L’an dernier, les joueurs PC ont eu la chance de découvrir la suite tant attendue de The Witcher. Ce RPG, développé par les polonais de CD Projekt RED avait marqué les joueurs grâce à son ambiance extraordinaire, son univers mature et ses choix lourds de conséquence. Une version console dénommée Rise of The White Wolf aurait du voir le jour mais le projet avorta.

Pour le second opus, les développeurs ont abandonné l’Aurora Engine au profit d’un moteur graphique maison, le bien nommé RED Engine. D’une part, cette technologie permet à The Witcher 2 d’être encore à ce jour l’un des plus beaux jeux jamais créés, mais d’après les développeurs, elle était aussi le meilleur moyen de transposer le jeu sur d’autres plateformes, le moteur étant pensé pour le multisupport. C’est donc sans surprise que la version console et c’est sur Xbox 360 que Geralt part chasser les monstres.

Si The Witcher 2 sur PC est somptueux, en témoigne le test écrit par Mercks, il est aussi très gourmand. Ce test est donc l’occasion de découvrir ce qu’il en est réellement de ce « portage » console, ou plutôt, de cette « adaptation » comme aiment l’appeler les développeurs.


Vous l’aurez compris en lisant ces quelques lignes, la licence débute sur console avec le deuxième opus, ainsi, un petit briefing s’impose pour les nouveaux venus. Le joueur incarne Geralt de Riv, sorceleur de son état, désormais à la solde du roi Foltest de Temeria, suite à son sauvetage in extremis à la fin du premier opus. Ce personnage est directement inspiré de la Saga du Sorceleur de l’auteur Andrzej Sapkowski, dont la série de romans constitue le matériel d’origine des jeux. Les sorceleurs sont des chasseurs de monstres aux moeurs particulières ; combattants froids et méthodiques, virtuoses à l’épée, ils maîtrisent également la magie et ingèrent des élixirs pour améliorer leurs compétences.

Plutôt que de transposer l’histoire des livres, les développeurs ont pris l’initiative de donner une suite -créée de toute pièce- à cette saga. Ainsi, dès le premier the Witcher, vous incarnez déjà Geralt de Riv, devenu amnésique pour de sombres raisons. Cette amnésie est en réalité un beau prétexte pour donner la possibilité au joueur de « remodeler » la personnalité de Geralt, et de faire des choix parfois lourds de conséquence. Le sorceleur n’a toujours que des bribes de souvenirs dans ce second opus, ce qui permet d’avoir une histoire à multiples couches. La destinée incertaine de Geralt est le fil conducteur de la série, mais d’autres péripéties se superposent à cette histoire, de sorte qu’au final tout s’entrecroisent pour notre plus grand plaisir.

 

A l’aventure compagnon !

Après une petite installation, conseillée par les développeurs, lancer le jeu nous permet de découvrir ou de redécouvrir la nouvelle cinématique dévoilée il y a quelques mois. Notez que si l’installation n’est pas obligatoire, elle permet de prévenir certains problèmes techniques et de réduire les temps de chargements. Comptez 15 minutes par disque environ, sachant qu’il n’est pas nécessaire d’installer les deux pour débuter la partie.

Le jeu commence avec un didacticiel déconnecté du reste de l’histoire. Il nous permet de nous familiariser avec les commandes et le système de jeu. La fin du didacticiel  invite le joueur à découvrir le mode arène du jeu, sorte d’alter égo d’un palais sanglant des Devil May Cry. Ce jeu annexe est une succession de manches dans une arène, où Geralt doit survivre face à plusieurs vagues de montres et d’ennemis. Dans le cadre du didacticiel, cela permet de vous conseiller sur le niveau de difficulté à adopter. Plus vous tiendrez longtemps dans l’arène, plus la difficulté proposée sera élevée. Une excellente idée, d’autant plus que la difficulté reste modifiable dans le menu des options.


Une question de choix

Dès lors, l’histoire peut réellement commencer. Le jeu est découpé en trois actes et comprend en sus un prologue et un épilogue. Le prologue est l’occasion de mettre en place l’intrigue de ce second opus. Geralt, qui est désormais aux ordres de Foltest, prend part au siège du château de la famille La Valette dans le but de retrouver les deux batards du monarque de Temeria. Bien entendu, tout ne se passe pas comme prévu … Décrié par certains joueurs PC pour sa linéarité et son côté “baston” très prononcé, cette première étape donne le ton.

Le jeu est résolument mature dans son écriture – de grande qualité – et sans concession. Ce prologue constitue une excellente introduction pour faire connaissance avec les personnages principaux, et place déjà le joueur face à certains choix difficiles à prendre. Il faudra atteindre l’acte 1 pour découvrir la structure du jeu.

Globalement, chaque acte se passe dans une région différente. On pourrait dire que la construction est semi-ouverte : chaque région est réellement grande, riche et dense, mais vous n’avez pas la possibilité de retourner celles déjà visitées dans les actes précédents. Geralt, restant un sorceleur, vous trouverez dans les villes des tableaux d’affichages avec des contrats sur des monstres. On pourrait croire que ces quêtes à priori basiques ne sont pas très intéressantes mais il n’en est rien.

D’une part, certaines recèlent de sacrées surprises, car parfois, les créatures prétendues abjectes ne le sont pas tant, mais en plus, la castagne des monstres est le principal gagne-pain des Sorceleurs. L’univers de The Witcher regorge de détails et le journal est ainsi riche en informations sur les personnages, les lieux, les événements, mais aussi sur les ennemis.

A l’instar du premier épisode, il est parfois utile de lire des livres pour enrichir ses connaissances, par exemple sur les monstres, et ainsi apprendre de nouvelles méthodes ou découvrir leur point faible. Par ailleurs, le système de confection des potions – là encore hérité du premier épisode- demande au joueur d’avoir des ingrédients, qui ne sont trouvables qu’en chassant des monstres ou en récoltant des plantes. Les activités annexes ne manquent pas, et si vous choisissez un niveau de difficulté assez élevé, l’utilisation des élixirs deviendra vite indispensable.

Même si le jeu est scindé en actes qui se succèdent, il n’a rien de linéaire. Plus encore que dans le premier, les choix que vous ferez seront lourds de conséquences, et influeront sur le déroulement des événements ou le destin d’autres personnes. Mieux encore, sachez qu’il y a “deux” actes 2, selon vos choix effectués lors du premier. Plusieurs petites ramifications sont possibles et s’entrecroisent.

Il n’est pas rare d’avoir 3 ou 4 manières de finir une quête qu’elle soit annexe où au contraire directement liée à l’intrigue. Ainsi, les développeurs ont privilégié la qualité à la quantité. Les quêtes secondaires ne sont globalement pas si nombreuses, mais elles impliquent réellement le joueur. Les personnages vous prennent à parti, tentent de vous acheter, de vous charmer, et la qualité d’écriture est telle qu’il m’est arrivé de rester plusieurs minutes à m’interroger sur le meilleur, ou plutôt le moins mauvais, choix possible.

Au final, cette qualité dans l’écriture des quêtes et leur déroulement procure au jeu une excellente rejouabilité.


Il n’y a pas que la beauté qui compte

En réalité, ces qualités sont déjà présentes dans la version PC, et le jeu n’a ainsi rien perdu de sa superbe sur tous ces aspects. Mais plusieurs questions – justifiées – pouvaient tarauder les amateurs de la console de Microsoft. Comment faire tourner sur la machine un jeu tel que The Witcher 2, qui met les PC bien plus puissants que la Xbox 360 à genoux. Inutile d’y aller par quatre chemins, la version PC est nettement au dessus en terme de graphismes. Pourtant, après avoir joué à la version PC, The Witcher 2 sur Xbox 360 est réellement joli. D’une part, l’excellent design des environnements, des personnages et l’atmosphère générale n’ont pas bougé d’un iota et font donc toujours autant d’effet, mais d’autre part le jeu affiche réellement de jolies choses et surtout, il reste constamment fluide.

Les développeurs ont retravaillé l’ensemble des textures du jeu, ainsi que les éclairages pour essayer de préserver la même charte graphique tout en offrant une bonne fluidité. C’est réussi, et certains passages sont même bluffants compte tenu de l’ancienneté de la machine. Le jeu garde toute sa cohérence visuelle, et il est évident que si vous n’avez pas joué à la version PC, vous ne remarquerez pas le manque de détails des rues des villes comme Flotsam, ou que certaines scènes sont assombries dans le but de minimiser les éléments à afficher. L’impression de vie est toujours présente, et le jeu émerveille encore. Enfin, dernier prodige, les temps de chargements sont très courts, en comparaison de ce qu’il y a à afficher, une fois le jeu installé sur la console.

On déplorera juste certains retards pour l’affichage des textures, de l’aliasing et un tearing (déchirement d’image) assez prononcé, mais ce sont de menus problèmes en comparaison du travail abattu. The Witcher 2 est l’un des jeux les plus aboutis visuellement sur console, un prodige quand on sait que c’est un premier essai de la part de CD Projekt RED.

Quand la manette remplace le clavier

L’autre changement de taille vis à vis de la version d’origine concerne la jouabilité. La mouture PC proposait déjà une alternative au combo clavier-souris en branchant une manette Xbox 360, sûrement un signe précurseur. On aurait pu imaginer que des développeurs fainéants transposeraient rapidement ce qui avait été fait, mais chez CD Projekt, on ne fait pas les choses à moitié. Les commandes ont été reconfigurées pour rendre la maniabilité encore meilleure et mieux encore, la gestion de la caméra a été retravaillée. Le système de lock présent dans la version PC était parfois perfectible et surtout apparenté à un gameplay plus console.

Manette en main, cela fonctionne à merveille surtout lors des combats, nerveux et techniques. Le menu radial permettant d’accéder aux signes (sortilèges du sorceleur) et aux armes secondaires (dagues de lancer, bombes, pièges) est strictement identique. Une simple pression sur la gachette haute de gauche le fait apparaître, le temps se ralentit alors, vous laissant l’occasion de sélectionner le signe voulu.

Les deux triggers gauche et droite servent respectivement à locker un ennemi et à parer. Ainsi lors des combats, le jeu est à la hauteur des meilleurs beat’em’all 3D. Mieux encore, les QTE décriés il y a un an passent ici beaucoup mieux, et le mini- jeu du pugilat est ainsi bien plus plaisant à jouer que par le passé. Petit bémol : il n’est pas possible de mapper les touches, ce qui est dommage quand on sait que la touche action est la même que la touche d’attaque rapide.

Après un combat, il n’est pas rare de donner un coup d’épée dans le vent au lieu de ramasser un objet. La jouabilité se révèle être également un peu moins intuitive dans les menus. La navigation entre les différentes sections ne se fait pas avec l’un des sticks mais avec les gachettes hautes, ce qui n’est pas forcément naturel de prime abord. Par ailleurs, dans l’inventaire, il est impossible de voir directement les statistiques d’un objet. Il sera nécessaire de sélectionner l’option permettant d’examiner l’objet indépendamment des autres.

Ainsi, un certain temps d’adaptation est requis pour naviguer avec fluidité dans le menu mais c’est un moindre mal quand on sait que toutes les possibilités offertes sur PC répondent à l’appel : confection des potions, craft d’armes et d’armures, arbre de compétences. Rien n’a été simplifié et le jeu garde la même profondeur.


Une adaptation de premier ordre

Au regard du travail effectué sur la jouabilité et sur les graphismes, on comprend que le sous-titre d’Enhanced Edition n’est pas usurpé. La version Xbox de The Witcher 2 est par ailleurs la plus complète possible. Elle contient toutes les améliorations apportées à la mouture PC via les différents patchs, avec en plus le contenu exclusif dévoilé en partie ces derniers mois. L’acte 3 est ainsi enrichi de plusieurs nouvelles quêtes, et de nouvelles cinématiques font office de transition entre les différents actes.

Au final, la conclusion sera la même que l’année dernière. Sombre, mature et terriblement bien écrit, The Witcher 2, après être devenu une référence sur PC,  le devient à son tour sur la console de Microsoft. Doté d’une bande-son éclatante, d’un aspect visuel haut de gamme, couplés à une maniabilité adaptée, le jeu est juste un indispensable d’une qualité rare, sur Xbox 360 comme sur PC.

+ La réalisation globale
+ La mise en scène et l’univers dépeint
+ Le scénario excellent et non linéaire
+ Un portage de grande qualité
+ The Witcher 2 dans sa version la plus complète

Note RPG 5 sur 5
Note testeur 10 sur 10

– Forcément moins beau que sur PC
– La navigation qui demande un peu d’adaptation
– Certains problèmes toujours présents

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