Que ce soit en jeu de rôle sur table ou en adaptation vidéo-ludique, Realms of Arkania, l’Oeil Noir avait disparu depuis fort longtemps de France et c’est avec joie pour certains et curiosité pour d’autres que sa nouvelle adaptation Drakensang, arrive sur nos PC et nous invite au voyage en Aventurie. Une certaine attente autour de ce jeu était perceptible après son succès en Allemagne, le temps est venu pour nous de tester la version française…

Naissance d’un héros

L’Aventurie est le continent central d’un monde d’essence médiéval fantastique, avec des races classiques composées d’humains, d’elfes, de nains, d’orcs, de gobelins, d’ogres, et de cultures différentes propres à chaque race. Les archétypes de personnages dans la feuille de création de personnage sont définis par une ethnie, une culture et un métier.
Dans Drakensang on joue trois races : humaine, elfique et naine, fonctionnant sans alignement dans un groupe qui pourra compter jusqu’à 4 personnages entièrement contrôlables. Nous choisissons notre personnage principal, le reste de l’équipe se formera au gré des rencontres lors du jeu.


Comment évoquer Drakensang sans parler de sa mécanique de jeu. Etant habitués dans le RPG aux règles issues de la licence Dungeons & Dragons (puisqu’une majeure partie des jeux vidéo d’adaptation papier en médiéval fantastique sont dérivés de cette licence), nous en avions presque oublié que d’autres règles et d’autres mondes existaient.

Selon ces règles, les personnages disposent de huit qualités (courage, intelligence, intuition, charisme, dextérité, agilité, constitution et force), quatre valeurs de base (vitalité, énergie astrale, endurance et résistance à la magie), et des bonus/malus. Les valeurs d’esquive, d’attaque, de parade, de combat à distance résultent des qualités et des talents ; les points d’impact sont issus des dommages d’arme et de bonus de force. Vingt archétypes de personnage nous sont donnés dans le jeu avec la possibilité de les modifier via le mode expert en réduisant certaines capacités pour en augmenter d’autres. Parmi les métiers proposés, certains sont assez originaux, on pourra ainsi jouer un pirate, une amazone, un charlatan ou un prospecteur. Les points d’aventure, quant à eux, s’acquièrent au combat, en résolvant les quêtes et lors de certaines avancées dans le jeu. Leur somme fait évoluer le niveau du personnage et des points d’augmentation peuvent être à tout moment attribués dans les qualités, les valeurs de base, les talents (Physique, Nature, Connaissance, Société, Artisanat), la pratique des armes, les capacités en combat de mêlée ou à distance, la défense, et dans les différents types de sorts des classes de magie.

Je vais vous faire grâce du détail des différentes sous classes de talents possibles. Bref, vous l’avez compris, bien peu de feuille de personnage n’avaient atteint une telle richesse. De plus celle-ci est très abordable pour les novices car pour toutes les caractéristiques que l’on souhaite améliorer, les qualités s’y rapportant sont surlignées et tous les éléments de la feuille sont expliqués en détail par un simple clic droit.

Partir à l’Aventurie

Le monde de Drakensang se découpe en une dizaine de cartes avec leur lot de passages souterrains et donjons, dans des décors très vivants. On peut saluer le travail remarquable des graphistes et des animateurs qui ont su rendre avec un grand soin la beauté de ce monde. Les jeux de lumière donnent une atmosphère particulière et différente, suivant les lieux visités. Le résultat est une grande réussite que ce soit en pleine nature ou dans les architectures urbaines. Les rendus des visages sont fins, les expressions et les animations des personnages sont variées, seul la démarche des personnages humains masculins semble un peu rigide en course et en marche. Par contre les voir se déplacer en mode furtif est un régal. Les personnages féminins bougent avec grâce et les nains font deux fois plus d’effort pour parcourir la même distance.

Les intérieurs explorables dans le jeu sont bien modélisés et fourmillent de détails. Afin qu’il n’y ait pas de méprise, le jeu n’utilise pas un monde ouvert où tous les espaces intérieurs seraient accessibles, il n’y a ici aucun intérêt à cela puisque vous trouverez peu de choses intéressantes dans les coffres et tonneaux, alors dans le vaisselier d’une maison encore moins…Par contre recueillir des ingrédients et récupérer des substances sur les animaux ou ennemis morts pour les utiliser dans les trois types d’artisanats (forge, archerie et alchimie) aura ici un réel intérêt.

La qualité sonore du jeu ajoute aussi grandement à l’immersion, que ce soient les bruitages ou la musique qui colle bien à l’époque et aux environnements. Les voix françaises sont convaincantes, bien qu’il soit dommage que toutes les phrases n’aient pas été doublées dans la langue de Molière, il en avait été de même pour la version originale allemande.


Maintenant qu’en est-il de l’utilisation de toutes les capacités dans le jeu ? Lors des phases de dialogue, les facultés des personnages n’interviennent pas dans tous les cas de figure, des phrases supplémentaires apparaissent dans certains dialogues suivant les attributs sociaux de votre groupe et se clôturent par un échec ou une réussite suivant votre niveau de compétence dans le domaine. Vos compagnons lâcheront de temps à autre des phrases d’avertissement ou des indications utiles. Dans la détection des éléments de terrain, certaines parties ou éléments de la carte ne seront visibles que si vous avez le bon personnage possédant la bonne capacité. Par exemple pour détecter des zones secrètes vous devez avoir dans votre groupe un nain ayant des points dans le talent physique  “Nez de Nain”. Autres exemples, le talent “Nature et botanique” affichera les plantes sur la carte, ou encore, le talent “Connaissance des rues” donnera sur la carte tous les repères pour se diriger en ville.

Magie et technologie

Lors des phases de combats où les ennemis arrivent en nombre, il faut être actif. Il est nécessaire d’user de tactique car en plusieurs endroits la situation peut devenir franchement critique. Si comme moi vous avez opté pour une troupe de deux charlatans spécialisés dans la magie, le vol à la tire, le crochetage, la séduction, la négociation et le baratin avec, une elfe pour soigner tout ce beau monde, cueillir les champignons et fouiller les entrailles des bêtes et, comme seul guerrier, un nain dont le principal attribut est son nez, les combats peuvent se révéler tendus. Les attaques contre votre groupe peuvent être de divers types. Une douzaine d’états négatifs en résulte, il vous faudra alors les guérir par différents procédés.

Le système de magie est aussi assez original puisque les sorts appris ont des niveaux d’améliorations actionnables depuis la barre de raccourci au bas de l’écran. Ainsi, par exemple, le sort “Une Patte Utile” vous permet d’invoquer l’animal de votre choix en augmentant ou en réduisant la valeur du sort. Les effets de lumière de la plupart des sorts sont très jolis et ils ont un très bon rendu.

Comme dit plus haut, mention spéciale pour l’artisanat qui pour une fois est réellement utile (l’argent étant dur à amasser en Aventurie) : mon nain me fabrique mes crochets de voleur, mon elfe se fabrique ses flèches et ses arcs, ce qui permet aussi d’en revendre pour se faire un peu plus d’argent. Mon charlatan élabore quantités de potions bien utiles lorsqu’on n’a pas de gros bras dans l’équipe.

Côté maniabilité, la touche contrôle permet à nos personnages d’enchaîner plusieurs actions à la suite en les activant depuis la barre de raccourcis au bas de l’écran. La pause paramétrable, actionnable à tout moment, permet en combat, d’étudier tous les angles de vue et les positions à tenir pour mieux être protégé. Les personnages ont parfois tendance à bouger par eux même, mais dans l’ensemble cela reste accessible et agréable.

Le repos du guerrier …

Cela m’amène directement à la caméra tant décriée dans les tests allemands de l’époque, elle reste, pour moi, facile et fluide, à partir du moment où on avance avec la touche Z du clavier en se servant du clic droit de la souris pour se diriger dans les lieux étriqués. Il est parfois nécessaire d’utiliser le zoom pour placer la caméra au plus près du personnage. Ceci évitera quelques légers soucis de pathfinding des membres du groupe, et permettra d’esquiver plus facilement des éléments du décor pouvant gêner dans les parties les plus étroites.

Le scénario, quant à lui, est bien écrit mais il ne laisse pas la possibilité d’influer sur ce monde. Bien que divers choix de dialogue nous soient offert, il n’y a qu’un unique chemin à prendre. Ici pas de ramifications multiples, il ne nous reste alors qu’à se laisser emporter dans l’aventure et faire corps avec l’histoire. Détail agréable, un certain humour transparaît dans les répliques lors de certaines quêtes, apportant un plus indéniable à la narration.

La durée de vie du jeu sera fonction bien sûr de la composition du groupe. Immanquablement un groupe porté sur l’artisanat, le commerce, et les talents sociaux rencontrera de plus grandes difficultés en combats, ce qui freinera sa progression. Ceci est bon à savoir pour les joueurs qui trouveraient le jeu trop facile parce qu’il auront misé principalement sur les talents de combat ; l’aventure est certes plus aisée, mais vous passez à côté des nouvelles capacités originales proposées par Drakensang. Ceci dit, le jeu reste équilibré en dépensant avec discernement les points acquis dans les différentes catégories, mais la difficulté reste quand même présente tout au long de l’aventure. Comptez donc sur une moyenne de 50 heures de jeu au bas mot pour le terminer.

Drakensang possède l’une des plus solide base de jeu jamais portée sur PC. Cependant on regrette par moment que celle-ci n’ait pas été d’avantage exploitée en cours de partie, j’espère que la voix des joueurs souhaitant plus de profondeur, plus d’interactions et un réel impact du joueur sur ce monde sera écouté pour le prochain opus. Cela n’ôte en rien la richesse et la qualité de Drakensang qui offre un dépaysement total, une aventure très bien ficelée, et quantité de quêtes variées. Avec ce jeu, Radon Labs plante les jalons pour s’imposer comme une référence du RPG Médiéval Fantastique sur PC. Par Praios, il ne nous manquerait plus qu’un mode multijoueur et un toolset pour nous envoyer aux anges.

+ Une durée de vie correcte
+ Un vrai RPG à l’ancienne
+ Très bon scénario
+ Diversité des personnages
+ Diversité des quêtes

Note RPG 5 sur 5
Note testeur 08 sur 10

– Complexité des règles
– Voix perfectibles

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