vendredi, avril 19, 2024

Battle Brothers

Ce test a été écrit par Iosword et publié à l’origine le 27 mars 2017 sur le site RPGFrance.

NOTES FINALES

Note de l'auteur
8
Note RPG
6

Gérer une compagnie de mercenaire est une cruelle besogne : en premier lieu il est nécessaire de posséder une âme de gestionnaire, afin d’éviter que vos garçons désertent dès que les vivres viennent à manquer. Il faut ensuite faire preuve de pragmatisme et accepter que vos compagnons d’un soir se transforment en charogne avant même l’aube. Enfin, il est bon de se rappeler qu’un mercenaire n’a ni idéaux, ni patrie, juste une bourse à remplir – pour autant, il est peu avisé de négliger les familles nobles, souvent rancunières, qui régissent le monde. C’est certain, diriger une bande disparate et avide n’est pas une mince affaire et, si vous n’êtes pas mort avant, il vous faudra un jour vous retirer pour profiter des deniers ensanglantés que vous avez si durement acquis. En attendant que votre nom soit connu et respecté par tous, un bien long chemin reste à parcourir et la voie sera pavée de contrats, de paysans massacrés, de créatures peu fréquentables et d’autres joyeusetés. Vous l’aurez compris, aujourd’hui, il sera question de Battle Brothers.

Mercenaire de toute part, justice nulle part.

Développé consciencieusement durant deux longues années d’Early Access, Battle Brothers est un tactical-RPG qui ne ressemble pas à ses confrères. Le titre d’Overhype Studio n’use pas du traditionnel enchaînement entre phases narratives et combats, au contraire d’un Fire Emblem. Ici d’ailleurs les cartes ne sont pas faites main, votre seul objectif sur le long terme est votre survie et l’aléatoire aura une place déterminante dans votre aventure. En ce sens, il faut voir Battle Brothers comme un Mount & Blade au tour par tour, où vous ne pourrez certes pas conquérir le monde, mais où, comme dans le titre de TaleWorlds, vous serez libre de choisir vos contacts, vos hommes et votre alignement moral, le tout en enchaînant des combats sur une carte du monde vaste et ouverte. À cela s’ajoutera une pincée de narration via des événements textuels, des crises pouvant bouleverser la face du monde et même les traits de personnalités de nos hommes. Bref, n’allons pas trop vite en besogne. Le jeu s’ouvre sur quelques brides de scénario vous expliquant la situation dans laquelle vous vous êtes fourré.


Pour faire simple, votre compagnie a trouvé plus fort qu’elle et est presque décimée : seul trois hommes s’en sont sorti et vous voilà promu au grade de capitaine. Une fois sorti d’un premier combat faisant office de tutoriel sommaire, vous êtes libre de faire ce qu’il vous sied : mener à terme votre contrat et, par la même, vous venger, faire le tour des cités environnantes à la recherche d’une taverne pour noyer votre chagrin dans l’alcool, ou explorer le monde qui vous tend les bras. La carte du monde est vaste et vous y trouverez des biomes aussi classiques que variés (montagnes, mers, déserts, plaines, marécages et forêts). Ces différents environnements auront une influence sur les combats, mais aussi sur votre vitesse de déplacement. Ainsi, les routes seront idéales pour aller d’une cité à l’autre, tandis qu’il sera impossible de traverser un bassin d’eau sans trouver un gué – sachant que la marche y restera lente et fastidieuse. Si cela peut paraître accessoire, il est primordial de comprendre l’influence des différents biomes sur vos expéditions, ne serait-ce que pour rattraper ou fuir les groupes adverses.

En outre, la vitesse n’est pas la seule variable, ainsi se nicher en haute montagne accroîtra votre distance de vue ce qui vous permettra de repérer et de pister les ennemis au loin – chaque troupe, alliée comme ennemie, laissant des traces de pas, plus ou moins larges, sur son passage. Seulement, les sommets peuvent être dangereux pour vos hommes les moins dégourdis – personne n’est jamais à l’abri d’une mauvaise chute – et, si vous espérez croiser des voyageurs, il sera plus utile d’errer sur les routes qu’au fin fond d’un marais. Le capitaine omniscient que vous êtes et ses hommes seront amenées à explorer cette carte de fond en comble, et si l’emplacement des différentes villes est dévoilé dès le début de partie, les terres sauvages sont soumises à un brouillard de guerre – sans évoquer les différents repaires hostiles qui apparaîtront ici ou là et que vous ne pourrez découvrir que lorsque vous en passerez à proximité. Néanmoins, l’exploration n’est pas au cœur de Battle Brothers, et dans un premier temps, seuls les contrats vous guideront loin de la civilisation.


N’oublions pas que votre bande est passée à deux doigts de l’extinction et qu’il ne vous reste plus que trois hommes engoncés dans des armures de fortune. Pour survivre et espérer pérenniser votre compagnie, il faut recruter de nouvelles têtes. Pour cela rien de plus simple, il vous suffit de vous rendre dans le premier bourg venu – en effet, les deux seuls lieux que vous êtes certain de trouver dans chaque village sont le marché et le forum –, mais selon la taille du patelin l’offre ne sera pas la même. En gros, les mercenaires de métier, nobles aventureux ou déshérités, ou encore les déserteurs auront tendance à se trouver dans les grandes villes, les chasseurs dans les bourgades où officient des facteurs d’arc, les pêcheurs sur les villes côtières, les miliciens près des cités munies de tours de garde, les paysans, porchers et assimilés dans les patelins de campagne, etc. La liste est longue. Tous ces backgrounds apportent à chaque personnage quelques lignes de texte en guise d’histoire personnelle, des possibles événements textuels – ainsi recruter un voleur se fera peut-être à vos dépends –, et détermineront leurs statistiques et équipements de base.

Les contrats écrits ne servent ni aux honnêtes gens ni aux brigands.

Pour le reste, il ne tiendra qu’à vous de choisir où iront leurs points de statistiques et de compétences gagnés au fur et à mesure des niveaux, et vous serez libre de répartir comme vous le désirez les points de ceux déjà expérimentés, mais nous y reviendrons plus tard. En effet, une fois recruté – sachant qu’en plus de leur solde journalière il est nécessaire de leur verser une prime d’embauche – vous découvrirez, parfois avec mécontentement, leurs différents traits de personnalités. Ces traits impacteront tous les aspects du jeu, en premier leurs statistiques. Ainsi, un personnage optimiste sera plus brave, plus confiant dans votre jugement et aura moins de chance de s’enfuir quand le combat tournera en sa défaveur. Certains personnages seront athlétiques et donc plus endurant, ou bénéficieront de résistances diverses. À l’inverse, les myopes feront de bien piètres archers, les hémophiles risquent de se vider de leur sang s’ils ne bandent pas leurs plaies, enfin, certains trop fiers négligeront leur défense.

Il existe aussi des traits de caractère qui impacteront la gestion de votre compagnie : un personnage loyal n’hésitera pas à vous rester fidèle même si les vivres viennent à manquer, à l’inverse ceux qui sont déloyaux et/ou avares déserteront dès l’instant où vous ne pourrez plus subvenir à leur solde. D’autres traits impacteront leur chance de survie lorsqu’ils tombent sur le champ de bataille et les potentielles blessures, permanentes ou temporaires, qu’ils subiront. Enfin, certains traits mêleront tout cela et pourront même faire gagner des traits supplémentaires au personnage concerné, ainsi un glouton vous coûtera plus cher en vivre et risque fort de gagner de l’embonpoint à un moment ou un autre. Ce système, outre les malus et bonus qu’il offre, rend vos personnages plus uniques et crédibles, et sera à l’origine de nombreux événements textuels. Malheureusement, l’aléatoire le rend imparfait : certains mercenaires n’ont aucun traits particuliers quand d’autres arrivent à être loyaux et avares en même temps.


Recruter des hommes, c’est bien, les garder en vie, c’est mieux. Tout Jules Caesar en puissance que vous soyez, n’oubliez jamais qu’un manque de discernement suffit à faire une Bonaparte et, dans le cas de Battle Brothers, cette absence de clairvoyance rime avec équipement de misère. En effet, l’équipement a une place centrale dans le système, et son impact sur les combats est bien plus visible que la simple évolution statistique. Ceci étant dit, les deux sont liés, car si les armes et armures ont un coût financier, ils modifient aussi l’endurance maximale de vos personnages – et donc leur capacité à se déplacer et à utiliser des compétences lors des combats. Bref, l’amure de plaque sur laquelle vous salivez est pour le moment inutile et il faudra se contenter du tablier de forgeron que vous avez aperçu au marché. Le but n’étant pas d’établir un listing, cela serait rébarbatif et peu utile, ce qu’il faut retenir c’est que certaines de ces armures sont lourdes, d’autres légères et qu’il ne suffit pas d’être tout de métal vêtu pour être invincible.

Des boucliers, de différentes tailles et résistances, sont aussi disponibles, ainsi que des objets actifs (des bandages, des chiens de guerre, des faucons…), mais un mercenaire n’est rien sans son armement. Battle Brothers vous propose douze catégories d’armes : arc, arbalète, arme de jet, couperet, dague, épée, fléau, hache, hallebarde, lance, marteau et masse. Chacune de ces écoles se divise elle-même en différents types d’armes selon leur qualité (fauchon ou épée noble), leur provenance (humaine, gobeline, orque…) et leur taille (à une ou deux mains). Cet arsenal est le cœur du jeu, en premier lieu parce qu’obtenir un équipement de plus grande qualité, voire légendaire, sera sans doute l’un de vos objectifs, mais aussi parce que ces armes déterminent vos compétences de combats – les perks que vous choisissez en passant des niveaux sont, majoritairement, des passifs. Par exemple, une lance vous permettra de mettre en place un mur qui repoussera les ennemis, le tout étant renforcé par l’usage de votre bouclier, un marteau pourra détruire les armures lourdes, une épée à deux mains exécuter une attaque de zone, une épée classique offrir la possibilité de risposter, etc.

Chaque type d’arme aura son utilité contre chaque type d’ennemi et d’équipement, il faudra donc apprendre à établir une compagnie composite. Douze catégories, cela peut paraître peu, et ne nous mentons pas ça l’est : vous aurez vite fait de connaître chaque compétence par cœur. Seulement, avant de réussir à vous munir de l’attirail complet, il faudra beaucoup d’or – ou avoir le loot chanceux. Surtout, le bestiaire est varié en race d’une part (humains, gobelins, orcs, morts-vivants, momies, bêtes), et en types d’ennemis d’autre part : affronter une armée de faction noble et des bandits mal fagotés n’a pas grand-chose à voir. De même, entre des lanciers gobelins montés et des archers de la même espèce, les stratégies adoptées seront très différentes. Enfin, le placement et l’environnement sera primordial. Aussi, malgré des mécaniques répétitives et limitées sur le papier, Battle Brothers arrive à ne pas ennuyer et à se renouveler à mesure que les menaces changent et que vos hommes meurent – permadeath oblige.


Vos effectifs sont d’ailleurs limités : douze hommes lors des combats, vingt maximum en ce qui concerne la compagnie, cette marge supplémentaire permettant de changer vos hommes selon les situations et de laisser les blessés reprendre des forces. Pour en finir avec les mercenaires, parlons statistiques et compétences. Au fur et à mesure des combats, vos personnages gagneront des points d’expérience. Huit de vos statistiques (vie, endurance, bravoure, initiative, attaque en mêlée et à distance, défense en mêlée et à distance) peuvent être augmentées lors d’une montée de niveau, les autres étant régies par votre équipement et vos traits de caractères. Selon un jet déterminé par le jeu, et par le background de vos personnages, vous pourrez augmenter d’un nombre de point X trois statistiques de votre choix – si vous n’avez rien compris, je vous invite à jeter un œil au screen ci-dessus. En plus de cela, vous pourrez choisir une nouvelle compétence dans l’arbre libre, et linéaire, que propose le titre. Je vous laisse le plaisir de les découvrir en jeu, et me contenterai de dire qu’elles permettent des spécialisations plus qu’intéressantes.

En temps de paix, le mercenaire dérobe…

Le parlons peu, parlons stat étant terminé, un mot sur la gestion. J’ai déjà évoqué plus tôt la nécessité de subvenir aux besoins en or et en vivres de votre troupe. En plus de cela, il faudra faire attention à disposer d’assez de munitions pour remplir les carquois, d’outils pour réparer des armes et armures et de ressources médicales pour panser vos plaies. Il est d’ailleurs possible de se reposer en campant, ce qui vous permet de récupérer et de réparer votre équipement plus rapidement. Dernier élément de gestion, le moral de vos troupes en-dehors des combats. Celui-ci est influencé par le rôle de chacun, par les possibles pertes et recrutements, les derniers événements textuels, la diversité alimentaire, les tournés de bibine (à vos frais) à la taverne, votre comportement en tant que leader, etc. Bref, sur une quantité de variables pas toujours très claires – la raison pour laquelle Reinhold aime tant visiter Hohenfeste restera pour moi un mystère.

Comme vous ne désirez pas que l’humeur devienne maussade – au risque de donner à certains l’envie de provoquer une mutinerie ou de fuir dès le début d’une bataille –, vous allez devoir réussir vos ambitions. En gros, le système d’ambition est un système d’objectifs à court terme que vous vous fixez vous-même, un moyen pour le jeu de vous guider lors des premières heures – suite à cela, le système devient optionnel. Celles-ci vont de la découverte d’une arme légendaire, à un gain de renom, en passant par l’augmentation du nombre d’homme de la bande et la destruction d’un repaire spécifique. Rien de transcendant donc, puisque le système montre vite ses limites, mais il permet d’offrir des objectifs clairs en début de partie. Avant de conclure cette partie, il est important de noter que les villes comprennent différents commerces : armurerie, forge, facteur d’arc, chenil, taverne ou barbier offrent des services spécifiques. Ainsi, les terrains d’entraînement permettent d’acheter des boosts temporaires d’expérience et les temples traitent les blessures – ce qui permet de guérir plus rapidement et d’éviter les infections.


De fait, il est nécessaire de se déplacer sur la map, chose accentuée par les bâtiments entourant les bourgs, comme les cabines de chasses ou les fourneaux. Ceux-ci vont déterminer les biens que vous trouverez sur les étals ainsi que le prix de ces dits objets – le poisson coûtera bien moins cher s’il y a des pécheurs et vendre du fer à une ville minière ne sera que rarement rentable. Ces lieux peuvent d’ailleurs être détruits et différents facteurs comme la disparition de villageois ou des raids récents auront une influence sur les ressources disponibles et les contrats que l’on vous proposera. Car, après tout, vous êtes des mercenaires, et s’il vous est possible de passer du côté des bandits et de piller les caravanes que vous croisez, généralement vous vous contenterez de faire ce que l’on vous demande. Pour trouver des contrats, il faudra faire le tour des villes puis s’entretenir avec des caravaniers, dirigeants locaux ou même familles nobles – ces dernières payant bien mieux, mais n’étant accessibles qu’une fois que vous vous êtes fait un nom.

Plusieurs types de contrats existent : les escortes de caravanes ou d’émissaires, les patrouilles, la défense de villages lors d’attaques précises, la destruction de repaires hostiles ou d’autres menaces – le tout avec plusieurs variantes. À cela s’ajoute les missions spécifiques des late game crisis, ou crises de jeu tardives. Pour faire simple, ces crises se produiront une fois votre partie jugée suffisamment avancée (le tout étant déterminée par pas mal d’aléatoire). Vous pouvez, dès la création de votre partie, choisir à quel type de crise vous serez confronté, décider de ne pas en avoir ou laisser le choix au hasard. Au nombre de trois, ces « mega-évènements » bouleverseront la face du monde, affaiblissant des villes, en rayant certaines de la carte et voyant les factions nobles s’affronter pour la conquête du monde. Sans entrer dans les détails, ces crises offrent des contrats et des conditions de bataille spécifiques (comme des batailles sièges par exemple), ainsi que de nombreux évènement textuels dont certains sont annonciateurs du péril à venir.

Une fois une crise terminée, si vous décidez de continuer la partie, une autre se déclenchera après une période de grâce, et ainsi de suite. Plus que de simple énormes événements, ces crises sont véritablement le cœur du jeu et rompent avec la monotonie des contrats traditionnels. Car, si Battle Brothers a bien un défaut, c’est la répétitivité due à son concept : vous êtes des mercenaires, vous prenez un contrat, survivez, le rendez et en prenez un autre, ad nauseam. De fait, bien que les contrats soient variés et les combats toujours jouissifs, et malgré le fait que leur difficulté augmente à mesure que vous gagnez en réputation, la routine s’installe et très vite c’est la recherche d’équipement – et donc le grind – qui vous guide. Revenons aux contrats : chaque négociation prendra la forme d’un écran textuel qui vous apportera des informations sur votre interlocuteur et ce que l’on attendra de vous. Vient ensuite la phase de négociation, où vous pourrez refuser une proposition inintéressante, exiger un payement en avance, ou par tête ramenée, ou plus simplement demander une rémunération supplémentaire que ce soit en aval, en amont ou par tête.


Vos exigences financières ne manqueront pas d’agacer vos interlocuteurs qui vous le feront savoir et n’hésiteront pas à chercher d’autres mercenaires si vous vous montrer trop insistant – ceci dit le système reste très limité. Plus votre renom et vos relations avec la ville, ou la faction, sont élevés, mieux vous serez payé. Plus vous ferez de contrat, plus vous augmenterez votre renom et votre réputation avec les concernés – à noter que les relations tendent, avec le temps, vers la neutralité et qu’un ancien allié peut finir par vous oublier si vous ne l’aidez plus, là où un ennemi finira par enterrer, lentement mais sûrement, la hache de guerre. En plus de cela, s’ajoute votre réputation morale, votre karma en gros. Celui-ci est déterminé par vos actes : pillez-vous des villages ou des caravanes ? Vous montrez-vous miséricordieux envers vos ennemis ? Trahissez-vous souvent votre employeur ? Si la mécanique de renom est parfaitement fonctionnelle et si l’influence du temps sur les réputations est selon moi une excellente idée, je ne peux m’empêcher de penser que ces dernières ainsi que votre karma sont bien trop inexploités.

Ainsi, même en jouant des raclures, il ne m’est jamais arrivé que des recrues refusent de me rejoindre ou qu’une faction neutre refuse de m’engager par exemple – à moins d’être hostile avec la faction ou la ville concernée, auquel cas les gardes vous attaquent. Passons. J’ai tout au long de ce test évoqué les événements textuels au travers de plusieurs exemples et je ne vais pas donner ici plus de détail ; ce qu’il est important de retenir est que ceux-ci concernent autant la vie de la troupe que le passif de vos personnages, votre contrat en cours, les voyageurs que vous croiserez ou les crises de fin de jeu. Ces événements sont, contrairement aux contrats, très variés, les choix de réponses sont multiples, les conséquences souvent présentes et surtout ces scénettes sont toujours bien écrites – à condition de lire l’anglais, le jeu étant à l’heure actuelle uniquement disponible dans la langue de Donald Trump.

… en temps de guerre, il déserte.

Un mot sur les combats s’impose. Ceux-ci débutent via un écran expliquant, via ses illustrations et quelques lignes de texte, quelle est la situation. L’illustration indique le biome et le moment de la journée – puisque le jeu met en place un cycle jour/nuit –, une mention précise si vous êtes attaquant ou attaqué, et deux tableaux montrent les forces alliées et ennemies en présence, sachant que celles-ci ne sont pas clairement définies et que des adverbes tels que manysome ou few indiquent leur nombre. Vient ensuite la magie de la génération procédurale qui choisit une carte pour vous, le nombre exact d’adversaire et la météo. Comme je le précisais plus haut, les compétences dépendent de vos armes, objets actifs et perk – je ne reviendrai donc pas sur ces dernières, ni sur les stratégies à adopter. Battle Brothers met en place un tour par tour plutôt classique : l’ordre est géré par une barre d’initiative et il est possible d’attendre la fin du tour avant d’agir, vos personnages ont des points d’actions qui servent autant au déplacement qu’à l’utilisation de vos compétences et le moral a une influence considérable.

Le système est donc fonctionnel et classique et, outre la gestion de l’endurance, l’originalité est à chercher ailleurs, dans la verticalité et l’influence des différents biomes. Je me répète, mais réfléchir à son placement est essentiel – ce dernier est d’ailleurs déterminé par l’ordre de vos hommes dans votre menu d’inventaire –, autant vis-à-vis de leur formation initiale permettant aux archers d’être derrière une ligne de boucliers que vis-à-vis de l’environnement. Par exemple, combattre dans un marais est fastidieux, vos hommes pataugent et s’épuisent vite et, selon les cas, subissent des malus considérables. Ainsi vaut-il mieux que les ennemis viennent à vous, puisque les malus s’appliquent aussi à eux. En outre, de nombreux facteurs peuvent modifier votre champ de vision, que ce soit des arbres; le relief, les casques que vous portez ou le moment de la journée – les attaques de nuit sont une belle manière de saboter l’archerie adverse. Pour finir, la verticalité influera elle sur votre distance de vue et de tir, les chances de toucher et de coups critiques, et, de plus, gravir une montagne épuisera vos hommes.

Si à cela vous ajoutez la richesse du bestiaire, les différents types d’armes et d’armures et les builds variés, vous comprendrez que Battle Brothers, tout répétitif qu’il puisse être, est un jeu extrêmement riche et généreux qui ne sera jamais ennuyant quand l’heure sera venue de faire parler les armes. Seul regret, il n’existe qu’un objectif de bataille, à savoir anéantir tous les adversaires ou provoquer leur fuite. À cela s’ajoute le système de blessures : les personnages peuvent subir diverses afflictions allant de l’artère tranchée à la main écrasée, en passant par le coude brisé, qui apporteront des malus important lors des combats et qui exigeront soin et patience pour disparaitre. Si l’un de vos hommes tombe sur le champ de bataille et que vous êtes victorieux, un jet de dé déterminera alors son avenir : la mort ou la blessure permanente. Si certaines sont relativement bénignes – les bornes ont une vision et des compétences à distance réduite, mais rien de grave pour celui qui manie la hallebarde –, d’autres seront si handicapantes qu’il sera peut-être préférable de se défaire des services du concerné. À noter qu’il est possible de cumuler plusieurs blessures permanentes.


Pour conclure, un mot sur la patte artistique du jeu. Battle Brothers use d’un univers low-fantasy et donc d’illustrations réalistes de très belle facture, à cela s’ajoutent vos personnages qui prennent la forme de pions-bustes superbement animés : les armures s’abîment lors des combats, les blessures sont visibles et les animations de décapitation sont jouissives – les autres aussi. Les bruitages sont eux très réussis et apportent du dynamisme lorsque le jeu n’est pas animé. Les musiques sont quant à elles sublimes et posent une bien belle ambiance au jeu. Seul problème, les inspirations de la bande-son sont très facilement reconnaissables et, une fois ces liens faits, l’unicité de l’identité musicale du titre en prend un coup. Niveau optimisation, Battle Brothers n’est pas un titre gourmand et, en plus de 130 heures de jeu – Early Access compris –, je n’ai jamais rencontré de problème ou de crash.

Battle Brothers est un titre qui s’adresse à un public particulier, friand de combats tactiques, adepte de la permadeath, exigeant et patient, et surtout capable de supporter un titre qui n’a d’autre but (avoué) que le grind et la survie sans fin. Aussi grand soit son monde ouvert et aussi variés soient les évènements textuels, le cœur du jeu reste la progression de nos personnages et les nombreux combats qui nous opposeront à des armées de plus en plus puissantes et nombreuses. De fait, les contrats peu nombreux et répétitif pourront vous rebuter et l’aléatoire imparfait du titre vous faire grincer des dents ; jusqu’au moment où les late game crisis arriveront et changeront l’équilibre précaire de cet univers médiéval.

Battle Brothers est un jeu riche, généreux, juste et surtout enivrant. Sa surcouche narrative et graphique embellit une recette solide et fait du titre d’Overhype une vraie aventure où vous pourrez roleplayer votre compagnie de mercenaire idéale. Il m’a pour ma part bercé de longues heures et le fera encore au gré des updates, car j’espère que le suivi des développeurs continuera, que le titre pourra s’enrichir et gommer ses quelques défauts. Allez, avouez, vous aussi vous voulez taper de l’orque, non ?

+ Musiques enivrantes…
+ Combat stratégique
+ Événements textuels variés et bien écrits
+ Exigeant, mais juste
+ Patte artistique et animations

Note RPG 3 sur 5
Note testeur 08 sur 10

– … bien qu’un poil répétitives et très (trop ?) inspirées
– Négoçiation des contrats limitée
– Aléatoire imparfait
– Répétitif par nature

RPGfrance
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