Nous avions déjà traité un jeu de Ino-co dans notre ligne éditoriale, Warlords pour ceux qui s’en souviennent, parce qu’il avait été mentionné qu’il avait des éléments RPG, et je l’avais reconduit à la porte suite à ce mensonge éhonté. L’éditeur nous revient de nouveau avec cette fois-ci un jeu penchant du côté des match3-like – Gunspell Steam Edition, vous savez ces jeux dans lesquels on doit aligner trois pierres d’une même couleur – mais avec une grosse couche de RPG.

Alors bonne ou mauvaise foi, je retourne à l’assaut de cette société en repensant à ce très joli Disciples 3 qui fut aussi l’une de leur production. RPG ou pas RPG, that is the question. Un jeu mêlant trio de bouboules et RPG, on pense bien sûr au très bon Puzzle Quest qui a su insuffler un nouveau style de jeu. Qu’en est-il de ce Gunspell Steam Edition, qui a d’abord été servi sur téléphone portable ? 

Flic d’une cité futuriste, vous rendez visite à votre sœur, mais à votre grande surprise, cette dernière semble avoir disparu, vous laissant face à une créature mystérieuse que vous éliminerez en peu de temps. Et c’est suite à une mince piste que vous arrivez dans les bureaux d’une organisation secrète luttant contre les créatures des plans inférieurs. Avec votre CV touffu de flic, il n’en faudra pas plus pour vous faire enrôler et devenir le Gunspell. A la recherche de votre sœur, l’affaire va vous mener à régler des conflits bien plus importants dans un monde cyberpunk qui fait, via ses illustrations, furieusement penser à Shadowrun.  

La mission principale vous occupera plusieurs heures durant lesquelles vous levelerez votre personnage. Un scénario simple qui vous portera tout du long, si ce ne sont ses deux défauts majeurs qui risquent de vous faire fuir, mais j’en parlerai en fin d’article – oui vous pouvez dire que je fais du teasing.

Un gun et un spell ?

Vous ne choisissez ni votre classe, ni votre sexe, car tout est fixé par l’histoire. Alors intéressons-nous au système de combat calqué sur Match 3. Mais qu’est ce donc ? Sur un damier hexagonal, apparaissent des “billes” de différentes couleurs. De chaque côté de cette grille se situent les deux adversaires qui s’affrontent. Chacun leur tour, ils vont déplacer deux “pierres”, côte à côte, de manière à en aligner au moins trois qui vont disparaître avec un effet bonus correspondant à leur couleur. Puis les autres “pierres” du damier vont alors descendre pour occuper les places laissées vides selon la gravité et de nouvelles vont apparaître par le haut. Si vous arrivez à en aligner cinq en un coup, vous avez le droit de rejouer instantanément. 

On avait déjà vu ce système auparavant dans Puzzle quest d‘Infinite Interactive – sauf que le damier était carré au lieu d’être hexagonal. Ainsi, la réalisation de trio ou plus de “pierres” donne des bonus au personnage selon un code couleur précis : en détruisant trois icônes argent, on obtient de l’argent, des violettes, on obtient de l’expérience, des joyaux jaunes, bleus et rouges, on obtient un type d’énergie pour utiliser son équipement, des pierres vertes pour se soigner, et les crânes de différents niveaux pour faire instantanément des dégâts selon la valeur d’attaque de son personnage.

La forme du plateau hexagonale rappelle celle de Puzzle Galactrix, un autre produit de d‘Infinite Interactive qui avait comme défaut l’arrivée de billes aléatoire qui allait déterminer ou non la victoire de l’un ou l’autre des deux duellistes. On retrouve d’ailleurs ce même défaut dans Gunspell, avec une impression que l’IA a toujours un coup d’avance sur vous, comme si elle connaissait la couleur des “pierres”.  

Si le combat paraît tout à fait fonctionnel, il faut s’intéresser à la partie rôlistique du jeu pour comprendre l’intérêt d’un tel système. Tout d’abord l’histoire se déroule comme dans un visual novel, avec écrans fixes et des personnages qui discutent dans cet univers “Shadowrunien”. Mais vos missions ne se situent pas durant ces phases de dialogues, qui en fait ne proposent que des monologues déroulant l’histoire, mais dans des plans parallèles dans lesquels vous êtes envoyé. Plans parallèles de différentes tailles, générés aléatoirement et décomposés en cases hexagonales sur lesquelles peuvent apparaître des événements ou des lieux interactifs. 

Avez-vous un plan, dans le plan inférieur du plan parallèle ?

Ainsi, une case pourra être occupée par un monstre, un lieu à explorer, un marchand itinérant, des ressources à récupérer, ou encore un portail qui vous enverra dans un autre plan inférieur qui comprendra à son tour moult interactions. Bien sûr, l’envoi dans ces plans s’effectue en rapport avec la mission principale, et des secondaires FedEx qui s’annexent à elle. Dans tous les cas, sur la carte générale, qui est recouverte par un brouillard de guerre tant que vous n’avez pas découvert les lieux, seront localisées les icônes des objectifs à atteindre.  

Chaque mission ou chaque créature vous indique la récompense que vous toucherez en l’effectuant, sans pour autant vous dévoiler la qualité des objets gagnés.  

Là aussi, le loot qui se dégrade est riche et totalement déjanté, avec différents degrés de puissance – du normal au légendaire, voire même des sets. Entre les armes à feu modernes, les armes blanches dont la tronçonneuse, les lampes torches sataniques, ou les bijoux exorcisant, il vous sera possible de vous en équiper selon six emplacements possibles.

Certains objets vous donneront des bonus passifs, d’autres rajouteront un bonus actif qui ne sera utilisable que si vous accumulez de l’énergie selon un certain nombre de pierres d’une certaine couleur. Sachez aussi que vous pourrez utiliser des parchemins de magie, tout comme vos armes, sans que cela ne vous coûte votre action du tour, qui reste le déplacement de deux pierres sur le damier. En effet, durant les combats, vous aurez tout intérêt à utiliser vos affaires car lorsqu’elles sont chargées, il ne sert plus à rien d’essayer de récupérer de l’énergie. Par contre, les sorts sont des consommables qui peuvent être lootés ou achetés dans les commerces. 

Chaque mission vous donnera accès à des matériaux qui seront utiles à l’évolution de votre atelier pour réparer et upgrader vos affaires, mais aussi pour débloquer plus d’emplacements dans votre inventaire ou votre coffre. Il sera aussi possible de monter votre niveau de magie. Autant vous dire que c’est le point fort de Gunspell avec moult possibilités d’équipements.  

Si sur téléphone portable, le jeu étant gratuit, il fallait payer avec de l’argent réel pour débloquer certaines options ou objets, sur PC, Gunspell Steam Edition oblige, les pièces d’or restent virtuelles. Elles se récupèrent après les missions ou dans les lieux que vous visiterez sur les cartes des plans inférieurs, et peuvent servir en remplacement de ressources car on vous autorise souvent l’achat via celles-ci ou avec des ressources. 

Un coup trop facile, un coup trop dur. 

D’un autre côté, il est dommage que l’évolution de votre personnage soit automatique à coup de gros lots de points de vie et de bonus de caractéristiques, sans que l’on ne choisisse sa propre orientation. On se limitera soigneusement au choix de son équipement tout au long de l’aventure, se résumant donc à looter des objets de plus en plus puissants tout en les customisant sur votre atelier upgradé, ou en les achetant chez le marchand accessible 24h/24 et autorisant même l’apparition d’une nouvelle fournée d’affaire en utilisant votre endurance. 

Cette dernière est consommée dans les plans inférieurs pour vous déplacer ou pour éviter un duel. Mais vous n’en avez que faire car il vous suffit de vous reposer pour en récupérer ou encore jouer à un mini-jeu dans lequel on vous demande de cliquer sur la bonne couleur selon des phases précises, un peu à la sauce Guitar Hero sans les hits musicaux, si vous voyez ce que je veux dire.  

Et maintenant parlons des choses qui fâchent : pour les anglophobes, il existe une version française mais qui a été traduite avec un traducteur automatique qui tue complètement la compréhension du jeu. On trouve alors des fautes grammaticales, des erreurs sémantiques, voire des oublis de mots. Pour les anglophiles jouez en russe, vous vous en sortirez mieux (quoi, j’ai dit une bêtise?).


Le second problème est dû à un portage minimaliste sur le PC. En effet, à part couper le son audio ou les bruitages, il n’y a aucune autre option. Pas de résolution, pas de reconfiguration, on a le strict minimum et forcément ce n’est pas pour notre plus grand plaisir. 

Un autre problème vient du fait qu’il n’y a aucun challenge dans le jeu ; l’échec d’un combat vous rapporte expérience et ressources, et vous renvoie sur la carte des plans. Le jeu très facile au début, se montre rapidement bloquant si vous ne levelez pas assez votre personnage. Les gains de niveau sont exorbitants avec cinq cents points de vie gagnés en un level, alors que vous commencez avec une centaine de points de vie. Les combats peuvent alors devenir extrêmement longs si vous n’avez pas le bon équipement, alors qu’ils étaient très courts en début de partie – en un coup, vous tuiez votre ennemi. 

Et pour poursuivre dans les choses qui fâchent, on peut citer l’endurance qui semblait être une bonne idée et qui n’a pas d’intérêt vu qu’il suffit de dormir, d’utiliser le mini-jeu pour en récupérer lorsque vous êtes à zéro. Réussir des succès  – tuer dix monstres par exemple – débloquent des bonus permanents pour votre héros qui sont vraiment hors-propos dans la partie, alors qu’ils seraient plus adéquat dans les succès Steam.

Enfin, on vous donnera aussi des gains de pièces d’or si vous revenez jouer au jeu jour après jour. Sûrement des relents du support “portable” qui sont vraiment hors sujet dans un jeu PC. De plus, l’or vient parasiter l’ensemble de l’économie et des possibilités, et est pour ma part mal intégré dans un jeu que l’on achète sur ce support, Un portage minable, j’ai envie de conclure.   

Enfin la rejouabilité étant minime, la durée de vie est augmentée artificiellement par le niveau élevé des ennemis. Un mode multijoueur, en duel par exemple, aurait été le bienvenu. A noter qu’à l’heure actuelle, je ne pourrais pas vous dire combien de temps dure le jeu, sachant que j’ai abandonné après dix heures. Tous ces soucis réunis laissent un goût amer sur un loot tout aussi original que son univers et qui, bien porté, aurait pu donner un système tout aussi intéressant que Puzzle Quest dans le même genre.

Gunspell part d’une mécanique plutôt réussie et offre un air de fraîcheur avec son univers cyberpunk riche, mêlant combats à la sauce Match 3 et quelques éléments rôlistiques. Malheureusement, avec une traduction catastrophique, un portage minimaliste et un challenge néant, le résultat manque de sérieux et est bien en deçà de l’expérience ludique que l’on est en droit d’atteindre sur PC , là où Puzzle Quest excellait. Tant qu’il n’aura pas été patché pour réparer ses défauts, il encourt votre courroux et votre dédain, même si vous pourrez vous en accommoder quelques heures.  

+ Mélange Match3 et RPG réussi
+ Univers cyberpunk
+ Une carte aléatoire à visiter
+ Un loot original

Note RPG 2 sur 5
Note testeur 04 sur 10

– Traduction à la Google Trad’
– Portage minable
– Difficulté à revoir
– Economie faillible
– Grille hexagonale pas aussi intéressante qu’une grille à carreaux

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