Après un certain nombre de portages de leurs jeux de plateau, il paraît évident que certains titres mythiques devaient voir leur adaptation sur informatique. D’abord proposé sur iOS, la demande fut si forte que les développeurs le proposent aujourd’hui sur PC en deux versions différentes. Ce Warhammer Quest, j’en possède un exemplaire papier dans les entrailles de mon château et je l’ai mis sous scellé car cet objet, source de convoitise comme bon nombre d’antiques jeux papier de Games Workshop vaut son pesant de cacahuètes sur les sites de ventes aux enchères. Mais là n’est pas la question et on va surtout recentrer notre article non pas sur ma collection de bons RPG -faudra fouiller sauvagement dans toute cette fange-, mais à cette version informatique. Alors, bon ou bon ?

Après un très bon Blood Bowl, un oubliable Chainsaw Warrior, des Space Hulk en veux-tu en voilà, et un Talisman très réussi et très proche du jeu de plateau troisième édition et demi, voici que surgit Warhammer Quest déjà existant sur iOS. Sachez que Warhammer est une licence phare des années 80 de Games Workshop, concurrente directe de Dungeons & Dragons et qui en est à sa quatrième édition. L’univers héroique-fantastique de Warhammer JDR est très riche et s’est vu compléter par moult extensions papier et vous dire qu’il existe une énorme communauté est peu dire. La licence s’est donc vu déclinée en jeu de figurines, jeu de plateau, et jeu vidéo. Et aujourd’hui, on s’intéresse à Warhammer Quest. 

Le mythe est là

Disons-le directement, ce jeu est une fidèle adaptation du jeu de plateau et de ses extensions plutôt qu’un vrai jeu de stratégie PC avec éléments de RPG proposant du renouveau. Et puis, il faut savoir que deux versions existent dont une version light à 15€ tout de même, ne comprenant que quatre héros qui ne suffiront pas à vous satisfaire, je peux vous l’assurer, mais j’y reviendrai en fin d’article. Je ne traiterai que la version Deluxe qui coûte quand même la bagatelle de 25€ et qui comprend 11 héros et moult ennemis et objets magiques en plus. Ensuite nous avons ici affaire à un jeu uniquement solo, même s’il est dans un français plutôt bon, sauf les fautes grossières des quêtes textuelles aléatoires. 

On commence par choisir son niveau de difficulté avec la possibilité de jouer en mode Hardcore et de perdre définitivement un héros dans la partie. Puis on passe par un tutoriel présentant les mécanismes du jeu avec quatre héros imposés. Vous pourrez en changer ensuite, mais jamais vous n’aurez deux fois le même héros.

Warhammer Quest est un dungeon crawler au tour par tour en vue de dessus. Le joueur déplace d’abord ses personnages avant qu’ils puissent agir grâce à des actions au corps à corps et à distance qui seront définies par la classe de chaque héros et par son niveau, car vous allez pouvoir les faire évoluer. Ensuite vient le tour des ennemis qui se déplacent et agissent. Chaque classe a des compétences personnelles qui se débloquent au fur et à mesure de l’augmentation de niveau, et il vous faudra lire les différentes aides à l’écran pour bien comprendre leurs caractéristiques. 

Les sorciers, quant à eux, gagnent des points de pouvoir à chaque tour leur permettant de lancer des sorts. Les donjons ne sont pas de tout repos, et traîner la patte peut rapidement devenir critique, car les rencontres aléatoires peuvent rapidement vous submerger, apparaissant au contact. En effet, à chaque tour, l’ordinateur tire un jet de rencontre, et peuvent apparaître des troupes ennemis autour de vous sous forme d’embuscade. Il en est de même lorsque vous entrez dans un nouveau tronçon de la map, ceux-ci apparaissent au fur et à mesure de votre avancée tout comme les ennemis qui peuvent s’y trouver. Et tant que vous n’avez pas terminé une vague d’ennemis, vous ne pouvez pas découvrir d’autres parties du donjon qui se montre un fin de compte trop linéaire avec un embranchement deci-delà et trop court. 

Comme je l’ai précisé, le jeu propose une adaptation du jeu de plateau qui date de plus de 30 ans. Autant vous dire que s’il y  a quelques mises à jour (inventaire par exemple), la mécanique est usagée et depuis, bien d’autres jeux ont proposé bien mieux (je pense à Descent, mais il y a en a plein d’autres). Du coup, c’est pauvre et cela va se ressentir durant l’évolution de votre groupe avec une stratégie qui ne varie que très peu au fil de l’aventure. Pas d’interaction avec l’environnement pour en tirer profit durant les combats, pas de gestion des obstacles entre vous et votre assaillant à distance, pas de pénalité tactique. C’est simple, cela va au but direct, mais cela manque de complexité si on le compare avec un X-COM. ​On comprend que le dinosaure mythique peut faire la gueule, même par rapport à un Space Hulk qui va demander de bien gérer le placement. Ici, les ennemis pouvant apparaître n’importe où, on espérera surtout que les dés soient avec nous. 

Warhammer Quest Deluxe Edition
Vos 11 héros possibles et leur progression “compétences” jusqu’au niveau 8.

Mythe qui s’écorne

Chaque donjon aléatoire, précédé par une quête textuelle excuse à son exploration,  pourra vous prendre quelques minutes alors que d’autres plusieurs dizaines. Dès la mort du dernier monstre d’une vague qui rapporte de l’or, un loot vous est proposé. Parfois, un événement textuel apparaît et vous indique un bonus ou un malus selon votre choix de réponse, mais pas grand chose d’exaltant. En fin de donjon, vous tomberez contre un pseudo-boss ou boss et sa team (de gobelins parfois. Tueurs de gobelins = hérétique !!). Vous aurez ensuite droit à un bilan de votre quête avec les points d’expérience pour chaque héros qui aura tué des créatures. Il n’y aura pas d’évolution pour les pleutres. De plus, la mort de toute votre équipe vous renvoie à la map générale si vous jouez en mode normal, ou vous demandera de repartir de zéro avec ce héros décédé. 

Ce qui est bien avec Warhammer Quest, c’est qu’après le donjon vidangé vous vous retrouvez sur une carte de l’empire – les amateurs de Warhammer JDR vont apprécier la chose – avec des villes qui vont se débloquer au fur et à mesure et une vidéo très simple et assez pénible à chaque village dans lequel on rentre. Là, vous pourrez acheter, vendre et surtout découvrir la suite de l’histoire en voyageant avec 31 quêtes principales dans trois régions qui demandent un certain niveau et des quêtes aléatoires. Des événements aléatoires pourront intervenir durant vos trajets, et causer malus ou bonus à votre troupe, et tout cela de manière textuelle. Un semblant de vie dans un jeu qui se veut avant tout une série de petits donjons avec combats. 

Vous pourrez aussi vendre et acheter des équipements pour votre chère équipe. Chaque personnage a cinq emplacements normaux, cinq magiques et cinq rares qui permettent d’avoir une arme, des bijoux, une armure et un casque, voire un bouclier qu’il faudra looter ou acheter et aussi des consommables. A noter que l’équipement porté est visible sur votre personnage.

L’évolution automatique de vos héros passe par les terrains d’entraînement des villes à condition d’avoir assez de points d’expérience et d’or. De plus, dans les villes, on peut passer par les temples aussi et reverser un don pour obtenir pour une durée limitée – souvent le prochain donjon – un bonus à un personnage. 

La campagne et les quêtes FedEx – permettant de récupérer un objet le plus souvent – vous tiendront une bonne vingtaine d’heures, voire beaucoup plus, car la rejouabilité est présente grâce à un changement de votre quatuor et des quêtes textuelles qui peuvent changer selon vos réponses. Je vous conseille même pour plus de challenge de ne partir qu’à deux héros dans un donjon pour ressentir le stress, surtout en mode hardcore. De plus, les donjons étant aléatoires, même si stratégiquement cela reste léger, on sera forcément dépaysé et on pestera contre ce hasard. La mort et donc l’échec d’un donjon vous obligera à recommencer la quête, car il y a une sauvegarde automatique. 

Un coup à plat ? 

Niveau maniement, c’est très simple : tout à la souris. Le bouton gauche tenu permet de déplacer la caméra sur le donjon, qui est représenté en vue de haut, le bouton droite tenu vous permet de faire tourner la caméra et la molette vous permettra de zoomer ou dézoomer pour avoir une vision plus globale de l’environnement. 

Ensuite les clics gauche ou droit permettent de sélectionner votre personnage et de le déplacer selon sa valeur en mouvement. De plus, des icônes en bas de l’écran permettent d’utiliser les compétences du héros ou ses objets. Si on tient le bouton de la souris appuyé sur une chose, un menu apparaît pour l’expliquer. Très facile d’utilisation, il serait fantastique s’il y avait des touches de raccourcis pour se rendre à l’inventaire ou à la fiche de personnage. Mais que nenni, tout à la souris. Graphiquement, si le jeu propose de monter dans les hautes résolutions, il ne faut pas oublier son origine iOS et si l’antialising est bien visible sur l’ogre en zoomant au max, les textures en bitmap sont franchement dégueulasses et seuls les personnages sont en vraie 3D avec des animations pas franchement réussies ; les squelettes en déplacement moonwalk vous feront sûrement rire.

On reprochera donc ces salles et couloirs qui auraient pu être magnifiques si on n’avait pas oublié la 3D, mais qui sont vulgairement des scans des plaques que l’on trouvait dans le jeu papier. On a ainsi des détails d’objets pixellisés sur les maps comme des tonneaux, des bibliothèques de livres ou des râteliers d’armes et tout cela en aplat. Quant aux stèles, tombes ou autres obstacles sur lesquels vos héros ne pourront pas passer, ils sont eux aussi imprimés sur la texture et leur emplacement vous est interdit tout simplement. C’est franchement moche et le manque d’interactivité avec les couloirs et les salles amènent un appauvrissement de la jouabilité qui se résume alors à de la baston tous les cinq mètres. Ce portage basique de la version iOS, réclamé par les joueurs PC, ne fait pas honneur à nos machines donc et aurait mérité un peu plus de soin, surtout au prix proposé.  

De même on dirait que la 3D n’est pas gérée et que la stratégie est extrêmement limitée, là où la version informatique aurait pu rafraîchir des règles papier poussiéreuses de plus de 30 ans d’âge. En effet, on ne gère pas la hauteur et les tirs à distance ne sont pas gênés par vos propres personnages en plein milieu. En fin de compte, on se rend compte que l’objectif des développeurs était avant tout de proposer une version très proche du jeu de plateau, et contrairement au Blood Bowl deCyanide qui a franchi un cap vers le jeu vidéo, Warhammer Quest se joue comme on y jouerait seul sur plateau à l’instar d’un Talisman

On appréciera tout de même les menus soignés, les vidéos de présentation de quelques secondes des villes même si elles sont vite redondantes. Quant à la musique classique, elle est dans l’air du temps, mais trop peu de pistes pour vraiment s’y attacher. Pas de voix lors des textes, juste des bruitages assez sommaires lors des combats. 

Version light ou version deluxe ? 

La version de base à 15€ qui n’inclut que quatre héros est un jeu bridé qui propose d’acheter le moindre complément au prix fort (2,69€ le nouveau héros ! ou moins de 1€ l’affaire magique…) on a vraiment l’impression que l’on se fout du client. Du coup, optez pour la version Deluxe qui, pour plus de 27€ tout de même, propose un jeu complet avec sept héros de plus, cinq armes rares, des tronçons et des ennemis en plus. Cela fait cher pour le contenu sachant qu’en plus les développeurs ont le toupet de proposer d’acheter avec de l’argent réel de fausses pièces d’or pour vous sentir à l’aise chez les commerçants et dans le temple. Une option en standby actuellement mais une honte quand même ! 

Ce procédé qui me fait rager peut se comprendre par le coût élevé des royalties que réclame Games Workshop pour utiliser la moindre de ses licences. A partir de ce constat, les développeurs ont intérêt d’avoir les reins solides, ou à booster le prix du produit au risque de se faire haïr par son public. Malheureusement, il faut parfois se faire détester pour sortir un produit de cet éditeur. D’ailleurs laBibliothèque Interdite en a subi les conséquences avec la 3ème édition de Talisman version papier et y a laissé la vie et Edge a repris les rênes avec une édition 3.5. A méditer. 

Warhammer Quest est un jeu de papier reconnu par ses adeptes, et son arrivée provenant de l’iOS aurait mérité autre chose qu’une simple adaptation pour le PC. Du coup, si le portage est minimaliste et reste un jeu de plateau proche de ses origines, on regrettera aussi qu’il ne soit que solo, que la traduction contienne encore des fautes et qu’il faille payer le prix fort pour avoir un jeu entier. Fuyez la version light et dites-vous bien que d’autres jeux de stratégie au tour par tour, comme Blackguards ou Xcom, font bien mieux et sont bien plus complets. On pourra tout de même jouer de bonnes heures dans l’ancien Empire, mais cela manquera de renouvellement à la longue. 
Par contre, pour les fans de la première heure qui veulent retrouver l’univers de Warhammer et le jeu de plateau mythique, vous ne serez pas déçu, même si le tout a pris la poussière. En tout cas, sur iOS, j’imagine que ce jeu a nettement plus sa place, car ne souffrant pas de la concurrence de blockbusters. Quant aux indécis, attendez les soldes pour y goûter, mais surtout à la version Deluxe. 

+ Warhammer Quest sur PC !
+ En français
+ Rejouabilité
+ Bonne durée de vie

Note RPG 2 sur 5
Note testeur 05 sur 10

– Portage honteux et le prix qui va avec
– Erreurs de traduction
– Stratégie simpliste et mécanique vieillissante
– L’aléatoire des rencontres qui risque de vous énerver
– Version light à oublier

S’abonner
Notifier de
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments