La série Spellforce, apparue sur nos PC il y a 10 ans déjà, n’a connu que deux épisodes principaux et une pléthore d’extensions pour le plus grand plaisir des fans. Cette saga assez unique en son genre est un hybride entre stratégie et RPG. Mais elle est bien différente des King’s Bounty, Disciples et consorts. Pour être honnête, je n’ai joué qu’au premier opus avec ses deux extensions, et cela remonte un peu. Faith in Destiny, le stand alone de Spellforce 2 testé ici-même constitue ma première incursion dans le deuxième chapitre de la franchise.

Avant d’aller plus loin, il est bon ton de rappeler que ce Faith in Destiny – qui porte bien son nom – a connu un développement plus que chaotique. Annoncé en mai 2009 par l’éditeur JoWood, le jeu a subit maints reports à cause de difficultés financières et fut récupéré par Nordic Games. Finalement, l’éditeur et les fans ont gardé la foi, et en juin 2012 le jeu est enfin sorti. Reste à voir si ce délai a joué en la faveur du dernier Spellforce surtout quand on sait que Spellforce 2 : Shadow Wars date tout de même de 2006 .

Vous avez déjà mangé des pâtes au sucre ?

Dans la vie, il y a des choses tellement saugrenues qu’elles ne nous viendraient pas à l’esprit. J’adore les pâtes. Mais j’aime aussi le sucre en poudre. Pour autant, des pâtes au sucre, ça vous tente ? Spellforce c’est un peu ça au départ. Un jour, un mec s’est levé et après avoir mangé son plat de pâtes au sucre ( enfin je suppose, en tout cas oui, j’aime les pâtes avec du sucre), il s’est sûrement demandé s’il ne pouvait pas faire le même genre de recette pour un jeu vidéo. Par exemple, à tout hasard, un mix entre du RPG et de la stratégie en temps réel très proche du ténor du genre à l’époque, Warcraft III.

En somme proposer dans un même jeu de personnaliser son avatar, de le faire évoluer au cours d’une quête qui fleure bon l’aventure et le dépaysement et de l’autre de demander au joueur de faire des haltes pour bâtir un camp, recruter des troupes et pour finir maraver les méchants d’en face. Voilà, vous pouvez désormais cerner le principe un peu fou des Spellforce : des pâtes avec du sucre, c’est pas plus compliqué.


Faith in Destiny Child

Dans Faith in Destiny, vous incarnez un Shaikan, et le sang des dragons coule dans vos veines, mais pas de Fus Ro Dah ici. Le jeu débute par une phase au combien évidente dans un RPG : la création du personnage, assez sommaire dans le cas présent. Les femmes ayant étonnamment disparu pendant le développement, vous aurez à votre disposition un éventail de visages masculins prédéfinis pour votre avatar, et une fois le nom choisi, l’aventure commence.

Mais vous n’êtes pas seul. Outre votre avatar, vous contrôlerez dès le début du jeu un héros. Tous deux gagnent de l’expérience et à chaque niveau débloquent de nouveaux pouvoirs. Cependant, vous n’aurez accès qu’à l’arbre de compétences de votre personnage. Celui-ci se compose en trois sous-arbres distincts. Le premier est focalisé sur le combat avec armes et armures, le deuxième permet de s’intéresser aux pouvoirs propres aux guerriers “Shaikan”, et le dernier à la magie.

Vous aurez ainsi le loisir de faire un héros polyvalent ou spécialisé dans une branche. Ces arbres, simples en apparence, sont très bien conçus et permettent une personnalisation poussée et variée. Les héros croisés au fil du jeu évoluent automatiquement, mais vous pourrez tout de même les équiper comme bon vous semblera. Vous pourrez aussi choisir quels pouvoirs ils utiliseront, pour les spécialiser dans des rôles précis si vous en avez envie (soigneur, combat à distance etc.). La personnalisation et l’optimisation de son équipe sont vraiment un aspect réussi du jeu et utile au niveau de difficulté le plus élevé. 


Toute cette première partie ressemble à un RPG en vue isométrique. Les combats se déroulent en temps réel de manière assez classique mais le système “click’n’fight” des anciens épisodes est de retour. Dans bon nombre de jeux du genre, un joueur procède dans cet ordre : il sélectionne son unité, choisit un sort ou pouvoir dans la barre d’actions et enfin clique sur l’unité ennemie ou alliée désirée pour que l’action soit réalisée.

Dans Spellforce 2 : Faith in destiny, le joueur peut jouer ainsi s’il le désire. Mais cliquer sur une unité permet d’afficher sous le portrait des personnages toutes leurs actions possibles. Pour en réaliser une, il suffit de cliquer sur l’icône d’action située sous le portrait du personnage en question. Par exemple, si vous sélectionnez un ennemi et que vous contrôlez votre avatar et un héros, vous verrez au minimum un bouton attaquer sous le portrait de votre avatar, et un autre sous celui du héros.

Si votre personnage a aussi un sort d’attaque qui peut être utilisé contre cet ennemi, il sera aussi affiché en dessous. En revanche, un éventuel sort de soin si vous en avez un ne sera pas affiché, car il n’est pas question de soigner un ennemi qu’on veut détruire. Le système déjà connu des amateurs de la série n’a pas bougé d’un iota, et c’est une bonne chose : il est toujours aussi sympathique, mais il prend toute son ampleur lors des batailles à plus grande échelle.

C’est ton destin !

Le monde d’Eo est menacé par des créatures inconnues de tous, baptisées “innommables”. Pour les vaincre, votre quête de Shaikan vous emmènera explorer quatre îles pour rétablir un réseau de portails. Chaque île correspond à une carte à explorer et plusieurs objectifs vous seront donnés au fil de l’histoire.

Certains d’entre eux vous demanderont de constituer une troupe de plus grande ampleur : c’est dans ces moments là que Faith in Destiny se mue en un véritable jeu de stratégie. On retrouve alors toutes les ficelles du genre. Les ouvriers collectent des ressources, et on a accès à une liste de bâtiments à construire qui permettront par exemple le recrutement de nouvelles unités.

Simple mais efficace, ce gameplay se révèle très plaisant et bien conçu. En revanche, la campagne de Faith in Destiny est courte et ne permet pas de profiter pleinement du jeu. Sur la dizaine de races jouables qui peuplent l’univers de Spellforce, vous aurez l’occasion en tout et pour tout de jouer avec quatre d’entre elles. Pire encore, pour les trois premières maps, les races nous sont imposées et la liberté n’est offerte que sur la dernière île.

Ces quatre îles à parcourir constituent d’ailleurs un maigre repas en comparaison des extensions du premier opus. En ligne droite, Faith in Destiny peut se parcourir en moins de huit heures. En revanche, en prenant son temps, en montant la difficulté, en explorant l’intégralité des cartes et en faisant toutes les quêtes annexes, la durée peut doubler. Cela reste néanmoins bien loin des 30 ou 40 heures dont j’ai le souvenir pour Spellforce : The Breath of the Winter, extension du premier opus.


De même, si l’univers des Spellforce est attachant et invite à se plonger dans le jeu, il est vraiment dommage de ne pas avoir un petit rappel, ou un codex sous la main. Spellforce 2 : Faith in Destiny est en effet un stand alone, il peut donc se jouer de manière totalement indépendante – en théorie. Pourtant, les nouveaux venus seront vite largués vu le peu d’informations qui leur est donné, en ce qui concerne le background, les personnages ou même le héros lui-même.

Certains personnages des précédents opus réapparaissent un peu comme par magie, on ne connaît pas leur motivation ni ce qu’ils ont vécu. Des mécaniques de jeu même bien huilées ne suffisent pas à remonter les carences en matière de narration.  Pour autant, tout n’est pas à jeter de ce point de vue. Les quêtes annexes sont très variées, certaines nécessitant par exemple de résoudre quelques énigmes. Parfois, vous ne serez pas en mesure de finir une quête avec uniquement votre groupe de héros.

Il faudra d’abord constituer une troupe pour pouvoir résoudre l’objectif secondaire qui ne payait pas de mine de prime abord. Pour finir, quelques dialogues sont à choix multiples et donnent lieu à quelques répliques sympathiques. En effet, être Shaikan ne signifie pas forcément être un preux chevalier. Vous pouvez abuser de votre pouvoir, persuader ou menacer, et les quêtes se terminent parfois un peu différemment surtout au niveau des dialogues. En revanche, il n’y a aucune notion d’alignement et cet aspect reste assez superficiel.

Unisson, quarte, quinte et c’est marre !

Avant de conclure ce test, revenons brièvement sur l’aspect technique. Le jeu est propre, c’est indéniable. L’interface est claire, et le système de “click’n’fight” toujours aussi bien incorporé et je n’ai aucun bug à mon tableau de chasse. La caméra offre un bon niveau de zoom dans les batailles. En vue haute, le jeu est joli, le design légèrement coloré et cartoon lui permet de ne pas trop accuser l’âge du moteur.

Un cycle jour-nuit ajoute un peu de dynamisme à ce monde, et si l’envie vous prend, vous pourrez jouer à la troisième personne dans les phases plus “rôle-play”. C’est dans ce genre d’occasion qu’on voit que le moteur a vieilli. Les modèles 3D sont les mêmes et s’ils sont corrects et bien animés en vue isométrique, ils sont en revanche trop peu détaillés pour que la vue à l’épaule ait un réel intérêt. Rien ne pourra vous éviter les gros plans sur les visages lors des dialogues.

On se rend alors réellement compte que l’on a affaire à un moteur de jeu de stratégie datant de 2006 et à peine modifié. D’un point de vue sonore, c’est correct et cela fait son job. Les thèmes tout comme les bruitages sont efficaces. Certaines musiques participent à l’ambiance dans les combats, mais aucun thème ne se dégage réellement. Enfin, le jeu bénéficie d’un doublage en français, ce qui est réellement appréciable.


Spellforce 2 : Faith in Destiny est un jeu sympathique. Il repose sur une formule alliant stratégie en temps réel et RPG qui a fait ses preuves et se révèle amusant à parcourir : c’est bien ce qu’on demande à un jeu, non ? En revanche, son statut de stand-alone me laisse perplexe. Il n’est clairement pas à conseiller aux nouveaux venus à cause de son histoire qui paraîtra trop obscure et peu intéressante. Pour les vétérans, c’est un ajout valable mais pas indispensable à leur collection en dépit du développement chaotique. Par contre, si vous vouliez une fin en apothéose pour la saga, vous pouvez repasser.

+ Joli tant qu’on ne zoome pas
+ Le gameplay hybride STR/RPG
+ C’est du Spellforce
+ Personnalisation du personnage intéressante

Note RPG 4 sur 5
Note testeur 06 sur 10

– Moteur vieillissant
– Relativement court
– Background pas assez expliqué, scénario décevant
– Où sont les femmes ?!

https://youtu.be/cA1flOgLTZ8
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