La tempête fait rage, le navire tangue, secoué par les vagues furieuses de la mer. Un Titan surgit de l’océan, prêt à défier le monde. Un homme avec un oeil 24 carats, sur le pont de l’embarcation, lui fait face. Son bras droit lance un éclair vers le géant, sans succès. Après un regard de défi à la créature, le magicien disparaît. La mer déchaînée continue sa danse macabre. Une lame de fond terrifiante occulte le ciel, s’abat sur le bateau et brise la coque. Vous, passager clandestin et témoin des combats contre les éléments, coulez alors dans les ténèbres salées de l’océan.

L’île fantastique

Vous n’êtes pas mort, la mer vous a rejeté sur une plage jonchée de cadavres et d’objets de toutes sortes. Vous vous levez péniblement et observez les débris de votre embarcation que les vagues charrient sur le sable. Le sol se met alors à trembler, vous vous retournez vers la jungle et observez le volcan qui domine les lieux. Vous n’êtes pas seul, plus loin sur la plage une jeune femme semble avoir eu autant de chance que vous. Whaou ! Qu’elle est moche ! Le bain d’eau de mer ne semble pas lui avoir réussi. Pour le remake du “Lagon Bleu” c’est raté, tant pis.

L’amour n’étant plus une option, vous commencez à explorer les lieux. Vous découvrez un couteau et, surtout, vos premiers adversaires, des vautours marins. Une fois ces derniers transformés en nuggets, vous entamez l’exploration de ce qui semble être une île, suivi par la femme mal foutue. Vous ne tardez pas à découvrir une maison abandonnée. La beauté fatale qui vous accompagne décide de jouer les épouses, et exige, en plus du toit que vous lui avez dégoté, que vous lui prépariez un barbecue. Après avoir trouvé une poêle, vous nourrissez ce tendre ange, qui, repus, décide de rester sur zone. Vous en profitez pour partir à l’aventure à l’intérieur des terres.


Le sol gronde encore alors que vous rencontrez le premier autochtone, et non, ce n’est pas Tattoo avec un collier de fleurs, criant “l’avion ! l’avion !”. Ce dernier vous met au parfum des dernières nouvelles de l’île. Il vous raconte donc que le sol s’est ouvert suite à de nombreux tremblements de terres. Des crevasses ont jailli des temples de pierres et une multitude de démons s’abattant sur les terres et les habitants. Il vous explique que les habitants sont divisés entre deux factions: l’inquisition de l’ordre de la flamme éternelle et le Don (Diego de la Vega ?).

L’inquisition est dirigée par Mendoza, le gars à l’oeil 24 carats, qui était avec vous sur le bateau. L’inquisition, suite aux derniers événements, a déclaré la loi martiale sur l’île. Tous les habitants sont sous la garde de l’ordre. Les contrevenants à la loi sont expatriés vers le monastère, bastion de l’inquisition, pour être enrôlé de force dans les troupes de l’ordre. De son côté, le Don, s’est réfugié dans les marais avec ses hommes, entassant de l’or afin de déclarer la guerre à l’inquisition. La seule ville habitée est Port Faranga, servant de zone franche entre le Don et Mendoza. A vous maintenant de prendre parti pour l’un des deux camps, et de découvrir l’origine du mal qui s’abat sur cette île mystérieuse et fantastique.

Un semblant d’art gothique

Né du divorce consommé entre Piranha Bytes et Jowood studioRisen est un action-RPG en vue à la troisième personne. Ce qui frappe d’emblé lorsqu’on démarre l’aventure, c’est la filiation assumée du titre avec la série Gothic, notamment le troisième opus. Hormis quelques textures et des effets de lumière retravaillés, on a l’impression de se retrouver devant un add-on de Gothic III.

Les ficelles du jeu sont exactement les mêmes, comme le fait de pouvoir cuire des aliments, les maîtres qu’il faut trouver pour apprendre de nouvelles capacités, même le scénario rappelle bizarrement la lutte entre les rebelles (les hommes du Don) et les orcs (l’inquisition). Toutefois pour ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de pratiquer Gothic III, nous allons détailler les possibilités offertes par le dernier né de Piranha Bytes.


Vous incarnez donc un naufragé échoué sur une île subissant une douloureuse malédiction. Deux factions sont présentes, vous pouvez vous joindre à celle qui vous intéresse en fonction de votre caractère. Il n’y a pas d’éditeur de personnage et devez donc vous coltiner un avatar au charisme de chien écrasé, heureusement que 99% de l’aventure se déroule de dos. Les PNJ masculins ont eu droit à plus de soins , par contre les PNJ féminins, c’est affaire de goût, mais les ‘tits gars de Piranha Bytes doivent tous être misogynes et célibataires.

Les différentes créatures que vous croiserez font parti du bestiaire traditionnel des RPG médiévaux : Squelettes en armes, gnomes, loups, goules, vers géants, etc. Le bestiaire est riche et les monstres sont bien modélisés et font preuve d’intelligence, mais je reviendrai sur ce dernier point plus tard.

Les combats sont en temps réel. Vous pouvez utiliser toutes sortes d’armes, allant de l’épée à la lance, en passant par les arcs et autres arbalètes. Vous pouvez vous protéger grâce à des boucliers, ce qui est vivement recommandé car les combats sont assez ardus. Un simple sanglier peut vous éradiquer en un instant, cela rappellera des souvenirs à certains d’entre vous. Il faut donc faire preuve de prudence, et frapper ou parer au bon moment si l’on veut survivre aux dangers de l’île de Faranga et engranger de l’expérience. La sauvegarde rapide est heureusement présente et devient vite une alliée de choix.


Le développement de votre personnage se fait grâce à des maîtres disséminés sur l’île. A chaque fois que gagnerez un niveau vous empocherez 10 points d’apprentissage que vous pourrez dépenser auprès d’eux, avec un peu de sous tout de même. Les capacités sont nombreuses et surtout utiles. Ainsi vous pourrez devenir voleur en apprenant l’art du vol à la tire et la discrétion, barbare en apprenant l’art du combat à la hache, ou encore chasseur grâce à l’art du dépeçage. De nombreuses combinaisons sont possibles, de manière à se façonner un personnage aux petits oignons. Certaines capacités sont indispensables toutefois, comme le crochetage de serrure, car les coffres sont nombreux et recèlent des objets bien utiles.

Le crochetage déclenche d’ailleurs un mini jeu où il faut découvrir la combinaison du coffre en utilisant les touches “gauche” et “droite”, sympathique. Une fiche de personnage est disponible mais ne permet aucune interaction, tout se passe auprès des maîtres. L’inventaire est, quant à lui, d’une utilisation basique et ne s’embarrasse pas de fioritures, on apprécie d’ailleurs qu’il soit divisé en plusieurs onglets pour faciliter le choix et le rangement des objets. Le scénario et les quêtes associées sont intéressants et addictifs. On évite l’écueil du cherche-moi ci ou ça, et dans l’ensemble les dialogues sont matures et dans le ton. Concernant la durée de vie, il faut compter entre 30 et 40 heures de jeu, avec une possibilité de le rejouer avec l’autre faction.

Au coeur du volcan !

Techniquement Piranha Bytes a fait un travail soigné. Les extérieurs sont de toute beauté. Les effets de lumières et le cycle jour/nuit finissent de magnifier l’ensemble; on regrettera toutefois qu’il n’y ait pas de version Dx10 dispo. Certes on est loin du Cry engine 2 ou de l’unreal engine 3, mais ça tient la route. Port Faranga, la seule ville du jeu, est agréable à visiter. Le port face au coucher de soleil est superbe. Toutefois se retrouver avec de nombreuses textures, voir les même meshes, que dans Gothic III montre un léger manque d’ambition de la part de Piranha Bytes ; il serait temps qu’ils mettent à jour leur bibliothèque.

Pour les sceptiques, regardez un peu les plantes que l’on peut ramasser dans Gothic III et comparez avec celles de Risen. Fascinant, n’est-ce pas ? Comme dirait Mr Spock. Même constat au niveau des animations, certaines, même si elles sont de bonne facture, ont comme un air de déjà-vu. Tout cela n’est bien entendu pas gênant en soi, mais au début, on se pose quelques questions. A noter tout de même que le jeu est bien mieux optimisé que son aîné à sa sortie.


Côté sons, pas de soucis. Les musiques collent bien à l’ambiance et ne donnent pas envie de jouer sans au bout de deux heures, c’est déjà pas mal. Le doublage français est, quant à lui, impeccable. On y retrouve de nombreuses voix connues, comme celle de Kevin Costner (Bernard lanneau) ou Morgan freeman (Benoît Allemane); du tout bon de ce côté là. Concernant la traduction en général, je n’ai pas trouvé beaucoup de coquilles, même si deux/trois existent.

Point intéressant du jeu, l’IA des PNJ et des ennemis. Piranha Bytes a fait un énorme effort de ce côté là. Les ennemis tenteront de vous encercler afin de passer votre garde, et les PNJ vous suivront si vous pénétrez chez eux sans autorisation; et gare à vous si vous êtes surpris en train de voler. Certains PNJ refuserons de vous parler si vous leur manquez de respect ou leur dérobez leurs biens. Pas de panique toutefois, un sort de blague Carambar pourra vous ramener dans leurs bonnes grâces le cas échéant.

En conclusion, Risen est un bon RPG. Une fois passé outre la sale gueule de notre personnage et les similitudes grossières avec Gothic II et III, on prend un réel plaisir à explorer cette île mystérieuse. Le scénario ne se focalise pas uniquement sur le conflit entre le Don et l’inquisition, les implications sont bien plus nombreuses et intéressantes. Par contre si vous avez été réfractaire à Gothic III et à son système de jeu, passez votre chemin, Divinity 2 Ego Draconis ou le futur Dragon Age : Origins vous tendent les bras. Pour les autres, cette aventure mérite d’être vécue, vous ne devriez pas le regretter.

+ Scénario prenant.
+ Aventure de longue haleine.

Note RPG 4 sur 5
Note testeur 08 sur 10

– Techniquement moyen.
– Difficulté mal dosée (de plus en plus facile).
– Design des personnages (notament féminins).

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