielle du royaume, on en arrive à la conclusion.

Mais tout cela était-il nécessaire ? Par exemple, j’ai décidé de tout faire pour rendre la vie agréable à ma population et être considéré comme un saint, et je signe un document annonçant officiellement que mon peuple va y passer. Je m’attends donc après le combat final à voir mourir tout le monde et rester seul sur terre. Que nenni. Je tue le boss final et continuant de jouer, je m’aperçois qu’il y a beaucoup, beaucoup de monde qui a survécu.


Si la quête principale prend 10 heures, il est possible de s’en éloigner et d’aller compter fleurette aux PNJ qui errent dans le monde. Selon vos compétences vous pouvez entretenir des relations sociales, allant même jusqu’au mariage et avoir des enfants. Il suffit de cliquer sur des choix et votre personnage s’agite parfois de manière ridicule mais qui séduira la promise.

Des interactivités sociales pas forcément très réussies, mais le jeu en étant bourré, cela donne un univers riche d’échanges. Il est aussi possible de travailler : forgeron, musicien, et pizzaiolo. Dans les 3 cas, un système de jeu se met en route et si vous réussissez dans le temps imparti la combinaison de touches proposée, vous gagnez de l’argent. Plus votre compétence est élevée, plus les touches sont nombreuses et plus cela rapporte de l’argent. Bienvenue dans GUITAR HERO en quelque sorte.

Il existe aussi des quêtes originales, avec un humour british accrocheur si on y est sensible. Imaginez-vous en train de porter un costume de poulet, pour courir après les poules échappées. Mais il y a aussi des quêtes pénibles (type Fedex), avec des allers-retours qui auraient pu être évités : une dame veut une bague ; je vais donc la chercher chez le marchand du coin. Sur son étal, il n’y a que la bague et rien d’autre. Cette même femme me demande deux minutes plus tard une alliance.

Je retourne donc chez le même marchand pour récupérer l’alliance qui est la seule chose en vente. Comme s’il n’était pas possible d’avoir les deux en même temps, voire un menu complet à vendre… Grâce à ces quêtes annexes, on pourra espérer passer entre 15 à 30 heures sur le jeu, et la rejouabilité sera possible du fait de vos choix royaux qui modifieront les niveaux et vous pourrez voir de nouveaux paysages.

Souvent, dans les jeux de rôles, on vous place une croix pour vous dire où se trouve la quête. Dans Fable 3, un chemin lumineux apparaît devant votre personnage. Cela vous indique où vous rendre pour la finir. On appréciera plus ou moins, mais l’option pour la désactiver existe. Malheureusement, elle ne marche pas. Le chemin à suivre est toujours indiqué. Il serait pourtant facile de s’en passer, tellement les niveaux sont des couloirs que vous devez traverser. En effet, peu de liberté dans des couloirs parfois plus larges mais dont les ennemis apparaissent comme par magie…

Et mon fuseau, il vous plaît ma bonne dame ?

La prise en main est très agréable et la maniabilité impeccable, surtout grâce à la manette 360 X-Box pour PC, et le début du jeu sert de tutoriel. L’utilisation de la manette est plus agréable que le clavier, car il faut être un octopode pour gérer toutes les touches, ce qui m’avait pas mal rebuté dans FABLE 1 (gamepad impossible dans le premier). Un bouton pour les armes de mêlée, un bouton pour les armes à feu, et un bouton pour la magie. Vous commencez d’ailleurs le jeu avec le sort de feu, que vous pourrez utiliser de deux façons différentes : soit vous enverrez une boule de feu en choisissant une direction et en appuyant sur le bouton du sort, soit vous créez une zone enflammée centrée sur vous.

De plus, plus vous tenez longtemps le bouton appuyé, plus le sort est puissant ou la zone affectée est importante. La maniabilité est donc au rendez-vous et en même temps le premier défaut apparaît : on commence juste avec un sort de feu et pas d’arme. On va donc apprendre à manier ce sort avant même d’utiliser une arme, qui fonctionne à volonté car il n’y a pas de point de magie. On se rend vite compte qu’il est très pratique et que les armes qui apparaîtront par la suite n’auront que peu d’intérêt dans les nombreux combats. D’ailleurs, j’ai terminé le jeu en utilisant uniquement le sort de feu couplé avec un sort de glace (note : le feu et la glace, cela ne pose pas un petit problème ?).

Tout le long du jeu, on n’aura aucunement besoin d’arme et pour tout dire, il n’y a pas d’option inventaire à proprement parler. En effet, à tout moment de la partie, il est possible de se téléporter dans votre sanctuaire, une salle qui propose d’aller dans d’autres salles permettant de s’armer, de s’habiller, de sauvegarder, de se brosser les dents (non, non, ça non)… Bonjour l’immersion ! Imaginez la situation dans un jeu de rôle typique : en plein combat, vous souhaitez changer d’arme. Vous cliquez sur la touche “I” pour aller dans l’inventaire, si le jeu vous le permet, puis vous cliquez sur l’arme que vous souhaitez porter. Ensuite vous ressortez de l’inventaire pour poursuivre le combat.

Dans FABLE 3, en plein combat, vous vous téléportez dans votre sanctuaire ou votre bon majordome vous accueille de façon prolixe. Vous marchez pour aller dans la salle des armes et vous changez votre équipement. Mais vous pouvez aussi changer d’habits, gérez vos biens, vous maquiller tout en passant de pièce en pièce. Vous pourrez revenir en plein combat comme si de rien n’était… Franchement immersif non ? C’est la première fois (et la dernière, je l’espère) que je vois une salle à options ? Cette salle sert d’interface mais elle est très mal fichue et heureusement qu’il y a les touches raccourci sur PC, sinon ce serait lourdingue.


Les combats, à défaut d’être difficiles, sont faciles d’accès. La caméra placée derrière votre personnage a bien du mal à suivre et n’est pas souvent tournée dans le bon sens, alors que vous attaquez et que vous ne voyez pas où vous tirez. Mais pas de souci, les touchers sont automatiques sur les ennemis donc même les yeux fermés on peut les tuer.

Les ennemis arrivent toujours par groupe plus ou moins nombreux, souvent apparaissant du sol tels des zombies sortant de terre et disparaissant dès qu’ils ont eu leur compte. De toute manière, il n’y a rien à prendre sur eux, à part les points de sceaux qui sont automatiquement aspirés par votre avatar. Cela n’aurait pas été plus simple de mettre les points directement dans le compteur, hein parce que quitte à simplifier…

Comme on peut s’en douter avec mon paragraphe précédent, l’inventaire est minime tout comme les objets que vous trouvez qui n’apparaissent plus et qui ne seront visibles qu’auprès de marchands spécialisés. Ainsi, la disparition de l’inventaire (un listing peu pratique dans FABLE 1), mais aussi les points de magie, les points de vie à l’écran rendent le jeu plus simple et facile d’accès. A l’écran, il n’y a pas de barre de vie, juste l’apparition d’une fiole de soin si votre vie est faible. Il suffira alors de cliquer sur la bonne touche pour vous soigner. Mais cela ne sera pas forcément très utile tellement le jeu est facile en mode normal. Il existe bien un mode de difficulté « défi », la vie ne se régénérant plus automatiquement, mais encore trop simple…

En mode normal, je ne suis pas mort une fois. Enfin si, une fois pour voir ce qui se passerait. Eh bien mon personnage repart aussitôt en perdant des points de sceaux. Ces derniers sont gagnés uniquement lorsque vous tuez des ennemis ou lors de réussites de quêtes. A des moments clés du jeu, un portail s’ouvre devant vous et vous devez vous rendre sur la route du pouvoir. Vous avez ainsi accès à un couloir dans lequel se situent des coffres qui coûteront un certain nombre de points de sceaux pour les ouvrir.

En fait, on peut les assimiler à des points d’expérience. Les coffres ouverts vous permettent d’acquérir de nouvelles compétences de socialisation (danser, bavarder… ) de combats, ou encore des métiers qui vous rapporteront de l’argent. Là encore, cette route du pouvoir est totalement ridicule : pourquoi ne pas nous mettre des professeurs pour nous apprendre des choses au lieu de nous poser des coffres et proposer des compétences sociales (Ha, à partir de maintenant je peux péter, je peux changer de perruque, je peux changer la couleur de mes vêtements …. Bon je schématise un peu trop, mais on en est là).

Mon beau miroir

Beaucoup d’options graphiques vous sont proposées pour le jeu avec des résolutions très hautes, ce qui fait que FABLE 3 est agréable à l’œil sur PC. Les graphismes sont très bons, bien plus fins que le 1 et jamais similaires. Ce qui n’est pas le cas des personnages que vous croiserez qui sont redondants. Les faciès sont trop rigides et trop grossiers, quand les personnages parlent, tout comme leurs corps. Mais, dans le background, cela passe sans problème, tellement on est immergé par la beauté de l’environnement. De plus, le jeu ne souffre pas de gros bugs et la qualité est présente.

La carte en 3D, dans laquelle on a du mal à se situer, a plusieurs zooms et permettra de s’occuper de la gestion financière du jeu. Achat de maison, réparation, location, ameublement. Mais tout cela reste très simple, tout comme les relations sociales… On pourra apprécier les monologues de votre compagnon ou les gens que vous croiserez, parce que votre avatar s’exprimera peu, mais écoutera beaucoup. Cela peut saouler les grosbills mais pour les autres, permet vraiment de se mettre dans le bain. Doublages, sons, musiques sont très bons. On vous emmène dans un univers onirique charmant pour celui qui ne veut pas se prendre la tête.

Mignonne, allons voir ….

Enfin, Fable 3, comprenant un mode coopératif online sur PC,  permet d’être rejoint par un ami et de partager un bout de votre histoire sans que cela entache la sienne. On aurait apprécié un coopératif en écran partagé comme dans THE FIRST TEMPLAR, ou en un seul écran comme dans le très récent DUNGEON SIEGE 3, mais que nenni. Enfin, la bonne idée d’avoir un chien est gâchée par son utilité même. Même s’il peut achever des ennemis au sol, tel le cochon truffier, vous voici maître d’un détecteur de trésor.

S’il aboie, c’est parce qu’il a découvert un trésor derrière un tronc d’arbre bien caché ou encore parce qu’il y a un trésor enterré. Il suffit donc de le suivre et comme par magie vous pourrez creuser et trouver quelque chose. Il n’y a donc aucun intérêt à flâner dans les niveaux à la recherche de quelque chose vu que votre compagnon le fait très bien.

Soyons net et précis : FABLE 3 est un jeu qui mélange bien des styles tout en les survolant : beat’them’all pour les combats, Civilisation-like pour la gestion du royaume, Sims-like pour les relations humaines, Guitar-hero like pour les métiers. Rajoutez à cela des dialogues de film interactif. Assurément apprécié par les joueurs débutants ou casuals, FABLE 3 les prendra par la main, et ils pourront suivre un scénario, bien que classique, grandiose et intense, à l’image du discours de son géniteur en quelque sorte.
Facile à prendre en main, se dégustant comme un bon film d’aventure, FABLE 3 poursuit sa casualisation, qui avait déjà commencé avec le 1 et qui risque de déplaire aux joueurs habitués aux jeux de rôles plus  “hardcore gamer”.

+ Jeu pour casual gamer
+ Humour british
+ Environnement évoluant selon vos choix
+ Un graphisme sympa

Note testeur 06 sur 10

– et pour les hardcore gamers ?
– Liberté artificielle
– Trop facile
– Melting pot trop léger

S’abonner
Notifier de
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments