Peu de gens connaissent Nightstone, sorti en janvier 2002, et ceux qui y ont joué le considèrent comme un des pires hack’n slash qui soit. Ce titre, dû à la société New Horizon Studios aujourd’hui disparue, fut très peu testé en langue française. Raison de plus pour tenter le coup. Alors, Nightstone est-il le nanard ludique ultime ?

​Du studio, nous ne savons rien, à part qu’il était espagnol et qu’il n’a jamais vraiment fait parler de lui, mais fut suffisamment habile pour se faire éditer par Virgin Games, à moins que ce ne fût ce dernier qui se soit fait avoir. Sans a priori, commençons par l’observation de la jaquette.

Parmi les multiples versions, la boîte en carton, la première, présente avec un joli contraste le barbare, jambes fléchies, bras (courts) tendus vers le ciel, dans une pose aussi improbable qu’héroïque qui rappelle fortement les peintures d’heroic fantasy les plus célèbres, notamment celles représentant Conan. A l’arrière, des phrases de promo à la tonalité assez nanarde, de jolies captures du jeu et les héros du jeux en 3D certes pas en polygones anguleux mais assez laidement rendus, tout simplement.


Le jeu s’ouvre sur une cinématique un peu longuette et bavarde, mais relativement sympathique et qui a le mérite d’exister, qui propose une livre animé avec des dessins. L’histoire est simple : deux pierres sont tombées du ciel : la Pierre blanche et la Pierre de nuit (traduite “Pierre noire”). Il faut retrouver cette dernière et tuer le méchant. Pour cela, un barbare étonnamment sobre, une archère qui ressemble à Lova Moor et une sorcière au look improbable de reine de la nuit partent chacun d’un point différent et convergent vers le centre de la carte, assez jolie d’ailleurs, divisée en zones (niveaux).

Une fois arrivés dans le même niveau, dont l’un est une simple auberge où ils peuvent commercer et faire réparer leur équipement, ils pourront désormais joindre leurs forces. En effet, à partir de ce moment-là, il est possible, avant chaque expédition, de choisir qui partira en mission : un, deux ou trois personnage(s). Pendant la partie, le joueur guidera un personnage, l’autre ou les autres étant géré(s) par l’IA, ou bien passera de l’un à l’autre alternativement.

La sauvegarde n’est autorisée qu’entre les missions, sur la carte. Les options, accessibles dans le menu d’ouverture et pendant la partie, mais pas sur la carte, sont limitées, mais pas inexistantes.

Une jouabilité médiocre de type “Non, c’est pas vrai ?!”

Au départ, le jeu est plutôt joli, avec des effets de lumière, des personnages petits mais bien modélisés et des décors proprets – clairière, intérieur ou souterrain – même si le moteur était déjà dépassé en 2002. On a du mal à repérer les objets minuscules tombés au sol, sans système d’étiquetage – Torchlight en est l’exemple inverse. L’interface intégralement traduite en français est élégante, bien dans l’esprit de ce que l’on attend d’un univers heroic fantasy.

On commence par renommer ou pas ses trois héros, on leur attribue quelques points d’attributs appelés ici “compétences” (!) (force, dextérité, résistance et magie) qui déterminent leur vie, leur mana et leur endurance. Puis on choisit parmi trois niveaux de difficulté et on lance la partie. Disons que nous commençons avec le barbare.


Le jeu se présente un peu comme Diablo. On déplace le personnage à la souris, on clique sur les tonneaux ou les ennemis pour les détruire et on peut même se baisser pour marcher discrètement. Sauf que… contrairement à un hack’n slash bien pensé, même si on laisse le bouton appuyé, le personnage ne continue pas de se déplacer. Il faut recliquer. Bon, admettons. De plus, le rythme est plus lent que chez les concurrents, mais on a la possibilité de courir sur une certaine distance selon son endurance, comme dans Diablo II. Alors, on tape, on tue, on pare avec le clic droit. Selon l’angle d’attaque – de front, de flanc ou par derrière – les coups font plus ou moins de dégâts. On se dirige vers la sortie dans des niveaux pas trop mal conçus, à la recherche le cas échéant de tel ou tel objet. Une mini-carte indique les ennemis proches et leur champ de vision, ce qui est un bon point.

En chemin, on ramasse de l’équipement, souvent en double, des potions, des parchemins etc., qui vont dans l’inventaire et là… le choc : celui-ci est minuscule ! De chez riquiqui : cinq cases pour l’équipement et un onglet pour les potions, les parchemins. Les sacs d’argent n’ont pas droit à une catégorie à part. La pilule est dure à passer, mais admettons encore. Parfois, un boss vous interpelle par un petit texte. Vous n’aurez jamais aucune interaction possible dans les dialogues. Vous faites flèche du bas, et c’est tout. 

Bref, on continue, et on gagne son premier niveau. On se réjouit de pouvoir commencer à personnaliser son personnage et on regarde sa fiche de personnage : on y voit des attributs  qu’on augmente à sa guise, puis on cherche les compétences… Mais là, horreur : pas de compétence ! On utilisera le même coup d’épée du début à la fin ! Même la sorcière n’aura qu’un seul sort, celui attaché au bâton qu’elle utilisera, et devra comme les deux autres personnages se contenter des parchemins. Quoi ? Ce n’est plus Diablo, c’est Gauntlet ! C’est bien là où le bas blesse.

On s’attend, dans ce genre de jeu, à construire son personnage et à le faire évoluer, à utiliser ses compétences toutes plus impressionnantes les unes que les autres et à trouver des objets de set. Seuls les combats, la gestion du champ de vision des adversaires et le challenge peuvent conserver l’intérêt du joueur. Par ailleurs, comme il n’y a aucun portail ou de téléporteur permettant de retourner en ville, cela rend impossible le commerce en cours de quête ou les soins autres que ceux fournis par les potions ramassées ça et là. Et comme par hasard, ce sont les potions de soin, les plus précieuses, qui sont les plus rares.


Autre gros point noir, ou en tout cas mauvaise surprise, c’est lorsque l’on passe à l’archère. Elle n’a pas de familier, et quand on aime ça, ça contrarie un peu. Mais le plus grave, c’est qu’elle est beaucoup moins efficace que le barbare. Plus fragile, elle a intérêt à courir et à ne pas se faire toucher. Toutefois, elle reste un personnage intéressant à jouer. Mais alors la sorcière… Mes aïeux, c’est la catastrophe ! Cette pseudo Elvira-Misfits-eighties est en sucre ! Elle se fait à peine toucher qu’elle en meurt. On voudrait qu’elle arrête de se faire tuer comme ça. Qu’elle ait davantage de tenue. A propos de tenue, elle est à moitié nue, et en string par dessus le marché. Pas étonnant dans ces conditions, quand on veut sauver le monde, qu’une simple baguette de goblin vous taillade. On aura compris que chaque personnage représente en lui même un niveau de difficulté qui s’ajoute avec celui de la partie, choisi au début.

Le problème, c’est quand on décide de partir à plusieurs sur une carte. Barbare et archère, ça va, mais toute autre combinaison est vouée à l’échec. Il faut forcément le barbare pour protéger la ou les autres. Et compte tenu de l’intelligence artificielle déplorable de la sorcière, pire que l’archère, cela ne servira à rien de la prendre avec vous : elle provoquerait des attroupements de monstres qui la lincheraient, sans doute à cause de sa coupe de cheveux. Donc la plupart du temps, on partira avec l’un des compagons ou les deux. Et comme ça, le jeu avance plutôt bien avec parfois un divertissement correct.

Du côté sonore, il semble que parfois, les bruitages ne passent pas sur certaines configurations récentes avec Vista, mais passent toujours sous Windows 7. On devra donc se contenter des musiques, pas mal mais pas assez nombreuses et un peu répétitives, le premier thème étant assez surprenant, car il “déraille” à un moment donné. 

Question durée de vie, c’est correct, avec 35 niveaux et un gros boss final overcheaté, mais le potentiel de rejouabilité en lui même est très faible.

 

​Ouais… mais quand même, quoi.

Nightstone a beau être proche du désastre, il possède malgré tout des atouts qui l’empêchent de tomber dans la catégorie des bouses, à commencer par son éditeur de niveaux. Très bien conçu, il est facilement utilisable par les non-programmeurs et permet de faire des niveaux simples en s’amusant pour peu qu’on lise les explications heureusement traduites en français. Pas étonnant que sa présence soit vantée en deux endroits sur le devant de la boîte, ainsi qu’une fois  au dos. Rien de comparable cependant avec les éditeurs de niveaux actuels, style Torchlight, mais justement, son côté rudimentaire est à la fois son avantage et son inconvénient. Il est regrettable que la médiocrité du jeu ait fait de l’ombre à un éditeur qui aurait pu donner naissance à de bons mods au demeurant.


Le jeu dispose enfin d’un mode multijoueur en réseau local, sur cinq maps, que nous n’avons pas pu tester, et précisons qu’à part le problème des sons sous Vista, nous n’avons rencontré aucun bug.

Pour conclure, je ne pouvais pas noter ce jeu 5 sans risquer de me le faire reprocher plus tard. Je lui mets donc objectivement 4, même si au fond, malgré tous ses défauts énormes, je l’aime bien ! Nightstone n’est évidemment pas un hack’n slash digne de ce nom, notamment à cause de l’absence de réels builds et de compétences. Il est finalement réservé à ceux qui ne connaissent pas les hack’n slash, ceux qui aiment les nanards, ou encore aux joueurs occasionnels. Ses graphismes, sa musique, son éditeur très bien conçu et son multi en réseau local le sauvent de la honte. Et puis, on ne peut pas dire qu’il déçoit, puisqu’on en attendait soit le pire, soit rien. Et le plus surprenant, c’est qu’il arrive qu’on y revienne à l’occasion. Finalement, à 2 euros, c’est achetable.

+ Rapide à prendre en main
+ Amusant à jouer de façon occasionnelle
+
L’éditeur de niveaux bien pensé
+ Les graphismes pour l’époque, simples mais jolis

– Les personnages déséquilibrés et trop peu nombreux
– La musique trop rare et les bruitages trop peu nombreux
– La rejouabilité médiocre
– Le loot minable et l’inventaire réduit
– Les builds proches de l’inexistence faute de compétences

Note testeur 04 sur 10

La vision de Killpower :
NightStone est un hack’n’slash poussif, peu maniable, et voguant surtout sur la réussite d’un dénommé Diablo 2. Avec son manque de visibilité, ses 3 personnages déséquilibrés à évolution minimale, son interface pas franchement plaisante, on se battra tout du long pour poursuivre l’aventure. Pourtant, il y a de bonnes idées, mais le résultat est bien en deçà des attentes, pour ce type de jeu.
03/10

Article précédentMass Effect 3 : Omega
Article suivantDiscord Times
All_zebest
Vieux gamer ayant connu les premiers jeux vidéos (Pong, Asteroids...), amateur de hack'n slash, de JDR en général, de shoot them up, de beat them all et de jeux de baston, mais aussi de jeux de puzzle (et de vrais puzzles en carton), amoureux du français et du japonais, expatrié vivant au Japon traducteur amateur de l'anglais (les quatre jeux de Soldak Entertainment notamment) et du japonais... Que dire d'autre... Ah oui ! Ecrivain ! Lisez mes livres. On les trouve en Kindle sur Amazon et ici.
S’abonner
Notifier de
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments