samedi, avril 27, 2024

The Age of Decadence

Ce test a été écrit par JakMondragon et publié à l’origine le 24 mars 2020 
sur le site RPGFrance.

NOTES FINALES

The Age of decadence
8

Après un long moment à écumer les RPG en vue isométrique qui se sont succédé ces dernières années, passant de l’excellentissime Divinity: Original Sin 2 au très verbeux Pillars of Eternity, mes yeux de joueur invétéré se sont attardés avec intérêt sur The Age of Decadence, développé par le studio Iron Tower. Ayant pour originalité de mettre en place son univers loin de tous ces elfes, nains, gnomes et autres êtres facétieux, le jeu nous immerge dans son ambiance sombre, brutale, où la fantaisie est mise au second rôle pour nous faire vivre une expérience somme toute unique.
En effet, qui n’a jamais rêvé d’incarner l’un de ces vaillants citoyens romains après avoir vu le film Gladiator ou la série Rome ? The Age of Decadence nous annonce la couleur dès son début de partie : nous sommes dans un monde fortement inspiré de la chute de l’Empire romain, auquel l’on a greffé une variante post-apocalyptique et une touche de fantaisie classique. Un titre qui se démarque du genre, mais auquel il faudra soigneusement s’accrocher pour ne pas lâcher la prise à cet univers brutal, qui hélas est à l’image de son gameplay.

Quid est fabula ?

Le contexte du jeu prend place après une guerre titanesque ayant opposé le royaume de Qantaar à un empire au sommet de sa puissance. Les deux opposants, dans un désir de s’écraser férocement et définitivement, ont décidé d’en appeler à diverses forces obscures et divines. En réponse, dieux et démons furent mêlés à cette lutte, ayant pour conséquence l’annihilation mutuelle des deux camps. Celle-ci laissa dans son sillage des cités fumantes et une civilisation au bord de l’effondrement. Des siècles plus tard, le monde souffre encore de ces répercussions. Là où autrefois l’empire s’arrogeait le titre du berceau de la connaissance et des sciences, règnent désormais l’obscurantisme religieux et la corruption. Les récits du passé devinrent rapidement des légendes chimériques que les hommes brandissent au coin du feu, distordant les faits et les événements afin qu’ils correspondent à leur vision étriquée du monde.

Complots pour s’emparer les miettes d’un pouvoir autrefois illustre, assassins libidineux guettant dans les ombres une cible trop bavarde : c’est dans ce monde éclaté, cet Âge de la Décadence, que nous, pauvre joueur, devrons évoluer.

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C’est à travers ce monde éclaté que nous devrons faire nos premiers pas.

Vous n’êtes pas un héros, Gaius.

C’est sur ce postulat de départ que se base l’intrigue de The Age of Decadence. Rangez vos épées brillantes et vos potions de soins, car vous pourriez bien être égorgé au détour d’une ruelle par un homme se faisant passer pour un honnête marchand. La première chose qui frappe le joueur en début de jeu est la violence et l’âpreté qui se dégage de cet univers. Il ne s’agira pas ici de devenir le héros de ce monde, mais bien de survivre jour après jour en vous contentant des miettes que vous prodigueront les puissants. Vous serez un de leurs outils, rarement récompensé, souvent méprisé, mais il ne tiendra qu’à vous de faire pencher la balance de votre côté.

Car en effet, The Age of Decadence est un titre non linéaire arborant de multiples embranchements qui dépendront de vos choix de factions, de vos jets de statistiques et de la réussite ou de l’échec de vos quêtes. Disposant depuis quelques mois déjà d’une traduction française d’une excellente qualité (projet soutenu par des âmes ô combien valeureuses), le jeu est particulièrement bavard, dans le bon sens du terme, nous emmenant à rencontrer une myriade d’individus particulièrement crédibles et cyniques. Le jeu offre une forte rejouabilité, permettant d’obtenir plusieurs fins différentes qui vous dévoileront parfois une toute nouvelle facette de l’histoire.

Le monde est décadent, mais l’âme de ses citoyens l’est davantage.

Pour parler rapidement du scénario, la plupart des quêtes sont plutôt bien écrites et intéressantes, même si l’on y retrouve certaines facilités propres à tout RPG. Ainsi certaines vous demanderont de protéger des marchands, d’aller faire tâter de votre fer à d’ignobles bandits s’étant réfugiés dans des ruines poussiéreuses ou bien de rechercher l’odieux hérétique s’étant caché au cœur de la cité. D’autres en revanche, seront sensiblement retorses, vous incitant à retourner dans un de ces vieux puits pour nager dans une eau fétide après avoir récupéré un item particulier. Le jeu ne vous fournira guère d’indice pour accéder et accomplir ces quelques quêtes qui sont, hélas, trop peu nombreuses. Il vous faudra compter sur votre bon sens, votre perspicacité et éventuellement votre chance pour les mener à bien.

Toutefois l’intérêt du titre ne se résume pas à ces banales quêtes secondaires, mais bien dans sa trame principale qui prend son temps pour se dévoiler et qui nous livre son lot de révélations assez inattendues. Qui plus est, le jeu dispose d’un système prenant en compte vos compétences et votre réputation de faction, observant par exemple au cours d’une conversation votre taux de persuasion, votre étiquette ou votre affection vis-à-vis d’une guilde ciblée, vous permettant souvent de résoudre les quêtes de plusieurs façons. Certaines peuvent mener à une issue dramatique : la mort de l’un des personnages clés de la quête, l’échec de celle-ci ou bien une revanche fiévreuse d’un homme que vous aurez trahi. D’autres vous permettront d’éviter une effusion de sang avec des barbares musculeux vous bloquant le passage, rendant les choses bien moins âpres. Cette diversité dans l’accomplissement des quêtes est bienvenue et accroît le jeu d’une dizaine d’heures de jeu supplémentaire.

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Ce monde n’est pas l’un des endroits les plus accueillant qui soit.

Vos perspectives d’évolution sont grandes Gaius. Mais là demeure la question : que souhaitez-vous devenir ?

À la création de votre personnage, il vous sera proposé de choisir le sexe, le nom et le background de votre avatar. Si les deux premiers choix sont plutôt classiques (même si le sexe à une incidence relative sur la manière dont on vous aborde et sur certaines compétences), le dernier a davantage le mérite de retenir notre attention.

Huit backgrounds s’offriront à vous en début de jeu, passant de l’assassin au marchand ou du voleur au mercenaire, vous permettant de varier votre début de partie, vos réputations envers les factions désignées ainsi que vos statistiques de départ. Ainsi un voleur débutera son histoire au sein de la guilde des assassins là où un érudit commencera dans l’atelier de son maître. Les premières quêtes seront également sensiblement différentes en fonction des choix du joueur.

En plus de son background, le jeu propose au joueur d’attribuer quelques points dans ses cinq statistiques de départ : la force, représentant les dégâts physiques infligés, la dextérité, influant sur les points d’actions en cours de combat, la constitution, faisant référence aux points de vie, la perception, affectant les chances de toucher, l’intelligence, définissant le bonus de points de compétence gagnés à chaque accomplissement de quête et le charisme qui modifiera les réactions des personnages non-joueurs envers vous.

À mesure que vous progresserez dans l’histoire, il vous apparaîtra rapidement que le jeu ne dispose pas de système de level up. En effet, votre personnage ne gagnera pas de niveaux, juste des points de compétences que vous glanerez lors de l’accomplissement des quêtes. Vous pourrez dès lors les investir dans vos compétences civiles, qui regroupent vos compétences sociales telles que la persuasion, le marchandage ou le crochetage, ou bien dans vos compétences martiales où vous aurez le loisir de parfaire votre maîtrise de la hache, du couteau ou du glaive.

Cette absence de système de classe et cette libre distribution de ces points de compétences, offre au joueur une liberté totale sur l’évolution de son avatar et chose particulièrement gratifiante, il n’est plus ostensiblement cantonné à son rôle de départ.

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Les nombreuses statistiques à votre disposition vous permettront d’influencer les actions de puissantes factions.

Oubliez les charges d’honneur sur des plaines verdoyantes Gaius, vos véritables combats auront lieu dans ces ruelles sales et morbides.

Au détour d’une venelle sombre ou à l’issue d’un malencontreux échec dans votre tentative de conciliation auprès d’un individu plutôt véhément, il vous sera amené à tirer l’épée pour sauver votre peau. Dans The Age of Decadence, les combats s’organisent au tour par tour et impliquent au joueur de réfléchir à sa position à adopter sur le damier de combat, mais également à songer aux armes les plus efficaces pour abattre un adversaire particulièrement récalcitrant. Car ciel oui, il va vous falloir bien du courage, le jeu étant particulièrement intransigeant et ne permettant d’utiliser aucun item de soin durant l’affrontement ! Pour espérer s’en sortir en un seul morceau, il s’agira pour le joueur de prendre en considération les spécificités de certaines armes pour tenter de renverser le cours d’une bataille : ainsi, choisir le marteau pour renverser ses adversaires pourra s’avérer utile sur un adversaire lourd, là où une hache sera davantage requise pour débiter le bouclier d’un autre.

En contrepartie de points d’action supplémentaires, il sera également possible de localiser les dégâts pour infliger des malus à son adversaire, soit le paralyser ou le désarmer en ciblant les membres du corps associés. De plus, les armes disposent de trois modes d’attaques : rapide, normal ou puissant, cela permettra au joueur de varier son style de combat en fonction de l’ennemi. Des compétences spéciales viennent aussi renforcer ce système de combat, allant du fameux tourbillon pour les armes de mêlée à la rafale tant appréciée de l’arbalète.

Il vous faudra mettre à profit tous ces éléments pour espérer triompher de certains ennemis les plus redoutables du jeu, et ce, sans vous arracher les cheveux.

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Les combats sont rudes, exigeants et il faudra s’accrocher pour espérer en sortir indemne.

Ce monde est décadent Gaius et… cela se ressent.

Des écrans très épurés, simplistes et austères nous permettent de naviguer à travers les différentes fiches de compétences et du journal de quête. C’est quelque chose qu’il est difficile de manquer après quelques minutes lancées dans The Age of Decadence, mais le jeu souffre d’un retard technique évident. Les animations de combat et de course sont très rigides, notre avatar n’étant guère fluide lors de ses déplacements. Visuellement le jeu reste très austère. Tout comme la bande son, qui se tient très en retrait, presque absente, sans réel thème principal pour soutenir ou donner vie et âme au corps. Quelques lignes de doublages ou bruitages auraient également été les bienvenus, mais compte tenu de la taille du studio leur absence n’est guère surprenante. Pour finir d’enfoncer le clou, la direction artistique n’est guère inspirée, voire quelconque, sans fulgurances autant positives que négatives.

The Age of the Decadence est un jeu à ne pas mettre entre toutes les mains. Les combats particulièrement ardus et le visuel bien trop daté pourraient faire fuir même les vétérans du genre. Toutefois, derrière cette rugosité se cache un jeu qui offre beaucoup aux braves qui oseront tendre leurs mains. L’univers est sombre, bavard, atypique et l’intrigue, le complot et l’assassinat sont son lot quotidien. Bien rares sont les jeux qui nous proposent une telle expérience. Son challenge relevé ne devrait pas empêcher de se pencher sur son scénario et sur la diversité qu’il offre à notre avatar.

+ Ambiance unique
+ Scénario plaisant suintant le complot et l’intrigue
+ Univers original
+ Une énorme rejouabilité
+ Un vrai challenge

Note RPG 4 sur 5
Note testeur 08 sur 10

– Visuellement daté
– Bande son quasi-inexistante
– Direction artistique peu inspirée

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Site ayant vécu de 2009 à 2022 et traitant de l'actualité des jeux vidéo RPG. Le site ayant disparu, l'équipe de RPGjeuxvidéo, sous l'action de Killpower, ancien président de RPGFrance, a essayé de rendre hommage aux nombreux rédacteurs qui ont participé au site, en reproposant leurs articles qui, sinon, auraient été perdus à jamais. Si vous êtes l'auteur de cet article, contactez-nous et inscrivez-vous, nous mettrons le texte à jour.

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