vendredi, avril 19, 2024

Blackguards

Ce test a été écrit par Etienne Navarre et publié à l’origine le 21 Septembre 2013 sur le site RPGFrance.
Second test de Dagon en fin d'article. Avec son aimable autorisation.

NOTES FINALES

Note de l'auteur
9
Note RPG
6

Hasard ou coïncidence, l’année 2014 commence aussi bien que l’année 2013 a mal fini, la morve au nez et le pantalon en bas des chevilles. Honte à toi 2013 ! Tu nous as fait vivre une vraie purge, une longue traversée du désert, une micro-dépression. Merci pour rien ! Et là, comme par enchantement, le studio Daedalic, studio plutôt connu des amateurs d’aventures en pointer cliquer, se pointe (bah oui) les mains dans les poches, avec un petit sourire aux lèvres et un RPG tout frais de derrière les fagots. Résumons : RPG, tour par tour, Oeil Noir, tactique, non-linéarité… Il vous en faut plus ? Ah oui, le test, pardon.

Le nez rouge, l’oeil noir et le poil brillant

Le studio Daedalic tient une place de choix dans le coeur des amateurs de point & click : la saga DeponiaChain Of SatinavThe Whispered World… Après plusieurs incursions dans l’univers de l’Oeil Noir que les rôlistes d’antan connaissent bien, on était en droit de se demander ce qu’un premier RPG situé dans cet univers allait donner.

L’histoire de Blackguards est un cas d’école de ce qu’il faut faire d’un point de vue scénaristique dans un RPG. Résumons brièvement : vous vous faites choper au côté de la dépouille de la princesse Eleanor. Bien entendu, on vous accuse d’un meurtre que vous n’avez pas commis tandis que vous criez au loup (que personne n’a vu d’ailleurs). Direction la salle de torture pour vous tirer les vers du nez (qui sortent normalement d’un autre orifice) et c’est votre ami Lysander qui se charge de vous. Presque shakespearienne cette entame. Hélas ! Pauvre Yorick ! Je l’ai connu, Horatio ! Jeté dans un cachot sombre et humide, vous vous faites vite des copains. Naurim tout d’abord. Un nain grande gueule qui aime mettre son nez là où ça lui chante et sa hache là où ça l’amuse. Plutôt doué pour sortir de prison, il vous aide à vous évader et vous croisez aussitôt Zurbaran, un mage raffiné et sophistiqué portant un intérêt tout particulier à la gent féminine. Fausse note, il a le look d’un brésilien fan de la princesse Leia. Vous voilà donc tous les trois en quête d’une issue, de réponses et d’un coiffeur.


Blackguards est un exemple à suivre disais-je : l’intrigue nous évite les poncifs du genre (héros amnésique, sauver le monde, twists fumants…) et nous place aux commandes d’une équipe de malfrats qui doivent penser à sauver leurs fesses avant tout. Si l’histoire n’a rien du chef-d’oeuvre – restons sérieux – , elle a le mérite de se suivre avec intérêt et de respecter la règle des trois R : rythme, rigolade et retournements. Mine de rien, un fil narratif qui sait faire rire le joueur, le tenir en haleine et maintenir un flot constant de péripéties est un gage de qualité rare. Pour tout vous dire, je désespérais ces derniers mois de trouver un jeu qui me prenne pour un adulte sans me montrer un nibard (quoique je ne crache pas sur un sein, à moins qu’on me biiiiiiip), qui me fasse rire sans clin d’oeil ringard et qui me donne envie d’avancer sans que ce soit une contrainte.

Bis to quête

Quand on parle RPG et scénario les gars, on se sort les doigts du slip et on cause quêtes. Passons sur la passionnante trame principale pour éviter de vous gâcher la surprise. Parlons des quêtes secondaires plutôt. Wouf. Bien. Vous allez en voir de toutes les couleurs. On vous demandera ici de retrouver des autels pour forger un amant (!), de montrer vos talents dans des arènes truffées de pièges, de libérer des esclaves, de mettre la main sur les neuf morceaux d’une lance légendaire, de libérer une petite fille des griffes d’un druide… Et là où Blackguards fait très fort, c’est qu’il vous laisse suffisamment de latitude pour résoudre certaines quêtes de plusieurs façons différentes. Parfois, vous y arriverez sans combattre (prière d’augmenter votre taux de charisme, merci), parfois en combattant un ennemi totalement différent de celui que vous imaginiez. Sachez également que certaines quêtes vous réservent de belles surprises dans leur épilogue. Une d’entre elles m’a même fait rire. Pas sourire. Rire. Avec du vrai bruit sorti de ma bouche. Sans entrer dans les détails, la quête principale offre moins de possibilités qu’escompté mais compense sa relative linéarité par un travail d’écriture remarquable.

Toujours à propos des quêtes secondaires, n’espérez pas trouver de points d’exclamation ou d’interrogations au-dessus des donneurs de quêtes. Il va vous falloir discuter avec la foule, tailler le bout de gras, fouiner à droite à gauche pour dénicher certaines quêtes savoureuses. On en reparlera quand vous aurez trouvé ce petit cochon trop mignon.


L’interface du jeu est en tout point remarquable : discrète mais présente, fouillée mais compréhensible. Qu’il s’agisse de l’inventaire ou de la fiche de personnage, on a accès à toutes les informations nécessaires sans être enseveli sous des montagnes de chiffres ou de stats. Même chose concernant les écrans de jeu. En effet, dans Blackguards, pas de déplacement en 3D à la troisième personne. Vous vous déplacez de villages en campements sur une carte somptueuse (non vraiment, elle est superbe) pour arriver sur des écrans fixes où chaque PNJ disponible vous propose de faire des emplettes, de piquer un roupillon ou de glaner des infos précieuses.

Of course de cheval, on retrouve ici tout le savoir-faire teuton de Daedalic en matière de pointer cliquer. Parfaitement mis en scène et éclairés, ces tableaux vivants sont tout le repos et la sérénité dont vous avez besoin entre deux combats. Les aubergistes vous permettront de vous remettre d’un combat douloureux, les marchands vous achèteront votre loot à prix coûtant et vous pourrez refaire le plein de munitions et de potions. Quant aux guérisseurs, ils font… leur boulot de guérisseur. Imparable ! Enfin imparable, c’est vite dit si on n’a pas monté cette caractéristique suffisamment haut.

Estoc, toc toc. Qui est là ?

Les combats sont bien entendu le coeur du gameplay de Blackguards alors vous allez en faire (et damnation) de la bagarre ! La progression du groupe est très bien pensée et le jeu révèle toute sa subtilité au fil des heures. N’ayez donc pas de crainte si, au début du jeu, vous trouvez ça simple et plutôt convenu. Ça l’est. Après quelques heures de jeu, ça l’est tout de suite beaucoup moins. Comme une image en noir et blanc qui se colorerait petit à petit, Blackguards amène différents éléments de gameplay au fur et à mesure (sortilèges, éléments destructibles, couvertures et duvets, aptitudes…) et diversifie ses ennemis graduellement. Le jeu devient très tactique mais ne prend jamais le joueur à défaut : quand vous ratez un coup, reportez-vous aux règles du jeu, il y a une raison chiffrée. Ça n’est jamais aléatoire contrairement à ce qui a pu être écrit dans divers tests. N’hésitez pas à consulter le résumé des règles de l’Oeil Noir disponible dans le jeu (en anglais uniquement).


Vous aurez donc le loisir de développer votre équipe de brutes épaisses comme bon vous semble. Archer, tank, DPS corps à corps, mage, soigneur… Les builds sont relativement libres mais surtout très bien agencés. Si vous prenez le temps de bien étudier les aptitudes et compétences disponibles, vous verrez rapidement que le jeu est finalement simple si vous prenez le temps d’y investir un peu de temps. Exit l’arbre de talents débile avec ses choix restreints. Vous avez un vrai système de développement de personnage intelligent avec bonus-malus. En effet, pour chaque compétence d’arme, vous pouvez orienter votre spécialisation entre attaque et défense, sachant que cela influera sur le type d’ennemi rencontré.

Sans rentrer dans des détails longs et fastidieux, sachez que cette fiche de personnage est, de loin, l’une des plus intéressantes que j’ai pu voir. Gratifiant, le jeu l’est quand vous gagnez un combat complexe après avoir réfléchi chacune de vos actions et que vous pouvez dépenser vos précieux PA (points d’aventure remplaçant les habituels points d’expérience). D’ailleurs, l’inaction est parfois préférable à l’action. Exemple. Aurelia, la mage de mon groupe a un sort de zone de niveau quatre (gare aux dégâts sur vos équipiers au passage) : sa valeur d’initiative étant élevée, je préfère la faire attendre. Mes combattants au corps à corps vont rameuter les ennemis en un gentil troupeau qui va vite griller quand le tour d’Aurelia viendra. Méchoui time.

Les phases de combat ne se contentent pas toujours d’objectifs basiques, comme tuer tous les adversaires. Parfois, il faudra atteindre telle zone, protéger tel objet, passer une zone en un minimum de tours… Les énigmes sont variées et vous demanderont de réfléchir vos escarmouches avec subtilité. C’est ça aussi la grande force de Blackguards : vous gaver d’hexagones sans que vous ne sachiez jamais où vous allez mettre les pieds. Et avec ses quelques 190 zones de combats, autant dire que vous allez en parcourir de la case.

Hexagone with the wind

Concernant la durée de vie du jeu, elle est boostée aux hormones. Non seulement vous allez mettre plusieurs dizaines heures à en voir le bout pour peu que vous fouiniez à droite à gauche, mais la rejouabilité est sensationnelle. Je vous mets au défi de ne pas avoir envie de tester un autre build alors que vous êtes sur votre première partie ! Sachez à titre d’exemple que le jeu se “libère” au départ du chapitre trois et qu’il m’a fallu plus de trente heures pour y arriver.

La musique du jeu fait des merveilles. Elle a sa place toute méritée auprès de la sublime partition d’Age Of Conan (qui reste la référence à mes yeux). Les sonorités orientales se mêlent à des percussions lourdes qui donnent aux thèmes du jeu un cachet ténébreux et exotique, et confère son atmosphère si particulière à Blackguards. Je n’en dirais pas forcément autant du doublage : il oscille régulièrement entre le très bon, le lambda (comme Gordon Freeman, qui n’était pas très causant pourtant) et le mauvais. Pitié, aidez-moi à retrouver mon fils. Il a été vu pour la dernière fois… Fais silence catin ! Ta voix me hérisse la frisette et ton haleine me souille pour trois lunes.


Les graphismes. Je sais que certains s’en fichent, mais moi pas. Bon, ils ne sont clairement pas à la pointe de la technologie et accusent un certain retard sur les textures. On notera également quelques petites chutes de framerate sur les cinématiques mais rien de dramatique ou de gênant. Au final, tout cela est plus que largement compensé par une direction artistique de toute beauté. Les éclairages affichent un rendu brumeux qui colle à merveille aux environnements visités. Lors des combats, les animations sont fluides et bien foutues mais les visages des personnages déconnent sévère dans certaines séquences (ouvrez la bouche et dites aaaaaaahhhh…) Ce qu’il faut retenir, c’est que le jeu rend honneur à l’Oeil Noir et la proposition graphique faite aux joueurs est honorable. Je me répète mais certains villages offrent un rendu artistique maîtrisé et des perspectives choisies avec soin.

Ah, j’allais oublier. Le mode multijoueur en ligne. Je vous laisse quelques secondes hein, j’attends un peu. C’est bon ? Non ? OK une devinette pour vous aider : un nain porte quoi ? Vous avez la réponse ? Bravo ! Ceci conclut le paragraphe sur le multijoueur de Blackguards qu’on aurait pu intituler pour l’occasion Blagueguards. Si je suis fier de ma connerie ? Affirmatif, et quoi d’autre ? No comment.

Pour un premier coup, c’est un coup de maître. Blackguards est bien le RPG qui frappe violemment du poing sur la table pour vous réveiller d’une année 2013 en berne. Plus encore. Daedalic fait montre d’un savoir-faire certain dans le gameplay et d’une subtile habileté dans la narration. Le jeu ne prend jamais le joueur pour un idiot et lui demande de se servir un tant soit peu de sa tête pour extirper de Blackguards sa substantielle moelle. Accessible, exigeant, riche, drôle, prenant, envoûtant, subtil, charmant… Les adjectifs ne manquent pas même si le jeu a bien des défauts, je ne le cache pas. Seulement, ceux-ci sont continuellement balayés d’un revers de main par des bonnes idées en pagaille.

Difficile de ne pas voir que les développeurs de Blackguards sont des joueurs passionnés qui se sont fait plaisir et prouvent, si besoin est, que le RPG (qu’il soit tactique, J, C ou autre, m’en fous ma gueule), c’est de la bonne came. Ça, vous voyez, ça s’appelle tomber amoureux d’un jeu. Qu’est-ce que c’est bon… Vielen Dank, Daedalic !

+ Drôle, prenant et rythmé
+ Exigeant mais gratifiant
+ Une dimension tactique efficace
+ Durée de vie qui claque
+ Bande son superbe

Note RPG 3 sur 5
Note testeur 09 sur 10

– Quelques carences techniques
– Certains personnages en retrait
– Quelques erreurs de localisation

La vision d’Andariel :
Pour moi, Blackguards s’est révélé n’être qu’une carte postale de RPG, un banal trompe-l’oeil qui m’a laissé aussi distant qu’imperméable. Le studio Daedalic a eu les yeux plus gros que le ventre en délaissant les aventures condensées qu’il maîtrisait et en se lançant dans une odyssée RPGésque de longue haleine qu’il ne savait manifestement pas comment la meubler. Déjà, s’engouffrer dans la 3D plutôt que leur habituelle 2D artisanale est une erreur : bien que la direction artistique soit correcte, elle est dégradée par la technique avec notamment un abus d’effets cache-misère entre blur et Depth of Field qui lui donnent un rendu baveux limite somnifère. Les animations grossières des personnages font particulièrement tâche, et contribuent à rendre la narration suffisamment balourde et pataude pour nous faire sortir continuellement du trip.

Et franchement, l’écriture, étonnamment discutable, n’aide pas des masses. Le scénario est inintéressant au possible (encore la secte qui veut plonger le monde dans les ténèbres et accomplir les desseins d’une entité maléfique en 2014) et exagérément dilaté (un acte entier coincé dans une arène de gladiateurs, condamné à faire 9 combats successifs). Les personnages sont plus caricaturaux les uns que les autres entre un nain grincheux et un mage aristocrate, et j’en oublie tellement c’est mémorable… Pour ne rien arranger, le doublage est souvent mauvais en plus d’être redondant d’un PNJ à un autre. Non vraiment, impossible de prendre Zurbaran une seconde au sérieux avec son accent simili-italien tout juste digne de Pépé le putois des Loony Tunes !

A mon sens, le souci majeur avec Blackguards c’est qu’il abuse beaucoup de notre hospitalité avec la longueur abusivement étirée de sa campagne pour donner une impression fallacieuse de bonne durée de vie. Le jeu s’essouffle clairement dépassé les 15 heures de jeu (voire moins) et devient vite une interminable succession de tronçons de combats qui peinent à se renouveler, saupoudrée de menus vaguement interactifs et de cutscenes rapidement imbuvables. Passé un certain cap vite arrivé, la progression des personnages devient difficilement une motivation avec les quelques sorts et compétences qu’on a tôt fait d’en faire le tour et une poignée de loot rachitique et peu inspirée. Cerise sur le gâteau, les combats sont pas mal de fois pensés avec les pieds genre on te force à en faire trois successivement sans te laisser faire reposer tes personnages ni sauvegarder ta progression, t’imposer des combats “flashback” tout juste pétés et qui ne prennent pas en compte ton style de jeu, te contraindre à suivre bêtement la seule et unique façon scriptée si tu veux triompher et j’en passe…

A part les règles – bien implémentés, je le concède -, je ne retrouve rien de l‘Oeil Noir ici : le lore et le background de la licence sont pratiquement aux abonnés absents et les quêtes secondaires sont prosaïques, juste un prétexte pour un énième combat. Bref, Blackguards est pour moi un jeu très moyen qui s’endort – et m’endort – sur les lauriers de sa licence et la nostalgie de son public, et 40 euros c’est trop cher payé pour ce que c’est.
05/10

La vision de Dagon (avec son aimable autorisation) :
Ah l’Oeil Noir! Depuis le suicide sordide de D&D, l’univers est devenu par la force des choses LA grosse licence de RPG fantasy adaptée d’un pen and paper. Pourtant, l’œil noir ne brille ni par son originalité, ni par la profondeur de son background finalement classique. La promesse –légèrement survendue- de l’équipe de Daedalic Entertainment de livrer un jeu de rôle tour par tour iconoclaste était-elle vaine ? Nous tenterons d’y répondre dans ce test.
L’histoire commence en prison où le héros s’évade de son incarcération pour le meurtre supposé d’une princesse. Désormais fugitif, le voilà donc flanqué d’un nain paranoïaque et d’un mage moustachu à la morale fragile (oui, je sais, on dirait le synopsis du film O’Brother). Si les protagonistes de cette épopée sont donc bel et bien des fugitifs à l’opposé des héros au sourire étincelant ils connaitront au final, en 5 actes, les mêmes péripéties que les héros classiques de JDR : voyage-enquête-dénouement-d’un-complot-maléfique-trahison-sauvetage-du-monde.

Du classique. Au point qu’on en vient à oublier un peu de quoi il s’agit sans trop chercher à le savoir. Car vous ne vous demanderez jamais où aller ni quoi faire d’un point de vu narratif. C’est bien simple, le joueur de Blackguards ne joue pas vraiment un rôle et ses choix sont limités.

En effet le défaut du soft le plus flagrant et profondément rédhibitoire -en ces heures d’univers plus ou moins ouverts et libres- est sa totale linéarité. Presque une simulation de voies ferrées : On y avance, littéralement, sur des rails. Pas question de musarder dans les hameaux, villes et autres villages pour y chercher des quêtes car vous n’aurez droit qu’à une fort jolie saynète pittoresque figée où les interlocuteurs possibles se résumeront à quelques commerçants, entraineurs et passants.

Idem pour la création de personnage (un seul) qui vous proposera à la base un humain et 3 classes : guerrier, mage, archer. Et guère plus de chance au niveau des dialogues très « livre interactif » même si il est possible d’augmenter son charisme et ceux de ses compagnons pour ouvrir des choix discursifs.

À ce titre, les interactions sont plutôt destinées à un publique adulte et elles font preuve d’un certain panache humoristique dans leur écriture. Les quêtes sont aussi parfois à l’avenant : on vous demandera de préparer une potion pour faire redescendre une elfe toxicomane de son trip aux champignons ou de combattre des gladiateurs en slip dans un sauna ! Encore une fois du classique mais avec une touche mature (mais sans nudité façon the Witcher).

Techniquement, la feuille de personnage est dense avec de nombreuses caractéristiques à bidouiller et une moisson constante de points d’expérience qui pourra dérouter le novice tant les possibilités d’évolution sont nombreuses. Ainsi, les caractéristiques peuvent être augmentées, mais aussi, les compétences, les techniques martiales, les sorts ou même les points de vie. Dans ce système plutôt souple et sans niveaux, pas d’arbres de compétences mais des capacités qui se monnaient également en XP pour quiconque possède les caractéristiques demandées. Pour vous enseigner ces techniques, vous devrez trouver (facilement) des entraineurs avant de vous lancer dans la bataille.

Celle-ci est le point fort du jeu, avec la souplesse d’un système solide et classique de tour par tour et une ergonomie agréable (cercle de capacités et raccourcis). Les ennemis ne vous feront pas de cadeaux et il faudra utiliser à votre avantage de nombreux éléments de décors en poussant une caisse, en activant un levier ou en enflammant une touffe d’herbe par exemple. En ce qui concerne les sorts, ceux-ci peuvent être lancés à différents niveaux de puissance, pour des effets (et des couts en points astraux) aussi différents, ce qui multiplie les possibilités.

Si la difficulté des combats est respectable si l’on monte bien ses personnages (et impossible sinon), ceux-ci souffrent d’un déséquilibre flagrant entre des combats simplissimes et d’autres beaucoup plus ardus voire carrément frustrants. A noter, le jeu ne vous prend pas par la main et il faut parfois deviner ce qu’on attend de vous, avec des indications vagues. Il arrive aussi que les combats s’enchainent sans vous laisser le temps de soigner vos personnages. Les cartes pour les batailles sont littéralement toutes uniques et réalisées avec un soin particulier. Rien de bien particulier à signaler en ce qui concerne l’équipement plutôt varié et un système d’encombrement qui vous obligera à limiter fortement votre bric à brac sur les routes. Dommage cependant qu’on se retrouve fauché au début du jeu et richissimes à la fin, sans grand-chose à acheter.

Techniquement moyen mais fluide et peu buggé, Blackguard possède une direction artistique assez typée et franchement sympathique, ainsi qu’une bande son efficace quoi que légèrement répétitive. Seule ombre au tableau, des chargements un peu longuets et fréquents. Ce n’est de toute façon pas l’ambition du jeu de proposer un délire visuel, et les petites configurations devraient s’en réjouir.

En conclusion, Blackguard est un jeu de stratégie au tour par tour avec des éléments de JDR (et non l’inverse) assez agréable, bien conçu et disposant d’une durée de vie fort honorable d’une quarantaine d’heures. Si elle ne brille ni par son originalité, sa liberté de manœuvre et sa conception, cette première incursion de Daedalic Entertainment dans le domaine exigeant du JDR tactique est fort honorable. Un essai transformé donc, sans être un chef d’œuvre, qui permettra de s’occuper en attendant la moisson à venir de titres « crowdfundés » à destination des coregamers.
Graphismes & sons : 4/5
Avec une touche bien à lui et malgré un abus pathologique de floutage, le soft est plaisant à l’œil et à l’oreille. 
Interface de combat : 5/5
Très classique mais solide
Scénario : 2/5
Rien de vraiment folichon, avec pourtant des dialogues inspirés mais trop figé, la linéarité du jeu est par contre rédhibitoire. Dommage.
Jouabilité (fun) : 3/5
Destiné à des joueurs plutôt confirmé tactiquement, les combats sont sympathiques mais l’histoire ne pousse pas trop à l’implication le joueur.
07/10

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