samedi, avril 27, 2024

Born of Bread

NOTES FINALES

Note de l'auteur
6/10
Note RPG
4/10

Vous le savez si vous êtes un lecteur régulier et assidu du site, c’est à dire un représentant de l’élite, la quintessence de l’être humain en d’autres termes  : Baldur’s Gate III m’aura énormément occupé l’année dernière. C’est pourquoi ce début d’année est si chargé pour moi en rattrapages. Sorti du fournil en décembre dernier, Born of Bread fait partie de cette liste incroyablement longue que seul un arrêt sur images me permettrait d’achever. Alors même si la course est vaine, bougeons nous les miches !


Dans Born of Bread, vous incarnez Tipain, une boule de mie rendue vivante par sérendipité grâce au mélange astucieux du cuisinier du palais de la Reine. A peine doré, notre héros se retrouve confronté au retour de démons anciens qui cherchent à récupérer leurs terres ancestrales. Terres revendiquées et habitées depuis des lustres par le royaume humain actuel. Une version somme toute médiévale fantastique de la maison bâtie sur un ancien cimetière indien. N’écoutant que son courage, armé d’une louche glanée dans la cuisine de son papa, Tipain s’élance vaillamment dans une quête à l’humour décalé où se multiplieront les rencontres et les lieux à explorer. Alors, Born of Bread, bien cuit ou réchauffé ?

Cuisson inégale

Pour que vous puissiez visualiser globalement où nous sommes, je rangerais personnellement le titre dans la catégorie des light-JRPG. Map découpée en plusieurs portions fermées, personnages aux archétypes simples maniant différents types d’attaques, combat au tour par tour, tableau des types, sauvegarde à un emplacement fixe auprès d’un PNJ, objets utilisables pour se soigner, combats semi-aléatoires, etc. C’est la balade allégée pour tous les amoureux du genre, et ça permet aux plus réfractaires de rentrer dans le jeu facilement. Un parti pris assez malin qui offre à Born of Bread une certaine consensualité en élargissant de ce fait son public potentiel, mais qui l’ampute évidemment de la profondeur attendue dans certaines de ses mécaniques.

Heureusement, on ne joue pas à Born of Bread pour sa boucle de gameplay, mais bien pour la fraîcheur et la légèreté de son scénario. Comme une parenthèse ouverte entre deux jeux plus ambitieux et sérieux, le titre est l’occasion d’une respiration et d’un bon moment sans prise de tête dans un univers coloré. Le fil de l’histoire se déroule facilement, la chasse aux collectables reste totalement optionnelle bien qu’agréable et les enjeux sont si clairement établis dans chaque zone rencontrée que la résolution de quête ne se révèle jamais frustrante. Une absence de challenge qui manquera à une partie des joueurs mais qui m’est apparue reposante et zénifiante.

Toutefois, je dois bien avouer qu’après une dizaine d’heures de jeu, le paradigme initialement posé s’est brutalement rompu. Comme un pavé dans la mare, le calme et la quiétude ont disparu au profit de l’enfer du farm des combats. Il me fallait monter des niveaux de caractéristiques, mais aussi à chercher à obtenir davantage de points de compétences en raison de la dépense à l’aveugle qui s’impose pour améliorer l’arbre de chaque personnage. Rappel douloureux de Légendes Pokemon : Arceus, qui de la même manière nous offrait un énorme challenge final après toute une aventure à zoner tranquillement en pleine nature…

Baguette industrielle

Dans les premiers temps, je me souviens avoir été charmé par l’habillage du système de combat du jeu : des mécaniques toutes simples, faciles à manier, le tout placé dans le cadre amusant d’un faux live Twitch où l’intéraction avec le chat permet de récupérer de la mana. Les alliés d’un côté, les ennemis face à eux. La première vague permet aux alliés de choisir leurs actions l’un après l’autre (attaque, attaque spéciale, défense, objet à utiliser, fuite) ; la seconde phase laissant place aux attaque ennemies dans la pure tradition du genre. Indépendemment du reste, pris pour ce qu’il est en soi, il faut bien avouer que le procédé fonctionne. Rien de révolutionnaire non plus, mais rien de négatif à signaler.

Là où le bât blesse, c’est quand cette mécanique de jeu se voit répétée coup sur coup ad nauseam. Absolument pas pensée pour le farming intensif, ce qui est à mon sens le cas de la plupart des systèmes de combat de JRPG auquels j’ai pu jouer – mis à part Final Fantasy XIII et son système d’attaque automatique – on en vient à essayer de prendre la tangeante au premier affrontement venu pour éviter un moment désagréable. Le problème, comme mentionné plus haut, c’est que le jeu ne vous permettra pas longtemps de jouer l’esquive. Pour réussir et finir l’aventure, vous devrez obligatoirement vous faire violence et tâter des poings.

Une absence de liberté et une répétitivité qui pourraient avoir raison de votre patience et salement entacher votre expérience. Si l’on ajoute à ce constat le fait que malgré votre progression dans l’aventure, les attaques à votre disposition auront toujours l’impression de manquer de punch et de feedback, on comprend rapidement que l’erreur du studio aura été de rendre le levelling incontournable dans ces condition. Et contrairement à la saga Etrian Odyssey, impossible ici de profiter de son Steam Deck pour rendre ces phases plus digestes, car la sauvegarde n’est à ce jour pas partagée entre les appareils via le Steam Cloud…

Pain aux noix rances

C’est d’autant plus dommage qu’il y avait vraiment une bonne base et une envie de bien faire dans ce Born of Bread. L’univers cartoonesque est visuellement engageant, les personnages ont des subtilités d’écriture qui les rendent attachants et la trame principale est agréable à suivre d’un œil amusé. Il existe même des fulgurances d’écriture qui m’ont marqué, des scènes durant lesquelles le prisme est inversé pour un temps très court, et où il nous est permis d’incarner le chef du camp ennemi pour voir l’histoire se dérouler sous un autre angle de vue.

Vous savez que je suis passé maître dans l’art du glanage des succès et donc par extension des collectables. J’en ai même fait un article il y a quelque temps que je vous invite à relire si le coeur vous en dit. Comme beaucoup de ses comparses actuels, Born of Bread intègre un système de collectables qui permettent au joueur d’améliorer ses compétences. Ils prennent ici la forme de petits lézards qui ronflent et émettent un faible sifflement qui nous met sur leur piste. Une bonne idée qui m’a beaucoup plu, et qui a véritablement amélioré mon expérience du titre, mais qui pourrait encore une fois diviser le public alors que le studio semblait rechercher l’approbation unanime en simplifiant les mécaniques de jeu.

Enfin, Born of Bread se dote de quêtes secondaires qui nous demandent de revenir fréquemment sur nos pas pour explorer les zones déjà connues. Une logique qui permet au joueur de se balader plus longuement dans les décors du titre, de farfouiller les environnements minutieusement à la recherche d’objets cachés, de coffres ou de lézards. Seulement, encore une fois, l’idée n’est pas suivie jusqu’au bout par la réalisation. La téléportation rapide d’un lieu à l’autre n’apparaît que très tardivement, ce qui impose dans les premières heures de jeu de revisiter plusieurs zones à chaque fois pour revenir trois zones plus tôt. Cela à cause d’une construction en couloirs qui n’offre qu’une route possible pendant un bon moment.


Born of Bread ne parvient pas à rendre goûteuse sa recette alors qu’il avait tous les ingrédients en main pour réussir. L’idée de façonner un light-JRPG qui convienne à tous les joueurs était charmante sur le papier, mais la réalisation ne rend pas hommage à ce projet. La répétitivité des combats, l’absence de sauvegarde partagée sur le cloud et la gestion tardive de la téléportation d’une zone à l’autre auront fait brûler ce qui s’annonçait un jeu doré à souhait. Dommage.


POUR

  • Collectables : Lézards à chercher dans le décor pour débloquer les compétences des compagnons (émettant un petit bruit de ronflement), Coffres de Chester qui offrent des breloques à passifs
  • Humour
  • Univers cartoonesque
  • Habillage des combats en stream Twitch avec de faux viewers qui donnent des points de courage.
  • Changement de paradigme en incarnant le camp ennemi pendant quelques scènes.
  • Jouable sur Steam deck
  • Quêtes secondaires qui demandent de retourner dans des zone déjà explorées.

CONTRE

  • QTE qui demande de brutaliser le joystick pendant les combats
  • Taille réduite de l’inventaire qui oblige à échanger les objets en permanence
  • La sauvegarde n’est pas partagée entre les appareils sur le Steam Cloud.
  • Combats répétitifs et jamais d’impression de puissance.
Note RPG 2 sur 5
Note testeur 06 sur 10
Furvent
Furventhttps://furvent.itch.io
Rédacteur et traducteur. Amoureux de RPG depuis toujours. Amateur de belles histoires. Chasseur de succès en quête du sacro-saint gold.

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L'archiviste

Merci Furvent pour ce test de ce RPG burger. J’adore !

Zemymy

Merci Furvent pour ce test… pas trop long à corriger 😉

Vous le savez si vous êtes un lecteur régulier et assidu du site, c’est à dire un représentant de l’élite, la quintessence de l’être humain en d’autres termes  : Baldur’s Gate III m’aura énormément occupé l’année dernière. C’est pourquoi ce début d’année est si...Born of Bread
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