Il est 2h40 du matin. L’insomnie due à une journée bien trop stressante me joue des tours et fait que je me retrouve seul, à la lueur d’une lampe d’appoint, dans un silence propice à une session de Winter Voices. Quel meilleur moment pour me plonger corps et âme dans cette production française de Beyond The Pillars, un ovni dans le monde du jeu de rôle, par sa forme et par son fond. Cette nuit, Winter Voices : Avalanche est à moi.

Introspection

Imaginez un monde occidental dans lequel le christianisme ne s’est jamais développé, dans lequel la religion est devenue une simple tradition. Un monde ou la survie est le seul réel objectif. Ce monde, cet empire, se nomme la Principauté des Trois Rivières. Un monde nordique, perdu dans un hiver presque éternel. Et moi dans tout ça ? Je suis une femme, de 24 ans, à la recherche de moi-même, de réponses dont je ne connais pas tout à fait les questions. Une introspection sous forme ludique, une remise en question sous forme de jeu vidéo.

Un jeu, une histoire

Comme vous pouvez le sentir dans le début de ce test, Winter Voices est différent. C’est un jeu mature, profond, qui demande une approche adulte et une implication importante pour être apprécié à sa juste valeur.

Le scénario de Winter Voices vous plonge dans un monde sombre, qui reflète l’état d’esprit de son héroïne. La jeune femme devra apprendre à gérer ses différentes émotions qui la pousseront à fuir son village natal suite à la mort de son père. A la recherche de ses réponses, la jeune héroïne devra braver le climat rude de sa contrée, mais aussi ses propres démons intérieurs.

La narration est au coeur du jeu. D’une qualité qui n’a rien à envier aux mastodontes du genre, elle vous plonge dans cet univers dès les premières minutes. On se laisse enivrer par la noirceur du conteur et par la cohérence et la qualité des textes.

Psychologie ludique

Winter Voices : Avalanche est un jeu en 2D isométrique “à l’ancienne”. Développé en Flash, il reprend le principe du gameplay des premiers Fallout. On se déplace librement en temps réel dans les villages pour l’exploration et les discussions, mais le jeu passe en mode tour par tour, par case, lors des combats.

Ces combats justement sont l’un des points les plus intéressants. Par leur forme d’abord, puisque le but n’est pas de combattre à proprement parler, mais de survivre en fuyant. De ce fait, les aptitudes (“talents”), que l’on peut récupérer peu à peu en gagnant des niveaux, ont cette particularité de n’être en quelque sorte que des sorts défensifs. Les combats sont aussi intéressants par leur fond. En effet, les ennemis que la jeune femme trouvera sur son chemin ne sont autres que les démons qui sont en elle. La colère, le chagrin, les mauvais souvenirs, représentés sous la forme d’ombres.

Le plus étonnant, c’est que la victoire n’est pas une obligation. Étant donné que vous vous battez contre vous-même, vous ne pouvez jamais vraiment mourir. Simplement, l’état mental de l’héroïne en sera affecté. Elle pourra surmonter ses propres peurs, tout comme elle pourra sombrer dans la folie.

+13 en humour, -18 en perspicacité

Qui dit jeu de rôle dit personnage évolutif, caractéristiques, classes, expériences. Ces éléments se retrouvent dans Winter Voices, la création du personnage est cela dit très limitée. Le sexe et l’âge de l’héroïne sont imposés. Vous jouerez quoi qu’il arrive une jeune femme de 24 ans. Esthétiquement, vous n’aurez le choix qu’entre quelques portraits, quelques coupes de cheveux et des couleurs de vêtements.

Les classes, quant à elles, sont au nombre de trois. Vous pourrez choisir entre la tisseuse, la chasseuse ou une Volga, sorte de prêtresse. Le choix de la classe permet de prédisposer les points de compétences dans les différentes caractéristiques. Ces caractéristiques sont l’un des points les plus originaux du jeu. Ici, pas de Force, pas de Constitution, pas de Mana. Les points que vous allouerez définiront les traits de caractères de l’héroïne. Intuition, Humour, Perspicacité, Mémoire. Votre héroïne à un sens de l’humour très développé ? L’aventure en sera plus drôle et plus facile puisqu’elle sera en meilleure posture pour affrontez ses peurs. Elle a une excellente mémoire ? Le jeu sera plus dur puisque plus de souvenirs seront présents.

Évidemment, les traits de caractères définiront aussi quels choix de réponses vous aurez lors d’une discussion. Un haut score de charisme augmentera positivement le niveau social que vous aurez avec les NPCs, un haut score d’humour proposera des réponses plus drôles permettant de décanter une situation difficile.

Le jeu parfait ?

Malheureusement non. Winter Voices : Avalanche n’est pas exempt de défaut. Le plus marquant étant la qualité des animations des personnages. Le choix de la technologie Flash n’y est pas forcement étranger. On notera aussi quelques bugs lors du tutoriel qui devraient rapidement être corrigés. Autre point rageant, la limite de résolution qui se trouve être dans les alentours de 1280 et des brouettes.

Graphiquement, je mettrais le point aussi sur la taille des textes qui n’est pas réglable et se trouve être trop petite sur un écran ayant une résolution élevée.

En terme de gameplay, l’originalité des combats est un peu entachée par un poil de lassitude. Certains demandent de rester en vie 15 tours. Mais le jeu est trop simple (du moins avec le personne que j’ai créée) et 15 tours sans challenge, c’est long et on finit par être dans le même état que l’héroïne lorsqu’apparaît l’objectif.

Originalité jusqu’au bout

Le jeu propose une sortie peu commune. La saga Winter Voices se présente sous la même forme qu’une série télévisée, avec six épisodes qui seront distribués à la cadence d’un par semaine. Chacun ayant une durée de 4 à 5 heures. Ces six épisodes seront précédés par cet opus testé ici : Avalanche qui devrait vous tenir entre 8 et 10 heures. Avalanche sera disponible sur Steam, et est déjà disponible sur le site officiel.

 

Winter Voices : Avalanche est très différent et ne plaira pas à tout le monde. Son approche adulte des problèmes psychologiques et sentimentaux d’une vie sous la forme d’un JDR old school en font un ovni très agréable et dépaysant. Un vent d’air frais dans un monde de haches et de têtes de gobelins qui volent, voilà comment je vois cette production française. Les qualités indéniables de la narration et l’originalité globale du titre rattrapent facilement les quelques défauts du jeu et, pour RPG France, il s’agit d’une expérience vidéoludique très intéressante, voire indispensable.

+ La narration
+ Le scénario, le background général
+ Les musiques
+ Les décors
+ L’originalité qui se dégage du titre

Note RPG 2 sur 5
Note testeur 08 sur 10

– Les animations
– Une résolution très limitée

La vision de Megamat :
Winter Voices est à prendre comme un livre interactif, un roman très bien ficelé que vous pouvez gérer comme vous le sentez. Il est vrai que ce n’est pas un RPG comme on a l’habitude d’en voir, qu’il soit Action, Stratégique, au tour par tour, à l’ancienne etc… Il s’agit plus ici d’un Psy / RPG. Annoncé comme un jeu adulte, je dirais plus : qu’il faut être mature pour pouvoir rentrer dedans et en comprendre le principe. Bref, un renouveau qui fait un bien fou et qui nous apporte une nouvelle impulsion : la gestion de notre être intérieur, et ce n’est pas rien !
08/10

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