Le mélange des genres est un exercice très risqué dans le monde du jeu vidéo, car à défaut de plaire à un profil de joueurs, il faut être capable de plaire à deux types souvent bien différents. Puzzle Quest : Challenge of the Warlords, mixe entre RPG et puzzle-game a pourtant été capable de sortir son épingle du jeu et le succès étant il a amené la naissance de multiple rejetons. Du coup, si on s’y intéressait plus en détails ?

Comme dans tout RPG, on commence par la création de son personnage avec choix entre quatre classes possibles : le druide, le chevalier, le guerrier, le sorcier. Dès le départ, il s’agira de bien réfléchir à notre personnage car les compétences se débloquent au fur et à mesure jusqu’au niveau 50 et même si l’équilibre n’est pas là, il est tout à fait possible de faire une nouvelle partie avec une classe différente. On peut dès lors dire que la rejouabilité est importante avec des compétences différentes.  

Des Donjons, des dragons et des quests

Et puis on part à l’aventure ou plutôt l’aventure nous emporte en partant du principe que la quête principale sera hyper directionnelle, vous indiquant de vous rendre ça et là pour bouter du vilain et résoudre les problèmes. Vous débutez comme nouveau chevalier à Bartonia, la plus grande citadelle du royaume d’Agaria. Une sombre histoire de zombis qui envahissent le pays, cache un complot du mal contre le bien ; en somme une aventure un peu surfaite.  Quelques situations seront amusantes avec un pnj haut en couleur, mais cela reste anecdotique. 

L’habillage est très bien fait avec une visualisation minuscule de son personnage animé sur une grande carte en 2D, dont les lieux accessibles ne se dévoilent qu’au fur et à mesure de votre périple. En cliquant sur le lieu sur lequel est son personnage, un menu déroulant nous propose toutes les possibilités du coin : visiter la taverne dans laquelle pourront nous être confiées des missions contre quelques sous en écoutant les rumeurs, monter notre citadelle (j’y reviendrai plus tard), visiter le magasin de marchandises qui nous propose moult équipements, visualiser les statistiques de notre héros, se lancer dans les missions débloquées ou la campagne. 

A chaque mission très sommaire, un rapide message explique la quête, une présentation de l’ennemi à buter et hop au combat. Certaines missions secondaires sont accessibles à l’infini ce qui permet de faire du leveling et de monter son personnage sans difficulté. De toute manière, le niveau des adversaires s’adapte au vôtre, et la difficulté est inexistante en sachant que la défaite de votre personnage durant un combat ne signifie pas sa mort, juste l’échec de la mission. Mais vous conservez votre or et votre expérience acquis durant. Parfois des monstres se placeront sur le trajet entre deux lieux et vous aurez un combat à résoudre pour pouvoir passer. On appelle cela les rencontres aléatoires.  

Quant à la quête principale, elle vous fait passer de lieu débloqué en lieu débloqué avec des échanges de dialogues entre personnages et des graphismes plutôt manga orientés heroic fantasy. La narration fonctionne comme les très nombreux JRPG accaparés par la DS. A chaque fois, les portraits face à face des deux personnages causent et une bulle dans laquelle circule le dialogue de l’un et de l’autre fait son job. Heureusement, il est possible de passer les dialogues si vous les avez déjà lus. Car il n’y a rien d’autre à faire qu’à lire le déroulement de l’histoire et si dans de rares moments on vous proposera deux alternatives découvrant deux cheminements différents, mais sans forcément beaucoup de changements, cela restera rare, trop rare. De toute manière l’aventure se résume à de multiples combats. Mais n’est-ce pas le but de nombreux RPG ?  

Un puzzle, monsieur ?

Et l’on passe alors à la phase combat qui se déroule sur un damier carré de huit cases de côté. Chacune est ainsi occupée par une pierre  de couleur différente, placée là aléatoirement. Chacun son tour, l’IA et vous, vous devez déplacer deux pierres l’une à côté de l’autre en échangeant leurs places à condition bien sur que le changement permette l’alignement de trois pierres identiques selon la verticale ou l’horizontale. Ces pierres disparaissent et toutes celles dessus, affectées par la gravité viendront prendre la place des pierres disparues  tout en sachant que si trois pierres ou plus se retrouvent alignées elles disparaîtront à leur tour créant une cascade d’effets pyrotechniques. 

Bien sur la question qui vous vient à l’esprit est tout simplement quel rapport avec votre personnage, et je vous répondrais que c’est tout simple. Suivez un peu ! Les différentes pierres du damier ont un intérêt pour votre personnage. Tout d’abord, il y a les pierres de couleur (jaune, rouge, bleu, vert) qui alignées rempliront vos jauges de mana correspondantes. Votre personnage ayant des compétences particulières selon sa classe, elles se lancent selon un nombre de points de mana de couleur précise. Ainsi, avec mon chevalier, si je veux lancer la compétence “Planter”, je dois avoir six points de mana vert et six de rouge. Sachant que de base, aligner trois pierres identiques vous donne trois points de mana vous comprendrez qu’il vous faudra quatre tours pour pouvoir lancer la compétence. 

Sur cette grille, on trouve aussi des étoiles pourpres qui font gagner de l’expérience, des pièces d’or qui augmentent votre bourse et des crânes en deux modèles différents : les normaux qui font un point de dégât  et les gros qui causent plus de dégâts, 5 points.

Il existe aussi des multiplicateurs qui vont permettre de multiplier vos bonus de mana. Sachez aussi que si on aligne quatre voire plus de pierres identiques, on peut rejouer immédiatement, ce qui peut devenir très intéressant et vous permet de booster vos compétences avant l’adversaire. 

Coquillages et crustacés

Un mécanisme de jeu est posé et pourrait être super intéressant si l’IA était existante. J’ai pesté moult fois devant les compétences de mon adversaires et ses aberrations de jeu. Bah oui, quand vous avez des compétences de la mort qui tue et que vous ne vous en servez pas, c’est soit que vous êtes aveugle, soit une moule. Eh bien l’IA est une moule qui joue n’importe comment et ne vous posera problème que si la chance lui sourit ou si elle triche. 

Bah oui, même si les développeurs ont juré par monts et par vaux que cela n’était pas le cas, elle a le don de voyance dans le sens où on a toujours l’impression qu’elle connaît les pierres qui vont apparaître réussissant multiples alignements de quatre ou plus. Du coup, on se dit que le hasard de l’apparition des pierres a une importance bien trop grande pour l’équilibre du jeu. Si lorsque l’on débute on essaye d’aligner les pierres qui vont nous permettre de lancer ses sorts, par la suite, on finit par aligner des crânes pour poutrer plus rapidement son adversaire. Car si sur la grille, il n’y a plus possibilité d’alignement, les deux adversaires se retrouvent à zéro en mana et on recommence avec une nouvelle grille de pierres. 

Ce hasard que l’on subit, pourra être contrebalancé par nos équipements. En effet, votre personnage peut se parer d’un équipement, quoique limité (heaume, armure, arme, et un objet), qui permettra de modifier ses compétences ou ses attaques. Tout comme ses caractéristiques au nombre de six, qui permettent d’augmenter son mana de départ dans les combats, ou encore ses points de vie ou ses points de dégâts lorsque l’on attaque. Et à chaque passage de niveau, vous aurez quatre points à répartir dans vos six caractéristiques. 

On pourra aussi reprocher aux combats d’être tout de même longs, trop longs parfois, et il faudra plutôt prévoir des sessions de jeu limitées pour ne pas, à force, s’écoeurer de cette orgie de bataille de cases. Et du coup sur la longueur, après une bonne trentaine d’heures de jeu, la partie puzzle prend le pas sur la partie RPG qui finit par s’estomper, même si l’histoire se poursuit.  

Un multijoueur et un château alors ? 

Les développeurs auraient pu s’arrêter là et on peut considérer que l’on a un jeu déjà pas mal abouti avec plus de 20 heures de jeu, mais ils ont rajouté quelques touches RPG agréables. En effet, votre personnage pourra, avec l’or acquis, construire sa propre citadelle et avoir accès à d’autres possibilités. Ainsi en construisant certains bâtiments de votre propriété, vous pourrez fabriquer des armes, créer des sorts, emprisonner des créatures ou encore avoir des montures. Libre à vous de laisser de côté ce pan du jeu qui reste accessoire mais même si l’intérêt est mineur pourquoi le laisser de côté, tellement il apporte en quantité ? Tout cela passerait aussi par des jeux de puzzles dont les règles pourront varier, amenant un peu de fraîcheur dans la multitude de combats que vous ferez dans l’histoire. 

On a aussi des grilles particulières pour résoudre certains objectifs. ….. On peut capturer les créatures rencontrées grâce à des grilles de cases à résoudre selon une logique purement “sûdoku“. Dans cette phase de jeu, si une seule pierre reste sur la grille, c’est l’échec et la créature vous échappe. La prise de la créature vous donnera des bonus durant les prochains combats, contre un ennemi précis ou pour vos caractéristiques. Capturez une créature permet d’apprendre ses compétences selon encore une fois un exercice dans les grilles de cases. 

On rencontre aussi d’autres personnages qui se lieront à vous, vous donnant des bonus face à certaines créatures ou dans certaines conditions. Mais il n’y aura aucune interaction ou discussion possible avec eux. Tout comme des montures, qui permettront d’autres bonus. Tout comme on peut combattre les citadelles pour vous les accaparer et ainsi obtenir un gain d’argent à chaque passage. 

Hors campagne solo, quand par exemple vous aurez fini l’histoire, vous pourrez continuer l’évolution de votre personnage via des duels contre l’IA ou de se rendre sur Internet pour des duels contre de vrais humains. Le souci, c’est qu’à l’heure actuelle,je n’ai trouvé âme qui vive dans le online et les multiples connexions pour jouer en multjoueur n’ont abouti à rien. A noter que sur la PS2, il existe l’option de jouer en duel en mode hot seat (c’est à dire à tour de rôle sur la même machine). Je ne comprends pas pourquoi cela n’est pas inclus sur la version PC. 

Et plus si affinités…

La voix présente est tout bonnement ridicule car elle vous signale seulement votre passage de niveau et menus détails. On aurait aimé avoir l’intégralité des textes traduits, mais cela aurait fait beaucoup, et vu la piètre qualité de ce qui est proposé, il ne vaut mieux pas. Par contre, la musique, elle, est très inspirée et est de très bonne facture. Cela a toujours été une superbe réussite, des musiques symphoniques classiques dans un RPG médiéval et elle nous emporte sans problème, même si j’aurais aimé plus de piste. Tout comme j’aurais aimé une sauvegarde manuelle, alors que cette dernière est automatique à la sortie du jeu. Heureusement, le jeu est stable et on ne risque pas de se retrouver avec une sauvegarde vérolée. 

Pour clore ce test, rajoutons un bonus à vous lecteur arrivé jusqu’ici. Une extension payante est sortie sur console : Revenge of the Plague Lord, mais n’est jamais apparue sur PC, après la disparition de Infinite Interactive. Rajoutant plein de nouvelles choses dont des nouveaux héros et de nouvelles quêtes, lorsque votre héros sera à haut niveau, tout comme elle permettait de monter son personnage au niveau 60 (au lieu de 50), elle est très intéressante. 

Sachez qu’il est possible de l’activer sur votre PC chéri en passant par ce lien qui est proposé sur Steam par un fan qui l’a retouchée. Proposé depuis un certain temps, le post n’a jamais été supprimé et est connu de tous, d’où sa légitimité. Une bonne occasion d’augmenter la durée de vie de ce jeu et de replonger dans le bain encore un peu. 

Pour apprécier Puzzle Quest à sa juste valeur, il faut d’abord aimer les jeux de type puzzle-game et ne pas s’attendre à un scénario élaboré et ramifié. Certains diront que la partie RPG est un simple habillage cosmétique et ils n’auront pas tort sur la durée car vous passerez les trois quart de votre partie sur les grilles de puzzles. Il n’empêche que le mélange fonctionne et que le jeu vous emporte pour un nombre d’heures élevé dans son univers héroïco-manga. Cependant l’IA inexistante et le mauvais équilibrage l’empêche d’être un super hit. Mais sûrement pas dans la section des RPG.

+ Mélange des genres réussi ….
+ Idée originale et efficace.
+ Durée de vie
+ Extension gratuite sur PC
+ Musique

Note testeur 08 sur 10

– …. qui peut ne pas plaire.
– IA inexistante.
– Mauvais équilibre.
– Trop de hasard.
– La partie puzzle prend le dessus après de nombreuses heures.

Après le succès de Puzzle Quest, le jeu a connu une suite Puzzle Quest 2, et des jeux avec univers ou mécaniques différentes : 

Puzzle Quest Galactrix qui fonctionne dans un univers de science fiction avec une grille en forme d’hexagonale, Puzzle quest Kingdom qui axe le jeu sur les unités au lieu des compétences. Mais aucun de ces bâtards n’a su réellement se montrer à la hauteur de Puzzle Quest


 Pour la version Steam : pour mettre le jeu en français, créez un raccourci du fichier exécutable de Puzzle Quest (puzzlequest.exe) qui se situe dans le dossier Steam/SteamApps/common/Puzzle quest.
Puis faire un clic droit sur l’icône et dans propriété propriété ajouter à la fin de la commande -FRENCH
Par exemple : “C:\Steam\SteamApps\common\puzzle quest\Puzzle Quest.exe” -FRENCH


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