King’s Bounty : Warriors of the North est le dernier héritier d’une famille de jeux mêlant rôle et stratégie. Le premier opus, paru en 1990, s’avère être l’ancêtre d’une saga bien connue des stratèges, Heroes of Might And Magic. Totalement éclipsée par cette dernière pendant plus de quinze ans, la série renaît de ses cendres avec la sortie de King’s Bounty The Legend fin 2008. Katauri Interactive – le studio à l’origine de ce reboot – a par la suite sorti un stand-alone, Armored Princess, et une extension pour celle-ci, sous-titrée Crossworld.

Warriors of the North, nouveau stand-alone paru le 26 octobre, nous emmène au nord de la vaste contrée d’Endoria. Reste maintenant à savoir si le jeu est aussi dépaysant que la terre glacée des Vikings.

Let it snow, let it snow, let it snow !

A chaque “nouveau” King’s Bounty, son nouveau héros. Après le pauvre anonyme à la grande destinée de The Legend et la princesse Amélie qui n’est pas si “armurée” que cela dans Armored Princess et CrossworldWarriors of the North vous propulse dans la peau d’un jeune et fougueux viking, Olaf, dont la mission est de chasser les hordes de morts-vivants des terres de roi son père.

Dans tout King’s Bounty, la toute première étape avant même de débuter son aventure consiste à créer son avatar. Nul choix de race ou de sexe, le personnage est prédéterminé et a un background qui lui est propre, mais le joueur a entre les mains le choix de la classe. Dans Warriors of the North, vous pourrez choisir entre trois nouvelles classes adaptées à cette nouvelle ambiance nordique.

Le Viking correspond au bastonneur de base, et dispose de capacités spéciales telles que la Rage qui améliore la force et l’efficacité de ses troupes. La seconde classe, le Skald, fait de votre héros un leader charismatique, l’idéal pour contrôler de grandes armées. Enfin, le SoothSayer préférera la magie au fer des épées. Les caractéristiques et compétences de votre héros ont une grande influence sur les différentes stratégies que vous pourrez élaborer. Par exemple, il sera bien plus délicat de s’aider de la puissance des arcanes avec un Viking, mais les combats au corps à corps seront à l’inverse plus aisés qu’avec un héros de type SoothSayer.

Par ailleurs, si votre héros n’est pas directement sur le champ de bataille, il tient tout de même une place de choix dans le combat grâce à ses capacités spéciales. La jauge de mana du héros permet de lancer des sortilèges dont la connaissance se fait par la découverte de parchemins à usage unique, ou par l’apprentissage dans un livre de sorts. La jauge de rage elle, permet d’activer diverses compétences martiales pouvant retourner l’issue d’un combat. Enfin, le personnage pourra s’équiper de quelques objets qui viendront là encore modifier ses caractéristiques.

Il faut se méfier de Loki dort … 

Comme ses prédécesseurs, King’s Bounty Warriors of the North se présente comme un jeu de rôle tactique. Le joueur y dirige un héros juché sur son cheval et a une maîtrise totale sur la caméra qui, par défaut, est assimilable à une ” vue isométrique 3D”. L’exploration, dont l’importance est capitale, se fait en temps réel sur des cartes relativement vastes – chacune d’entre elles correspondant à une petite île joignable par bateau. On notera au passage que la réalisation graphique n’a pas bougé d’un iota depuis Armored Princess. C’est donc toujours très coloré et chatoyant, tant dans le traitement des paysages (enneigés pour l’occasion) que dans le design des monstres et personnages.

L’exploration sera l’occasion de trouver des richesses à collecter et autres trésors à piller, ou encore de parler à des PNJ dans le but d’obtenir des quêtes, qui sont en nombre. C’est en vous rendant dans diverses villes ou demeures – parfois un peu perdues sur la carte – que vous pourrez recruter de nouvelles troupes et faire vos emplettes. Vous pourrez également découvrir des grottes à explorer et des donjons à piller. Mais l’exploration sera également un bon prétexte pour batailler et ce King’s Bounty – en mettant en scène des Vikings aux biceps saillants – ne déroge pas à la règle.

C’est la guerre qui est honteuse, pas le fait d’y prendre part …

A l’inverse des action-RPG qui foisonnent ces temps-ci, les combats des King’s Bounty demandent un minimum de finesse et de stratégie. Lorsqu’un ennemi déclenche un combat ou que le joueur en provoque un, l’écran de jeu change. Exit la carte, l’écran affiche désormais une vue aérienne du champ de bataille, le terrain étant découpé en hexagones. Il faudra déplacer ses unités et attaquer ses adversaires tout en essuyant un minimum de pertes. C’est là que la notion de stratégie prend toute sa dimension.

Comme dans Heroes of Might and Magic, un personnage sur le champ de bataille représente un type d’unité qui peut être composée de plusieurs troupes : il ne faut pas s’attendre à voir de grandes armées comme dans un jeu de stratégie en temps réel. Il ne sera pas rare que vous soyez en infériorité numérique, et l’IA du jeu est agressive comme il faut ce qui peut rendre certains combats assez ardus. Pourtant, il est tout à fait possible de défaire un ennemi qui est considéré comme plus fort que vous.

Les combats se déroulent au tour par tour et on retrouve une formule usée jusqu’à la moelle : on déplace ses unités case par case, plus ou moins loin selon leurs points de déplacement. Les unités à distance peuvent avoir des malus de visée et ont une portée parfois limitée. Bien des unités disposent de capacités spéciales qui élargissent encore le spectre des possibilités. Le système de combat de ce nouvel opus ne change en rien la donne et est de fait toujours aussi efficace.

Quelques modifications mineures bienvenues viennent néanmoins pimenter l’action – ou plutôt la stratégie. Les Vikings étant en quelque sorte une nouvelle faction, on a en premier lieu le plaisir de découvrir un tas de nouvelles unités qui sont dotées de capacités spéciales inédites. Par ailleurs, un système de runes fait son apparition. Concrètement, le joueur peut décider en début de tour d’activer une rune qui boostera au choix la défense, l’attaque ou la chance d’une unité – cette dernière influençant la probabilité de faire des coups critiques.

Mais les grandes nouvelles, celles qui nous feraient presque oublier la princesse Amélie de l’opus précédent, ne sont autres que les Valkyries. Ces guerrières mythiques qui pètent la classe vous prêteront main forte bien vite dans l’aventure.  Au moyen d’une amulette et en puisant dans sa jauge de rage, Olaf pourra invoquer leur courroux. Il aura ainsi le loisir de déclencher des pouvoirs de plus en plus dévastateurs, au fur et à mesure que vous, joueur, progresserez dans le jeu. Vous rencontrerez plusieurs Valkyries et celles-ci vous permettront également d’augmenter votre jauge de rage. Cette touche sexy bienvenue dans ce monde d’homme qu’est celui des Vikings est surtout une très bonne idée puisqu’elle colle très bien au background de Warriors of the North.

Changez vos stratégies et tactiques mais jamais vos principes

D’un point de vue plus global, le reste du jeu est à l’image de ses graphismes comme évoqué plus haut : il n’a guère changé. On retrouve quasiment la même interface, toujours un modèle d’ergonomie en plus d’être très travaillée. Les compositions musicales restent du même acabit et sont ainsi assez plaisantes en dépit d’une certaine répétitivité.

Il en va de même pour le scénario qui, s’il ne casse pas trois pattes à un dragon, réserve à nouveau son lot de situations décalées qui ne manqueront pas de vous décrocher un sourire, le tout étant très bien écrit. Certes, l’univers de King’s Bounty, en fantasy débridée, ne se prête pas trop aux choix cornéliens et aux situations dramatiques, mais on aurait espéré que ce nouvel opus implique d’avantage le joueur dans la narration. On déplorera enfin une traduction française pour l’instant absente et surtout une version anglaise perfectible.

L’évolution du personnage reste strictement identique à celle d’Armored Princess. En cumulant de l’expérience par la résolution de quêtes ou de combats, le héros passera au niveau suivant et le joueur pourra choisir de nouvelles compétences passives ou actives dans un arbre bien fourni.

Au final, King’s Bounty Warriors of the North est, ne mâchons pas nos mots, une référence pour les amateurs de RPG et de stratégie. Le peu de changement opéré rassure sur les qualités du jeu, puisque ses prédécesseurs se classaient et se classent encore dans le haut du panier. A contrario, il est difficile de ne pas être perplexe quand on remarque que, depuis maintenant quatre ans, la série n’a que peu évolué.

Cette fois encore, la magie opère : les amateurs apprécieront à n’en pas douter, et les néophytes peuvent se ruer sur ce jeu … mais tout aussi bien sur The Legend, quasiment aussi complet alors qu’il date de 2008. Il reste donc à espérer que le prochain opus soit synonyme de vrai bond en avant pour une série qui, si elle est toujours aussi sympathique, commence à se reposer un peu trop sur ses lauriers.

+ La recette King’s Bounty
+ L’ambiance nordique
+ Un jeu complet

Note RPG 2 sur 5
Note testeur 07 sur 10

– Traduction anglaise imparfaite
– Traduction française absente
– Pas de réelle nouveauté

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