Attendu comme l’Oblivion-killer, Two Worlds II débarque enfin dans l’hexagone.  Le premier opus avait laissé un goût amer à de nombreux  joueurs. Gameplay simpliste, bugs à foison, design discutable, Two Worlds premier du nom avait suscité de nombreuses critiques. Les Polonais de Reality Pump ont fait de nombreuses promesses concernant ce nouvel épisode, faisant saliver les joueurs de RPG avides “d’open world” et d’heroic-fantasy, mais ont-elles été tenues ?

Et ta soeur !

Le scénario de ce Two Worlds II prend place quelques années après la fin de l’aventure du premier opus. Vous avez sauvé votre sœur Kyra, dont le corps et l’esprit servent de vecteur de passage vers notre monde pour le Dieu du Feu Aziraal. C’était sans compter sur le sorcier Gandohar. Ce dernier s’empare de Kyra, et vous envoie croupir dans les geôles de sa forteresse. Après quelques mois de captivité, une bande d’Orcs investit la prison et vous libère. Vos anciens ennemis d’hier deviennent alors vos amis d’aujourd’hui.  

Après votre évasion, les Orcs vous conduisent devant leur prophétesse qui a décidé de rallier votre cause. La belle plante, aux formes plantureuses et à la tête cornue, vous révèle que votre destin est de mettre fin aux agissements de Gandohar, autoproclamé empereur depuis votre mise aux fers. Vous partez donc à l’aventure avec la ferme intention de renverser le despote, et de retrouver votre chère Kyra. Votre voyage vous conduira sur les quatre îles qui composent le royaume d’Antaloor, vous y chercherez les origines de Gandohar tel Harry Potter recherchant celles de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.

Ouais, je sais que c’est  “capillo-tracté” comme comparaison, mais on colle aussi à l’actu cinoche sur RPGFrance. Toutefois, certaines quêtes sont des références assumées au cinéma, comme celle rappelant le chemin du pénitent d’Indiana Jones et la dernière croisade. De la même manière, une créature n’aurait pas été reniée par H.R Giger. Hommage ou manque d’inspiration ? Pour ma part je préfère opter pour la première solution.


Pour commencer, il faudra créer votre personnage. En tant que frère de Kyra, et n’étant pas brésilien, vous ne pourrez jouer qu’un homme. Libre à vous de modifier sa ganache à votre volonté. Les choix sont assez nombreux afin de donner vie à votre avatar préféré. Ensuite vous démarrerez dans la prison faisant office de tutorial. D’emblée, deux choses vous frapperont forcément. La première est une localisation catastrophique due à un doublage français fleurant bon l’amateurisme, et le manque profond de talent et d’investissement.

Une honte infâme détruisant d’entrée l’immersion dans l’histoire que nous offre Reality Pump. La deuxième chose est l’animation ridicule des personnages, et quelques problèmes de caméra. Certes, on finit par s’y habituer avec le temps, mais au début ça fait mal. Quelques rares bug de collision sont également présent mais rien de bien méchant. Bref, on va vite passer en VOSTFR, et oublier ces mauvaises impressions pour se recentrer sur l’aventure, car mine de rien, Two Worlds II mérite qu’on s’y intéresse plus en détail.

Welcome to the jungle

Des mini-jeux sont disponibles. Le crochetage est original et demande des reflexes. Et un poker aux dés rappelera des souvenirs à certains. Bon point, le jeu de dés est également disponible dans votre village pour y jouer en multi.

Une fois sorti de la forteresse de Vahkmaar avec vos compagnons à peau verte, vous débarquerez sur l’île d’Alsorna. L’environnement y est chatoyant, avec ses forêts d’épineux, ses falaises, et ses cascades. Techniquement, il faut bien reconnaitre que le titre en jette pas mal, même si on peut toutefois lui reprocher une utilisation abusive du motion blur.  Les textures sont également fines et bien choisies. Rapidement vous vous attaquerez à la deuxième île où l’environnement est totalement différent.

Fini les cadres bucoliques et forestiers, sur l’île d’Erimos c’est la savane qui prévaut. Le choix artistique peut surprendre au début, mais finalement l’ensemble est de bonne facture et les vastes étendues de brousse se parcourent avec plaisir. Les déplacements se font bien souvent à pied, toutefois vous pourrez acquérir un cheval sur Erimos.

Je vous rassure tout de suite, sa maniabilité à évolué dans le bon sens depuis Two Worlds premier du nom. Hélas, on ne peut plus combattre en selle, et il faudra cliquer en rythme afin de gérer le galop du bourrin. Hélas sur les îles suivantes plus de cheval, dommage. Le bestiaire est bien entendu en rapport avec l’environnement et très diversifié. Ainsi vous pourrez croiser des babouins ou des rhinocéros assez peu répandus en général dans les RPG traditionnels.

La faune ne se montrera d’ailleurs pas forcément hostile, le tout sera de ne pas trop s’en approcher, d’autant que vos débuts de héros seront assez difficiles. Point d’auto-leveling, si vous cherchez l’aventure dans une grotte ou des catacombes dès le début vous risquez fort de vous retrouver mis en pièces. Le combat justement se fait en temps réel, et vous avez accès à trois classes de personnages : Guerrier, archer, et magicien.

Chacune de ces classes se divise encore, car chacune d’elle correspond à trois types d’attaques spéciales. Ainsi le guerrier peut se spécialiser dans les attaques à deux armes, épée et bouclier, ou arme à deux mains. Le magicien peut adhérer à quatre écoles de magie : Eau, terre, feu, nécromancie. Enfin l’archer est adepte du combat à distance et de l’attaque furtive. Cette dernière classe est la moins intéressante dans la mesure où de nombreux combats se déroulent dans des lieux exigus, et les ennemis ont tendance à rapidement foncer sur vous. La partie furtive est quelquefois prenante, avancer en silence derrière un ennemi pour lui enfoncer une lame dans le corps est toujours aussi jouissif, dommage que seul les bipèdes puissent en être victimes.

Pour en revenir à la magie, le système DEMON créé par Reality Pump s’avère très subtil pour les Mandrake en herbe. Les sorts se font à partir de cartes que vous pouvez combiner afin de modifier les effets. Avec de la patience et après quelques tâtonnements, vous arriverez à fabriquer des sorts sur-mesure très puissants. Le seul regret étant que les effets visuels associés ne démontent pas forcément la rétine. Niveau jouabilité, Two Worlds II est agréable à prendre en main aussi bien au clavier qu’au pad. Toutefois plusieurs actions étant dévolues à un seul bouton, un petit temps d’adaptation est nécessaire.


Il n’y a pas que les sorts de magie qui peuvent être créés, vous pouvez également faire de l’alchimie et mélanger des plantes et certains éléments récupérés sur vos ennemis afin de fabriquer des potions. Point de recette toute prête ni besoin de fioles vides, ici encore il faut essayer plusieurs combinaisons. Enfin, pour les forgerons, vous pouvez casser vos objets, les éléments récupérés vous permettront d’améliorer armes et armures. Toutes ces actions pourront être réalisées n’importe où, ce qui ne séduira pas forcément les puristes, mais force est de reconnaître que l’ensemble donne une richesse de gameplay bienvenue.

A noter que les fenêtres d’inventaire ou le journal de quêtes ne sont pas des plus pratiques sur PC avec des icônes énormes héritées des versions consoles. Concernant les quêtes, je dirais que le titre souffle un peu le chaud et le froid. La quête principale n’est pas des plus intéressantes, et bien souvent on la sent noyée au milieu des très nombreuses quêtes secondaires. Ces dernières  vont de la simple “va chercher”, à d’autres beaucoup plus intéressantes, vous demandant parfois de prendre position. Certains de vos choix entraînant des conséquences que vous ne découvrirez que plus tard.

Par exemple, si on vous demande de tuer quelqu’un et que vous ne le faite pas, votre prétendue victime pourra aussi vous donner des tâches à accomplir, à vous ensuite d’agir selon votre conscience. Certes on est loin d’un The Witcher, mais le tout semble cohérent et est agréable à l’usage. Les dialogues, quant à eux, sont dans l’ensemble pas mal, bien que le ton employé soit un peu trop contemporain. On ne retrouve pas le phrasé ancien ou médiéval qui nous avait tant séduit dans Dragon Age par exemple.

RPG de l’année ?

Bon je ne vais y aller par quatre chemins. Durant les trente premières heures du titre de Reality Pump, j’étais personnellement prêt à le sacrer RPG de l’année. Certes le scénario n’est pas aussi développé que dans un Fallout New Vegas ou un Flames of Vengeance, mais l’ensemble me semblait plus équilibré, et surtout bien meilleur qu’Arcania. Quêtes sympathiques, monde vivant et beau, environnements sortant de l’ordinaire, gameplay prenant et intéressant, plaisir de jeu indéniable en solo ou en multi, en bref un titre vraiment accrocheur. Hélas sur la durée, l’ensemble finit par s’essouffler. 

Côté exploration tout d’abord. Les trois premières îles nous offrent des environnements variés allant de la savane africaine au Japon médiéval. Hélas, dès que l’on s’éloigne un peu trop des sentiers battus,  on se retrouve dans des décors vides à partir de la troisième île. Aucun ennemi, aucune  quête, rien. Pire, arrivé sur la quatrième île, qui est en plus la plus vaste de la carte, on ne peut en explorer qu’un quart. Dès Eollas, la troisième île, on a accès à un bateau nous permettant de sillonner les mers, mais hélas son utilisation s’avère rébarbative, car souvent sujette à un vent soufflant en sens inverse de la destination voulue. Ce bateau nous permet de s’enfoncer plus avant dans l’inconnu, mais là encore l’exploration se révèle infructueuse, car offrant, encore, des étendues vastes mais vides.

On peut visiter les côtes de la plus grande île, mais il n’y a rien hormis quelques plantes à cueillir pour les potions. Tout cela est d’autant plus frustrant que le titre de Reality Pump est bon voire parfois très bon. On a l’impression que les développeurs ne se sont concentrés que sur la première moitié du jeu. C’est vraiment, mais alors vraiment dommage… Et décevant.


Un mot sur le la partie multijoueur de Two Worlds II. Comme pour la partie solo, vous créez votre avatar, homme ou femme cette fois, et devez choisir immédiatement votre classe. Ensuite vous choisissez votre serveur parmi cent. Plusieurs modes de jeu sont disponibles. Les classiques duels 1 VS 1, “team deathmatch“, ou la course aux cristaux qui n’est qu’un “capture the flag” déguisé, ainsi qu’un mode aventure et village. Le mode aventure vous permet de traverser plusieurs niveaux de jeu jusqu’à huit joueurs en coopération. Le mode le plus original est le mode village.

Ce dernier vous offre la possibilité de créer votre propre village. Vous y installerez, contre espèces sonnantes et trébuchantes, des fermes, des artisans, des corps de gardes. En échange, vous percevrez des impôts et pourrez acquérir certains objets fabriqués par vos villageois. Bien entendu votre village sera visitable par vos amis. La partie multijoueur est une vraie plus value au titre, et on espère que Reality Pump l’étoffera au fur et à mesure, et qu’il sera plus peuplé avec le temps.

Pour conclure, que penser de ce Two Worlds II ? C’est beau, c’est vaste, les quêtes sont prenantes, la durée de vie est conséquente d’autant qu’on peut poursuivre après le générique de fin, et le gameplay est suffisamment intéressant et complet pour qu’on apprécie vraiment le titre. Hélas la deuxième moitié de l’aventure est frustrante. Avec ses  environnements vides ou inaccessibles, on a l’impression de vivre une aventure inachevée ou de passer de l’autre côté d’un décor de cinéma.

Two Worlds 2, le titre de Reality Pump vaut vraiment le coup d’être joué, mais il faut bien être conscient de ses défauts et savoir passer outre. Personnellement, j’y ai pris beaucoup de plaisir, et y retournerai encore afin d’essayer une autre approche dans certaines quêtes, ou changer de classe de personnage. Le studio a fait de gros progrès depuis l’opus précédent, mais encore une fois de nombreuses promesses tombent à plat. A essayer absolument, mais en sachant à quoi s’attendre.

+ Environnements originaux.
+ Scénario agréable.
+ Multijoueur sympa.
+ Gameplay intéressant.
+ Monde vaste…

Note RPG 3 sur 5
Note testeur 07 sur 10

– … Mais souvent vide.
– Doublage horrible !
– Interface à revoir.
– Durée de vie moyenne pour le genre.
– Assez linéaire finalement.

La vision d’Etienne Navarre :
Two Worlds 2, c’est un jeu qui vaut son pesant de pièces d’or en chocolat pour son doublage et sa création de personnage (“Baila, te quiero amor, ton souvenir me poursuit encore”). Si j’ajoute à cela le fait que ce soit très moche d’un point de vue technique et artistique, je me dis que le jeu a déjà un gros potentiel nanar. Bien sûr, c’était sans compter la découverte du gameplay qui a fini de m’achever : bête à jouer, pas innovant pour un sou, pas franchement marrant ni vraiment palpitant dans sa partie scénaristique, Two Worlds 2 est une corvée à jouer. Mais c’est surtout la rigidité générale du héros et du monde dans lequel il gravite qui m’a fait hausser un sourcil étonné. Puis un deuxième quand j’ai constaté l’interface, sans doute la plus laide et la moins ergonomique que je connaisse.
Et là fatalement, j’en viens à me poser une question d’intérêt public : quelle came faut-il bien prendre pour vraiment apprécier cette série Z du RPG ? Alcool ? Herbe ? LSD ? Saucisson à l’ail ?
02/10

La vision de Megamat :
Pour faire court sur l’avis de Two Worlds 2, j’avoue que j’ai eu un peu peur quand j’ai commencé le jeu, avec les dialogues carrément limites. Passé le prologue, c’était déjà beaucoup mieux, mais pas encore cela. Outre cet aspect maladroit de la part de l’éditeur, j’ai pris un énorme plaisir à jouer à Two Worlds 2, me rappelant mes escapades en terres de Cyrodill (Oblivion) et même parfois certains passages dans les villes, me rappelaient certaines villes dans Assassin’s Creed. Il s’agit ici d’un jeu complet avec tous les bons ingrédients nécessaires pour en faire un bon RPG. Par ailleurs, on ne négligera pas le mode multi qui a le mérite d’exister et qui offre un certain nombre de bons points au jeu, l’occasion de s’amuser avec un ou plusieurs amis, bien que pour le moment ce mode soit assez limité.
08/10

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