Ah ben, il était temps !! Nous n’avions pas encore fait d’article sur The Witcher : Enhanced Edition, c’est maintenant réparé. Un test ? Pas vraiment, plutôt une synthèse, je dirais… C’est avec un peu de recul que nous allons donc parler de The Witcher, puisque la version originale a déjà plus de deux ans, que l’Enhanced Edition qui est l’objet de cet article date de septembre 2008 et que dernièrement, sa suite The Witcher 2 : Assassins of Kings a été officialisée. 

 

Il s’appelait Geralt de Riv…

C’est ainsi que débute le conte d’un jeu qui est entré par la grande porte dans l’univers des RPG. Lorsqu’un jeu vous touche au point de vous dire qu’il y a un avant et un après The Witcher dans votre vie de joueur, vous pouvez vous dire que vous êtes en face d’un monument du genre, mais encore faut-il l’expliquer. J’espère que cet article contribuera à amener de nouveaux joueurs à ce jeu, et ainsi qu’ils puissent ressentir autant de joie que j’ai pu éprouver en y jouant. Bien sûr, il ne plaira pas à tout le monde, alors, j’essayerai  aussi de citer les éléments qui peuvent rebuter certains.

Le moindre mal…

Tout d’abord, The Witcher est l’adaptation d’un personnage de roman de l’auteur polonais Andrzej Sapkowski. Le sorceleur (son nom en français), s’appelle Geralt de Riv. C’est un humain ayant subi pour son apprentissage des mutations, un chasseur de monstres appartenant à une caste en déclin, dont il est l’un des derniers représentants.

Il évolue dans un monde instable, rongé par les enjeux politiques, les rivalités, les guerres et la misère et où les races qui le peuplent sont souvent guidées par la rancœur et la haine. Cet univers médiéval fantastique crépusculaire, exempt de tout manichéisme, est rempli de nuances. Aucun choix n’étant parfait, c’est le moindre mal qui prime dans les décisions de Geralt de Riv, et la voie qu’il prend peut être suivie de fâcheuses contreparties. C’est dans cet esprit que The Witcher nous invite à endosser et incarner le rôle du sorceleur, personnage charismatique, souvent cynique, sujet par sa mutation à la crainte et l’hostilité de ses concitoyens mais aussi à la convoitise du beau sexe.

Incarner le sorceleur…

Les développeurs du jeu : CDProjekt Red, ont tenu à être fidèles à l’œuvre de Sapkowski. Ainsi, on ne jouera pas un inconnu sans existence antérieure, ce qui change de la plupart des RPG occidentaux existants. Ici, pas de passage par la case création de personnage, mais un background que peu de personnage de jeu vidéo peuvent se targuer de posséder.

L’intrigue tourne autour de Geralt de Riv et c’est à lui d’en dénouer les ficelles. Pas d’alignement non plus, ceci étant dû à la nature même de Geralt. De plus la complexité de ce monde ne peut se résumer à rester cantonné à un type de comportement, il n’y aura donc ni bon, ni mauvais choix, mais des situations faisant appel à notre intime conviction quant à la prise de position, ou non, face aux événements.

Les répercussions de ces choix étant visibles bien après  la résolution de la quête, il devient alors dérisoire de chercher par des sauvegardes à savoir quelle est la plus intéressante. Ce qui implique de faire des choix moins calculés et beaucoup plus personnels. Ne cherchez pas de lien avec Baldur’s gate, Elder’s scroll, Neverwinter Night et plus récemment Dragon Age, il n’y en a pas.

Une touche de réalisme dans un univers fantastique…

Différence notable, il est rare dans un univers médiéval fantastique de rechercher un certain réalisme dans les éléments de jeu, la tendance étant plutôt à l’irréalisme le plus débridé. Ici, toute potion consommée constitue un poison pour Geralt et une surdose provoquera l’intoxication menant à la mort. Concernant les capacités de notre personnage, il ne pourra porter plus que ce qu’un humain normalement constitué est capable d’engranger sur soi : ce qu’il peut porter se limite aux emplacements libres, donc pas moyen de récolter à tout va.

Geralt est un combattant au corps à corps, spécialisé dans les épées à deux mains, une en acier pour les humains et une en argent pour les monstres, avec trois types de combat suivant l’ennemi qui se présente à lui (puissant, rapide et groupe).  Ceci définit en soi les types de combat au corps à corps du jeu. Les épées en acier feront moins de dégâts aux monstres que celles en argent, d’où la nécessité en plein combat de passer d’une arme à l’autre.

Ces techniques de combat basées sur les enchaînements, se font en respectant un rythme alignant les combos, et peuvent se mêler à la magie pour provoquer des fatalités (décapitation, acrobaties meurtrières, empalement, etc.).  Cependant Geralt a d’autres possibilités de combat en lançant des bombes, en posant des pièges et en utilisant différents types de magie.

L’Alchimie dans ce jeu est d’une grande importance et elle est très développée, mais pour en savourer toute sa portée, il est recommandé de jouer en difficile, afin qu’elle soit indispensable pour pouvoir avancer. Pour avoir connaissance  d’une potion, encore faut-il en apprendre la formule, même s’il est toujours possible de faire des potions sans connaître exactement la portée des effets en résultant. Et cette connaissance n’est possible que si le Sorceleur améliore certaines de ses capacités pour arriver à déchiffrer la formule et en connaître les composantes.

Nous retrouvons aussi ce réalisme dans les différentes ambiances du jeu, à tel point qu’il m’est arrivé de passer de longs moments à la taverne rien que pour le plaisir d’y être et d’amasser de rondelettes sommes d’argent aux dés entre un tournoi de combat à main nue (pugilat) et une vodka aux herbes de Redania (hhhooouuu c’est fort !!!).

Comme il est grisant de faire boire ses interlocuteurs jusqu’à plus soif pour leur délier la langue et, une fois l’information obtenue, sortir tant bien que mal dehors, la vision altérée par les excès éthyliques provocants une houle plus vraie que nature, et se retrouver attaqué à distance par un ennemi qu’il nous est impossible de localiser tant notre vision est troublée dans cette nuit sans lune… et finir les tripes à l’air parce que notre démarche nous permet à peine de mettre un pied devant l’autre.

Des Map fermées pour une aventure grandiose…

Au niveau « role-play », The Witcher est incontestablement, pour ma part, ce qui s’est fait de mieux dans les jeux vidéo, c’est ce que j’ai trouvé de plus proche, en terme de sensation, de mon expérience de jeu de rôle sur table, on vit les situations plus que dans n’importe quel autre RPG. De plus l’immersion est totale puisque les dialogues sont entièrement doublés, y compris la globalité des répliques de notre personnage, fait extrêmement rare pour être signalé, surtout dans un RPG.

L’univers grouille de vie, nous faisons corps avec l’environnement, l’ambiance générale, la musique, les bruitages, tout y est superbement retranscrit pour nous emporter dans l’aventure. Pour être dans la lignée des romans, les développeurs ont fait un travail remarquable au niveau de l’écriture du scénario, les dialogues, dont certaines répliques sont mémorables, allient drôlerie et pensées profondes.

Il y a aussi beaucoup de richesse dans les différents ouvrages à lire (dont certains ont une réalité historique, cf : le Physiologus) qui contiennent pas mal d’informations sur l’univers de Sapkowski. Il n’y a pas beaucoup de redondance dans les quêtes proposées qui sont de façon générale originales : ainsi on se verra devenir enquêteur, pour résoudre des querelles autrement que par les armes, on participera à des fêtes, on aura même des discussions philosophiques entre amis. Bref des évènements qu’on ne trouve pour ainsi dire jamais dans les jeux vidéo.

Esthétisme et harmonie…

Un autre atout de The Witcher tient dans sa recherche esthétique. Même s’il n’est pas du tout dernier cri, le jeu est magnifique en soi de part ses graphismes (surtout quand on sait que c’est le même moteur que Neverwinter Night) la gestion du temps et des climats, mais ce qui m’a le plus marqué, est cette recherche du détail dans tous les éléments du jeu. Telles des peintures de Caspar David Friedrich, certains décors posent vraiment une ambiance lugubre et envoûtante. La multitude d’artworks différents qui parsème les écrans de chargement, les flashback ainsi que les cartes érotiques sont d’une qualité remarquable.

Tous les lieux sont agencés avec un réel soucis architectural, il y a une ergonomie des villes et villages où les bâtiments très soignés et réalistes de style gothique forment vraiment des ensembles très cohérents avec leurs différents quartiers et places, on y trouve des quartiers riches et pauvres magnifiés par la vie qui en émerge (sans parler des détails des décors et des intérieurs, affiches, mobilier, etc.) ainsi que les bruitages  réalistes fort bien intégrés qui rendent les endroits plus vrais que nature.

Les pleurs des bébés à l’intérieur de maisons, mêlés aux bruits de la foule dans les bouges du quartier du temple et à la voix des mendiants quémandant quelques piécettes sont des instants qui vous interpellent, tellement l’ambiance y est bien rendue. Les milieux ruraux ne sont pas en reste tout comme les intérieurs, les costumes, les armures et les armes. On imagine facilement tout le travail et la recherche qu’il a fallu en amont pour en arriver à ce résultat, car on sent que les créateurs sont des artistes qui se sont documentés sur des sources médiévales pour façonner le monde de The Witcher, ceux qui possèdent le magnifique artbook de la première édition collector le savent, c’en est stupéfiant. I

l n’y a aucune place laissée au hasard, tout a été dessiné dans le moindre détail. A noter aussi une certaine originalité dans la présentation de l’interface. Pour ce qui est des ambiances et de la musique, c’est du très haut niveau, les thèmes collent parfaitement, les musiques sont épiques, teintés de consonances slaves, ce qui renforce l’empreinte si particulière du jeu.

Ce qui peut déplaire…

Puisque l’Enhanced Edition a été réalisée pour remédier à certains soucis, je ne vais pas ici relater les différents points qui ont été retravaillés comme les temps de chargement ou autre. Mais je vais essayer ici de lister les différents éléments qui peuvent ne pas être appréciés dans The Witcher. Tout d’abord, je pense que ce jeu ne s’adresse pas aux joueurs pour qui un RPG ne peut se concevoir qu’avec un  espace complètement ouvert et une création de personnage. 

The Witcher, c’est incarner un personnage de roman : Geralt de Riv, qui évoluera dans des lieux servant de fil conducteur au scénario. Ensuite, ce jeu n’est pas non plus destiné aux personnes pour qui un bon RPG  rime avec grosbillisme : ici pas de centaines d’armes et armures à collectionner, ni de magie plus dévastatrice qu’une explosion nucléaire. L’univers de The Witcher n’est en rien comparable à celui des autres RPG médiéval fantastique sauce Donjons et Dragons, il y a une certaine dose de réalisme dans ce monde comme je l’ai expliqué plus haut.

 The Witcher ne privilégie pas les combats ; bien que ceux-ci soient présents, ils ne constituent pas la plus grande partie du jeu. Le jeu fait la part belle aux dialogues, aux intrigues, à l’ambiance ; c’est une expérience différente de celle généralement proposée dans ce style, beaucoup plus « role-play ». Si j’avais à faire un rapprochement avec un autre RPG, ce serait vers Vampire : Bloodlines que je me tournerais, le monde est complètement différent, mais The Witcher a  beaucoup plus en commun avec ce jeu qu’avec l’ensemble des jeux du genre médiéval-fantastique existant.

Pour conclure, en un seul jeu, CD Projekt Red a réussi à hisser The Witcher au statut de référence du genre, non content de leur premier jet, ils ont remis les couverts, pour enfoncer le clou, améliorant le jeu, proposant deux nouvelles aventures, offrant un maximum de bonus. Aujourd’hui, par leur écoute auprès de la communauté ainsi que par la mise à niveau gratuite des premières versions du jeu, ils avancent.

complètement à contre courant de l’optique marketing de l’ensemble de la profession et je les invite à continuer dans cette voie. Un souffle nouveau est venu de Pologne pour notre plus grand plaisir, la passion les anime et la suite s’annonce sous les meilleurs auspices, malgré des passages difficiles. Le coup de maître de CD Projekt Red a été non seulement de s’imposer dès leur premier jet, en créant un jeu figurant maintenant parmi les grands noms du RPG, mais aussi de faire découvrir tout une littérature aux personnes ayant acheté ces jeux. N’en doutez pas, c’est grâce au succès du jeu qu’aujourd’hui il y a suffisamment de demandes pour éditer en livres la saga du sorceleur, et sortir Geralt hors de Pologne.

Donc si vous voulez poursuivre l’aventure, comptez sur la richesse de ce monde en vous plongeant dans les romans. Et si vous en voulez plus et que le jeu de rôle sur table vous intéresse, allez jeter un œil du côté du blog de Siwukyl.

+ Un scénario hors du commun
+ Un vrai RPG très complet
+ Des musiques somptueuses
+ De beaux graphismes
+ Du contenu supplémentaire gratuit

Note testeur 09 sur 10

– Temps de chargement encore longs
– Action trop confinée

La vision de Killpower :
The Witcher, le jeu plébiscité par les rôlistes pour sa qualité d’écriture, de scénario et son graphisme hors norme. Il était temps que je m’y colle pour voir ce que cela allait donner. Hé bien, je peux le dire, ce jeu n’est pas pour moi. Même s’il propose une immersion des plus complètes, le système de combat qui représente au moins 50% du jeu au moins est à jeter aux oubliettes. Je ne supporte pas ce système qui est totalement ridicule et trop simpliste pour un jeu qui se montre si complet dans les autres domaines (on se croirait dans un jeu de rythme à la Guitar Hero, à appuyer sur le bon bouton au bon moment). Non vraiment, ce système de combat est une horreur. Et c’est vraiment dommage.
06/10

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