En parallèle à tous ces RPG qui offrent une expérience de jeu dans un fond identique, c’est à dire une histoire avec dialogues comprenant des phases de découvertes accompagnées de combats avec des graphismes 2D ou 3D, on peut trouver quelques RPG OVNI dont la structure est différente. C’est le cas de Loren The Amazon Princess qui se présente comme un visual novel (roman-photo) accompagné de combat au tour par tour dans un habillage RPG. 
Développé par Winter Wolves, une société italienne (semble t-il), et sorti en mai 2012 sur PC, Loren The Amazon Princess a sensiblement divisé la team car il pouvait faire penser qu’il ne faisait pas partie de nos critères, son style étant, pour certains, un peu trop manga. Au final, après moultes tergiversations, j’ai réussi à convaincre le chef qu’il fallait vous le présenter. Pourtant, ce jeu a beau avoir des origines européennes, le soft répond à des critères de jouabilité bien loin de chez nous. Explications.

Quand la Loren s’en va t’en guerre…

C’est l’histoire d’une princesse, Loren, combattante et garçon manqué avant-tout, qui s’aperçoit un beau matin que sa mère, la reine, a disparu. Elle décide donc d’abandonner son royaume et de partir à la recherche de son ascendante. Pour cela, elle part accompagnée d’un bras droit que vous allez choisir entre un guerrier humain esclave et une elfe rôdeuse amicale. En fait, vous allez incarner ce personnage secondaire au niveau des choix de scénario – mais aussi gérer l’équipe lors des combat et tous les personnages qui vous rejoindront.

A l’instar d’un Fallout, la rencontre avec la princesse va amener son lot de questions pour mieux vous connaître et vos réponses bonifieront les trois caractéristiques qui vous définissent. Une mise en scène très bien amenée, tout comme ce questionnaire de création de personnage. Ainsi à la question “Comment étiez vous petit ?” si vous répondez “bagarreur”, vous gagnerez +1 en force, “dans les livres” vous gagnez +1 en mana, et “chapardeur” vous aurez +1 en dextérité. Les questions de Loren terminées, vous pourrez partir à l’aventure sachant que l’on vous proposera le choix du niveau de difficulté parmi les trois possibles. 

Cette ballade dans le royaume apportera un lot de nouvelles têtes et une équipe se mettra en place au fil de votre périple. Retrouver la reine-mère ne vous prendra dés lors qu’une demi-douzaine d’heures, mais en parallèle il se tramera un complot au sein du royaume, qu’il vous faudra bien entendu déjouer avec votre équipe fraîchement réunie.Dès que vous serez sorti du château, vous vous déplacerez sur une carte générale sur laquelle vous découvrirez au fur et à mesure de nouveaux lieux, tout comme dans Baldur’s Gate. À partir de cette carte, il est aussi possible d’établir un feu de camp, de manière à récupérer vos points de vie et de mana perdus durant les combats.

Il est aussi possible de faire des rencontres aléatoires lorsque l’on voyage, mais ces dernières peuvent être évitées si on le désire.Le scénario est simple et efficace et votre personnage s’entretiendra souvent avec Loren et vous aurez parfois plusieurs façons de parler à la belle. De cette conversation découlera alors des émotions et peut être une romance. Il existe douze romances possibles entre les différents personnages de l’équipe au coin du feu. On obtiendra alors lors du sommet de votre idylle une image d’enlacement osée que le soft propose même de censurer pour les plus jeunes. 

Game ou Book, tel est la question ?

Loren The Amazon Princess est vraiment à part. En effet, sa particularité réside dans le principe de vous proposer des graphismes entièrement composées d’images. Il n’y a donc ni animation, ni effets 3D dans le jeu. Pour expliquer mon laïus, imaginer une image de fond (prairie, toundra, village, salle, château…) sur laquelle on intègre un personnage dont le discours est affiché dessous. Pour rendre ce système plus vivant, il existe quelques animations faciales (yeux, lèvres) et quelques effets de lumière. À cela vous rajoutez des bruitages de bonne qualité, et vous voici face au jeu. Loren parle, elle apparaît à l’écran, le magicien lui répond, il apparaît du côté opposé. Vous allez en ville, Loren apparaît et parle, et ainsi de suite…On regrettera qui n’y ait pas de dialogue audio, mais surtout que les textes ne soient pas traduits.

Car Loren the Amazon princess parle beaucoup. Cela n’est pas forcément un défaut pour s’imprégner de l’atmosphère des personnages, mais demande une concentration importante pour suivre les textes qui, rassurez-vous ne demandent pas une connaissance poussée de l’anglais. Cela cause tellement que le rythme s’en ressent obligatoirement. On passe parfois dix minutes à lire les dialogues avant un combat. Sachant que dans les dialogues, on ne vous propose pas 36 possibilités, on a plus l’impression d’être face un livre interactif qu’à un RPG. Heureusement, la musique qui l’accompagne est de bonne qualité, même si elle est parfois redondante selon le lieu, elle reste légère et agréable.

Loren, met un soutien-gorge pour sortir !

Comme on peut le constater sur les screenshots qui parsèment ce test, les illustrations que composent le jeu sont très particulières : Croisement entre les mangas japonais et les dessins animés pour adultes que l’on ne verra jamais à la télé, et le vieux routard RPGiste aura bien du mal à accrocher. C’est un visual novel, me souffle Azael. En effet, le style semble conçu pour les ados prépubères voyeuristes qui apprécient plus les courbes des héroïnes que celles du royaume. On a l’archétype même de ce qu’il vaut mieux éviter et qui pourtant représente bien l’idéal féminin de notre société.

On constate donc que la princesse est une bombe à forte poitrine tout comme les acolytes féminins qui l’accompagnent et on se demande comment elle fait pour ne pas se couper un sein, surtout si c’est une amazone. A contrario d’un Game of throne qui propose une atmosphère sale et réaliste, ici, on a vraiment l’impression d’un univers propre et aseptisé pour ados des années quatre-vingt, là où la censure sévissait encore au moindre bout de sein. Andy serait le premier a fuir les enfers en apercevant la vilaine qui les occupe : une bimbo de dernière génération avec son fessier mis en avant dans un justaucorps noir finement ciselé.

On perd donc en immersion, parce que ses stéréotypes ridicules nous explosent à la figure et nous agressent sans cesse, nous, vieux rôliste européens.En plus, fait exprès ou pas, on se croirait dans la communauté de l’anneau avec cette équipe constituée d’un nain barbu, d’un humain imberbe, tout comme la naine qui ressemble à une gamine de 8 ans, d’une magicienne à moitié nue maquillée comme une Paris Hilton, ou encore d’un vieux magicien, le seul vrai troisième âge de l’équipe, à contrario de l’équipe de RPG France qui en compte plus d’un. Alors du coup, on se pose bien des questions et le scénario fleurant l’eau de rose détonne avec l’univers sauvage où la Loren à gros seins sort son épée pour découper toute personne lui manquant de respect, et qui paraît plus vieille que sa mère.

Y a l’option : Accélérateur de particules ?


A côté de ce scénario très à l’eau de rose qui roule sur un seul rail tout au long – bon d’accord, vous ferez un écart de temps en temps, mais tellement minime – on trouve des combats qui fonctionnent au tour par tour comme dans la série Disciples. Dès qu’un combat s’engage, on vous demande de choisir dans votre équipe un nombre fixe de participants qui ne pourront pas être changés durant la rixe. On vous indique ensuite les conditions d’échec de votre combat qui amènera le Game Over, souvent la perte d’un personnage principal obligatoire dans le combat. Ensuite, on se retrouve devant un écran fixe de six combattants maximum de chaque côté. Deux lignes de trois sur lesquelles on place son équipe qui fait face aux ennemis.

Bien entendu, on placera les archers et lanceurs de sorts sur la seconde ligne, de manière à mettre sur le devant de la scène les combattants au corps à corps. Seule la tête de l’attaquant est visible, avec à côté ses points de vie et ses points de mana. Sur le côté droit de l’écran, on peut voir le nom des différents personnages par ordre d’initiative décroissante. Ainsi le plus rapide va faire son action, ou un sort, qui peut correspondre à l’une de ses compétences. Le combat se déroule jusqu’à la mort de l’un des deux groupes. Sur le côté gauche, apparaissent des informations sur le personnage sur lequel votre curseur est posé. Le plus gros défaut de ce système est la lenteur du combat. En effet, les personnages ayant une centaine de points de vie, il faudra un nombre de tours assez conséquent pour vaincre tout un groupe.


On appréciera les trois modes de difficulté des combats. Si en mode facile le jeu se passe les doigts dans le nez, en mode difficile, vous aurez besoin de vous triturer un peu plus les méninges pour gagner. Du coup, au niveau le plus facile on s’ennuiera durant les combats, et au niveau le plus difficile, où ils sont plus techniques, on pestera devant leur grande durée.

RPG, RPG …. 

Si vous remportez la victoire dans un combat, chaque participant gagnera de l’expérience et votre groupe trouvera du matériel. Il est alors possible de distribuer ce matériel à vos personnages, et si vous avez passé un niveau, d’augmenter l’une des trois caractéristiques des autres personnages, et selon son niveau, d’augmenter l’une de ses compétences. Chaque personnage a un arbre de compétences distinct qui correspond à sa classe et un arbre commun aux autres.

En gagnant un point de compétence, on débloque une compétence précise si on a le niveau demandé. Pour les magiciens par exemple, en ajoutant un point à la compétence boule de feu, le personnage pourra lancer des boules de feu coûtant moins de points de mana. On retrouvera automatiquement la nouvelle compétence débloquée lors du prochain combat, sauf si cette dernière est passive, auquel cas elle agira automatiquement. Un système efficace qui ne demande pas à se prendre la tête.

Chaque personnage a un équipement distinct défini comme dans un RPG et qui peut aussi être magique. C’est particulièrement bien fait, dans le sens où chaque objet équipé ou tenu peut être sélectionné et pourra être comparé avec les objets de l’inventaire. Un système digne des meilleurs comparateurs que l’on trouve dans les hack’n’slash. Il en est de même avec les commerçants vous présentant de nombreux équipements qui pourront avoir de l’intérêt vu que votre équipe est assez nombreuse, malgré les six personnages maximum utilisables pour les combats.

Dans chaque village, on trouvera des PNJ avec lesquels on pourra faire du commerce. Il est aussi possible d’augmenter sa réputation (fame) en résolvant certaines quêtes basiques. Cela est toujours synonyme de combats dans une arène avec gain d’expérience, de loot et de réputation à la clé.  Ces quêtes FEDEX sont donc redondantes et ennuyeuses à la longue vu la vitesse des combats, mais permettent du leveling à vos personnages, bien utile en niveau de difficulté plus poussé.

Alors s’il vous faudra un peu plus de 15 heures pour le finir, dixit Azael qui a été jusqu’au bout, les quelques choix de scénarios différents, le niveau de difficulté ou l’envie de compléter toutes les romances pourront vous donner l’envie de le relancer. Mais il faudra réellement attendre les DLC, déjà sortis à l’heure où vous me lisez, pour compléter votre aventure.

Si vous aimez les visual novels avec combat au tour par tour, vous serez sûrement attiré par Loren, The Amazon Princess qui en a tous les critères. Pour nous européens, pas forcément habitués à ce style de jeu, le dépaysement est total, voire très violent. Les longs combats, le peu d’animations et les dialogues interminables, bien narrés, mais uniquement en anglais, seront de trop. Ma curiosité m’a ainsi porté pendant une demi-douzaine d’heures avant que je tombe dans l’ennui, me retrouvant plus voyeur que joueur, même si la réalisation est impeccable. Essayez la démo, et si vous la finissez avec une certaine envie, dîtes-vous que ce jeu est fait pour vous. La romance aura alors pris.

Par contre, si vous aimez les visual novels, ne tenez absolument pas compte de la note car vous en aurez pour votre argent. Faut-il être un amateur.

+ Un système original
+ Visual novel RPG !

Note RPG 3 sur 5
Note testeur 03 sur 10

– Un jeu spécial pour un public spécial
– Pas d’audio pour les héros
– Trop stéréotypé
– Uniquement en anglais avec de très nombreux textes

S’abonner
Notifier de
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments