Les adaptations de films en jeux vidéo, en particulier celles de l’univers Star Wars, ont rarement su transposer ce riche univers pour transporter le joueur. Il y a eu quelques grandes séries, comme la saga X-Wing qui reste une référence de la simulation spatiale ou encore les FPS avec la série Dark Forces/ Jedi Knight ; mais si l’univers de Star Wars est terriblement riche, il est étonnant de voir qu’il n’y a presque aucun RPG qui exploite la licence. C’est alors que LucasArts annonce un nouveau projet, Star Wars : Knights of the Old Republic, un jeu de rôle Star Wars, qui plus est développé par le studio Bioware, qui est depuis quelques années déjà considéré comme un maître en la matière, avec des productions telles que Neverwinter Nights ou Baldur’s Gate.

Il est clair que la tâche n’est pas aisée, car les fans restent à l’affût, et nombre d’entre eux n’hésitent pas à critiquer, à déprécier les œuvres portant sur « l’univers étendu », c’est-à-dire ce qui ne se déroule pas durant les films, lorsqu’ils ne les trouvent pas cohérentes avec le reste. Un RPG sur l’univers de Star Wars est une entreprise délicate, mais allier cet univers au talent de Bioware nous donne potentiellement quelque chose d’énorme.

Luke, quand je ne serai plus, le dernier des Jedi tu seras…


Le jeu se déroule 4000 ans avant la Bataille de Yavin, c’est-à-dire la bataille qui fit de Luke Skywalker, Han Solo et Chewie des héros, en détruisant l’Etoile Noire du seigneur des Sith Dark Vador. Bioware a choisi de prendre ses distances temporellement vis-à-vis des films, pour avoir une plus grande liberté de création. Les personnages principaux de la saga ne sont pas présents dans la trilogie originale, mais dès les premières minutes, on en retrouve l’ambiance. Le jeu s’ouvre sur une cinématique grandiose.

Une bataille spatiale fait rage entre des chasseurs Sith et un énorme croiseur de la République, l’Endar Spire. On apprend qu’à cette époque, Jedi et Sith sont en nombre, et qu’ils se mènent une guerre sans fin. Le vaisseau de la république protège une Jedi nommée Bastila, mais suite à l’attaque, elle est obligée d’évacuer en prenant place dans une capsule de sauvetage, qui s’écrase peu de temps après sur la planète Taris. Pendant ce temps, vous, qui êtes soldat sur l’Endar Spire, parvenez à vous échapper avec l’aide d’un collègue, le capitaine Carth Onasi, qui est bien décidé à retrouver Bastila. C’est donc sur les chapeaux de roues que débute l’aventure de Knights of the old Republic.

Avant de s’embarquer dans cette folle aventure, il vous faut, comme dans tout bon jeu de rôle, définir quel type de personnage vous êtes. Vous avez ainsi le choix entre trois classes, et vous disposez d’un capitale de points assez restreint au départ, mais qui augmentera par la suite en augmentant de niveau. Vous devez les répartir dans plusieurs caractéristiques que sont la Force, la constitution, l’intelligence, le charisme ou encore la sagesse. Ces caractéristiques sont plus ou moins importantes selon votre classe. De plus, vous avez un bon nombre de compétences qui lui seront utiles lors de sa progression.


Par exemple, la compétence Informatique vous permettra de déverrouiller des passages via des commandes, tandis qu’une compétence de démolition vous donnera plus de chance de l’ouvrir grâce à une mine. Enfin, les talents, qui confèrent des bonus au maniement d’armes, ou qui donnent accès à des pouvoirs. Vous aurez plus tard à choisir une classe Jedi, lorsque vous entrerez à l’Académie, et vous aurez de ce fait accès à de nouveaux talents en lien avec la Force et ce à la fois en attaque et en défense. Par exemple, certains sont recensés dans les films comme les éclairs de force, d’autres plus originaux, comme « horreur », qui terrorise l’ennemi et le paralyse de frayeur. 

Le gameplay est divisé, ou plutôt combine avec brio plusieurs éléments qui sont l’exploration, les combats, et bien sûr les dialogues. Le scénario, que je ne dévoilerai pas est l’une des plus grandes qualités du titre et se doit d’être vécu en y jouant. Il vous permet d’obtenir assez vite votre propre vaisseau, l’Ebon Hawk, et vous fait voyager sur plusieurs planètes. Huit au total, dont certaines mythiques telles que Tatooine ou encore Kashyyyk, la planète de Chewbacca, qui n’avait à l’époque jamais été représentée. Il y en a d’autres nouvellement créées, mais tout autant travaillées et fidèles à « l’esprit » de la Saga.


Lors de ce périple, vous serez confronté à de nombreux personnages qui réagiront différemment selon votre alignement et vos actes, et vous pourrez constituer un groupe éclectique composé de divers personnages, dont des droïdes, des aliens, possédant chacun leur propre histoire. S’ils sont au nombre de neuf, vous ne pourrez, lorsque vous visitez une planète, n’être aidé que par deux d’entre eux. Là, le travail de Bioware fait encore des merveilles. On se prend en effet à choisir ses acolytes non pas parce qu’ils sont les plus forts dans tel ou tel domaine ou compétence, mais parce qu’ils ont une personnalité qui est intrigante, parfois attachante, et qui nous donne envie d’en apprendre plus sur eux, en découvrant leur passé ou leurs motivations.

Le jeu de Bioware nous offre des lieux très différents, et regorge de quêtes et de personnages secondaires très travaillés. Mais il peut décevoir, à première vue, par son manque de liberté dans les environnements, qui restent relativement cloisonnés. Il semble surtout linéaire en comparaison d’autres RPG comme The Elder Scrolls III : Morrowind, sorti peu de temps avant KotOR sur PC et Xbox, première du nom. Mais cela permet une histoire très travaillée, pleine de rebondissements, et surtout, oppose au joueur de vrais choix.

On accède au rang de Jedi à partir d’un certain temps. Vous aurez alors l’occasion de « réciter » le code Jedi, et de fabriquer votre sabre-laser, par la suite améliorable via divers cristaux. Ensuite, plus personne ne dicte votre conduite. Libre à vous de rester sur le droit chemin ou au contraire d’entraîner la galaxie à sa perte en embrassant le côté obscur de la Force !

Un grand guerrier ? Personne par la guerre ne devient grand.

Quelle que soit votre voie, vous serez confronté à de nombreux ennemis. Le système de jeu se rapproche d’un RPG classique pour la résolution des combats. Il s’inspire en effet du système de combat d20, comme dans la troisième édition de Donjons et dragons. Après avoir ordonné une action, l’ordinateur jette des « dés virtuels » qui déterminent la réussite, ou non, de l’attaque ou de la défense. Ce total peut bien sûr être modifié par les différents objets qui équipent vos personnages. Mais le système pour aborder le combat est différent de ce qu’on a pu voir jusqu’à présent, et surtout, très plaisant. Le jeu est entièrement en 3D, avec une caméra dite « à l’épaule », comme dans un Third Person shooter, ou comme dans la plupart des RPG récents. Vous contrôlez et déplacez votre personnage en temps réel.

Vos coéquipiers vous suivent, et sont animés par une intelligence artificielle qui remplit correctement son rôle, sans être transcendante. Lorsqu’un ennemi ou groupe d’ennemis est visible, le jeu se met en pause. Vous pouvez alors sélectionner quel ennemi attaquer, et quelle attaque vous allez effectuer. Vous pouvez paramétrer une suite de trois attaques qui seront effectuées en quittant le menu “pause”. Ces attaques peuvent être choisies selon trois types, avec trois onglets différents à l’écran : attaquer avec l’arme en main, c’est-à-dire au choix une arme de corps à corps ou à distance comme le blaster, attaquer avec un « objet » comme un détonateur thermique, ou avec un pouvoir de la Force.

Pendant la pause, on peut passer à volonté d’un personnage à l’autre – parmi les trois choisis en arrivant sur la planète – pour paramétrer et coordonner chacune de leurs attaques. Au final, en quittant la pause, tous les personnages s’animent et leurs attaques déferlent sur les adversaires. On a ainsi droit à de somptueux duels au corps à corps, chorégraphiés avec grâce et puissance, dignes des meilleurs moments cinématographiques. Il est dommage cependant que les combats aux blasters n’aient pas bénéficié du même traitement. Beaucoup moins jouissifs à l’usage, on aura tendance à les laisser à nos coéquipiers, en guise d’arme de soutien.


Les combats sont parfois obligatoires, mais le jeu offre de nombreuses approches en fonction de votre alignement et de vos réponses aux dialogues. La compétence « persuasion » permet d’accéder à de nouvelles lignes de dialogues par exemple, ou d’avoir plus de chance d’influencer des NPC pour nous aider. Ainsi voulant accéder dans une salle précise, vous pourrez tenter de soudoyer un personnage ou le menacer, ou encore user de vos compétences d’informatique pour déverrouiller l’issue, sans passer par une approche directe.

Cette liberté de choix est bien réelle, et donne encore plus d’intérêt à la trame principale. Ainsi le jeu se rapproche d’un Dragon Age ou d’un the Witcher. L’aventure est plus dirigiste et cloisonnée pour fournir de multiples petits embranchements qui font que deux parties ne seront jamais identiques. Ce travail remarquable est également très équilibré. C’est selon moi, l’une des premières fois dans un RPG où il est aussi gratifiant de jouer aussi bien un adepte du mal qu’un chevalier du côté du bien.

Le background de Star Wars aidant, on prend son pied dans une première partie, puis on en fera, à n’en pas douter, une seconde en passant dans le camp adverse. Bioware a ajouté quelques “à côté” dans son jeu, en s’inspirant là aussi de l’univers de Star Wars. Le fameux Pazack est un jeu de cartes qui empreinte aux mécaniques du Blackjack et du poker. Vous pourrez aussi trouver sur chaque planète des courses de fonceurs, directement inspirée des poursuites mythiques de Star Wars. Ces activités annexes viennent grossir une durée de vie déjà fort appréciable. Comptez entre 40 et 50 heures pour votre première partie.

Pour une fois, laisse-moi te regarder avec mes propres yeux.

Après le “fond”, passons maintenant à la “forme”. L’interface, sur console, comme sur PC, est extrêmement intuitive. Les menus sont clairs et simple d’utilisation bien que très fournis. Au niveau de la bande-son c’est encore un travail d’orfèvre. Les musiques qui sont à la fois des reprises des thèmes de John Williams et des morceaux inédits, sont magnifiquement orchestrées par Jeremy Soule.

Les dialogues sont entièrement doublés, et en français s’il vous plait ! Hormis le personnage que vous contrôlez, tous les personnages du jeu, qu’il soit un simple passant ou le  grand méchant, ont eu le droit à une vraie voix, de telle sorte que les dialogues paraissent être tirés d’un film. Même les extraterrestres ont le droit à un dialecte propre. Je pense aux Wookies ou aux Twi’leks, mais aussi à de nouvelles espèces jusqu’alors inconnues. Si ces lignes de dialogue en “extraterrestre” finissent par se répéter, on ne peut qu’applaudir le travail effectué, qui donne de la cohérence et qui facilite l’immersion.

La réalisation graphique est satisfaisante. Au niveau du design, c’est un sans faute. Bioware a réussi à s’approprier l’univers de LucasArts, de telle sorte qu’on retrouve cette ambiance qui fait l’originalité de la trilogie classique, tout en apportant leur propre touche. On a donc un vrai Star Wars digne des films, voire qui s’approprie une part entière du background et qui étoffe énormément l’univers tout en restant cohérent. Le design exemplaire est supporté par un jeu graphiquement assez joli à l’époque, qui reste agréable, même s’il a vieilli.

On peut tout de même déplorer que certains paysages, même s’ils sont très inspirés, sont parfois très vides et certaines animations sont assez rigides. Mais c’est sur le plan technique que KotOR pèche surtout. En effet, si aujourd’hui, il est accessible à toutes les configurations PC, le frame rate sur PC comme sur console reste relativement fébrile, et on déplore de nombreux bugs de collisions par exemple, ou parfois, des scripts qui ne s’activent pas. Rien de bien méchant, certes, surtout qu’aujourd’hui sur PC il existe une pléthore de patchs, mais qui font un peu tâche sur un tableau si idyllique.

Ce Knights of the Old Republic a donc tout pour plaire. Il propose une aventure relativement longue, mais surtout qui bénéficie d’une bonne rejouabilité. Le jeu est à la fois accessible, mais procure de bonnes sensations aux adeptes des anciens titres de Bioware ou de Black Isle. Les personnages sont charismatiques et leur personnalité a été travaillée avec beaucoup de soin. Plus linéaire que d’autres RPG, il est néanmoins bien mieux construit, dans le sens où l’aventure bien que plus dirigiste, est passionnante d’un bout à l’autre. Les différentes quêtes annexes ne sont pas en reste, et on ne ratera pas l’occasion de faire une pause, en devenant par exemple un chasseur de prime comme Boba Fett, ou le meilleur duelliste de la galaxie en combattant dans une arène.

En somme, c’est une réussite totale, car le travail accompli par Bioware sur l’univers de Star Wars est tout bonnement ahurissant. Ils parviennent à se l’approprier sans le dénaturer, à proposer une aventure qui permet de jouer des deux côtés de la Force sans avantager l’une ou l’autre des voies, et d’offrir de multiples choix secondaires qui enrichissent une aventure déjà bien pimentée par sa trame principale et ses combats grandioses !

+ Star Wars sublimé
+ La bande-son, doublages comme musiques
+ Un gameplay à mi-chemin entre RPG à l’ancienne et actuel
+ Une narration de qualité
+ La liberté de choix

Note RPG 4 sur 5
Note testeur 08 sur 10

– Les chargements
– Relativement cloisonné
– Framerate surtout console

La vision de Dagon :
(Ce minitest a été écrit et publié sur le site Dagon’s Lair. Avec l’aimable autorisation de son auteur).
Il aura fallu attendre avant d’avoir un jeu de rôle inspiré de l’univers Star Wars, mais le moins que l’on puisse dire est que cette attente n’aura pas été vaine. Afin de ne pas être bloqué par les normes déjà établies par les livres et les films, les développeurs ont décidé de fixer l’action de Kotor 4000 Ans avant l’avènement de l’Empire. Se basant sur un style plus proche de la première trilogie que de la seconde trilogie (ce qui n’est pas pour nous déplaire), Kotor a presque tout pour plaire.

Graphiquement, le jeu est très réussi, et reprend le style de la première trilogie. Adieu les textures nettes, propres, neuves et vive les traces de rouille, de laser, et autres détériorations dues au temps …et aux combats. Au niveau des personnages et des armes le jeu est bien modélisé, les animations sont superbes, notamment pour les combats et les niveaux (plutôt mondes ici) ne se ressemble pas et ont chacun leur style particulier. La bande sonore quand à elle, est digne de Star Wars, avec les compositions de John Williams complétées par celles de Jeremy Soule (Neverwinter Nights). A noter le doublage français qui s’en sort honorablement cette fois-ci.

Le système de combat, est celui adopté par Bioware depuis Baldur’s gate. C’est du temps réel, avec possibilité de pause pour changer les ordres. L’évolution du personnage quand a elle, utilise le système « D20 » maintenant classique de Donjon & Dragons, et comprend moult caractéristiques a améliorer, tels, les pouvoir Lumineux et Obscurs, l’adresse en Informatique, et les habituelles, forces, dextérité etc… Une fois le prestigieux rang de Padawan atteint le jeu reprends le principe des multi-classe pour son évolution, a savoir votre classe de base (Éclaireur, Guerrier ou Voyou) et votre classe de Jedi (Sentinelle, Consulaire, Gardien).

Le scénario se situant hors de la période des films, les auteurs ont eu le loisir de faire a peu près tout ce qu’ils voulaient. Ainsi le joueur se retrouve en pleine guerre opposant Sith et la Republique, et entraînera le joueur et son vaisseau à la recherche d’anciens artefacts sur un total de 7 planètes. La plupart des planètes pourront se visiter dans l’ordre que le joueur souhaitera, mais le jeu restera très linéaire au   sein de chacune des planètes.

Le joueur moyen s’en sort avec une cinquantaine d’heures de jeu en moyenne, ce qui peut se révéler bien maigre pour un jeu de rôle, mais la possibilité d’aborder le jeu d’une manière totalement différente en jouant Sith rallonge la duré de vie. Qui plus est l’ajout de mini jeux (course de pod, jeux de cartes, shoot spatiale) rajoute du fun, et du plaisir de jeux, empêchant la lassitude de s’installer. Le jeu ne dispose pas de mode multi-joueurs mais cela était prévisible avec la sortie de Galaxies.

Graphismes et sons : 4/5 – Interface de Combat : 4/5 – Scénario : 4/5 – Jouabilité (fun) : 4/5
08/10

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