Les jeux de plateau sur support vidéo ludique sont de plus en plus présents en ce moment avec l’apparition d’adaptations de nombreux jeux Games Workshop. Mighty Dungeons ne paye pas de mine au premier abord avec ses dessins amateurs qui manquent cruellement de maturité et on se pose bien des questions sur les qualités intrinsèques du jeu.

Mais, la base du jeu, d’abord sorti sur Androïd, tire son essence d’un jeu de plateau des années 80 : j’ai nommé Heroquest d’Hasbro. Alors même si nulle part on ne voit l’affiliation à l’ancêtre, le lord et le fonctionnement comme la représentation y font fortement penser, tout comme pouvait le faire dernièrement Dark Quest, bien plus sommaire.   


Au premier lancement, vous allez choisir la langue du jeu – on notera une traduction parfois “googlelesque” avec des erreurs grossières restantes –, plus une batterie d’options de fonctionnement de la partie qui va du mode de jeu au tour par tour chronométré, à la mort permanente ou encore du héros qui pourra être chétif mais avec une force des dieux. Tout y est configurable, tout comme la musique et les sons. 

Seuls les graphismes resteront intouchables avec une représentation en pixels, mais surtout en forme de jeu de plateau avec vue de dessus en 2D.

Vient ensuite la sélection de votre héros selon 13 choix. Du barbare à l’assassin, du golem de pierre au sorcier, toute une panoplie de stéréotypes de races et classes précises dans lesquels vous trouverez forcément votre bonheur. Chacun est défini par une base de départ que sont l’or, l’attaque, la défense, le mana, la vie. Par contre je trouve que certaines classes ont des avantages par rapport à d’autres. Un équilibrage à revoir peut-être. 

Choix faits, vous voici sur l’interface principale. Composée d’un écran fixe avec éléments interactifs, elle se présente comme une espèce de campement vous proposant plusieurs options : partir à l’aventure, aller dans la boutique, partager votre coffre commun – à débloquer – à tous vos héros ou encore changer les options de jeu. 

Si on part à l’aventure, on vous propose alors sept aventures comprenant chacune huit missions à débloquer. On pourra aussi passer par l’arène d’entraînement, utiliser l’éditeur de niveaux ou encore les différentes aventures créées par la communauté. Le jeu a donc un fort potentiel de rejouabilité et on lui reprochera uniquement qu’il ne soit abordable qu’en mode solo. 


En abordant une campagne, on va donc se promener sur le plateau de jeu qui se dévoile au fur et à mesure comme si on était en présence d’un brouillard de guerre. Vous commencez toujours dans une salle en bas d’un escalier et vous allez visiter un niveau pour réaliser une ou deux missions d’affilée, FedEx de surcroît : trouver un objet, une personne, tuer une créature. La réussite de la mission débloquera le texte correspondant permettant d’aborder la suite de l’aventure en repassant si vous le souhaitez par l’interface principale et donc la boutique ou l’amélioration de votre personnage.

En effet, les huit missions d’une campagne se débloqueront au fur et à mesure de votre réussite et seront rejouables à volonté. Une bonne longévité pour faire évoluer votre héros si vous ne jouez pas en mode mort permanente, car l’aventure peut cesser très rapidement.

Si vous mourrez dans une mission, vous perdez l’intégralité de votre loot et des points d’amélioration et vous devrez recommencer de nouveau le niveau. Grâce aux Points d’Amélioration, que vous gagnerez en réussissant des exploits précis, comme réussir une quête (1 PA), tuer un golem de cristal (10 PA), ouvrir 200 portes (5 PA) ou réussir certaines campagnes (100 PA), vous pourrez augmenter vos caractéristiques, ou encore votre initiative ou votre endurance. 


La partie fonctionne en temps réel durant laquelle vous cliquez avec le bouton gauche de la souris sur les cases pour vous déplacer. La rencontre avec un obstacle amènera un écran de résolution, comme par exemple sauter ou désarmer un piège quand vous en croisez un. Si un ennemi est au contact de votre avatar, une fenêtre de combat (ou une nouvelle fenêtre plein écran s’active si vous l’avez validée dans les options) apparaît dans laquelle le combat peut être en tour par tour ou en temps semi-réel. En temps réel, vous avez 5 secondes pour donner votre coup. Si vous mettez trop de temps à réfléchir, l’adversaire frappera et on passera au tour suivant. Notez aussi la possibilité de localiser, la tête par exemple, coup plus difficile mais hautement plus meurtrier. 

Il n’est dévoilé à votre héros, représenté sous forme de jeton présentant le haut de son corps, que la partie visible du lieu où il se trouve. Durant la partie, il est possible de zoomer ou dézoomer et de déplacer le plateau grâce au bouton droit de la souris, car les niveaux peuvent être très étendus. L’ouverture d’une porte amènera donc un champ de vision élargi et très souvent la rencontre avec des ennemis. 

Les niveaux n’étant pas aléatoires, une mission déjà réalisée pourra être anticipée selon vos échecs précédents. On peut aussi dire que les ennemis n’ont pas d’IA et ne réagissent que lorsqu’ils sont visibles, vous fonçant dessus sans autre forme de stratégie. Autrement dit, promenez-vous dans les couloirs sans ouvrir les portes et vous serez tranquille. Par contre, ouvrez une salle et les ennemis s’activeront immédiatement. Il est alors conseillé de les attendre dans un lieu étroit pour pouvoir les affronter les uns après les autres, sachant que la présence de leurs amis proches leur donne des bonus de combats.  


Chaque ennemi a ses propres capacités et certains résistant aux dégâts physiques devront être vaincus avec d’autres moyens mis à disposition tout au long de l’histoire. Tout comme les ennemis, vos points de vie descendent petit à petit et ne remontent que si vous buvez des potions ou utilisez des objets curatifs. 

Il est donc important entre les missions de faire vos emplettes à la boutique et de choisir les bons accessoires, voire d’améliorer ou de réparer vos armes car elles s’usent. Il est tout à fait impensable de partir avec une arme abîmée ou une quantité de flèches limitée, ce qui causerait l’échec du niveau. Mais tout cela a un prix donc vous ne pourrez pas forcément réparer intégralement votre équipement. 


Le marchand propose aussi de racheter vos loots qui ne vous satisfont pas ou ne sont pas adaptés à votre classe. Vous pouvez aussi vous payer des compagnons qui vous aideront dans votre tâche, même s’ils n’apparaissent pas physiquement sur le plateau de jeu via un jeton, apportant bonus lors de vos combats. 

Les missions sont assez abordables, même s’il faudra parfois recommencer pour passer telle ou telle difficulté. Car outre les ennemis, il y aura des pièges, des passages secrets à découvrir, des meubles à fouiller. Un environnement interactif qui demande à prendre son temps pour ne passer à côté d’aucun trésor qui vous permettrait de progresser pécuniairement. 

D’ailleurs la gestion du jeu est toute simple : tout se manie à la souris en cliquant sur les différents éléments du jeu – fouiller un meuble, frapper un ennemi, lancer des sorts en cliquant sur l’élément correspondant. On voit que le jeu a été développé pour les téléphones portables et on en déduit que la simplicité du jeu qui aurait mérité un peu plus d’approfondissement sur PC provient de ses origines. Il est du coup regrettable de manquer de raccourcis claviers ou encore d’une maniabilité restrictive lors des échanges commerciaux.  

Mighty Dungeons est à considérer comme une adaptation de jeu de plateau plutôt intéressante de Heroquest. Sous sa présentation graphique amateur, il offre une jouabilité et une durée de vie correctes qui plairont aux fans du jeu, à condition d’accepter des règles qui divergent de l’original et surtout un jeu solo, alors qu’on aurait aimé pouvoir partager l’aventure avec des amis comme on pouvait le faire sur la version plateau réel.

C’est pour moi une adaptation intéressante à suivre, surtout si la communauté est capable d’assurer sa pérennité avec le plein de nouveaux niveaux. Une adaptation sommaire venant du monde des téléphones portables et une traduction approximative ternissent le tableau, mais les patchs sauront peut-être palier ces défauts. À suivre…

Note RPG 2 sur 5
Note testeur 06 sur 10
https://youtu.be/gHMFPHIl62I
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L'archiviste
Administrateur de RPG jeux vidéo. Très vieux Joueur depuis le siècle dernier. Testeur et rédacteur depuis 1999 de RPG, même les pires. Relecteur bénévole de traductions de nombreux jeux vidéos RPG. Ancien membre de RPGFrance et de Dagon's Lair.
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