Alors ? Comme ça on ne possède pas de PS Vita ? On ne fait pas partie de l’élite de la nation qui a pu profiter des meilleurs jeux de Vanillaware en version portable ? Bon, je vous pardonne, parce que le titre est aussi disponible sur PS3 et PS4, mais il faut bien le dire, sur une console portable, un bon gros Beat’em’up 2D avec une couche de “RPG” derrière, ça fait toujours le taff.

Maintenant, si vous me le permettez, je vais vous introduire l’éditeur : Atlus, qui a longtemps soutenu la petite Vita, Odin Sphere Leifthrasir est un remake du jeu PS2 Odin Sphere, mais pour le bonheur des publics de niche, il a fait son chemin sur la dernière portable de Sony en 2016. Pourquoi le bonheur ? Parce que Odin Sphere fait partie des jeux que je considère comme à la frontière de l’excellence, voici pourquoi :

Une 2D impeccable, mais quelques hics techniques

Nous sommes en l’an de grâce 2016 et la Vita est encore dans ses belles années. Pour tout dire, 2016 c’est la meilleure année de la machine avant le baroud d’honneur de 2017 et la lente agonie à suivre. Avec Odin Sphere Leifthrasir, le genre de Beat’em’up 2D se voit encore mieux représenté sur la portable de Sony.

La première chose qui frappe c’est la réalisation. Avec sa 2D taillée sur mesure dans de superbes environnements dessinés aux animations léchées et aux éclairages diablement séduisants, Odin Sphere affiche quelques panoramas fabuleux, pour ne pas dire les plus fantasques de la machine. On notera aussi la qualité des musiques et les bruitages solides pour parachever le travail, c’est beau, bien animé, et c’est varié, même si on reviendra là-dessus par la suite.

Ce qui nous intéresse tout particulièrement, c’est les animations en combat. Là encore, Vanillaware montre son savoir-faire et dévoile une galerie de mouvements forçant le respect et contribuant au feeling vif et nerveux des nombreuses rixes que le titre propose au cours de sa campagne d’au moins trente heures. Très vite, on est captivé par l’esthétique des affrontements, et s’il peut arriver que la lisibilité souffre du déferlement d’animations et effets visuels, le prix à payer ne vient pas ternir le tableau, c’est de la réalisation de haute volée et se plaindre serait du pinaillage.


Le vrai reproche, au delà de la lisibilité, c’est le framerate qui peut accrocher lors des scènes les plus chargées. On s’attendrait à ce que la Vita tienne son rafraîchissement à 60 images seconde de manière constante, mais face aux boss massifs ou aux ennemis nombreux, la Vita finit par céder face à la richesse des sprites et l’abondance d’effets visuels. Là encore, ce ne sont pas des chutes très régulières et elles ne durent que le temps du pic chaotique, mais elles sont suffisamment présentes pour qu’on en souligne l’importance.

On pourra cela dit reconnaître à Odin Sphere la grandeur de ses zones, si les tableaux ne sont pas tous uniques, il n’en demeure pas moins que la taille du monde est considérable et l’immersion particulièrement réussie. Sur le plan de la réalisation, Leifthrasir ne déçoit pas. Mais nous ne sommes pas que là pour contempler le talent artistique de Vanillaware, nous sommes plutôt là pour dépecer, démembrer, déchiqueter, décimer du streum’, faudrait pas nous confondre avec des esthètes.

C’est où que j’appuie pour buter des trucs ?

Maintenant qu’on a fini de rappeler le talent de Vanilla pour réaliser de belles choses, on peut maintenant s’épancher sur tout ce qui concerne le tabassage, la montée de niveau, la personnalisation et la boustifaille.

On reviendra sur ce curieux aspect du jeu, pour l’instant, on va se contenter de parler de la moelle du titre. Si vous ne connaissez pas les Beat’em’up en 2D ou que ce que vous envisagez du genre, c’est Streets of Rage (faites le 4 d’ailleurs, il est excellent) je pense qu’il vaut mieux qu’on vous introduise à ce qu’est le genre. Vous allez devoir effectuer diverses combinaisons de touches pour placer les coups qui conviennent le mieux selon les circonstances. Car selon la garde de votre adversaire (haute ou basse) il vous faudra effectuer divers mouvements offensifs, glissade, taillade traditionnelle, frappe sautée, attaque en piquée… La palette de mouvements disponibles est riche.


Ne soyez pas intimidé par la relative complexité sous-entendue par ce que vous pouvez jusqu’ici lire, à l’exception des combats de boss, l’immense majorité du titre peut être traversée à grand coup de tatanes traditionnelles, voire de projection de vos adversaires dans les airs histoire d’épouser un peu le flow de l’affrontement. Mais pour témoigner de toute la richesse des combats, il me faut exposer l’expérience de haut niveau du titre et en ce sens, il y a de quoi faire.

Avec son système de progression, Odin Sphere Leifthrasir offre aux joueurs pas mal de compétences passives et actives. Les premières n’influeront que sur vos statistiques de vie, de résistance, de dégâts, et sont probablement peu pertinentes à décrire tant elles sont traditionnelles. Il en est tout autre des capacités actives, comprenant leur lot de frappe puissante, de projection de pics gelés, de boule de feu, de sort de zone… tout cet attirail est essentiellement là pour soit vite nettoyer un niveau, soit rendre la monnaie de sa pièce à un boss retord.

Si l’exécution de l’ensemble demeure à peu près lisible, les touches liées aux coups spéciaux demeurent un peu contre-intuitives. Il est ainsi nécessaire en cours de combat de mettre le jeu en pause pour utiliser des objets de soins, mais c’est aussi ce même menu qui permet d’utiliser nos pouvoirs.

En ce sens, l’expérience peut se trouver hachée par cette fonctionnalité. La richesse offerte par ces menus et ces fonctionnalités a un coût, le manque de raccourcis sur la PS Vita ou sur une manette rend les combinaisons trop complexes pour ce genre d’action, mais la solution prise par le studio affecte la nervosité du jeu. C’est dommage, mais cela ne se produit que dans les combats les plus complexes et plus tactiques, cela n’est donc pas la foire au micro management.


L’autre défaut, c’est la trop grande répétitivité des environnements dans lesquels on combat. Si tout est magnifique, les niveaux peuvent se répéter au sein d’un monde, mais le vrai souci, c’est que l’on va explorer à chaque nouvelle histoire les mêmes environnements… Potentiellement six fois donc. C’est un point relativement noir, mais c’est un titre que je conseille de jouer sur le long cours. Une histoire à la fois, sur quelques jours avec une semaine de pause ou plus.

Bon, nous avons évoqué la question de la montée de niveau. Sachez que si vous comptez sur le massacre de monstres pour évoluer, vous allez en baver. Non, on gagne en expérience en mangeant. Oui, tu manges, tu évolues. Donc comment ça se passe ? Alors on peut faire pousser des arbres fruitiers en plantant des graines et en les faisant pousser avec…

“De l’eau ?”

“Nan.”

“Du terreau ?”

“Nan plus.”

“Des OGM ?”

“Ce serait trop tard pour être efficace, il aurait fallu mettre en place un système de craft de graines pour optimiser la résistance et la rapidité de pousse de la graine et…”

“Tu accouches ?”

… On peut les faire pousser avec une énergie que l’on récupère sur les ennemis. Voilà, donc il y a tout de même un intérêt au farm, une interdépendance entre les ennemis et la montée de niveau, car les graines sont énergivores. Les seuls fruits ne vous aideront pas à monter de niveau à tout jamais cela dit, le mieux étant de trouver d’autres aliments (oeufs, pains, cacao) qui deviendront ensuite des ingrédients pour élaborer des recettes.


Plus la recette est complexe, plus le gain d’expérience est grand. Donc soyez ambitieux, faites-vous des plats copieux, mangez, le gras c’est la vie.

Et les chicots sont sacrées, brossez-vous les dents les enfants.

“Y a une histoire ? Plusieurs oui, mais on s’en fout.”

Vous savez, une bonne histoire de Beat’em’up, c’est une qui sait se faire discrète… Ce n’est pas le cas d’Odin Sphere Leifthrasir. Bordel mais ça cause, ça cause c’est insupportable. Arrêtez de jacter dans vos scénettes théâtrales à la mise en scène plate. Tous les chapitres, on a une scénette avec dialogues écrits dans le plus grand des sérieux alors qu’on s’en fout de vos vies les gars.

Surtout qu’il y a six histoires qui se succèdent, et honnêtement on en a rien à cirer. Genre faites silence, on est là pour cogner des trucs et manger copieusement pour devenir le meilleur combattant. C’est ça la vie, pas une romance leader price ou une tragédie dont Shakespeare aurait renié la filliation.

Un certain nombre de créatures pixelisées ont souffert durant la réalisation de cette critique. L’auteur de cette dernière assume totalement son comportement génocidaire et confirme avoir l’intention de persévérer dans son entreprise destructrice.

J’ai beau faire quelques reproches à Odin Sphere Leifthrasir, le résultat global est saisissant. Si nous ne sommes pas sur un site qui peut traiter directement de jeu d’action, il faut admettre que cette dimension couplée aux éléments de RPG présents dans le titre, en font une oeuvre très défoulante et riche.

Si vous avez envie de plonger dans un J-Action-RPG nerveux, à la 2D sublime, capable de délivrer de nouvelles possibilités de jeu et divers styles de combat sur plusieurs dizaines d’heures de jeux, alors Odin Sphere Leifthrasir est certainement le nec plus ultra. Sauf quand il parle, par pitié, ferme là !

+ Réalisation impeccable
+ Des contrôles simples et nerveux
+ Du contenu en veux-tu, en voilà
+ Belle variété dans le gameplay
+ Durée de vie colossale

Note RPG 2 sur 5
Note testeur 08 sur 10

– Beaucoup de recyclages
– Tire en longueur
– Peu lisible dans les gros affrontements
– Le scénario de l’oubli, la narration de l’ennui
– Quelques ralentissements sur Vita

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