Ils sont là ! Ils sont parmi nous ! Ce n’est pas un canular ! Roswell, Majestic 12, la zone 69, ce n’étaient pas des craques ! Les OVNI nous ont longtemps épiés au loin alors que tout le monde avait le dos tourné. Les gouvernements se sont secrètement coalisés pour dissimuler leur existence afin de préserver l’ordre publique et se préparer du mieux qu’ils le peuvent. Les ufologues dont je fais partie les ont attentivement guettés ces dernières années et maintenant ils débarquent enfin en ce 16 juin 2014. Ils croyaient passer sous les radars de RPGFrance grâce à leur nature de OVNR (Objet Vidéoludique Non-RPG) mais, haha, on est plein de surprises nous. On a intercepté Xenonauts ! 

Tout a commencé en 2009, quand 2K Marin s’est aliéné (héhé) de nombreux fans de XCOM en dévoilant un FPS pop corn, qui deviendra plus tard The Bureau : XCOM Declassified. Frustrés de voir leur licence stratégique chérie s’hybrider en shooter grand public, Chris England et une petite dizaine de londoniens vont alors faire un pari fou : tiens, et si on développait notre propre remake de XCOM ?

Quelques mois plus tard, le projet Xenonauts fait son apparition sur Kickstarter et le succès est immédiat, rassemblant plus de trois fois la somme demandée. Le moins que l’on puisse dire c’est que le bébé de Goldhawk Interactive a bien traîné parce qu’entre-temps, Sid Meier’s Firaxis avait développé et sorti un remake plus respectueux de XCOM. Pourtant, Julian Gollop, papi XCOM en personne, quand questionné sur le le jeu de Firaxis a dit : “Aussi, il y a un remake prometteur et plus fidèle sur le point d’être achevé appelé Xenonauts“…


Le principe reste pratiquement inchangé : une organisation paramilitaire clandestine livre une guerre technologique et doit chaque mois rendre des comptes à un consortium de nations sous peine de perdre leur appui financier. Ah et, bien sur, de l’envahisseur alien par paquets de douze, des petits-gris, des reptiliens, des cyborgs, des cyber-disques, des xénomorphes, des psioniques, la totale quoi. La petite nouveauté c’est que Xenonauts a opté pour l’histoire alternative de la guerre froide de fin des 70’s. Un contexte qui sied naturellement bien à l’aspect “course à l’armement” qui est au coeur du jeu…

Les choses sérieuses commencent avec le fameux Geoscope, l’espèce de Google Earth en temps réel (qu’il est tout de même possible d’accélérer), via lequel on pourra appréhender les divers événements liés aux OVNI. Mais pour ce faire, il faut avant tout établir une base d’opérations dans une zone donnée et tirer parti de la couverture réseau de ses radars. Eh ouais. Qu’est ce qui est pire qu’un monde en proie à des aliens ? Un monde sans 3G…


Xenonauts respecte scrupuleusement le cahier des charges stratégique de XCOM et on aura dès lors à cajoler la base : construire des bâtiments (laboratoires, hangars, dépôts…) pour étendre son infrastructure et augmenter ses différentes capacités. Répartir l’effectif des recherches scientifiques entre plusieurs projets en vue d’optimiser leur développement et ainsi découvrir de nouvelles technologies.

Gérer le département de la production logistique pour donner vie aux prouesses technologiques. Sans oublier le côté militaire, entre le recrutement des fantassins selon leurs caractéristiques (réflexes, précision, bravoure…), la distribution de rôle (sniper, assaut, infanterie lourde…) et la gestion de leur équipement (le duo pistolet laser/bouclier, miam !). Ceci dit, le plus primordial reste l’aviation, puisque l’interception des OVNI constitue la clé de voûte.

Ça, Xenonauts l’a bien compris et il l’appuie par une mécanique distincte : une sorte de mini-jeu où on gère les affrontements aériens en temps réel avec pause active. Bon, l’interactivité y est limitée (on contrôle pas directement les chasseurs mais il est possible de modifier leur vitesse ou encore leur faire faire des pirouettes évasives) et on peut passer outre à coups de “autro-resolve” mais jouer le gars de la tour de contrôle c’est chouette. ‘fin, en vrai ça doit être d’un barbant, là c’est chouette.


Vu comme ça, on se dit que c’est de la stratégie pépère à la Civilization à faire les yeux entrouverts, mais que nenni ! Le côté stratégique de Xenonauts est aussi stressant qu’exigeant, de part les contraintes budgétaires et la pression de temps imposées par une guerre technologique asymétrique. Cet aspect intransigeant transparaît davantage dans la partie “sur terrain”, la moelle du jeu, où votre équipe d’intervention aura à se confronter directement avec les troupes extraterrestres.

La 2D isométrique qui représente cette partie du jeu n’est pas artistiquement marquée mais elle reste néanmoins sobre et tout à fait fonctionnelle. Bien qu’elles soient moyennement grandes, les cartes sont détaillées (civils, éléments de décors servant de couverture…) mais surtout totalement destructibles.

Chose qui leur confère une dimension aussi stratégique que jouissive. Il en va de même pour les combats en tour par tour qui sont bien comme le veut la tradition avec points d’action et tout le toutim. A ce niveau, le jeu propose quelques petites originalités comme le système de visée moyennant des points d’action, hérité de Jagged Alliance 2, ou encore le système de réserve de ces derniers histoire de ne pas dépasser certains seuils ou de les laisser en cadeau aux E.T. sous forme d’attaques d’opportunité.


L’amateur du XCOM de Firaxis doit certainement se dire qu’à part deux ou trois petits trucs, il n’y a rien de nouveau sous le soleil de Xenonauts par rapport à ce qu’il y a chez lui. Sauf que, mine de rien, Xenonauts regorge des subtilités qui ont fait la richesse du jeu original et qui manquent cruellement dans XCOM Enemy Unknown. Des subtilités qui font finalement une grande différence : la possibilité de créer plusieurs bases, la possibilité de construire plusieurs Skyrangers, le nombre nettement plus important de soldats qu’il est possible de déployer sur le terrain…

Les missions de défense de base sont cette fois de la partie et donc le fait de protéger ses installations entre à nouveau en ligne de compte. Les tanks font aussi leur retour bienvenu et offrent un vraie valeur ajoutée sur le champ de bataille. Les munitions ne sont pas illimitées et l’inventaire à cases est dicté par la surcharge, ce qui implique une certaine gestion des ressources. Mais ce que Xenonauts a de plus savoureux, c’est sans doute son aspect nettement plus vicieux et percutant : ici les aliens ne se présentent pas à vous avec des cinématiques scriptées. Ils se présentent à coups de tirs de plasma sortis du fin fond de nulle part qui viennent exploser les têtes abasourdies de vos troufions !


Pour autant, s’il y a un aspect dans lequel Xenonauts s’est fait devancer, c’est sans doute tout ce qui touche à la customisation des personnages. A part le fait de pouvoir changer leurs noms, vos troupes n’acceptent aucune modification visuelle. Côté customisation RPGesque, ce n’est pas mieux : l’évolution des personnages se fait automatiquement et le système de compétences qu’on a pu voir dans XCOM Enemy Unknown est aux abonnés absents ici.

Aussi, le jeu n’est pas dénué de quelques approximations au niveau de certains éléments de gameplay comme le champ de vision et au niveau de l’équilibrage dans la carte stratégique. Heureusement, les développeurs sont relativement actifs et la communauté de moddeurs qui gravite autour du jeu est grandissante. Espérons aussi que les mods octroient plus de caractère au jeu, parce que si j’ai établi ma base en U.R.S.S. c’est pour avoir des Spetsnaz armées de Kalachnikov, pas les mêmes agents d’entretien avec des M16 !     

Finalement, le débat XCOM Enemy Unknown Vs Xenonauts, c’est un peu le débat Emmerich ​(Independance Day) Vs Carpenter (The Thing). Ils nous parlent tous d’invasion alien mais chacun à sa façon : le spectaculaire mais simplifié contre le viscéral mais intimiste. Il faut dire qu’il s’agit là un débat sans fin. Mais est-ce qu’on est obligé de choisir un camp et de fusiller le camp adverse ?
Que l’on soit un fanatique invétéré du XCOM originel qui a snobé le remake de Firaxis à cause de ses raccourcis, ou bien un amateur de XCOM Enemy Unknown qui a envie de se rapprocher de l’expérience de XCOM sans se coltiner son enrobage périmé, Xenonauts est un must !
Les remakes de XCOM, qui ne sont pas des shooters et qui sont en plus réussis, c’est une denrée trop précieuse pour la gaspiller dans des théories de complot dignes d’un Giorgio Tsoukalos.

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