Dans le petit monde vidéo-ludique des RPG, la sortie d’un nouvel Elder Scrolls est toujours un évènement. Après un quatrième épisode en demi-teinte, plus adulé pour sa technique que pour ses mécaniques de jeu, le cinquième épisode sorti le 11ème jour de Sombreciel dernier était attendu avec impatience, mais également angoisse. L’heure est enfin venue de nous pencher sur cet opus qui nous invite à parcourir les régions mornes et glacées de la province de Bordeciel.

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 Ce nouvel épisode se déroule 200 ans après les évènements survenus en Cyrodiil et l’avènement de son champion. L’aventure se situe dans le nord, en Bordeciel, en des temps troublés. Le Haut-Roi a été assassiné par Ulfric Sombrage, et l’Empire menace de prendre le pouvoir dans la contrée. Le culte de Talos est déclaré hors-la-loi, et les nordiques se retrouvent partagés entre leur soif d’indépendance et leurs croyances d’un côté, et les richesses promises par l’Empire de l’autre. Comme il est de tradition dans la série, vous êtes un prisonnier promis au billot, mais alors que votre tête aurait dû rouler dans un panier, un dragon débarque semant mort et panique. Profitant du tumulte vous courez vers la liberté et votre destinée. Vous découvrirez vos pouvoirs de fils de dragon, et inscrirez votre nom dans l’histoire de Bordeciel. 


Je ne m’étendrai pas plus sur le scénario afin de vous laisser le plaisir de la découverte. Toutefois le but est de découvrir pourquoi les dragons sont de retour, tout en étant emporté dans le conflit qui oppose les rebelles Sombrages à l’Empire. Bien entendu, en plus de la quête principale qui vous occupera une bonne cinquantaine d’heures, vous aurez de nombreuses quêtes secondaires à accomplir. Certaines sont générées aléatoirement en fonction de votre manière d’être, rappelant les heures (sombres ?) de Daggerfall, les bugs en moins. Ainsi, si vous jouez un preux chevalier, ou un funeste voleur recherché dans toutes les contrées, certaines quêtes seront différentes.

Dans l’ensemble, les quêtes sont plus moins intéressantes, mais n’évitent pas l’écueil des quêtes “FEDEX” heureusement peu nombreuses. Les guildes sont toujours présentes offrant elles aussi leur lot d’aventures, ainsi que quelques surprises. Quant aux pnj’s, on pourra apprécier la perte de la mode “manche de pioche dans le fondement”, et le fait qu’ils aient un peu plus de conversation qu’à l’accoutumée, sans toutefois retrouver la qualité d’écriture d’un Fallout New Vegas. Toutefois, l’ensemble est moins creux que le fut Oblivion en son temps. 

  Comme à l’accoutumée, vous commencerez par créer votre avatar en choisissant parmi toutes les races de Tamriel : nordique, bosmer, altmer, dunmer, khajitt, argonien, etc. Vous pourrez personnaliser le corps et le visage de votre personnage, et nous avons enfin droit à une vraie pilosité faciale. Exit la vieille brume noire d’Oblivion, et bienvenue aux vrais poils. A noter, que les ganaches de nos protagonistes ont gagné en finesse, seuls les elfes demeurent un peu décevants. Une fois le carrossage terminé, ce qui frappe d’emblé l’habitué de la série, c’est qu’il n’y a plus de classes.


Il n’y a donc plus moyen de créer un profil à son personnage (barde, barbare, magelame, voleur, etc), avec des attributs associés. Certes vous pourrez trouver des pierres dressées lors de vos pérégrinations qui vous octroieront à peu près les même effets ; mais il va de soi que vous n’y aurez pas accès immédiatement. Les développeurs de Bethesda laissent donc toute liberté au joueur de créer le personnage qu’il désire, sans aucunes limites. Libre à chacun de jouer roleplay ou pas. Mon barbare nordique n’a, par exemple, jamais touché à la magie. Ce choix des développeurs en gênera sans doute, pour ma part je n’ai pas besoin de barrières ou qu’on me tienne la main pour jouer, et surtout me faire plaisir. 

Wah  DeiN  VOKUL  Mah FAERaaK  ahST  VaaL

 On va tout de suite mettre à plat les choses qui fâchent sur PC, notamment l’interface. Développé à l’origine pour console, on se cogne un inventaire composé de menus déroulants, à droite ou à gauche de l’écran pas très pratiques, doublé d’un smoothing (lissage des mouvements) de la souris rendant les choix dans les menus assez aléatoires. Cela est également valable lors des dialogues. Heureusement pour l’inventaire, il est divisé en familles, mais c’est toutefois rapidement le bordel.

Certains de vos objets peuvent être classés en favoris pour apparaitre dans un menu rapide qui n’en a que le nom. Depuis ce dernier, vous pourrez affecter des objets aux touches 1 à 8, et là, on respire un peu. Quoiqu’il en soit, on finit par s’habituer à ces différents menus, mais une interface adaptée aux PC aurait été de bon ton. De plus, voir son niveau de vie et de mana remonter automatiquement gênera sans doute les plus puristes d’entre vous. Heureusement, sur cette plate-forme, on attend les génies du modding qui vont nous refaire tout cela aux petits oignons. 


Concernant le développement du personnage, sachez que les points d’expérience ont disparu. A présent seul votre gain de niveaux dans vos compétences augmentera le level de votre avatar. Par exemple, si vous gagnez un niveau en parade, le niveau du personnage augmente en parallèle. Une fois la jauge de niveau remplie, vous passez au suivant.

A chaque cap franchi, vous aurez un point d’attribut à placer en force (niveau de vie), vigueur (endurance), ou magie (mana). En parallèle vous aurez un point également pour débloquer une nouvelle compétence ou la développer avec de nouveaux talents. Un écran de sélection reprend les arbres de compétences sous forme de constellations où on retrouvera la furtivité, l’archerie, les armures lourdes ou légères, etc.

Au début, on se sent limité, mais finalement cela octroie à nouveau une liberté bienvenue, ou pas, dans la personnalisation de son personnage. D’ailleurs, les compétences d’athlétisme et d’acrobatie ont disparu, mais une nouvelle à fait son apparition : le forgeage. Vous pourrez donc récolter à la pioche du minerai dans les mines, fondre vos métaux et tanner du cuir, et enfin forger vos armures et vos armes. De plus vous avez toujours la possibilité d’enchanter des objets, et de créer des potions alchimiques. Votre héros s’est également mis à la cuisine afin de devenir le “Masterchef” de Bordeciel, ou encore pour participer à “un diner presque parfait” en recevant du monde dans une maison lui appartenant.

Cette dernière partie lui permettra peut-être même de trouver l’amour, voir de se marier. En bref, le bordel comme dans la vraie vie. Vous n’êtes pas en train de lire un test des Sim’s, on est bien dans Skyrim. Quoiqu’il en soit ces derniers points apportent un sentiment de vie à l’ensemble très agréable. De plus votre notoriété vous permettra d’enrôler des compagnons, un à la fois en général, qui vous aideront lors des combats, et qui pour ma part servent surtout de mules. 

FOD  NUST  HON  ZINDRO  ZaaN

 Du côté du gameplay, on est plus ou moins en terrain connu. Vous aurez toujours accès à la vue à la première ou la troisième personne. A présent notre personnage est ambidextre. Il peut donc utiliser une arme dans chaque main, ou cumuler une arme d’un côté et un sort magique de l’autre. De la même manière, des sortilèges identiques peuvent être attribués à chaque main, de manière à augmenter leurs effets, et des combinaisons sont également possibles. Ce nouveau système de combat apporte un vent de fraicheur que l’on attendait depuis un moment.

De plus des “finish move” ont aussi été implémentés, permettant des combats à l’arme blanche plus violents et réalistes, tout à fait dans l’ambiance de ce nouvel épisode. Un nouvel élément fait son apparition : le cri. A chaque dragon tué vous pourrez absorber son âme puis apprendre un élément de langage draconique dans son antre. Ce langage s’exprime par des cris plus ou moins puissants, et possédant des effets différents. Vous pourrez ainsi vous en servir contre vos ennemis ou pour vous sortir de certaines situations. Si le concept peut paraitre ridicule de prime abord, il s’avère finalement intéressant et s’inscrit assez facilement dans les règles de la série. Je regrette fortement toutefois qu’il ne soit toujours pas possible de combattre avec les fesses sur une selle.

Etre obligé de descendre de son canasson à chaque rencontre avec un ennemi est assez agaçant, d’autant que le dit bourrin à fortement tendance à foncer dans le tas. C’est que ce n’est pas donné ces bestiaux. Tant qu’on est dans les déplacements, sachez que les voyages rapides sont toujours de mise, dès lors que vous avez déjà découvert votre destination. Pour ceux que ce système rebute, il y a aussi la possibilité de payer un charretier afin qu’il vous conduise vers l’une des cinq grandes villes de Bordeciel. Pour conclure ce chapitre, un sprint est à présent possible contre quelques points d’endurance. En bref, vous aurez de nombreux moyens pour voyager au travers des paysages accidentés du grand nord. 


L’exploration tenant une place importante dans la série “open world” des Elder Scrolls, il est grand temps de découvrir la contrée de Bordeciel. Oubliez les vastes marécages et les champignons géants de Morrowind, ou les vallées verdoyantes et riches de Cyrodiil,  vous allez pénétrer dans le froid mordant, la glace tranchante, et l’âpreté de l’hiver ; vous allez pénétrer en Bordeciel (Skyrim dans sa version anglophone). Ceux qui se seront essayés à Bloodmoon, add-on de Morrowind, retrouveront quelques parallèles. Quel plaisir de parcourir ce nouvel environnement. La carte est certes un peu plus petite que celle d’Oblivion, mais le gigantisme du décor donne l’impression inverse. Chaque détour de chemin nous offre de splendides panoramas.

On craignait de n’avoir que de la neige à perte de vue mais il n’en est rien. Chaque vallée, chaque colline, chaque ville possède son propre caractère. L’exploration est un enchantement de tous les instants. Les donjons, grottes, et autres temples ont également subi une refonte de design appréciable. Si on retrouve parfois quelques similitudes entre eux, chacun possède sa propre âme. Certains d’entre eux regorge de pièges bien fourbes, voir même de puzzles et d’énigmes à résoudre pour s’enfoncer plus avant. De plus, on appréciera le retour de la culture Dwemer qui avait plus ou moins disparu dans le quatrième opus. Les designers ont fait un travail formidable, de la plus froide des vallées à la chaleur des tavernes, l’ensemble possède un charme qui ne m’a pas laissé indifférent.

Si nos rétines sont flattées, il en va de même de nos oreilles. Les compositions musicales de Jeremy Soule sont de toute beauté. La musique orchestrale, accompagnée de chœurs graves et puissants, permet des envolées lyriques grandioses ; certains accords rappelant d’ailleurs l’excellente bande originale du regretté Basil Poledouris du film Conan le barbare, celui de John Milius bien sûr, pas la daube sortie récemment. Le jeu bénéficie également d’un doublage français de qualité dans l’ensemble. On regrettera cependant que certains dialogues soient un peu sourds et qu’il faille parfois tendre l’oreille pour bien les entendre.

Quant aux bruitages, ils sont dans le ton, rien de mauvais, mais rien d’extraordinaire non plus. Pour ma part, adepte des armes à deux mains, j’aurais préféré des bruitages métalliques ayant plus de punch durant les combats. 

FOD  NUST  HON  ZINDRO  ZaaN

 Techniquement, le titre de Bethesda n’a dans l’ensemble pas à rougir face aux productions actuelles. On pourra pester, encore, contre l’instabilité du jeu qui provoque des retours bureau intempestifs, mais l’ensemble semble assez propre et tourne correctement en ultra sur une machine équipée d’un core2duo de 3.2Ghz, 4 go de RAM, et d’une Geforce 570GTX.

Toutefois on reconnait, malgré un lifting, le moteur Gamebryo, et nombre de ses défauts : instabilité, bugs physiques ou d’affichages, problèmes de collision. Toutefois, à la sortie du TESC, il nous permettra de prolonger l’aventure grâce aux futurs nombreux mods de la communauté. Sur PC, on regrettera également un champ de vision ridicule à la première personne, hérité des versions consoles. Une fois de plus, il faut mettre les mains dans le cambouis pour arranger cela. Certaines textures auraient également mérité plus de soin, même si elles sont plus fines que celle du précédent épisode. Malgré ces quelques défauts, il faut reconnaitre que Bethesda a fait un très bon travail sur Skyrim.

De nombreux détails fleurent bon le peaufinage : illumination des fenêtres des maisons durant la nuit, élément se déplaçant au gré du vent, changement des conditions climatiques, etc. Ces détails ayant été ajoutés par des mods sur Oblivion, on appréciera de les retrouver directement dans ce nouvel épisode. Les animations ont également été revues, il est même agréable de combattre à la troisième personne, notre personnage étant plus véloce et faisant des mouvements d’épée assez classieux. Un très bon point également pour les dragons qui ont bénéficié d’un soin tout particulier. De la même manière, nos interlocuteurs ne sont plus plantés bêtement, continuant à vaquer à leurs tâches tout en discutant. Du tout bon de ce côté-là.

DOVah KiiN  Fah  HIN  KOGaaN  MU  DRaaL

En conclusion, The Elder Scrolls V : Skyrim est une réelle réussite. L’ambiance nordique du titre est formidablement bien retranscrite, et nous invite à un voyage qui restera dans les mémoires. Si Oblivion n’avait su convaincre les fans de la première heure que grâce à sa beauté, Skyrim, quant à lui, les réconciliera sans doute avec la série. Bénéficiant d’un design et d’une musique enchanteurs, Skyrim mérite absolument que l’on s’y intéresse. Les quêtes relativement bien écrites vous pousseront à évoluer dans cette province glacée où la moindre chute d’eau est un plaisir pour les yeux. Que vous soyez fan de la série, de RPG, ou que vous cherchiez tout simplement l’aventure et l’évasion, Skyrim est fait pour vous. D’ailleurs j’y retourne…

+ Excellente ambiance.
+ Design nordique dans le ton
+ Durée de vie énorme
+ Liberté de jeu très appréciable

Note RPG 4 sur 5
Note testeur 09 sur 10

– Moteur instable
– Manque de finesse de certaines textures
– Disparition des classes
– Certaines quêtes secondaires inintéressantes

La vision de Batman :
Skyrim n’était pas forcément le jeu que j’attendais le plus en cet an de grâce 2011. Et pourtant, maintenant que j’ai pu y goûter, je dois dire qu’il est encore plus savoureux que tout ce à quoi je m’attendais ! On retrouve les musiques magistrales de Jeremy Soul, et une esthétique bien plus accrocheuse que son prédécesseur Oblivion. On pourra regretter les quelques simplifications de gameplay et les interfaces compliquées à prendre en mains. Pourtant l’ambiance générale et les quelques nouveautés bien trouvées compensent facilement ces désagréments. Avec un gameplay plus dynamique, un monde ouvert encore plus travaillé, et un nombre infini de quêtes annexes, Skyrim se place facilement sur le podium des grands RPG de 2011.
09/10

La vision de Megamat :
Longtemps annoncé, The Elder Scrolls V : Skyrim est enfin sorti, le 11.11.11, histoire d’avoir une date spéciale pour un jeu spécial. Bien que le jeu comporte quelques bugs, et surtout des plantages. On les lui pardonnera ces quelques défauts grâce à la qualité du scénario, du gameplay, des animations, des dialogues, de la diversité des endroits, des dragons, des graphismes, et de la bande son. L’interface n’est finalement pas si compliquée que cela, mais est assez lourdingue. Mais bon sang, quel pied de jouer les montagnards ! C’est une fabuleuse ascension vers le bonheur, Skyrim est une véritable réussite, moi aussi j’y retourne.
10/10

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