Le 20 décembre 2012 est apparu sur Steam un jeu d’aventure/indépendant et RPG : Hero of the Kingdom. Comme j’aime bien embêter Megamat et lui faire faire des fiches de jeux pour le site dès que je vois le terme RPG apparaître, il m’a renvoyé la vanne de tester le jeu. Alors, ni une ni deux, tel un gosse qui a fait un pari débile, je me suis lancé dans l’aventure. Seulement, en moins de dix secondes, c’était terminé. En effet, sur ma machine, le jeu freezait et renvoyait aussi sec sous Windows. Il a fallu attendre samedi 16 pour que les développeurs nous sortent une solution. C’est donc après trois heures de jeu que je reviens vers vous avec mon avis. Oui, trois heures !

C’est l’histoire d’un paysan qui doit aller en ville et qui laisse son fils seul à la maison. Le bambin, déjà grand, plutôt adolescent, s’occupe des tâches ménagères avant de s’apercevoir qu’un vil individu brûle le domaine. Il est alors temps de partir à la recherche de votre père disparu et de déjouer le complot qui se trame autour de lui. Jeu indépendant de petit acabit à petit prix, on lui excusera son démarrage sur les chapeaux de roues, car sans fioriture d’aucune sorte – pas d’intro, pas de création de personnage – vous voici dans la peau du gentil sauveur du monde. Oui, rien que cela.

Je suis le moissonneur des colzas…

Pour commencer, sachez que l’on est pris par la main tout du long, pour le plus grand bonheur des petits et le plus grand malheur des grands. En clair, pour faire avancer l’histoire, il suffit de cliquer sur les icônes qui apparaissent à l’écran aux divers endroits. Si au début on apprécie ce système, on aimerait ensuite qu’on nous laisse découvrir par nous même, mais que nenni. Tout du long ce sera ainsi. L’histoire se déroule devant vos yeux, ou plutôt vous est contée. En effet, point de personnage visible s’animant ou de caméra s’agitant, juste un graphisme 2D immobile, comme une grande peinture sur laquelle se placent des icônes à cliquer. Parfois, le tableau change avec un ajout ou la transformation d’un élément due à l’action que vous avez effectuée.

Le jeu se résume à cliquer. En fait de RPG, il en prendrait plutôt l’appellation de point’n click. En effet, pour faire avancer le scénario, on vous indique, à chaque fois que vous mettrez votre curseur souris sur une icône, les ingrédients, matériaux ou classes de garde qu’il convient d’avoir pour réaliser la quête correspondante. Il ne vous reste qu’à les débloquer pour la réaliser. Ainsi, lorsque vous vous placez sur un loup, on vous signale que vous devez posséder une dague et trois coeurs pour réussir, et pas la peine d’avoir une épée ou un arc. De même, vous ne pourrez dormir dans un lieu que si vous avez la denrée spécifique demandée. “Non monsieur, pour dormir ici, pas de fric vous dis-je, donnez moi un pain”.

Votre personnage invisible donc n’a pas de caractéristique ni de compétence. Il a juste un inventaire dans lequel on trouve ses points de vie qui descendent au fur et à mesure de ses actions. Attaquer un loup ? Deux points de vie en moins. Construire une ferme ? Cinq points de vie. Pécher ? Deux points de vie. Quand vous n’en avez plus, vous ne mourrez pas, vous devez tout simplement dormir pour en récupérer. Bien sûr, il vous faudra d’autres matières premières pour effectuer ces actions. Cela passe de la nourriture à de la main d’oeuvre humaine (dont la valeur est moindre que certains produits alimentaires) et toutes sont récupérables sur les différents tableaux que vous allez parcourir. On pourra ainsi chasser, pécher, cueillir, ou fabriquer, pour peu que l’on possède les bons outils ou les bons ingrédients, trouvables chez le PNJ du coin, et qu’on ne casse pas son matériel.

J’fais des clics, des p’tits clics, encore des p’tits clics.

Comprenez que, dans le jeu, il n’y a pas d’animation. Tout passe par des bruitages plutôt bien amenés, une musique plutôt bien balancée et des sons couplés avec un sous-titrage en français au bon endroit, au bon moment, directement en surimpression sur le lieu de l’action sur lequel on vous demande de cliquer pour poursuivre. Ils sont plutôt minimalistes, mais remplissent suffisamment bien leur rôle pour pallier à l’absence d’animations.

Si l’histoire se livre au fur et à mesure, elle n’est pas des plus émouvante/trépidante/intéressante et elle se résumera à débloquer des lieux pour vaincre le gros méchant avec, dans le dernier tableau, une demande de lot de matière des plus élevés pour réaliser les tâches demandées (vaincre le boss). Les quêtes secondaires seront bien sur des plus… primaires (ramasser X choses, aller voir telle personne, etc…).

L’univers est découpé en vingt tableaux qui correspondent à autant de lieux. Chaque tableau comprend un certain nombre d’icônes qui symbolisant des PNJ marchands, revendeurs, ou encore missionneurs. On a aussi des icônes sur les denrées et sur les lieux où l’on peut dormir. Comme chaque PNJ a une spécialité, il faudra faire d’incessants aller-retour entre les différents lieux pour trouver le PNJ spécialiste de tel ou tel produit/outil/humain.

Pour cela, vous passerez par la carte générale qui permet de cliquer directement sur le tableau qui vous intéresse. Encore faudra-t-il se souvenir de l’endroit ! Ne comptez pas sur l’interface pour vous aider, il n’y a pas de journal de bord. On trouve d’ailleurs dans chaque coin de l’écran quatre icônes camouflables qui sont : les options du jeu se résumant à sortir ou jouer, l’inventaire sans fond qui fonctionne automatiquement, la carte générale et, dans le coin inférieur droit, un bouton permettant d’avoir un indice qui ne servira qu’aux plus jeunes tant l’affaire est simple.

On appréciera de voir les lieux se dévoiler petit à petit, nous permettant de nous familiariser avec les différents intervenants. Mais entendons-nous bien, la pauvreté interactive n’est pas des plus motivante et, si pendant la première heure on s’applique par curiosité, on finit bien vite par jouer mécaniquement. Débloquer de nouvelles possibilités pour notre personnage n’y changera rien. En effet, outre les icônes ultra voyantes, on pourra cliquer sur des objets non signalés comme les champignons ou les fleurs pour les revendre ensuite à la bonne personne. Ainsi, les lieux évolueront aussi avec apparition de nouvelles denrées dont on aura appris l’existence et acquis le moyen de les ramasser/attraper après qu’un personnage nous ait attribué la compétence correspondante.

Y a de quoi devenir dingue !

Au bout de trois heures, on finit par découvrir la vérité sur la vie de notre paysan et de son père et on se dit, en regardant le mot fin, que c’est un beau gâchis et qu’avec ces idées, les développeurs auraient pu faire quelque chose de plus intéressant. Par exemple, proposer deux modes de jeu dont un sans aucun icône qui aurait obligé le joueur à chercher les interactions possibles sur les tableaux.

Et puis on ne comprend pas pourquoi certaines quêtes demandent des points de vie et d’autres non, pourquoi on trouve des icônes pour cueillir les fleurs dans les arbres ou les champs et pas sur les caisses et les champignons que l’on doit découvrir. Et pour finir, on ne dormira que lorsque nos points de vie seront trop bas, voire à zéro, en traversant X tableaux pour trouver une couchette adaptée à nos victuailles, tout en apprenant quelques temps après qu’il faut plusieurs jours pour traverser un unique lieu. Et pourquoi avoir brûlé la ferme ? Il faudra que l’on m’explique ! Trop d’invraisemblances finissent par ternir une histoire simple, mais bien amenée. Dommage.

Je vais arrêter de faire des paris stupides avec Megamat parce qu’à ce petit jeu, je vais vite perdre la boule à tester tous les produits estampillés RPG chez Steam. Plus Point’n click que RPG, ce jeu, dont la durée de vie n’excèdera pas cinq heures pour les plus lents, se laisse vivre tel un livre interactif. Mignonnet, pour les enfants ou les joueurs occasionnels qui ne veulent pas se prendre la tête, mais sûrement pas pour un rôliste.

Hero of the kingdom n’est pas un jeu désagréable en soi la première heure, mais il est tellement à des lieux de ce que l’on peut attendre d’un RPG que c’est une publicité mensongère que de le présenter comme tel et il n’a rien à faire ici. A méditer messieurs les distributeurs : ce n’est pas parce qu’un jeu propose un inventaire infini, nous conte une histoire médiévale fantastique et propose de l’artisanat, qu’il peut se targuer d’être un RPG !  Pour les Casuals qui aiment les point and click, ce jeu est pour vous, pas de souci. 

+ Le prix
+ Texte en français
+ Cela se finit très vite

Note testeur 03 sur 10

– Un RPG ?
– Très court

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