samedi, avril 27, 2024

Oblivion Override

NOTES FINALES

Note de l'auteur
7/10
Note RPG
4/10

Il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Voilà un conseil qu’il serait sage d’appliquer à toutes les œuvres, à commencer par le jeu vidéo. Le secteur est engorgé, victime d’un succès d’estime qui lui vaut de crouler sous les titres. Quatorze mille cinq cent sorties rien que sur Steam en 2023. C’est colossal, et dans cette dynamique, un mauvais branding, une image de couverture peu aguicheuse ont tôt fait de passer sous silence n’importe quel jeu de petite ou moyenne envergure. Heureusement, j’ai réussi à repêcher Oblivion Override des profondeurs du catalogue.


C’est vrai, le nom est générique au possible. Et ne parlons même pas du key art de la boutique Steam qui m’évoque immédiatement un croisement bancal entre Steamworld et Megaman. Si l’on rajoute à cela le fait que Humble Mill soit un studio chinois qui reste très confidentiel sous nos latitudes, nous obtenons le combo parfait pour se désintéresser instinctivement d’un titre qui mérite pourtant le détour. Car Oblivion Override sera à n’en pas douter l’une de mes plus belles découvertes de l’année, cela grâce au caractère inattendu de sa rencontre. Un jeu que j’aurais sans aucun doute boudé s’il n’avait pas été sauvé par son trailer survolté et sa direction artistique inspirée.

Hadès : Cellules mortes.

Évacuons tout de suite l’éléphant au milieu du couloir, vous remarquerez assez vite qu’Oblivion Override s’inspire ouvertement de Dead Cells et de Hadès. Au point où les mécaniques de jeu sont à quelques détails près identiques. Des niveaux labyrinthiques générés procéduralement, des améliorations de salle déblocables via un PNJ depuis la base, le choix entre trois compétences à attribuer à notre héros, la possibilité de moduler son itinéraire en choisissant entre plusieurs portails de boss, etc. La liste est non exhaustive et pourrait même s’avérer très longue tant l’emprunt à ces deux titres est important.

” Pas besoin d’être clairvoyant, quand le run est bien engagé, c’est le gros n’importe quoi à l’écran. A la limite que les ennemis vous envoient des confettis pour célébrer la fête du slip.

Toujours est-il qu’un crossover entre deux des jeux les plus marquants de leurs années de sortie respectives n’est pas forcément une mauvaise chose, loin de là. Et même si l’hommage est fortement appuyé, force est de constater que la réalisation convainc facilement dès le premier lancement. Prendre les meilleurs morceaux de gameplay du moment pour en faire un jeu, c’est au passage ce que fait habituellement Ubisoft pour réaliser les nouveaux opus de ses franchises phares. Cela demande une bonne capacité d’analyse du marché, mais aussi pas mal de talent pour lier tout cela ensemble de manière cohérente.

Car au-delà du réemploi d’un certain nombre de mécaniques de gameplay, vous aurez compris que la colle qui jointe tout cela donne tout son charme au titre. Oblivion Override propose son lot d’innovations enthousiasmantes, parmi lesquelles plusieurs personnages incarnables aux passifs diversifiés, une foule d’armes aux designs étonnants et amusants qui renouvellent l’expérience à chaque run, une courbe d’apprentissage très maîtrisée qui nous permet de toujours être en confort avec le jeu sans s’ennuyer ni se frustrer. Le tout enrobé bien entendu d’une direction artistique originale aux allures techno-futuristes qui donnent à admirer la vision d’un monde entièrement dominé par les machines.

Vivre, mourir, recommencer.

Oblivion Override parvient à se rendre addictif dès le deuxième run. Le premier fait plutôt office de scène d’exposition, et bien que l’on puisse déjà arriver assez loin dans le jeu sans trop de difficulté, il n’est qu’à vivre comme un pied à l’étrier. Ce qui se passe par la suite est un cas d’école du meilleur de ce que le roguelite est à même de proposer. Explorons la boucle de gameplay ensemble pour que cela soit plus parlant. Tout d’abord, vous êtes mort. Cela vous arrivera souvent, et ce sera toujours à un cheveu de débloquer l’accès à ce qu’il y a juste après le boss. Une espèce de cliffhanger qui me fascine tant je n’arrive pas à comprendre comment elle peut être anticipée par le studio.

Vous réapparaissez donc à la base, dans une sorte d’imprimante 3D qui récrée votre corps et votre esprit. Tout le loot que vous aviez collecté est toujours disponible à votre réveil. La même routine s’enclenche alors dans la base : monter pour débloquer de nouvelles capacités passives communes à vos personnages, descendre pour débloquer de nouveaux corps et/ou en changer, de nouvelles armes ou pour valoriser des matériaux via le recyclage. Prendre le chemin du départ en passant par le PNJ qui ajoute de nouvelles salles dans les mondes traversés et reprendre la route avec l’arme qui vous a été donnée pour commencer la run.

Vous traversez le monde 1 dans une difficulté relative, une espèce de base militaire à l’abandon peuplée de robots au rebut qui veulent visiblement vous faire la carcasse. Sur votre chemin, vous trouvez une nouvelle arme que vous décidez de prendre ou de recycler pour améliorer celle que vous portez. Vous rencontrez un marchand ambulant, une équipe de soigneurs qui vous laissent le choix d’améliorer vos PV max ou de vous soigner, et une multitude d’autres salles disséminées dans le dédale si vous les avez déverrouillées à la base.

La fête du slip.

Il va sans dire qu’après avoir dérouillé toute la map, les points d’expérience se sont accumulés. Vous avez choisi plusieurs fois au cours de votre périple, entre trois compétences données, qui ont fait diverger votre expérience de jeu dans un sens particulier. Consciemment ou non, vous avez bâti votre build et vous vous êtes adapté à un style de combat que vous n’aviez peut-être pas tout à fait anticipé. C’est l’une des grandes forces d’Oblivion Override, qui vous propose à chaque run de découvrir l’association d’un personnage, d’une arme et d’un build plus ou moins aléatoire qui se dévoile au fil des salles. Et au vu du nombre de possibilités, la fraîcheur sera au rendez-vous pour un bon paquet d’heures !

Arrivés au premier boss, à choisir parmi trois, vous devriez clairement savoir si le run est bon ou non. Pas besoin d’être clairvoyant, quand le run est bien engagé, c’est le gros n’importe quoi à l’écran. A la limite que les ennemis vous envoient des confettis pour célébrer la fête du slip ! Tout simplement parce que les capacités de build sont construites en tuilage, ce qui implique que pour chaque brique supplémentaire, les actions commencent à réagir en chaîne. Combinez cela à une arme qui crée déjà passivement ce genre de réactions, comme la batte de baseball (qui a un pourcentage de chance de créer un multiball pour chaque ennemi touché par une balle) ou le wok (qui rebondit en chaîne) et le spectacle s’offre à vous.

Pour autant, malgré ces conditions terriblement favorables, les boss représentent tout de même un challenge rudement bien dosé, équilibrés à la perfection quelle que soit votre build. Je ne sais pas par quelle magie noire cela est possible, et j’ose à peine imaginer le travail colossal qui a dû être abattu pour envisager chaque build et adapter le boss en conséquence. Toujours est-il qu’à un moment, vous mourrez, à deux doigts de la victoire et le cycle infernal recommencera. Pourquoi relancez ? Parce que vous aurez envie d’essayer cette nouvelle arme, parce que vous commencez à entrevoir un semblant de build à tester, parce que ce nouveau personnage a un passif de folie, parce que tel PNJ a besoin d’un loot de boss… Testez, et rejoignez moi de l’autre côté du miroir !


Oblivion Override ressemblait au premier coup d’oeil à un énième ersatz de Dead Cells survitaminé. Malgré le fait qu’il puise de nombreuses mécaniques de jeu dans des titres phares des dernières années, il ajoute suffisamment d’âme et de bonnes idées à sa vision pour devenir rapidement addictif manette en mains. Cela en grande partie grâce à un système de build en cascade qui donne furieusement envie de tester de nouvelles combinaisons à chaque run.


  • POUR
  • Difficulté justement dosée.
  • Grande variété d’armes, aux designs amusants et aux gameplay toujours exclusifs.
  • Courbe d’apprentissage douce.
  • Direction artistique inspirée.
  • Construction de builds en tuilage et de réactions en chaîne.
  • Multiples services déblocables au camp de base.
  • Plusieurs personnages incarnables au fur et à mesure du jeu.
  • Présence d’Enigma Chip, une puce qui donne un bonus ou un malus selon la chance du joueur.
  • Mode Alerte après avoir terminé une première fois le jeu, qui change l’attitude des PNJ envers le joueur et permet de récolter plus de ressources et d’accéder à la vraie fin en échange d’une difficulté accrue.
Note RPG 2 sur 5
Note testeur 07 sur 10
  • CONTRE
  • Arme imposée à chaque début de run (qui ne peut être changée qu’en cours de partie).
  • Infobulles parfois gênantes en combat.
  • La superposition des effets peut déranger la lecture des combats.
  • Histoire complètement secondaire.

Furvent
Furventhttps://furvent.itch.io
Rédacteur et traducteur. Amoureux de RPG depuis toujours. Amateur de belles histoires. Chasseur de succès en quête du sacro-saint gold.

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Zemymy

Merci Furvent. Chouette test que j’ai pris plaisir à lire, même si ce n’est pas l’univers que j’affectionne.

L'archiviste

Merci du retour. Décidément, tu ne veux pas nous parler d’un bon gros RPG comme tu sais le faire … genre BG3. 😉 Allez, ca va revenir j’espère. 😂

L'archiviste

😨😉

Il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Voilà un conseil qu’il serait sage d’appliquer à toutes les œuvres, à commencer par le jeu vidéo. Le secteur est engorgé, victime d’un succès d’estime qui lui vaut de crouler sous les titres. Quatorze...Oblivion Override
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