Un héros sans nom, un univers sombre, une saga chronophage, une difficulté incroyable, un monde vivant. Tant de raisons qui ont réussi à construire la légende de Gothic, la série phare de Piranha Bytes. On regrette tous le vol de la licence par l’éditeur Jowood et on s’est tous réjouis de revoir l’équipe Allemande recommencer à travailler sur une nouvelle licence nommé Risen. 
Quant à Arcania, le pseudo-Gothic 4 de Jowood et qui a déjà été testé sur RPGFrance  est scénaristiquement la suite du titre dont on parle aujourd’hui, Forsaken Gods est une bien triste histoire, enfant bâtard, suite d’un Piranha Bytes, issu du même moteur que Gothic 3, mais fait par des inconnus, qui n’ont tout simplement pas été à la hauteur, malgré de bonnes idées.

Forsaken Gods fut un échec, critiqué par la presse et les joueurs à raison. Mais aujourd’hui ce n’est plus l’heure du déterrage pour une nouvelle pendaison, mais l’heure du test de Forsaken Gods oui, mais l’Enhanced Edition. Pourquoi tester cette dernière ? Car malgré sa nature particulière de patch communautaire, elle est devenue une édition officielle et est vendue à présent dans le commerce remplaçant l’échec Forsaken Gods. Mais la communauté a t-elle rattrapé cet immense gâchis ? 

Avant de commencer le test, sachez que si vous possédez Gothic 3 : Forsaken Gods, il vous est bien sur possible de télécharger cette Enhanced Edition pour le mettre à jour. 

Quoi de neuf en Myrtana ?

 L’aventure prend place peu de temps après la conclusion de Gothic 3, où notre fameux héros sans nom/bodybuildeur/Johnny Hallyday, devenu brun pour l’occasion, se situe pour l’instant dans un plan de l’existence assez abstrait, avec son ami Xardas. Depuis ce plan, ils surveillent l’humanité. Et en Myrtana, récemment pacifiée par les actions de Johnny Hallyday dans le précédent épisode, un conflit naît sur les cendres de la guerre qui avait opposé les orques et les humains dans le jeu de base. En effet, les Orques refont les zouaves, et Thorus, un humain connu des habitués de la saga, s’est rallié à eux dans l’espoir d’une paix durable entre les deux peuples, tandis que Gorn, fidèle à son statut de guerrier bourrin, choisit le camp adverse, les humains.

Dans ce joyeux conflit, les frères Anog et Inog (notez la grande recherche pour différencier les deux individus) en bons frères bienveillants l’un envers l’autre, forment une alliance fragile et s’éloignent du conflit. Quant à Lee, il s’écarte du conflit et considère que les races apprendront d’un futur massacre, et depuis Vengard, il attend. Ce conflit politique intéressant sert de point d’ancrage à l’histoire. Le héros sans nom, voyant venir la destruction de Myrtana, décide d’aider les mortels à régler une dernière fois ce conflit racial qui n’a que trop duré. Mais Xardas est convaincu, à l’instar de notre ami Lee, qu’un bon massacre convaincra les mortels qu’il est temps de faire la paix.

Du coup, il ordonne au héros sans nom d’attendre. Celui-ci ne l’entend pas de cette oreille et un affrontement éclate. Le héros sans nom finit par dominer, son statut de héros de la saga l’aidant sûrement, et s’échappe du plan pour revenir en Myrtana, pour sauver le continent, et accomplir  sa destinée. Ce contexte, particulièrement riche, permet à l’add-on de profiter de quelque chose que Gothic 3 n’arrivait pas à proposer : une histoire efficace qui accroche dès les premiers instants. L’histoire n’est plus prétexte et elle justifie même certains choix, qui paraissent malgré tout assez discutables.Ainsi, oubliez Varant, la région désertique et Nordmar la région enneigée, elles ont disparu et tout est centré sur une Myrtana qui a un peu changé.

Bien que la communauté ait fait en sorte de rendre la région plus belle que dans le jeu de base, c’est un sentiment de retour à la maison qui prévaut, plus qu’un dépaysement. Mais il faut bien avouer qu’une fois dans le bain, l’histoire et le conflit prennent le pas sur ce principe de recyclage, même si on espérait tout de même voir plus qu’une nouvelle histoire… 

…Du neuf, avec du vieux ?

 Le pari était particulièrement risqué, et s’il était raté par l’équipe de développement d’origine qui avait rendu une copie injouable, il paraît bien plus convaincant dans cette Enhanced Edition qui corrige énormément de bugs et rajoute du contenu. On note ainsi que les quêtes de base de l’extension ainsi que celles ajoutées par la communauté sont d’une qualité bien supérieure à celles de Gothic 3 qui rappelaient des quêtes de mmo.Une délicieuse surprise qui s’accompagne quand même d’une amère déception.

En effet, il y a peu de quêtes, et surtout peu de missions secondaires. Centrée sur son sujet, l’extension perd le côté bac à sable qui avait tant séduit dans Gothic 3. Heureusement, pas vraiment besoin d’elles pour jouir de la vaste région de Myrtana, l’exploration étant toujours aussi enivrante et jouissive par sa difficulté et le sentiment de montée en puissance est permanent.L’extension a la bonne idée de laisser le joueur débuter avec un personnage de niveau 10, ni trop faible, ni trop fort, il peut explorer, mais avec prudence. La communauté a ajouté nombre d’ennemis et de coffres sur la carte, alors que la version de base était désespérément vide. L’exploration nous gratifie donc de la même satisfaction que dans le jeu de base, et c’est un excellent point.

De plus, le lifting et l’amélioration du rendu visuel fait par la communauté rend Myrtana plus attirante qu’avant. Jamais un Gothic n’a tant invité à l’exploration dans ses magnifiques et gigantesques forêts dangereuses, de ces sombres et inquiétants donjons, et des douze villes qui composent la région. Un regret cependant reste car certaines villes n’en sont pas à proprement parler. En effet, quelques-unes ont été réhabilitées en repaires à créatures en tout genre.En parlant de bestiaire, certaines ont été ajoutées, d’autres améliorées, l’I.A retravaillée, la difficulté ré-ajustée, quelques armes et armures ajoutées, tout ça par les soins de la communauté. Malgré tout, un sentiment de « pas assez » prédomine sur un add-on très chiche en terme de nouveautés, même si la communauté a essayé de changer la chose, le matériel de base étant anémique…

Mais il est très efficace, et tient en haleine entre 20 à 40 heures, selon votre envie de découverte.Les PNJ sont toujours nombreux, trop d’ailleurs car sur une douzaine d’individus, seulement un aura son mot à dire. Ils sont présents pour simuler un univers vivant, mais est-ce tout autant réussi que dans Gothic 3 ? Plutôt oui, mais on regrette le faible nombre de dialogues annexes.Le système d’évolution est conservé à l’identique, pour le meilleur. Vous montez toujours de niveau avec de l’expérience et vous dépensez toujours des points d’apprentissages gagnés à la suite d’un passage au niveau supérieur. 

Gothic, mais pas déprimant à voir !

Gothic 3 est un jeu qui, à sa sortie, avait de la gueule ; c’était clairement un point fort du titre. Il était visuellement très satisfaisant avec ses environnements foisonnant de détails, ses forêts plus vraies que nature… et une optimisation à la rue. Et bien Forsaken Gods : Enhanced Edition, c’est une optimisation bien plus correcte et une amélioration graphique bien notable : distance d’affichage bien meilleure, textures améliorées, anti-alliasing…

Bref, tout le nécessaire pour passer de 160 FPS à 25 (véridique !), les résolutions modernes étant présentes pour le bonheur des écrans modernes avec la possibilité de jouer en 1080p en 60 fps. On regrette par contre des ralentissements en zone ouverte et détaillée, j’ai moi-même perdu plus de 40 FPS en quelques secondes, ce qui n’a rien d’agréable, mais n’enlève rien au travail d’optimisation des équipes responsables de l’Enhanced Edition.Comme je l’ai dit précédemment, la communauté a vraiment fait un excellent travail, il y a vraiment très très peu de bugs ni retour Windows, à croire qu’ils ont traqué la moindre petite imperfection technique.

Le résultat est même comparable au miracle opéré sur Gothic 3, ce qui est à saluer une nouvelle fois. Mais je devrai arrêter de me courber devant les réussites de l’équipe qui a créé cette Enhanced Edition, après le patch communautaire de KOTOR 2, de Gothic 3 et maintenant de Forsaken Gods, je commence à souffrir du dos !La bande sonore du jeu n’a pas été retouchée : toujours les mêmes bruitages corrects et toujours les mêmes fabuleuses musiques à écouter, encore et encore et encore. L’enivrante bande sonore du compositeur Kai Rosenkranz défie le temps, et reste toujours la meilleure bande originale de jeu de rôle, enfin de mon point de vue. 

On regrettera la disparition des très corrects doublages français de Gothic 3 au profit de doublages anglais de bonne facture, certes, mais la langue de Molière reste plus agréable à l’oreille pour le mangeur de camembert au lait cru que je suis. Tout est affaire de goût ensuite, car c’est vraiment pour chipoter, les doublages sont globalement bons. Par contre, la traduction française est assez décevante, là où Gothic 3 avait été très correctement localisé, ici on trouve des fautes de frappe très fréquentes, ainsi que des fautes d’orthographe nombreuses et des erreurs de traductions pour le moins suspectes, voire des oublis de traduction, no hablo espanol correctamente.

Une chose est sûre : en 2008, date de sortie de l’extension; comme en 2014, google traduction ne fait définitivement pas du bon travail. Il serait temps de laisser la communauté des utilisateurs améliorer l’outil… 

Longue vie à toi (vous), héros sans nom(s) !

 Oui le temps a très vite passé à tes côtés, je me souviens encore des très fréquents game over et rechargements que tu m’as imposé. Je me souviens avoir partagé ta douleur et ta joie lors des moments forts de la saga, tu as sûrement été mon avatar préféré, toi et ta gueule de chanteur français en Harley. J’ai aimé tout ça, et j’ai aimé aussi vivre ce dernier bout de chemin avec toi mon virtuel ami d’enfance. Te voir combattre une dernière fois, sous le contrôle de mon clavier et de ma souris, tous deux couverts de postillons crachés de rage après avoir été massacré par des loups.

C’est une belle fin que tu trouves là, plus travaillée que Gothic 3 en tout cas, écrite de belle manière, quoique parfois un peu grossière, mais quand même intéressante tout du long, et doté d’un final satisfaisant. C’est la fin que je t’espérais héros sans nom, on l’a bien mérité.Comprenez moi bien : le scénario de ce nouvel épisode vaut le détour, l’écriture est globalement bonne, les quêtes sympathiques, et le tout est intéressant et bien ficelé. La conclusion s’impose donc, vient le moment où le mot final arrive. Mais avant de conclure, je tiens à saluer les vrais héros sans nom, le studio Mad Vulture Games, composé de fans du jeu Gothic ayant récupéré le code de développement de l’extension.

Ce sont eux les héros de cette histoire. Sans eux, cela aurait été injouable, voire même inintéressant. Merci encore une fois, car voir une communauté œuvrer pour le jeu qu’elle aime, c’est la plus belle chose que j’ai pu voir dans le jeu vidéo.  

Gothic 3 Forsaken Gods : Enhanced Edition est un titre qui n’a pas à rougir, car il remplace le scandaleux Forsaken Gods bâclé d’une fort belle manière, à l’image de Gothic 3 à l’origine. Arrivant à mettre en avant les bonnes idées et les choses positives que le studio d’origine avait essayé de mettre en scène, l’équipe de développement de l‘Enhanced Edition s’est mise en quatre pour corriger les bugs, rééquilibrer le jeu, améliorer les performances ainsi que le rendu visuel. Un travail gargantuesque, qui mérite d’être souligné.

Forsaken Gods de base, ne vaudrait qu’1 ou 2, et encore, étant quasi impossible à finir à sa sortie. Mais l’Enhanced Edition révèle un add-on finalement très solide et justifiant parfaitement ces choix les plus discutables. Ça mérite clairement le détour, si l’on accepte que ça n’est finalement qu’un peu de Gothic 3 en plus dans Myrtana.

+ Du Gothic 3 en plus (20 à 40 heures).
+ Des quêtes plus intéressantes…
+ Myrtana est très jolie.
+ La communauté et sa passion.
+ Bordel… Cette musique !

Note RPG 4 sur 5
Note testeur 06 sur 10

– Recyclage d’environnement un peu abusé.
– … mais infiniment moins nombreuses.
– L’état déplorable de l’extension à sa sortie.
– Peu de nouveautés.
– Une traduction très en retrait par rapport au jeu de base.

La vision de Killpower :
Même si cette version du jeu permet à Forsaken Gods de ne pas se taper la plus mauvaise note que l’on pourrait mettre sur le site, le jeu est terriblement vide et manque cruellement de contenu roliste. Même si artistiquement, je le trouve vraiment réussi aujourd’hui, on s’ennuie rapidement car on tourne rapidement en rond sans savoir par où commencer.
De plus, n’ayant pas trouver de flèches à acheter chez les marchands, mon archer a eu quelques problèmes pour évoluer dans ce monde parsemé de créatures à tuer pour avancer. Alors la cueillette des composants est ravissante, mais les imperfections prennent vite le dessus – avec un nombre de PNJ super important mais qui n’ont rien à vous dire – et on retourne rapidement sur la Gothic 3 enhanced edition pour vraiment avoir du consistant. Un jeu sauvé du tsunami mais qui reste en demi-teinte.
05/10

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