vendredi, avril 19, 2024

Dead Island

Ce test a été écrit et publié à l’origine le 18 Septembre 2011  sur le site RPGFrance par son auteur Lughan.

NOTES FINALES

Note de l'auteur
7
Note RPG
4

Que vois-je ? Un jeu avec des zombies sur RPG France ! Suis-je en train de rêver ? Certains parmi vous se poseront sans doute de telles questions. Les zombies envahissent en effet depuis quelque temps nos films, nos séries, nos comics et bien sûr nos jeux vidéo au point de nous en lasser. Resident Evil, Left 4 Dead, Dead Rising, pour ne citer que les meilleurs, divisent les joueurs en deux grands groupes : les fans et ceux qui détestent. Si ces jeux plaisent en effet beaucoup pour leur côté gore et décalé, ils sont souvent critiqués en revanche à cause de leur gameplay répétitif, de leur scénario faible et de leurs personnages caricaturaux.

En un mot, les jeux de zombies sont accusés de surfer sur la vague et d’être purement commerciaux. Dead Island a décidé de laver cette réputation en proposant d’insérer le gameplay d’un RPG dans un univers de zombies. Développé par Techland (le studio à l’origine des sympathiques Call of Juarez 1 et 2 mais aussi du très mauvais Call of Juarez: The Cartel) et édité par Deep Silver, Dead Island n’avait donc pas été avare en promesses et avait d’ailleurs suscité beaucoup d’attente avec un magnifique. Cet action RPG est-il parvenu alors à réconcilier les fans et les détracteurs des jeux de zombies ? Dead Island est-il le chef d’œuvre annoncé ?


Votre aventure commence sur l’île tropicale de Banoï, en Papouasie. Après avoir choisi entre quatre personnages : Sam B. le rappeur afro-américain passé de mode spécialisé au corps-à-corps (tank), Xan, la chinoise experte des armes tranchantes reconvertie en simple femme de ménage, Purna l’ancienne flic aborigène entraînée aux armes à feu, et Logan, star déchue du football américain, devenu maître du lancer de couteau, vous vous réveillez dans votre luxueuse chambre d’hôtel et découvrez avec horreur la sombre réalité : la plupart des humains se sont transformés en zombies ! On remarquera d’ailleurs dans la chambre voisine le défunt couple du fameux trailer.

S’ensuit un court prologue servant de didacticiel au terme duquel vous parviendrez à vous échapper de l’hôtel, à trouver vos premières armes et votre premier allié : Sinamoï, un urgentiste qui a regroupé quelques survivants et qui a besoin de votre aide. Étrangement, vous semblez en effet immunisé à l’infection et comptez donc en profiter pour aider les autres et faire quelque chose de votre vie jusque là plutôt pathétique. L’intrigue principale consistera donc d’abord à trouver nourriture et matériel pour le poste de secours puis à obtenir un moyen d’évacuer l’île. Plusieurs solutions sont envisagées: bateau, avion, secours extérieurs… et toutes donneront lieux à des réseaux de quêtes diverses et variées. L’intrigue se divisera alors en quatre actes et une vingtaine de chapitres qui vous feront découvrir différentes zones : station balnéaire, ville, jungle, différents alliés mais aussi différents ennemis… Comptez ainsi une bonne vingtaine d’heures pour clore l’intrigue principale.


Si l’intrigue peut paraître convenue, le gameplay du jeu la rend étonnamment intense et immersive. Techland a eu en effet l’idée, certes opportuniste mais fructueuse, de mélanger à peu près tout ce qui marchait dans le monde du jeu vidéo. Du coup on obtient un mixte de Borderlands (FPS/RPG) sur l’île de Farcry, avec de la coopération à la Left 4 Dead et du bricolage d’armes à la Dead Rising. Vous pourrez donc en parallèle de l’intrigue principale, seul ou avec des compagnons, explorer librement l’île, faire tout un tas de quêtes secondaires et bricoler des armes toujours plus efficaces. Pour être plus précis, le gameplay se base sur la progression en niveau de votre personnage. Chaque zombie tué ou quête effectuée rapporte ainsi de l’expérience qui vous sert à monter de niveau.

A chaque niveau vous gagnez de la vie, de l’endurance et un point de compétence qui peut être dépensé dans trois arbres de compétences : un concernant votre capacité spéciale surtout utile en groupe, un autre pour votre spécialité d’arme et enfin un dernier concernant des compétences plus générales de survie. Comme les zombies et les armes montent de niveau en même temps que vous, il faudra donc toujours avoir de bonnes armes en main pour pouvoir faire des dégâts corrects. Sans quoi vous serez vite dépassé par ces chers morts-vivants qui n’ hésiteront pas à vous dévorer. Pour bidouiller vos armes, il suffit de trouver un établi où vous pourrez réparer, améliorer et combiner vos armes via des recettes et bien sûr des dollars, monnaie symbolisant votre esprit du pillage et de la récupération. Combinez ainsi un marteau et une batterie et vous obtiendrez un marteau électrique qui ferait rougir Thor en personne !


Concernant le combat en lui-même, la vue est à la première personne. Pour donner un coup, vous devez orienter le joystick ou la souris dans la direction inverse où vous souhaitez donner votre coup puis le réorienter rapidement dans la direction voulue. Vous pouvez ainsi viser différents endroits du corps pour produire différents effets: décapitation, amputation, bris, lacération, immolation, électrocution etc. Chaque coup dépense de l’endurance qui se régénère au repos. Vous pouvez également esquiver les coups et bien sûr donner un coup de pied pour dégager un zombie trop envahissant.

Vous avez même la possibilité d’achever un ennemi au sol avec votre talon, de plaquer les zombies au sol si vous courez etc… Le gameplay est donc très prenant et vous occupera au moins 30 heures de plus pour peu que vous fouillez bien tout minutieusement. Sans compter une excellente rejouabilité avec quatre classes de personnage et un mode new game + permettant de refaire l’aventure en hard avec votre personnage niveau 50. Vous serez par contre surpris d’apprendre qu’on ne peut pas véritablement mourir dans Dead Island : si l’on tombe à terre, on reçoit juste en effet une pénalité de 10% sur notre argent et on réapparaît quelques secondes plus tard à proximité.

Mais comme l’entretien des armes et les objets à vendre auprès de certains PNJ sont très chers, mourir vous pénalisera donc toujours. Sans compter que la difficulté se corse considérablement au fur et à mesure des actes, que les munitions sont plutôt rares (surtout dans l’acte 1), que certains zombies ont des attaques spéciales très dangereuses et qu’une partie des survivants, ayant sombré dans la folie ou l’individualisme, n’hésitera pas à vous attaquer. Bref, un véritable cauchemar sur une île paradisiaque !


Le maître mot du jeu est, vous l’avez compris, le réalisme. Dead Island réussit en effet à vous faire croire que vous êtes réellement sur l’île. Donnons un exemple : un PNJ vous demande de l’approvisionner en essence. Là où un RPG classique vous proposerait une simple quête Fedex, Dead Island vous oblige à trouver une voiture, vous rendre à la pompe, combattre le personnel transformé en zombies, trouver un jerrican, le remplir, le mettre dans votre coffre, redémarrer la voiture, une horde de zombies alertée par le bruit de la pompe à vos trousses !

Si la plupart des quêtes se révèlent au fond triviales, leur contexte et le soin apporté au réalisme les rendront intenses et addictives. Car au-delà du gore jouissif (le jeu est évidemment déconseillé aux plus jeunes et peut même écoeurer les adultes), Dead Island est surtout intéressant, comme tout bon film ou jeu de zombies, pour l’expérience de pensée qu’il propose : dans un monde infesté de zombies, que feriez-vous ? Aideriez-vous ou non les autres survivants ? Seriez-vous une machine à tuer ou plutôt une personne prudente essayant à tout prix d’éviter les zombies ?

Ou bien même un bricoleur de génie capable de se défendre sans trop se fatiguer ? Dead Island multiplie d’ailleurs les situations moralement complexes. Des pillards m’attaquent : que faire ? Dois-je les tuer avec mon pied-de-biche tout ensanglanté comme de simples zombies ou bien dégainer mon pistolet et les tuer dignement ? De même dois-je m’acharner à achever ces zombies qui ressemblent tant à des humains avec leur short de bain et leur bikini ou bien ai-je encore un peu de compassion qui retient mon geste et me fait poursuivre mon chemin ? Bien sûr, la plupart des joueurs préfèrent bourriner sans se préoccuper de telles questions.

Mais c’est bien dommage, car les développeurs ont tout fait pour vous rendre mal à l’aise, hésitant, apeuré, en stress. Les références aux films, séries et livres en tous genres sont d’ailleurs nombreuses et donneront matière à réfléchir. Vous trouverez notamment, en complément des armes et du matériel artisanal, des journaux et des cassettes audio qui vous relateront en partie l’origine de la maladie et l’histoire peu glorieuse de l’île où station balnéaire de luxe et favelas crasseuses coexistent sans se mélanger. J’ai en ce sens mieux apprécié le solo plus immersif et tendu que la coopération certes agréable mais rendant le jeu trop facile et bourrin.


Hélas Dead Island présente un gros point faible : la réalisation technique assez médiocre. D’une part le moteur graphique est peu performant (modélisation grossière des objets et bâtiments, temps d’affichage des texture long, aliasing prononcé, clipping…), d’autre part les bugs sont très nombreux (bug de collision, personnage bloqué dans le décor, localisation des dégâts parfois hasardeuse, corruption aléatoire des sauvegardes…) et surtout Techland a complètement raté les expressions faciales des personnages. Du coup les PNJ vous regardent avec des yeux de poisson mort et un sérieux manche à balai, ce qui nuit sensiblement à l’immersion.

En outre les cinématiques sont trop rares et n’exploitent pas assez l’intrigue principale ainsi que la psychologie de votre personnage qui se contentera seulement tout au long du jeu de quelques répliques. D’ailleurs que vous jouez seul ou à quatre, tous les personnages jouables apparaîtront dans ces cinématiques. C’est regrettable, on aurait préféré qu’elles soient individuelles. On déplorera au passage l’absence de répliques contextuelles entre votre personnage et ses compagnons si vous jouez à plusieurs. Heureusement pour nos oreilles le jeu est en vostfr, ce qui compense un peu toutes ces faiblesses.

Pour résumer, si le concept de Dead Island était novateur et prometteur, le jeu n’est pas le chef d’oeuvre escompté, la faute à un manque de maîtrise (et de moyens sans doute) dans la réalisation technique. Néanmoins le jeu propose une expérience unique de survival/RPG et plaira autant aux fans de zombies qu’aux amateurs de RPG, ouverts à d’autres univers que celui de l’heroic fantasy. Bien sûr les puristes du RPG ou les fans de FPS classiques avec plein d’armes à feu seront mitigés, tant pis pour eux, ce jeu ne leur est pas destiné ! En attendant, moi, je retourne sur mon île cauchemardesque jouer les héros bricoleurs…

+ un mixte RPG /FPS rafraîchissant
+ du coop fort sympathique
+ bourré de clins d’oeil
+ une très bonne durée de vie

Note RPG 2 sur 5
Note testeur 07 sur 10

– un moteur graphique rigide avec des textures parfois très pauvres
– un gameplay répétitif
– de nombreux bugs

Un trailer du feu de dieu.

La vision d’Etienne Navarre :
Fan de Fulci et Romero, il était évident que j’aimais Dead Island avant même de l’avoir installé. Voyez vous-mêmes ! Jouer à un jeu qui se voudrait le pendant vidéoludique des chefs-d’œuvre cinématographiques pour lesquels je me passionne est un rêve éveillé ! D’autant que le jeu se permet d’être franchement de qualité: univers immense, seconds couteaux uniques, ambiance parfaite, gameplay puissant et gore. Je dois bien reconnaître quelques défauts au jeu: graphismes en demi-teinte, bugs à la pelle et narration à la ramasse. En revanche, chaque partie de l’île à une ambiance unique et le dépaysement est complet, tout comme le bestiaire, sordide, glauque et affamé. L’Enfer des Zombies de Fulci a désormais son jeu et quel jeu !
09/10

La vision de Killpower :
Comme l’énonce Lughan, Dead Island est un mix de très bons jeux. Après avoir dépassé le stade technique (moteur de jeu rigide, bugs en tout genre, clipping..) et des maladresses de conception (respawn ennemis et objets, leveling des ennemis s’adaptant, sauvegarde bizzaroïde, monnaie ridicule, …), j’ai été submergé par le plaisir de jeu. Dead Island est mature, gore, immersif et joue avec votre penchant sadique. Si vous aimez les zombis, baigner dans le gore, et si vous êtes fans du maître des zombis, le réalisateur Romero, c’est vraiment le bonheur. On a presque l’impression de revivre certaines scènes de ses films et ça c’est le panard. A viander sans modération.
08/10

La vision de Mercks :
Autant le dire d’entrée, le titre de Techland est bourré de bugs : clipping, problèmes de collisions, quêtes qui disparaissent, système de sauvegardes archaïque. On pourrait automatiquement se dire que Dead Island est une bouse infâme. Eh bien, il n’en est rien. Le jeu est riche, long, “trippant”, et extrêmement addictif. Tout fan de zombie-movies et autres séries B signées Romero ne pourra qu’apprécier ce jeu de massacre jouable en multi. Les environnements sont variés et le level design est de qualité. Le nombre de quêtes impressionnant permet une excellente durée de vie, sans tomber dans l’ennui et la linéarité. Sans conteste mon coup de cœur pour ce mois de septembre.
08/10

RPGfrance
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Site ayant vécu de 2009 à 2022 et traitant de l'actualité des jeux vidéo RPG. Le site ayant disparu, l'équipe de RPGjeuxvidéo, sous l'action de Killpower, ancien président de RPGFrance, a essayé de rendre hommage aux nombreux rédacteurs qui ont participé au site, en reproposant leurs articles qui, sinon, auraient été perdus à jamais. Si vous êtes l'auteur de cet article, contactez-nous et inscrivez-vous, nous mettrons le texte à jour.

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