Connu pour avoir développé Arcanum et Vampire The Masquerade Bloodlines, Troika Games est un studio de jeu vidéo à la vie courte mais intense. Entre ces deux RPG qui valent le détour, ils ont réalisé un jeu qui a peut-être moins fait parler de lui, mais qui reste néanmois tout aussi intéressant : Temple of Element Evil, également connu sous le nom du Temple du Mal Elémentaire ! Lancez un dé 8 pour effectuer un test de résistance, ajoutez le score obtenu à votre constitution, si vous obtenez 10 ou plus, poursuivez la lecture et préparez-vous à entrer dans le temple.

Les portes du Mal

Le jeu s’inspire directement de la campagne du jeu de rôle Donjons & Dragons portant le nom du Temple du Mal Elémentaire,écrite par le célèbre Gary Gygax. L’histoire prend place dans l’univers de Greyhawk (Faucongris), c’est d’ailleurs à ce jour le seul jeu adapté directement de cet univers. A titre de comparaison, les Baldur’s Gate ou les Icewind Dale sont quant à eux tirés de l’univers des Royaumes Oubliés.


L’univers de Greyhawk est cependant assez classique : un univers médiéval fantastique où il est relativement commun de rencontrer trolls, gobelins et autres créatures mystérieuses. L’histoire du jeu est relativement simple et débute dans un petit village nommé Hommlet. Alors que les attaques de bandits se font de plus en plus nombreuses depuis quelques années, on raconte que dans un temple alentour, un culte est voué à un Mal très ancien. Un Mal avec un M majuscule, un Mal Élémentaire !

Vous incarnez donc un groupe d’aventurier que vous créez vous-même en début de partie et bien évidemment, votre périple vous amènera à enquêter sur le temple du Mal Élémentaire, la destruction du temple devenant alors votre objectif numéro un, mais la route sera longue et semée d’embûches. Lancez donc deux dés 6 pour effectuer un test d’intelligence, si vous obtenez sept ou plus, vous pouvez passer au paragraphe suivant.

Porte-Monstre-Monstre-Monstre-Monstre-Monstre-Trésor

Si le Temple du Mal Elémentaire s’inspire d’un univers tout droit sorti de Donjons & Dragons, il en est de même pour les règles de jeu. En effet, le gameplay se base sur les règles de l’édition 3.5, mais contrairement aux Baldur’s Gate et compagnie, le système de combat est au tour par tour. Celui-ci est d’ailleurs un modèle du genre et constitue le point fort du titre. On retrouve donc un grand nombre de classes de personnages jouables : barbare, barde, druide, ensorceleur, guerrier, magicien, moine, paladin, prêtre, rôdeur et roublard, sans oublier la possibilité de faire des personnages multi-classes, c’est-à-dire d’assigner une plusieurs classes à un personnage.

Du côté des races, vous allez également être servi :  humains, elfes, demi-elfes, halfelins, gnomes et demi-orques sont autant de possibilité à coupler avec les classes citées ci-dessus pour un groupe inédit à chaque nouvelle partie !


On retrouve donc les grands classiques des règles de Donjons & Dragons : le système d’alignement selon les deux axes bon / mauvais et loyal / chaotique, le système de repos de 8h pour lancer les sorts ou encore les statistiques classiques avec le charisme utile pour les dialogues, l’intelligence pour les sorts, la dextérité pour l’esquive, et tout un tas de subtilités du genre. Autant vous le dire, si vous ne connaissez pas vraiment les règles de D&D 3.5, ça ne sera plus le cas après quelques heures passées sur ce jeu !

Vous avez heureusement le droit à de nombreuses aides pour vous expliquer l’utilité de telle ou telle compétence. Acrobatie ? Cette compétence vous permet d’esquiver une attaque de l’ennemi, lorsque celui-ci tente une attaque d’opportunité, c’est-à-dire que vous passez à sa portée lors d’un déplacement. Bluff ? Elle sera essentiellement utile lors des dialogues. Concentration ? Très important pour les mages, afin d’éviter de rater un sort, par exemple, s’ils sont attaqués pendant son exécution. Par ailleurs, le manuel du jeu recèle d’informations utiles, voire indispensables, facilitant ainsi la compréhension du système global du jeu. J’en profite pour parler rapidement du site http://toee.free.fr, véritable mine d’informations sur le jeu que je recommande à tout débutant.


Si la complexité des règles peut décourager, la fidélité du jeu à les respecter rend le gameplay vraiment prenant et efficace. Le jeu étant composé à 90% de combats, la maîtrise de son système est certes un peu exigeante, mais très gratifiante car les possibilités sont alors très nombreuses. Les combats se déroulent en tour par tour, avec un système d’initiative, comme dans la version papier du jeu de rôle.

Chaque personnage, joueur comme ennemi, se voit attribuer un ordre d’attaque. Vous avez cependant la possibilité d’agir sur l’ordre de rapidité de vos personnages, par exemple si votre druide se retrouve avec la meilleure valeur d’initiative, mais que vous souhaitez l’utiliser après votre paladin, afin de pouvoir éventuellement le soigner, il vous suffit de déplacer le portrait du personnage dans la file d’attente à l’endroit souhaité. Bien entendu, vous pouvez faire agir un personnage plus tard que prévu, mais pas plus tôt. Il vous faut donc agir avec parcimonie et faire preuve d’un maximum d’anticipation.

L’accès aux sorts et aux compétences, que ce soit pendant ou en dehors des combats, se fait via un astucieux système de roue d’actions, les actions disponibles dépendant à chaque fois du personnage sélectionné. C’est ainsi que vous pourrez activer le déplacement furtif de votre rôdeur, ou sa compétence de crochetage. De la même manière vous pourrez invoquer une créature avec votre druide ou lancer un sort avec l’ensorceleur. C’est plus pratique que de devoir fouiller dans sa fiche de personnage, pour annoncer au MJ qu’on active une compétence en écorchant son nom.


Si les combats constituent la majeure partie du gameplay, le reste de la dimension “role play” n’est pas en reste. Vous aurez l’occasion de discuter avec de nombreux PNJ, et parfois, le dialogue vous permettra de résoudre une situation de manière passive, sans avoir recours à vos armes. Les dialogues sont également l’occasion de recruter de nombreux compagnons. Bien sûr, leurs services ne seront pas gratuits. Parfois, ils se contenteront d’une part de l’or trouvé sur vos ennemis. Pour d’autres, il faudra les aider à accomplir une quête et certains vous quitteront une fois leur mission terminée.

La plupart des compagnons ont droit à leur propre histoire, et si le scénario global du jeu reste assez faible, cette richesse de l’univers vient contrebalancer la simplicité de la trame principale pour renforcer l’immersion dans l’univers. Bien sûr, vous aurez l’occasion de commercer avec différents PNJ. Le forgeron vous permettra d’acheter et de revendre armes, armures et bijoux. Vous pourrez également vous rendre à l’église pour soigner ou ressusciter vos personnages contre une certaine somme d’argent. Sachez néanmoins que la mort des mercenaires que vous recrutez est définitive.

Avec tout ça, difficile de dire que le Temple du Mal Elémentaire ne se la joue pas RolePlay. Néanmoins, il reste très focalisé sur ses combats et il y a finalement assez peu d’environnements. La première partie du jeu consistera à trouver l’emplacement du temple, tandis que la seconde partie vous permettra d’en explorer chacun de ses étages pour en découvrir les terribles secrets. Si vous possédez la compétence détection d’objets magiques, effectuer un jet de sagesse. Si vous obtenez au moins cinq, vous pouvez passer à la suite de ce test.

Élémentaire mon cher Watson

Malgré les années, le jeu a relativement bien vieilli. La 3D isométrique nous offre des décors fourmillant de détails et les animations des personnages n’ont pas à pâlir de leur âge. Même aujourd’hui, le jeu est très agréable visuellement. La direction artistique fait honneur à l’univers de Greyhawk. Il y a nombre d’ennemis très variés, et chacun est très détaillé. Notons par ailleurs que l’ensemble de l’équipement de vos personnages est visible à l’écran, renforçant encore une fois l’immersion dans cet univers. La bande son, quant à elle, reste classique mais efficace. On regrettera qu’il n’y ait pas plus de thèmes variés dans les musiques de combats tant on est amené à les entendre souvent. Par contre, le fait d’avoir doublé certains dialogues et de faire s’exprimer nos personnages en plein combat ajoute une petite touche de réalisme plutôt plaisante.


Le jeu propose une durée de vie plus que raisonnable, d’autant plus que la trame principale peut se conclure de différentes façons, et même la progression dans le temple pourra suivre de multiples directions. Le jeu propose quelques quêtes secondaires, pas époustouflantes, mais néanmoins réussies. On pourra néanmoins lui reprocher une certaine lourdeur. Certaines quêtes, nécessitant de réunir un nombre important d’objets disséminés à travers le jeu, sont loin d’être abordables à moins d’avoir de la chance ou de jouer avec une solution sous le nez. Notez d’ailleurs que le jeu n’est pas facile.

Le début de la partie a ce côté frustrant que vos personnages sont trop faibles pour pouvoir gérer les situations les plus épineuses. Néanmoins, après quelques heures à persévérer et une fois quelques niveaux atteints (un ou deux niveaux suffisent à débloquer des compétences très utiles), le jeu devient un peu plus facile et plus amusant, puisque plus riche en possibilités. Pourtant, je ne vous cache pas qu’à plusieurs reprises, j’ai préféré recharger ma partie juste avant un combat, lorsque celui-ci tournait un peu trop en ma défaveur. Souvent, la mort d’un personnage signait la mort de toute l’équipe dans les quelques tours qui suivaient.

Avec son lot important de combats, ses allers-retours entre les zones de combat et le village d’Hommlet, le Temple du Mal Elémentaire souffre nécessairement d’un aspect répétitif. Le moindre repos peut déclencher un combat, le moindre voyage également, de même lorsqu’on s’aventure dans un couloir inexploré. De la baston, toujours de la baston, et il est clair que si vous n’êtes pas adepte du tour par tour, le jeu n’est pas fait pour vous. Mais si comme moi, cela vous plait bien plus que les systèmes de combat avec pause active, alors n’hésitez plus ! D’autant plus que le jeu dispose de quelques mods qui méritent qu’on s’y intéresse, notamment Circle of Eight.

On regrettera malheureusement plusieurs bugs, y compris la version française qui possède quelques défauts de localisation. Heureusement, il existe quelques patchs officieux pour corriger ça. Et si, comme moi, vous jouez avec la version de GOG.com en anglais, je vous invite à télécharger ce patch de traduction français que j’ai réalisé avec l’aide de Shizam que je remercie ici, et qui se targue en plus de corriger quelques bugs. Si votre score en charisme est supérieur ou égal à la taille de votre ego, utilisez la compétence renseignement pour connaître la conclusion de ce test.

Moins connu que d’autres adaptations de Donjons & Dragons, Le Temple du Mal Elémentaire en est pourtant un fidèle porte-étendard. Avec un respect minutieux des règles du jeu et de l’univers, une patte artistique sympathique et des graphismes qui ne vieillissent pas, je le recommande à tout fan de jeu de rôle. Néanmoins, il ne faut pas être allergique au tour par tour et être conscient que les combats constitueront la plus grande partie de l’aventure. On pourra regretter la présence de bugs et l’absence d’un scénario plus ambitieux, mais la richesse du jeu est déjà telle, que le plaisir est de toute façon présent. Lancer un dé 10 pour effectuer un test de sagesse. Si vous obtenez huit, vous savez quelle note je donne à ce jeu.

+ Les combats aux petits oignons
+ Les règles D&D; appliquées à la lettre
+ Bonne ambiance Role Play
+ A bien vieilli malgré les années

Note RPG 4 sur 5
Note testeur 08 sur 10

– Combats répétitifs
– Scénario très convenu
– Quelques bugs

La vision de Dagon
(avis écrit et publié sur le site Dagon’s Lair. Avec l’aimable autorisation de son auteur).

Le Temple du mal élémentaire ou Temple of Elemental Evil est un module très classique de Donjon & Dragons, réalisé par Troika (l’équipe derrière Fallout 1 et Arcanum). La première chose qui frappe dès la création des personnages, c’est l’incroyable fidélité aux règles de Donjon & Dragons et l’exhaustivité des compétences, divinités, alignements, qui pourrait rebuter les néophytes du jeu de rôle.

La surprise fait place à de l’émerveillement lorsqu’on constate le souci du détail de Troika. L’utilisation des règles a été particulièrement bien pensé. Ainsi, le prêtre pourra lancer des injonctions (tomber, fuir, …), le voleur pourra se cacher dans l’ombre, afin de se positionner pour une attaque sournoise, la boule de feu lancée près d’un sort de toile d’araignée l’enflammera et infligera des dégâts supplémentaires à ceux pris dans la toile, les options d’attaque sont innombrables (charger, combat défensif, dégâts pour assommer, feinter, se préparer contre une charge,…), enfin bref, c’est incroyable de détail. Le système de combat, en tour par tour est le summum qui m’ait été donné de voir depuis Fallout.

Pour couronner le tout, l’interface est pratique et un raccourci clavier peut être attribué à chaque action.

Graphiquement très réussie, la vue de haut est en 3D isométrique, et les personnages sont superbement bien détaillés (chaque arme, armure, cape est détaillée) et animés. Les graphistes sont allés jusqu’à animer de façon spécifique les différentes attaques des personnages. On est loin de Baldur’s Gate. La musique quoique très présente, n’est pas lassante. Le monde en soi ne permet que peu d’interaction et seuls certains objets seront manipulables, mais cela n’est pas trop dérangeant vu que le jeu est plutôt axé sur le scénario et les combats. Si les combats sont superbes, question scénario, c’est un petit peu en deçà. L’intention des programmeurs était de rendre le jeu différent en fonction de l’alignement et des actions des personnages, mais dans les faits ce n’est pratiquement que le début et la fin de l’aventure qui seront influencées par ces variables.

De plus, les actions faites par le joueur et leur effet à terme est loin d’être évident et c’est un peu dommage. A noter que ce jeu a reçu une critique assez défavorable lors de sa sortie aux US en raison des nombreux bugs, même si ceux-ci n’empêchaient pas de finir le jeu. La plupart des bugs sont maintenant corrigés par un patch. Cela dit, lorsqu’on arrive à la fin du jeu, on ressent une vague impression de jeu inachevé au vu de ces éléments.

Quoiqu’il en soit, l’impression reste très largement positive, et je ne peux que conseiller cette aventure, tout particulièrement aux vétérans du jeu de rôle. J’espère que Troika fera d’autres jeux avec le même moteur !

Graphismes et sons : 5/5 – Interface de Combat : 5/5 – Scénario : 4/5 – Jouabilité (fun) : 4/5
09/10

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