En novembre 2009 sortait le premier volet de la saga King Arthur : The Role Playing Wargame. Les Hongrois de Neocore games n’en étaient pas à leur premier essai dans le domaine de la stratégie, mais leurs précédents jeux ont toujours existé dans l’ombre du géant Total War. Leur dernière production, King Arthur, avait néanmoins réussi à séduire les joueurs, à tel point qu’une traduction française amateur était sortie. 

 

King Arthur, roi de la stratégie ?

  De l’aveu des développeurs, le jeu mélange l’aspect stratégique des Wargames avec une narration empruntée au genre ô combien apprécié ici du RPG. Avec la  récente sortie du second opus, RPG France vous invite à remonter un peu le temps pour découvrir ce premier volet. Comme le titre du jeu l’indique, l’univers dans lequel se déroule l’histoire est directement issu des légendes arthuriennes. Vous incarnez ainsi le Roi Arthur Pendragon lui-même, tout juste couronné. Votre mission consiste ni plus ni moins qu’à unifier la “Bretagne” -comprendre la Grande-Bretagne- sous une même bannière, en dirigeant certains chevaliers qui s’uniront au fur et à mesure autour de la fameuse table ronde.  

  

Comment ça marche ?

Dans King Arthur, à l’instar de son principal concurrent Total War, une partie se déroule en plusieurs phases. La première est une phase de gestion sur une carte globale de “Britannia” -la Grande-Bretagne médiévale.  De plus, la carte permet aussi de déplacer ses différentes armées, représentées par un héros/commandant sur la carte, vers divers objectifs, ou plutôt, quêtes. En effet, la plupart de ces objectifs, une fois atteints, lanceront une phase inspirée des jeux de rôles. Ceci constitue la seconde phase. Enfin, les combats seront gérés -une fois de plus comme dans un Total War– en temps réel. Nous allons revenir en détail sur ces différentes phases.  

Gérer son royaume

La première phase, dite de “gestion”, est sûrement la plus complexe à appréhender. De nombreuses options sont offertes au joueur. La carte de Britannia est divisée en provinces, qui sont, au départ tout du moins, contrôlées par d’autres puissances (seigneurs, créatures fantastiques). Le but est, pour rappel, d’unifier la Bretagne en un puissant royaume. Il va falloir user de diplomatie et parfois des armes dans le but de faire prospérer son royaume. Ces provinces comptent parfois des lieux spéciaux comme des forêts, des mines d’or, des places fortes, qui vous octroient des bonus en cas de conquête.

Ces bonus influent sur les caractéristiques de votre royaume, et vous permettent par exemple d’augmenter plus rapidement vos richesses et le recrutement d’hommes ou d’améliorer vos unités en construisant de nouveaux bâtiments dans vos places fortes. Ce sera aussi l’occasion de décréter des lois, qui influenceront le déroulement de la partie. Généralement, chaque loi confère des bonus contrebalancés par des malus. Par exemple, un décret taxant tel type de récolte vous rapportera plus de revenus, mais l’opinion du peuple Breton à votre égard se dégradera.  Il est à noter que cette phase de “gestion” est elle-même scindée en sous-phases ou  tours. Vous ne pouvez faire qu’un nombre limité d’actions durant ces tours.

Une fois un tour achevé, il faudra passer au suivant. Les développeurs ont eu la bonne idée de faire correspondre à chaque tour une saison. Chaque saison offre ses avantages, mais aussi ses inconvénients. Par exemple, en hiver, toute campagne militaire est impossible, à cause de la neige. Ces changements sont visibles d’un point de vue graphique, et c’est un très bon point d’autant que la carte est vraiment magnifique, même si elle manque parfois de lisibilité.  Qui dit Roi Arthur, dit Table Ronde. Plusieurs chevaliers viendront se joindre à vos forces au fur et à mesure. Au final, vous aurez autour de votre table douze chevaliers, qui disposent en outre d’une feuille de personnage propre au genre du RPG.

La phase de gestion est l’occasion, pourquoi pas, d’attribuer à certains chevaliers des provinces avec  lesquelles ils auraient des bénéfices. C’est aussi l’occasion de créer des alliances, parfois en unissant un chevalier à une dame du royaume, pour le meilleur … et pour le pire. Comme vous pouvez le constater, cette phase est extrêmement riche et complète. Les développeurs ont néanmoins organisé le jeu de telle sorte que ces fonctionnalités deviennent disponibles au fur et à mesure, dans le but de ne pas dérouter le joueur dès le début. Une excellente idée sur le fond, mais même ainsi, le jeu reste assez complexe et demande un peu de temps pour être maîtrisé.     

Des combats en veux-tu en voilà !

Sur la carte globale, vous serez parfois amenés  à déplacer vos armées vers des lieux de quêtes ou des armées ennemis. Dans bon nombre de cas, il sera donc nécessaire de combattre. Lorsqu’un combat est déclenché, l’écran de jeu change, après un court chargement. S’affiche alors une carte semblable à celle qu’on retrouve dans les jeux du genre. Les deux armées sont localisées de part et d’autre de la carte, et il faudra vaincre l’ennemi pour l’emporter. Comme dans tout bon wargame, les unités disposent toutes de caractéristiques, d’avantages et de points faibles. Par ailleurs, leur efficacité est influencée par le terrain ; des unités en forêt ont un bonus de défense contre les flèches,  lorsqu’elles sont camouflées par les arbres.

C’est l’idéal pour une embuscade. De plus, les unités ont trois barres caractéristiques, toutes très importantes. La première, de santé, représente la vie restante du régiment. La barre de fatigue parle d’elle-même et est primordiale car des unités fatiguées après une charge seront moins efficientes en combat. Enfin, la barre de moral, car une bataille peut être gagnée même si l’armée adverse est en supériorité numérique, et inversement. Ces unités peuvent enfin adopter plusieurs types de formations (carrée, triangulaire pour les charges et les percées …).  Ces différents aspects font de King Arthur un jeu très complet, mais par forcément original.

Néanmoins, les développeurs ont ajoutés des petites fonctionnalités qui rendent le jeu différent de la concurrence. Tout d’abord, un peu à la manière des FPS multijoueurs, il y a sur les cartes “de combats” des lieux comme des statues ou des sites magiques à conquérir. Ces différents lieux offrent des avantages, comme des sortilèges de défense ou d’attaque, et peuvent renverser le cours d’une bataille. Outre cet aspect, les unités dans King Arthur sont évolutives. Elles gagnent de l’expérience et deviennent donc plus fortes au fil des batailles, à condition bien sûr qu’elles ne trépassent pas en cours de route.

Pour finir, il est indispensable de saluer l’ambiance sonore du titre, qui offre des musiques somptueuses, même si les bruitages sont, eux,en retrait. Les compositions contribuent réellement à rendre les batailles épiques, et rappellent parfois les thèmes du film Braveheart, composés par James Horner. Le seul petit point négatif concernant les combats vient du fait que les archers sont des unités très puissantes. Ce manque d’équilibrage peut être en partie réglé dans les options, en rendant les archers moins résistants. Mais même ainsi, ils restent dévastateurs …    

Et le RPG dans tout ça ?

La dernière “composante” de ce jeu hybride reste sa partie RPG, réellement convaincante. D’une part, comme vous avez pu le constater ci-dessus, les unités voient leurs caractéristiques évoluer au fil du jeu. Il en va de même pour les héros. Sortes de “super-unités”, ils augmentent de niveaux et gagnent de nouvelles compétences, parfois actives (sortilèges pour les combats par exemple) ou passives (Leadership, qui permet de mener plus d’unités au combat par exemple).  D’autre part, la narration est véritablement empruntée au genre du RPG. Le joueur doit réaliser différentes quêtes, qui sont visibles sur la carte globale.

Lorsqu’une quête est déclenchée, une voix off -en anglais- explique de quoi il s’agit, qu’elle est la situation initiale, et ensuite, le jeu propose plusieurs choix pour résoudre la quête. Selon le choix, la narration reprendra de manière différente, illustrée par des dessins et des artworks, et, à la manière d’un “Livre dont vous êtes le héros”, vous devez résoudre des quêtes sans en connaître l’issue à l’avance. Parfois, cela entraînera un combat, ou alors, cela vous donnera une récompense, mais surtout, ces quêtes reflètent votre personnalité en tant que Roi de Bretagne. Les petits gars de Neocore games ont poussé le vice jusqu’au bout, et les quêtes détermineront votre “alignement”. Vous pourrez être un roi plutôt froid voire tyrannique, ou au contraire clément.

Mais cet alignement n’est pas si manichéen, car dans les deux cas, vous aurez des avantages et des inconvénients associés, voire de nouvelles unités et troupes exclusivement disponibles pour tel ou tel profil. Votre curseur d’alignement évolue sur une surface semblable à un disque ou un cadran D’une part, l’axe vertical représente la dualité Clémence/Tyrannie. Si votre curseur est dans “l’hémisphère” nord, vous serez plutôt bon et inversement. D’autre part l’autre axe reflète votre foi. Car à cette époque, la Bretagne est déchirée entre l’essor du Christianisme et les anciennes religions celtes (la “foi ancienne” dans le jeu). Là encore, ce sont vos actions et décisions ainsi que certaines provinces qui détermineront votre alignement, ce dernier débloquant de nouveaux pouvoirs et unités.

Par exemple, un souverain tourné vers le christianisme aura accès à des sorts de soins et de protection, alors que la foi ancienne peut procurer un sort d’orage magique. Ces quêtes sont donc une des composantes principales du jeu, et influencent à la fois le fil de la narration, la quête principale découpée en chapitres offre elle aussi des embranchements, mais aussi la composante stratégique du titre. Petit aparté sur la durée de vie du titre, qui est exemplaire. Dépassant aisément les quarante heures pour le solo, il est aussi muni d’un mode escarmouche et d’un mode multi-joueur, même si ces deux derniers ne constituent pas le principal intérêt du titre. Le gros bémol vient de la localisation du jeu. Il est entièrement en anglais, qui plus est, relativement soutenu pour coller au thème, et les quêtes demandent pas mal de lecture. Il existe un patch amateur, que je n’ai pas eu l’occasion de tester, mais qui semble être de bonne qualité.    

Un point sur la technique

Avant de conclure ce test, il est nécessaire de faire un petit bilan technique. Encore aujourd’hui, le jeu est très propre. La carte globale est somptueuse, et pendant les combats, c’est correct même si en dessous des ténors du genre. En effet, Shogun 2 est passé par là. Mais King Arthur reste attrayant pour son univers, et tout particulièrement son design très convaincant. Les soldats sont très inspirés et globalement bien détaillées même si, lorsqu’on rapproche la caméra au maximum en combat, les animations ne sont pas forcément extraordinaires.

Enfin, le jeu est relativement bien optimisé, en tout cas bien plus que son successeur, dont vous pourrez bientôt découvrir le test.   Le jeu étant sorti en 2009, il a connu quelques extensions, dont certaines sont clairement des DLC, vu leur contenu.  Même si en soit, le contenu bonus n’est pas exceptionnel, les factions ajoutées sont par exemple déjà visible dans le jeu, en tant qu’ennemis, ils enrichissent encore la durée de vie. Aujourd’hui, le jeu est trouvable dans son édition complète, dite King Arthur Collection, à un prix abordable et surtout très proche de celui du jeu de base. C’est donc la version à privilégier.  

Au final, King Arthur The Role Playing Wargame se révèle être plus qu’une bonne surprise. Avec sa partie stratégique très convaincante et complète, c’est déjà un bon jeu du genre. Mais associée à son thème et son ambiance unique, et à sa partie RPG excellente et bien conçue, c’est alors une référence car bien plus originale que la concurrence. Pour un fan de stratégie, un passionné de la légende arthurienne, ou un amateur de RPG qui apprécie la stratégie, c’est un jeu à posséder … si vous parlez anglais ou que modifier le jeu ne vous fait pas peur, et qu’une difficulté assez conséquente ne vous rebute pas.

– Ambiance et scénario
– Gameplay hybride RPG/stratégie bien conçu
– Le système d’alignement
– Réalisation correcte et excellent design
– Très jolies musiques

Note testeur 08 sur 10

– Difficulté parfois frustrante
– Pas de version française officielle
– Manque d’équilibrage pour l’archerie

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