Le thème de ces débats est “pour ou contre”, et pas “pensez-vous que”. La prise de parti radicale est volontaire pour opposer deux visions totalement différentes sur un thème large. Le débat est là pour ouvrir le questionnement, pas pour répondre à une question précise.

A l’heure où les MMO Free To Play inondent le marché et où les dernières annonces quant à la future génération de consoles les font plus ressembler à d’inconfortables tablettes Facebook/Twitter qu’à des machines de jeu, les rôlistes avertis, eux, débattent avec verve de l’intérêt d’un mode multijoueur dans The Witcher 3. La connectivité, c’est le mot à la mode dans le domaine vidéoludique, le grand concept du futur qui va changer la face du monde en mettant en tête à tête les joueurs de la planète entière sur des concepts novateurs.
La Terre tremble, et pourtant… Le multijoueur est aussi vieux que le jeu lui même, qu’il soit électronique ou réel. Les jeux de rôles sont nés sur table, lors de soirées interminables, avant que la maigre technologie des années 80 n’oblige les plus numériques d’entre nous à se cacher pour explorer des donjons en solo. La pratique est restée et on voit aujourd’hui d’un mauvais oeil toute cette connectivité pré-embarquée, mode Big Brother, qui nous empêche de jouer tranquillement, comme si on avait peur d’être dérangé, troublé dans son intimité.
Alors, le révéré computerRPG, un plaisir solitaire ?

Killpower


Pour ou contre 001

POUR : Etienne Navarre

Je résumerais bien l’idée que je me fais du multijoueur ainsi : accepter de ne plus avoir le contrôle. Contrairement à une expérience solo qui place le joueur seul au centre de l’univers, la partie multijoueur (qu’il s’agisse de MMO, de coopératif ou de compétitif) met le joueur face à ce qu’il y a de plus excitant dans un RPG : l’imprévisible. C’est ce qui me plaît quand j’incarne un rôle. Cet inattendu qui peut faire basculer une partie parce que je n’aurais pas abordé mon rôle comme il faut ou parce que, tout simplement, je joue avec d’autres personnes qui sont faillibles.

Si le multijoueur ramène à l’essence même du jeu de rôle (le JdR papier, les GN ou grandeur nature), il offre aussi aux participants une expérience humaine parfaitement identique à la sociabilité de notre vie quotidienne : éclats de rire (des violents), énervement, rencontres désastreuses et prises de bec, révélations amicales et souvenirs impérissables. C’est peut-être cela que le joueur cherche en sociabilisant son RPG, après tout.

Pour ma part, je joue presque autant à des RPG solo que multi. Je ne pense pas que l’un soit meilleur que l’autre. Tout dépend évidemment des attentes que l’on place dans un jeu. En revanche, je me pose parfois de très sérieuses questions quand je vois l’accueil lamentable réservé à certains MMO en comparaison du multijoueur de Mass Effect 3 (la blague du siècle) et les réactions aux annonces récentes de CD Projekt (coucou les réac’). Tant que la partie jouable à plusieurs ne ruine pas l’expérience solo (voire qu’elle la sublime), je ne vois pas une seule seconde où est le problème.

Je pense qu’il faut ramener le jeu à plusieurs au centre de l’expérience vidéoludique. L’ouverture à l’autre amène excitation, émotions, frustration, folie… Tout ce qui dynamise le jeu en quelque sorte.


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CONTRE : Killpower

Un multijoueur dans un RPG représente pour moi la possibilité de jouer la campagne en coopératif. 

De ce constat, il faut donc que le RPG se prête à ce système : un jeu dans lequel on joue plusieurs personnages, qui peuvent être partagés entre différents joueurs me semble obligatoire. Dead Island, RPG light, est un très bon exemple, car il a été pensé pour se jouer à quatre (il n’y a qu’à voir les vidéo ingame). On pourra aussi considérer les hack’n slash qui sont coopératifs comme ayant un bon intérêt, même si le rôleplay est minime. 

Je ne suis donc pas contre le multijoueur s’il est pensé et intégré dès la genèse du jeu et s’il apporte un plus immersif. En revanche, je suis totalement contre à partir du moment où l’on propose un RPG solo auquel on intègre de force un mode multijoueur, qui n’aura aucun rapport avec la partie solo ou qui serait un lest lors du développement de la partie solo. Mettre un Capture the Flag ou un Deathmatch dans un RPG n’a aucun intérêt, surtout connaissant le nombre de jeux spécialisés dans ce type de mode multijoueur.

Et puis un jeu comme Baldur’s Gate, dans l’absolu, est bien plus riche pour un joueur qui va gérer et contrôler ses six personnages déjà existant dans l’univers -ils ont été développés par l’éditeur pour posséder des interactions avec le background, l’environnement, entre eux et les règles de jeu- que dans une version coopérative où il s’agirait de jouer avec cinq autres amis qui auraient créer leur propre personnage sans cette richesse fixée.

Du coup, je préfère jouer seul, dans un RPG j’entends bien, pour profiter à fond de l’univers que les développeurs ont su créer et me proposer, que de partager cette aventure mal accompagné ou avec des pans entiers qui disparaissent pour faciliter l’inclusion du multijoueur. 

Et puis ne serait-ce pas ridicule de voir un multijoueur coopératif dans The Witcher avec un sorceleur dans une équipe ?

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