samedi, avril 27, 2024

Axe and Fate

Si vous cherchez un RPG en mode tour par tour avec gestion d’un personnage solo, vous aurez peut-être l’occasion de croiser quelques pages internet citant Axe and Fate. Sorti en 2013 sur PC sur la plateforme Desura, puis en avril 2014 sur téléphone portable, ce RPG indépendant russe dont on n’a eu aucune information, vaut-il quelque chose, surtout lorsque l’on sait que le jeu ne vaut que 2€ ? On va essayer de vous répondre avec ce test.

Solo ou duo ?

Dans Axe and Fate, vous commencez par créer votre personnage en choisissant parmi six classes possibles. Paladin, clerc, sorcier, chevalier, druide, archer, vous permettent d’en déduire que vous êtes bien dans un RPG heroic fantasy. Vous ne choisissez pas la race de votre héros car c’est la classe qui le détermine. Ainsi un archer sera elfe et un nain paladin. En découle la répartition de vingt-cinq points entre les six caractéristiques qui sont “Might, Intellect, Accuracy, Speed, Endurance, Luck” que je vous laisse le soin de traduire. En plus, il vous faudra choisir quatre compétences qui limiteront votre héros dans le choix de son équipement ou encore de son école de magie parmi cinq possibles.

Pour les connaisseurs, un arrière goût de la licence Might and Magic trône derrière cette création. Il existe la possibilité de créer un second personnage qui vous suivra et que vous pourrez modeler à votre guise aussi, mais toujours avec vingt-cinq points à répartir entre les deux.  

À noter qu’il aurait été plus judicieux de limiter les compétences en fonction des classes, car si liberté il y a, le choix de la compétence “magie du feu” à la place du “maniement de la hache” va causer quelques soucis pour votre nain paladin, qui dès le premier combat ne pourra pas frapper car il n’aura pas accès à la hache fournie gracieusement pour débuter. Du coup le game over est irrémédiable et une nouvelle partie obligatoire. Si avec un unique personnage l’aventure est viable, le duo vous permettra de vous sentir plus à l’aise et d’utiliser deux styles de combat différents, un combattant et un magicien par exemple. Il est d’ailleurs agréable de jouer deux personnages pour les voir déambuler dans l’univers tout en étant séparés dans des déplacements différenciés au tour par tour. 


En effet, ce RPG fonctionne en tour par tour selon un rite très précis : vous déplacez votre personnage, voire les deux, l’un après l’autre selon une barre d’action qui se consume en fonction de ce que vous faites (attaque, déplacement, utilisation de l’inventaire), puis c’est au tour des ennemis de faire de même. On pourra frapper une fois environ ou lancer un sort selon une partie de votre barre d’action et l’ennemi fera de même. À noter que la gestion de la distance est présente et que si votre arme est trop courte ou la distance d’action trop loin, il vous faudra vous déplacer avant d’attaquer, ce qui consommera votre barre d’attaque qui est incluse dans la barre d’action mais se consomme en priorité. 

À l’instar du dernier Might and Magic IX, Axe and Fate est entièrement en tour par tour, mais hors combat, on ne sentira pas trop cette lourdeur du système, les tours défilant et ne vous demandant pas de cliquer sur “suivant” pour poursuivre. À deux personnages, cela devient plus pesant sachant que l’on doit déplacer les deux à tour de rôle, sauf si vous cochez l’icône de “suivre le premier personnage”. 

Des combats par légion

Les résultats d’un combat sont automatiques en cliquant sur un ennemi : le coup part et vos valeurs de caractéristiques et de compétences détermineront un certain nombre de points de dégâts. Et forcément vous pourrez rater, ce qui vous mettra de mauvais poil, mais aussi imposera une lourdeur de jeu que beaucoup n’apprécieront pas. 

Dans Axe and Fate, les ennemis apparents s’activent dès que vous vous approchez d’eux. Souvent par paquet, ils sont à l’identique avec parfois en fin de donjon un boss un peu différent. Mais parcourir de longs donjons vides, j’y reviendrai, avec les mêmes ennemis ne permet pas d’être optimiste sur la suite de l’aventure. On utilisera d’ailleurs toujours la même stratégie tout du long – surtout pour les combattants physiques.  

Les morts vous donneront un objet aléatoirement en cliquant sur leur cadavre, ce qui peut être un problème quand on sait qu’il n’y a pas de commerce. Imaginez par exemple que vous n’ayez plus de potion de vie et pas de fontaine pour vous soigner et dites-vous bien que ce n’est plus la peine de poursuivre l’aventure. 

Quant aux équipements, on finit par se rendre compte qu’ils ne sont pas très nombreux et surtout qu’il n’y a que des objets normaux…

Sortir vos lunettes 3D ne servira à rien…

Niveau graphisme, c’est le moteur unity qui est utilisé et qui permet le développement multiplateforme, car portage itéléphone il y a. Et si vous n’aimez ni les angles, ni les textures baveuses, ce jeu n’est pas pour vous. Il est clair que c’est de l’amateurisme avec quelques animations des quelques créatures présentes, mais on a l’impression d’être face à un Might and Magic IX en version du pauvre. On excusera donc cette bévue, étant en contact avec des amateurs qui ont fait de leur mieux pour sortir ce petit essai. 

Pour les décors, on est dans le même bateau, avec une misère affligeante. D’ailleurs l’embarcation de départ ne comporte en tout et pour tout qu’un seul PNJ qui vous donnera l’unique mission de départ. Et ce n’est pas un canot ! Non, un bateau deux mâts je peux vous l’assurer, avec sa dizaine de canons. Et les donjons ne sont pas mieux lotis avec des salles parfois plutôt grandes, avec comme ameublement du vide. Une fontaine dans laquelle vous irez récupérer des points de vie viendra casser cette monotonie, mais sinon c’est plutôt la misère. Et ne vous fiez pas au trailer officiel en bas de page qu cache bien ce défaut. 

L’île que vous aborderez par la suite, en forme d’archipel, est elle-aussi bonne à jeter avec un effet de courant qui fait penser que l’eau passe sous la terre. Non, vraiment ne venez pas sur ce jeu en espérant vous éblouir. Peut-être aussi que l’adaptation aux mobiles n’a pas aidé. Allez savoir…

En plus, le level-design ne casse pas trois pattes à un canard, même s’il comprend quelques passages secrets, idée bien pensée, mais trop visibles diront les plus hardcore gamer. Cela ne poussera pas votre cerveau à la réflexion. 

Pas de pièces, pas de commerce. 

Le maniement du personnage se fait à la souris à la première personne. Clic gauche pour voir autour de soi et les touches pour se déplacer. Il est possible lors des combats de cliquer sur les ennemis pour attaquer ou encore de lancer un sort avec un raccourci clavier. Mais trop souvent le clic est approximatif lorsqu’il s’agit d’être précis : dans la fouille de corps amassés au même endroit par exemple. Et puis, cela manque réellement de raccourcis clavier, avec une obligation de drag and drop dans l’inventaire, ce qui le rend lourdingue à utiliser. 

Et pourquoi est-ce que je parle d’essai ? Parce que si je résume l’histoire, nous devons débarrasser le navire de rats, vidanger une caverne sur un archipel et trouver une clé pour redémarrer un phare, puis prendre une porte de téléportation qui nous mènera à un game over impromptu. 1500 tours plus tard, soit environ dix heures, vous arrêterez votre partie tout en restant sur votre faim, en pensant que vous avez payé un jeu entier et pourtant un air de non abouti vous envahit. « Et c’est tout ? », allez-vous conclure. Eh bien oui, et même si le jeu ne vaut pas cher (2€ actuellement), il est assez désolant de se sentir laissé à l’abandon aussi abruptement alors que l’on commence à bien maîtriser le jeu. Peut-être y aura-t-il une suite à la saga, mais en l’état on a plus l’impression d’une démo que d’un vrai jeu. 

En effet, il manque des pans entiers de ce que peut être un vrai RPG. Tout d’abord, il n’y a pas de commerce. Vous êtes dépendant des loots des créatures tuées ou des coffres trouvés. Ce qui veut dire que si vous gérez mal la partie, à un moment donné vous vous retrouverez sans potion de vie ou de mana pour survivre, et la voie sans issue vous mènera au game over. Pourtant, il aurait été intéressant de l’inclure vu le nombre impressionnant d’objets qui vont combler votre inventaire au fur et à mesure de votre progression.

Ensuite, les objets ne sont pas très différents. Les bagues donnent une impression de non abouti, car il y en a de plusieurs sortes, mais elles apportent toutes le même bonus, comme si l’option de différenciation n’avait pas encore été implémentée dans le jeu. Pas de commerce et cinq PNJ en tout et pour tout qui vont vous confier les quelques quêtes qui vous permettront de parcourir les trois donjons comprenant trois environnements différents. Enfin la musique et les bruitages ne sont pas des plus diversifiés et on regrettera une fois de plus leur rareté. 

1500 tours plus tard.

Alors il vous sera possible de refaire l’aventure avec un ou deux autres personnages avec des profils différents, mais l’évolution elle aussi est très limitée. Avec chaque passage de niveau (je suis monté au niveau 10 avec mon chevalier golem avant le game over final), vous gagnez cinq points de compétences à répartir entre vos quatre de départ et qui vous permettront de porter des objets de puissance plus grande. Quant aux caractéristiques, elles n’évoluent pas. 

On pourra aussi se plaindre des bugs de collision ou de jeu tout court, avec des ennemis qui ne réagissent pas si vous êtes avec eux mais à un niveau plus élevé, dans des escaliers par exemple. Enfin, quelques aller-retours pourront vous énerver, et ce manque d’options graphiques dans le menu vous agacera. Manque de moyens ou premier essai ? C’est la question.

Si Axe and Fate est excusable avec son graphisme 3D vieillot et cubique car d’origine amateur, il n’en reste pas moins un goût d’inachevé qui se termine après dix heures de jeu. On a l’impression d’être face à une alpha dans laquelle il manque encore l’intégration de moults éléments et des corrections de bugs, nous laissant sur notre faim. On peut donc imaginer que toute personne pourra y prendre du plaisir si elle apprécie le tour par tour et surtout accepte de jouer à un jeu aux relents de Might and Magic IX avec un ou deux personnages.
Déçu en fin de compte, j’aurais aimé plus de choses, mais avec un prix plancher, je ne peux qu’être clément sur la note finale car on a connu pire pour beaucoup plus cher.  Par contre, nul doute que sur téléphone, Axe and Fate Rebirth vaut ses 2€.

+ Du tour par tour avec un ou deux personnages

Note testeur 04 sur 10

– Création de personnage à revoir.
– Une fin abrupte, jeu trop court.
– Pas de commerce, peu de décors, peu de PNJ, peu de quêtes… Peu de… tout
– Une démo, pas technologique pour un sou, plutôt qu’un jeu à part entière.

L'archiviste
L'archiviste
Administrateur de RPG jeux vidéo. Très vieux Joueur depuis le siècle dernier. Testeur et rédacteur amateur depuis 1999 de RPG, même les pires. Relecteur bénévole de traductions de nombreux jeux vidéos RPG. Ancien membre de RPGFrance et de Dagon's Lair.

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